Après une campagne Kickstarter ratée en 2014, puis réussie en 2017, Scorn semblait être tombé dans les affres des vaporwares. Les reports incessants et la communication erratique – et parfois très maladroite, n’ont pas aidé à donner confiance tout au long du développement. Cependant, l’atmosphère poisseuse et horrifique, clairement inspirée de H.R. Giger, le designer des xénomorphes d’Alien, donnait vraiment envie. Finalement soutenus par Microsoft, Ebb Software a enfin pu terminer son projet. Mais malgré tout le temps qu’ils ont pu y investir, l’expérience est un peu courte et ne plaira pas à tout le monde.

Genre : Walking-sim horrifique/puzzle-game/survival FPS | Développeur :  Ebb Software | Éditeur : Kepler Interactive | Plateforme : Steam, GoG, EGS, Xbox Game Pass | Configuration recommandée : AMD Ryzen 5 3600/Intel Core i7-8700, NVIDIA GeForce RTX 2070, 16 GB de RAM | Prix : 40€ | Langues : français, anglais | Date de sortie : 14/10/2022 | Durée de vie : 4 à 5 heures

Test réalisé sur une version commerciale.

Une direction artistique à tomber par terre

C’est beau. C’est très beau. Je pense que c’est même le jeu qui m’a le plus impressionné par ses graphismes. L’inspiration des travaux de H.R. Giger se ressent dans le moindres recoins. Le mélange organique et mécanique, le gore, les effets de lumière, les mouvements des éléments du décor, tout participe à rendre l’atmosphère de Scorn vraiment incroyable. Plusieurs fois, je me suis arrêté pour contempler le panorama ou des pièces majestueuses. On ne rencontre pas grand monde lors de notre périple, mais pour autant, tout est vivant. Cela fourmille de détails et toutes les interactions que l’on peut faire enclenchent une série d’animations très bien réalisées, renforçant le sentiment de vie derrière les machines. C’est tellement bien fait qu’on regrette ne pas pouvoir explorer plus longtemps ce fabuleux univers…

Pour en profiter au maximum, il vaut mieux mettre tous les curseurs sur « élevé » dans la configuration des graphismes, car dans le cas contraire, j’ai constaté que le rendu, notamment du brouillard, faisait tout de suite plus cheap. Pour garder de bonnes performances sur mon PC portable doté d’un core I5 12500H et d’une RTX 3060, j’ai donc préféré réduire la résolution à 1080p plutôt que de baisser les effets.

Des puzzles simples, mais parfaitement intégrés

A priori, vous n’aurez pas trop de difficultés pour résoudre les énigmes rencontrées tout au long du jeu. Tout au plus, certaines vous prendront deux ou trois minutes, mais la plupart ne sont que des formalités. Cependant, elles sont tellement bien intégrées que c’est toujours un plaisir de manipuler les différentes commandes. On sent que l’équipe a vraiment travaillé sur la cohérence avec l’univers. Tout est fluide, on ne passe pas brusquement à un menu ou autre, on interagit directement avec les éléments que l’on voit en vue subjective. Certains puzzles sont sur des panneaux de commandes, mais parfois, ils sont à l’échelle de toute une immense salle. Et pour chacun d’entre eux, un simple bouton déclenche une série de mécanismes assez jouissifs à observer. C’est une franche réussite et on aurait apprécié en avoir plus.

Par contre, du côté du scénario, je n’ai strictement rien capté. Peut-être suis-je trop limité, et que je n’ai pas vu la métaphore du « insérer un problème sociétal », mais j’ai l’impression qu’il n’y avait tout simplement pas d’histoire. Même si parfois, on a l’impression que la zone est un peu ouverte, on progresse toujours de manière linéaire, et ce n’est pas gênant : on n’est jamais perdu.

Là où le (com)bât blesse

Pendant tout le premier tiers du jeu, nous évoluons sans arme, et c’est très bien comme ça. Il n’y a certes pas de tension autre que celle imposée par les décors, mais une expérience complète de ce style aurait très bien pu tenir sur la longueur. Ce n’est pas ce que les développeurs ont choisi, puisqu’ils ont ajouté des petites bestioles qui viendront vous gêner dans votre progression. On nous dote alors d’une arme de corps à corps – une sorte de lance rétractable, puis d’un pistolet, et enfin, de l’équivalent d’un fusil à pompe. Les munitions sont rares, mais tout de même suffisantes pour s’occuper de tous ses adversaires. Esthétiquement, c’est encore une fois une réussite folle, avec ce mélange de chair, de viscères et d’éléments mécaniques. Si, de prime abord, les combats semblent obligatoires, il s’avère finalement qu’il est possible de se mettre en retrait, ou fuir pendant quelques mètres pour que nos ennemis repartent tranquillement, puis disparaissent dans les décors. Cela oblige cependant à temporiser, voire aller les chercher pour les faire dégager le passage, et tenter d’éviter les coup pour les semer ensuite. Seuls deux ou trois affrontements sont inévitables, ou plus faciles à résoudre en faisant parler la poudre. Mais du point de vue de la jouabilité, malheureusement, ça coince un peu, car on n’est clairement pas ici dans un fast FPS : malgré de bonnes sensations de tir, il y a une lourdeur dans toutes les actions réalisées. Ce n’est pas gênant pour l’exploration et les puzzles, mais un peu plus lorsque l’on est attaqué par deux ou trois bestioles à la fois. C’est un peu frustrant car ça n’apporte pas grand chose, hormis une difficulté qui semble en complet décalage avec le reste du jeu. Que l’on soit clair : ce n’est pas complètement raté et c’est le plus souvent contournable, mais cela n’a rien à faire là, dans un titre principalement basé sur l’ambiance et des énigmes. Cependant, cela participe fatalement à rajouter un petit peu de longueur au titre qui est désespérément court : il m’a fallu moins de quatre heures pour en venir à bout.

Voici quelques extraits de gameplay que j’ai capturés lors du premier tiers du jeu :

Tellement beau, mais tellement court

Scorn est une formidable réussite artistique, et rien que pour cela, il faut absolument le faire. Les puzzles ne sont pas difficiles, mais participent à l’ambiance extraordinaire du titre. Du côté des combats, finalement assez rares si on les contourne, on peut tout de même regretter leur présence, principalement à cause de leur difficulté mal dosée, et surtout vraiment hors sujet. Enfin, la durée famélique de Scorn fait qu’il est difficile de se sentir satisfait pour les 40€ demandés. Par contre, si vous avez le Xbox Game Pass, vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas y aller.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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14 Commentaires


  1. Merci pour le test.

    Ça a vraiment l’air magnifique en effet.

    Aussi discrets soient-ils, les indicateurs de possibilité d’interaction sont-ils désactivables ?

  2. Merci pour le test.

    Ça a vraiment l’air magnifique en effet.

    Aussi discrets soient-ils, les indicateurs de possibilité d’interaction sont-ils désactivables ?

    Ils le sont pas et sans ça, tu peux difficilement faire le jeu
    Ils apparaissent uniquement quand tu es proche de l’objet

    Sinon entièrement d’accord avec le test, je suis actuellement sur un passage avec trop d’ennemis, ça me laisse moins le temps d’explorer comme je le souhaite
    S’ils arrivent à régler ce problème, ça serait une expérience encore plus solide

  3. Ils le sont pas et sans ça, tu peux difficilement faire le jeu
    Ils apparaissent uniquement quand tu es proche de l’objet

    Je me posais justement la question de leur nécessité. Merci pour la précision.

  4. Tout à fait d’accord avec ce test.

    Ce jeu bénéficie d’une direction artistique et d’une ambiance comme j’en ai rarement vu… sur ces points là, c’est une pure pépite.
    J’ai été totalement subjugué par mon aventure… jusqu’à ce que les premiers combats se manifestent.
    Trop hasardeux, et surtout trop punitifs au regard de la lenteur du gameplay.
    Je ne possède pour le moment (spoiler) que l’arme de corps à corps, et je compte bien terminer le jeu.
    J’ai peur cependant que ces fameux combats ne « gâchent » quelque peu le reste de ma run.

    Malgré ça, c’est un ovni que j’invite tout le monde à découvrir, car quoi que vous en pensiez, Scorn ne vous laissera pas indifférent.

  5. Pareil c’est juste magnifique, et totalement linéaire (mais c’est justement ce qui permet de comprendre ce qui ce passe) . Au mieux, on nous laisse parfois le choix de l’ordre des énigmes, mais en fait, ça n’a rien de génant.
    Par contre, pour les combats, ça dépend surtout de la façon d’appréhender le jeux.
    Je trouve génial qu’il n’y ai pas un mot, faut suivre l’histoire au travers des éléments du décor. Et si on furète partout, ça rends le jeux beaucoup plus lent, et on a le temps de se rendre compte que les créatures, elles s’en contrefichent de nous, et qu’à part si on leur marche dessus, elle poursuivent leur bonhomme de chemin pour se couler dans un boyau un peu plus loin. Une bestiole émerge, on recule, et on l’observe jusqu’à ce qu’elle s’en aille, ça rajoute un petit côté stressant quand elle prend son temps pour trouver sa sortie, alors qu’une autre arrive derrière.
    Après 6-8 heures de jeux, j’ai du tuer un max de 5 ou 6 créatures: principalement les genres de bovin qui restent toujours sur la map (mais on peut en esquiver la plupart), les trucs qui pendent du plafond (parce qu’il ne se déplacent pas et qu’ils sont placés pour faire ierch), et 2 poulets qui me sont tombé sur la tronche quand je sortais d’un monte charge.
    Quand à l’histoire, elle est entièrement sujette à interprétation et je trouve ça génial, on pourrait ouvrir un topic juste pour compiler ce qu’on a compris, et un second sur ce qu’on en déduit 😁.

  6. Anasher plutôt intéressant comme retour.

    Avec une 2070S + 16GB RAM on peut espérer faire du 60FPS TAF en 1080p ?

  7. Il est dans ma wishlist, cela dit a 36€ les 4 a 6 heures de jeu, je pense que je vais attendre les prochaines promo Steam, voir aussi un patch pour équilibrer les combats.

  8. Tiens, quelqu’un a fait le test pour toi : https://www.youtube.com/watch?v=clP5joNEJ_s

    Ça devrait l’effectuer. Merci.

    Il est dans ma wishlist, cela dit a 36€ les 4 a 6 heures de jeu, je pense que je vais attendre les prochaines promo Steam, voir aussi un patch pour équilibrer les combats.

    Un peu pareil ici, un poil refroidit par le prix de l’heure de jeu quand-même.

  9. Je m’imaginais quelque chose de plus complexe et plus barré que ça..
    Aux prochaines promos black friday dans un bon mois ça devrait le faire.
    Merci pour le test !

  10. Pour ma part c’est l’exactement l’inverse du test concernant les puzzles et les combats. Comme quoi.

    J’ai trouvé que la plupart des puzzles étaient assez complexes, ou mal foutu (en particulier ceux avec les espèces de tiges qui tournent et se déconnectent). Quand tu dis:

    « Tout au plus, certaines vous prendront deux ou trois minutes, mais la plupart ne sont que des formalités ».

    Perso chacun me prenait bien 15 min facile. Après je ne suis pas tellement doué pour ce genre de truc. GmanLives a pondu un test à en a conclut globalement la même chose. Ça me rassure de savoir que je ne suis pas le seul à avoir galéré sur ces puzzles.

    Par contre, j’ai trouvé les combats assez simples, une fois que tu as compris « le pattern » des quelques ennemis, tu peux faire un carnage (et ce avec la première arme). Les gens en possession d’un CAP de boucher charcutier pourront mettre leur savoir en pratique !

    J’ai laissé un peu de feedback sur le forum .

  11. Moins de 4 heures, c’est court ! On voit bien qu’artistiquement, c’est remarquable en donnant au joueur la sensation d’être dans un univers, une atmosphère particulière. Qu’il y a un soin particulier de la part de l’équipe, ils sont combien ? Cela semble un jeu avec un petit budget, 190 K d’après wiki. Cela peut expliquer pourquoi ça peut être court. Pas facile aussi de donner une dimension shooter à ce genre d’univers qui fait plus énigmatique que porte flingue ? Qui en plus, laisse parfois un peu un sentiment de vide au niveau de l’histoire comme le côté mystérieux semble éviter une direction comme une autre.

    Bon, j’irais tester ce jeu un jour ^^.

  12. Moins de 4 heures, c’est court ! On voit bien qu’artistiquement, c’est remarquable en donnant au joueur la sensation d’être dans un univers, une atmosphère particulière. Qu’il y a un soin particulier de la part de l’équipe, ils sont combien ? Cela semble un jeu avec un petit budget, 190 K d’après wiki. Cela peut expliquer pourquoi ça peut être court. Pas facile aussi de donner une dimension shooter à ce genre d’univers qui fait plus énigmatique que porte flingue ? Qui en plus, laisse parfois un peu un sentiment de vide au niveau de l’histoire comme le côté mystérieux semble éviter une direction comme une autre.

    Bon, j’irais tester ce jeu un jour ^^.

    Dans l’équipe ils étaient 15 max (+ des externes pour filer un coup de main)

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