Au fil du temps, Activision a transformé Call of Duty: Warzone, sa poule aux œufs d’or reprenant le concept du Battle Royale (PUBG, Apex Legends…), en espèce de grosse machine informe incorporant à l’arrache des éléments des CoD annuels au milieu d’événements marketing sans rapport. On comprend pourquoi l’éditeur avait envie de repartir sur des bases saines en proposant un Warzone 2.0, basé sur le gameplay du dernier Call of à succès, Modern Warfare II. Et comme ce dernier, force est de constater qu’il apporte du bon, et du moins bon…

Genre : Battle Royale/PvPvE | Développeur : Infinity Ward, Raven Software, Beenox, et plein d’autres | Éditeur : Activision | Plateforme : Steam, Battle.net, Xbox, Playstation | Configuration recommandée : Intel Core i5-6600K ou AMD Ryzen™ 5 1400, 12 Go de RAM, GTX 1060 ou AMD Radeon RX 580 | Prix : Free To Play | Langues : Tout ce que vous voulez | Date de sortie : 16/11/2022 | Durée de vie : potentiellement infinie

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Le mode Battle Royale : chasse, pêche et tradition

En dépit de son nom, Warzone 2.0 ne change pas fondamentalement de la formule imposée en 2020 par le Warzone originel. Ceux qui y avaient joué avant l’arrivée de King Kong et Godzilla y retrouveront rapidement leurs marques : proposant des parties adaptées à chaque taille d’escouade (1, 2, 3 ou 4 joueurs), Warzone 2.0 aéroporte 150 concurrents sur une grande carte. Après une courte descente en parachute permettant de choisir son point de chute, les joueurs doivent acquérir de l’équipement en fouillant les divers bâtiments et en remplissant des contrats variés. Ces derniers vont de la récupération/extraction de caisses à la traque d’escouade adverse et offrent une bonne quantité d’argent lors de leur complétion, permettant ainsi de s’acheter du matériel dans les boutiques disséminées un peu partout sur la map. Mais ils doivent faire vite, car un nuage toxique réduit l’espace praticable au fur et à mesure que la partie avance, poussant les joueurs survivants à finalement se réunir dans une zone minuscule jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une seule équipe gagnante. Côté prise en main, on retrouve les sensations de Modern Warfare II, à savoir un gameplay typé arcade et rapide, très loin de la simulation, sans toutefois partir dans la fantaisie des pouvoirs surnaturels d’un Apex Legends.

Évidemment, cet opus apporte tout de même des nouveautés. Pour commencer, dites au revoir à Verdansk, Rebirth Island et Caldera, et bienvenue à Al Mazrah, une ville fictive d’un pays du Moyen-Orient tout aussi fictif. Composée d’un mélange de certaines cartes du mode multijoueur classique et d’endroits inédits, la nouvelle map est d’une taille équivalente aux précédents et propose de nombreux points d’intérêt : aéroport, raffinerie, observatoire, grottes militarisées… Elle est traversée de part et d’autre par un fleuve, qui permet d’exploiter au minimum les nouveaux véhicules marins et les possibilités de natation – somme toute, les zones aquatiques sont assez limitées et cela reste bien accessoire. Al Mazrah est aussi occupée par quelques forteresses, de nouveaux lieux marqués sur votre carte et défendus par des I.A. Les prendre d’assaut et désamorcer la bombe qui s’y trouve vous permettra d’accéder à votre arsenal personnalisé (armes, accessoires et perk), tout en vous donnant une clé pour les Black Sites, un autre type de forteresse mieux protégées et offrant un meilleur loot. Cela peut sembler de prime abord anecdotique, mais il était tellement aisé de récupérer son propre matériel dans Warzone 1 que chaque partie était une course au ravitaillement personnalisé et que tout le monde se battait avec son matos haut de gamme. L’apparition des forteresses, doublé à la restriction de l’équipement achetable en magasin, limite fortement cet effet et crée des points chauds où le risque est élevé, mais la récompense aussi.

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Al Mazrah, votre prochaine destination vacances au soleil !

D’ailleurs, la gestion du loot elle-même est complètement modifiée par l’intégration d’un système de sac à dos. Désormais, il est possible de conserver plusieurs objets dans votre besace, vous permettant d’emporter avec vous un plus grand nombre de munitions, de plaques d’armures, ou d’objets explosifs. Cependant, il faut bien avouer que l’interface minimaliste du sac à dos n’est pas vraiment ergonomique et que sa gestion peut vite devenir casse-tête, notamment lorsque vous êtes dans le feu de l’action. Notez que vous pouvez également ramasser du matos pour vos copains, en attendant que ceux-ci sortent du goulag, par exemple. Ce dernier est lui aussi passé en version 2.0… Et c’est bien dommage. Terminé l’affrontement compétitif en 1vs1 du Warzone originel, ici vous vous retrouvez dans une arène avec un inconnu et devez affronter une autre équipe. Si vous les tuez, votre coéquipier et vous êtes renvoyés sur le champ de bataille. Et si le combat traine trop, un mastodon arrive dans la partie – l’abattre permettra aux quatre joueurs de revenir à Al Mazrah. Malheureusement, le fait de se retrouver dépendant d’un coéquipier assigné aléatoirement aura tendance à accroître ou à réduire drastiquement vos chances de survie selon son niveau de jeu, et retire en partie l’aspect « skill » de l’équation.

D’autres changements anecdotiques ont aussi été intégrés : de temps en temps, le cercle de gaz toxique se divise en trois zones distinctes au lieu d’une, tandis qu’il y a désormais un chat de proximité. Pour ce dernier, j’avoue ne pas comprendre son intérêt, le chat vocal ingame étant éternellement désactivé chez moi afin de préserver ma santé mentale des insupportables joueurs de Call of. Finalement, notons que ce Battle Royale est particulièrement foisonnant en termes de contenu. Outre les nombreux points d’intérêts déjà évoqués et les forteresses, on trouve quatre types de contrats à remplir : Intel, Coffre Fort, Prime et Most Wanted (celui-ci a été désactivé par les devs à cause d’un bug, mais il devrait revenir bientôt). La carte regorge de secrets et de véhicules, de lieux placés en hauteur ou des tunnels souterrains, et il y a même un train rempli de loot qui fait le tour d’Al Mazrah. Bref, il y a de quoi faire dans ce mode Battle Royale, qui reste, malgré quelques couacs, un bon héritier au précédent Warzone.

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Les snipers sont toujours utiles, mais m’ont semblé moins prédominants que sur Warzone 1.

Le mode DMZ : Escape From Call of

L’une des nouveautés majeures de Warzone 2.0 est un nouveau mode de jeu PvPvE appelé DMZ. Son concept reprend celui, plutôt tendance en ce moment, du jeu de raid à la Escape From Tarkov ou Hunt: Showdown. Une dizaine d’escouades de trois joueurs sont projetées à Al Mazrah. Cette fois-ci, le but n’est pas d’être le dernier survivant, mais d’accomplir des missions, de ramasser du loot et de s’enfuir de la carte sain et sauf avant que le nuage radioactif n’envahisse la map. Pour vous rendre la tâche plus ardue, la map est constellée d’IA devenant de plus en plus balaise au fur et à mesure que la partie avance. Bien évidemment, tout est fait pour que vous révéliez votre position aux autres joueurs, qui se feront un malin plaisir à venir vous abattre dans le dos et à récupérer votre précieux butin.

Comme dans tous les jeux du genre, votre inventaire est persistant. Comprenez par-là que les armes et équipements que vous arriverez à extraire pourront être utilisés lors de vos prochaines parties. Mais si vous mourrez, vous perdez tout ce que vous avez sur vous. Un système de risques/récompenses qui pose des enjeux élevés, mais qui est ici beaucoup moins frustrant que dans les autres jeux de raid. En effet, le loot est omniprésent sur la carte, et vos meilleures armes, tirées de votre arsenal personnalisé, ne disparaissent pas définitivement : en cas d’échec, vous devez simplement attendre deux heures pour pouvoir à nouveau les équiper. Toutefois, si vous rapportez des objets de valeur de votre raid, vous pourrez abaisser le chrono et repartir avec votre arme préférée dès votre prochaine partie. On comprend que tout est fait pour proposer une expérience beaucoup plus accessible au grand public par rapport à Tarkov, Hunt: Showdown ou encore Marauders, et ça marche plutôt bien.

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Le gameplay permet d’escalader et de se suspendre à pas mal de surfaces.

En mode DMZ, Al Mazrah est encore plus fournie qu’en mode Battle Royale. Si la carte est identique, vous aurez énormément de points d’intérêt et de contrats supplémentaires. Tours radio et défense sol-air à pirater, forteresses additionnelles, prise d’otage, élimination de VIP, destruction de matériel, livraison de cargaison, sécurisation de matières nucléaires, boss à vaincre et mallettes contenant des plans à exfiltrer… En plus de ça, des missions de factions pouvant être remplies sur plusieurs raids de façon similaire à un système de défis, apportent des manières complémentaires de gagner de l’XP et du butin.

Si l’on s’amuse beaucoup sur DMZ et que le mode arrive à créer d’excellents moments de tension, tout n’est pas parfait non plus. En plus de l’aspect technique dont nous parlerons dans le prochain paragraphe, la surpuissance de certaines I.A. et la facilité à ressusciter ses coéquipiers obligent à jouer à trois joueurs, ou à deux bons joueurs coordonnés. Il est quasiment impossible de survivre en solo. Par ailleurs, le mode est tellement foisonnant que le HUD se retrouve rempli d’annonces, tel joueur a ramassé un truc, tel avion a déposé une caisse de ravitaillement, telle forteresse est en train d’être capturée, le tout ajouté aux pop-up habituels d’XP d’armes ou de passage de niveaux. Un gros bazar visuel qui peut s’avérer pénible et rendre le jeu illisible. Toutefois, DMZ est toujours en bêta et, en l’état, propose une expérience sympathique déjà beaucoup plus solide que feu le mode Hazard Zone de Battlefield 2042, qui avait un concept similaire.

Warzone 2 02 croppedUne catastrophe technique

Malgré toutes ses qualités et ses défauts, la sortie de Warzone 2.0 est entachée majoritairement par sa technique absolument catastrophique. Le jeu tourne correctement sur des configurations modestes, mais il n’affiche pas non plus quoi que ce soit d’extraordinaire. Cependant, il faut déjà arriver à jouer ! C’est bien simple : 50% de mes parties, que ce soit en DMZ ou en Battle Royale, se sont terminées par un crash total de l’application. Et avant que vous me disiez « gnagnagna c’est à cause de ton PC », sachez que je ne suis pas le seul. Changements d’options, lancement en mode sans échec, vérification des fichiers, désactivation de toutes les overlays et logiciels en arrière-plan, rien n’y fait, le titre s’arrête purement et simplement de fonctionner quand bon lui semble. Par ailleurs, Warzone 2.0 est perclus de bugs en tout genre, allant de problèmes d’affichage au niveau du HUD, en passant par le popping d’ennemis juste sous nos yeux et l’impossibilité d’accéder au loot présent à nos pieds, sans parler des performances serveurs erratiques qui nous font parfois subir d’énormes phases de lag et de rollbacks.

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16 jours que la même foutue notification apparaît à chaque lancement du jeu !

Un petit mot sur le Battle Pass : auparavant, il prenait la forme d’une frise chronologique toute simple. On gagnait de l’XP, la barre se remplissait et on gagnait des items au fur et à mesure. Désormais, on gagne des jetons qu’il faut dépenser afin de débloquer ce que l’on désire sur un plateau façon Risk. Alors ça laisse un peu plus de liberté au joueur, mais impossible à dire si c’est vraiment avantageux pour le moment.

Et ce n’est pas tout ! Je ne m’attarderais pas sur le volet social, permettant de jouer avec des amis, qui était tout simplement non-fonctionnel pendant plusieurs jours, sur le matchmaking qui semble parfois tourner en rond, cherchant des parties à plus de 100ms de temps de réponse, ou sur les fonctionnalités qui ne fonctionnent simplement pas (!), comme la possibilité de regarder un ami en tant que spectateur et qui nous montre une superbe image panoramique d’un décor. Ajoutez-y l’innommable interface, que l’on avait découvert dans Modern Warfare II et qui devient ici encore moins compréhensible lorsqu’il faut réaliser un loadout personnalisé, et vous vous retrouvez face à un titre visiblement loin d’être fini et frustrant sur bien des points. Évidemment, s’il s’agissait d’un titre de niche pondu en solo par un petit artisan du jeu vidéo essuyant les plâtres de son premier projet, peut-être que l’on pourrait passer sur cet aspect technique lamentable… Mais ici on est sur du AAA développé par des équipes surnuméraires pour un éditeur chevronné et fortuné, et ça ressemble beaucoup à du foutage de gueule. Oh, si, il y a bien un truc qui marche à tous les coups : la boutique de cosmétiques.

Ci-dessous une vidéo de gameplay PC d’une partie de DMZ :

Heureusement que c’est gratuit

Intrinsèquement, Warzone 2.0 n’est pas parfait mais reste un bon héritier du précédent opus. Non seulement il reprend une recette à succès en proposant un Battle Royale accessible et complet, mais il apporte également un nouveau mode PvPvE très prometteur. Malheureusement, ses efforts sont ruinés par son aspect technique absolument pathétique. Attendez les prochains patchs…

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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