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Plus que pour tout autre type de FPS, l’appréciation d’un jeu d’horreur est dépendante de la sensibilité du joueur. Avant de lire ce test, sachez donc que les jump scares ne m’impressionnent pas et l’horreur visuelle me laisse froid. Mais revenons-en à Outlast.

Contrairement à la majorité des saloperies financées sur Kickstarter, Outlast est un jeu indépendant réalisé par de véritables vétérans de l’industrie, non par des stagiaires qui ont bossé sur les textures d’un quelconque shooter AAA. Bien que le jeu ait été développé en un an par une équipe de neuf personnes, le résultat est très professionnel et impose le respect. À tel point que de nombreux joueurs considèrent Outlast comme supérieur à Amnesia, mais les deux titres sont-ils pour autant semblables ? [–SUITE–]

L’horreur, oui, mais laquelle ?

Vous incarnez un journaliste se retrouvant emprisonné dans une espèce d’hôpital dans lequel rôde une poignée de tueurs psychopathes défigurés. Le bâtiment est en grande partie plongé dans les ténèbres, ce qui vous oblige à utiliser le mode infrarouge de votre caméra pour naviguer dans les endroits les plus sombres. Ses batteries sont limitées, mais il vous suffit de fouiller pour en récupérer de nouvelles. Par contre, la vision IR ne porte pas très loin et il est toujours difficile de distinguer ce qui se passe dans les coins les plus obscurs, laissant la place à votre imagination pour les remplir d’horreurs. Votre objectif : réunir des preuves sur les monstruosités qui se sont déroulées dans l’hôpital, survivre et vous échapper.

Dans Outlast, la peur provient d’un danger imminent face auquel vous êtes impuissant. Le danger en question, ce sont des fous furieux sanguinaires qui vous poursuivent en gueulant pour vous découper en rondelles. Comme vous ne possédez aucune arme, vous êtes contraint de fuir ou de vous cacher, car il vous est impossible de combattre vos adversaires. Outlast s’appuie donc sur les mêmes mécaniques que les slasher movies comme Massacre à la tronçonneuse ou La colline a des yeux. Ce n’est pas une horreur issue de votre imaginaire : le danger est bien réel, il est présent, devant vos yeux, un hachoir à la main. Et comme vous êtes désarmé, vous ne savez pas comment y faire face, donc vous courrez, terrifié.

Le trailer officiel retranscrit bien l’ambiance et le gameplay

Un gameplay en trois étapes

Passée la première demi-heure où vous aurez droit à une petite dose de jump scares destinés à vous faire sursauter, le gameplay se focalise sur l’exploration, la furtivité et la fuite. Voici un petit exemple fictif grâce auquel vous comprendrez comment ça fonctionne : pour échapper à un tueur en série, vous vous êtes réfugié dans un abattoir. Votre poursuivant a bloqué la porte derrière vous afin de vous emprisonner.

Commence alors la phase d’exploration : vous découvrez un monte-charge permettant d’accéder à la sortie. Malheureusement, quelqu’un a retiré les trois fusibles lui permettant de fonctionner. Vous en trouvez un sur une table, vous l’insérez dans le panneau électrique et c’est à ce moment que le tueur auquel vous cherchiez à échapper s’introduit dans le hangar.

C’est le passage furtivité : le tueur fouille les environs, errant au hasard, tandis que vous essayez de l’éviter tout en cherchant les deux fusibles manquants. Vous avancez lentement, vous donnez des petits coups d’œil aux coins des murs, mais malgré vos efforts le psychopathe vous remarque, pousse un beuglement et vous fonce dessus.

Débute alors la fuite : vous courrez pour semer votre bourreau en vous fiant à votre mémoire pour éviter de finir dans une impasse. Trois issues sont alors possibles : 1) vous distancez votre poursuivant le temps de vous cacher. Une fois arrivé sur place, il commence à fouiller un peu partout. S’il ne découvre pas votre cachette, il s’éloigne et reprend sa ronde. 2) Vous courrez en rond jusqu’à mettre suffisamment de distance entre le tueur et vous. Il abandonne alors la poursuite et recommence à errer. 3) Vous arrivez dans une impasse, le tueur vous donne deux ou trois coups et vous mourrez.

Ces scènes se déroulent dans des endroits relativement exigus : une dizaine de pièces, trois ou quatre couloirs, rarement plus. Le gameplay est très bien rôdé, vous courrez à peine plus vite que votre poursuivant et si vous réussissez à vous échapper, c’est toujours de justesse. Que vous ayez été ou non repéré, l’impression d’un danger imminent est constamment présente. Du moins au début…

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On s’habitue à tout, même aux tueurs

En effet, le jeu est intégralement composé de ce type de situations. Ça fonctionne durant une heure ou deux, puis vous commencez à saisir les mécaniques du gameplay et surtout vous comprenez comment gérer le danger : il vous suffit de bien mémoriser la carte, puis de courir en rond sachant que votre poursuivant se déplace plus lentement que vous. Ça ne marche pas à tous les coups, mais à partir du moment où vous savez comment faire face au tueur, il fait tout de suite moins peur, car vous n’avez plus l’impression d’être impuissant face à lui.

Quand le gameplay cesse de faire plus illusion, il devient répétitif et le jeu passe du statut de survival horrifique à celui de pacman en vue subjective. Comme je vous l’ai indiqué en début d’article, je ne suis pas très bon client de ce type d’horreur : à partir du moment où je vois la menace et je sais comment y réagir, je n’ai plus peur. Sur les quatre heures de jeu, j’ai tremblé durant les quarante premières minutes. J’ai commencé à comprendre comment fonctionnait le gameplay au cours du quart d’heure suivant. Puis je ne faisais presque plus l’effort de me cacher, me fiant à ma vitesse de déplacement pour semer le tueur dès qu’il me voyait et sachant à l’avance la façon dont la situation évoluerait, car quasiment toutes les scènes, tous les niveaux sont bâtis sur le même modèle.

L’ambiance à la rescousse !

Outlast réussit à ne pas (trop) sombrer dans la monotonie grâce une histoire bien ficelée apportant régulièrement quelques nouveautés. Vous débutez le jeu en découvrant le décor à travers l’objectif infrarouge de votre caméra. Vous ne voyez pas grand-chose, vous entendez des bruits inquiétants, il y a alors vraiment matière à psychoter. Puis quand vous êtes habitué à l’obscurité, un premier ennemi apparait et la terreur reprend le dessus. Vous poursuivez l’aventure dans un nouvel environnement, nouvel ennemi, puis vous avez droit à une cinématique digne de SAW et ainsi de suite. L’ambiance et l’histoire parviennent donc à compenser la répétitivité du gameplay, notamment grâce à une fin surprenante et très efficace, mais il n’aurait pas fallu que le jeu dur plus de 4h.

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Coup de maître

Pour son premier titre, le studio Red Barrels frappe très fort en proposant un jeu aux mécaniques parfaitement huilées et à la réalisation technique sans faille. Outlast coûte 19€, il dure 4 à 5h, mais il y a vraiment du boulot derrière et les fans d’horreur pourraient bien y trouver le jeu le plus effrayant auquel ils aient jamais joué.

Cependant, Outlast exploite toujours le même procédé pour vous faire trembler. À moins que vous soyez particulièrement bon public, vous aurez tôt fait de vous y habituer ce qui fera disparaître tout sentiment de peur. Reste alors l’ambiance et l’histoire qui évoluent suffisamment pour vous tenir en haleine, mais si les développeurs souhaitent sortir une suite, ils auront fort à faire pour se renouveler, car avec ce premier titre ils ont déjà usé leur gameplay jusqu’à la corde.

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