Halloween est terminé depuis plus d’un mois et tout le monde se tourne désormais vers les fêtes de Noël. Quel meilleur moment pour publier un dossier spécial sur les jeux d’horreur ? Hé oui, à NoFrag, on est comme ça : on ne respecte aucune tradition. Bref, si les mièvreries inhérentes aux fêtes de fin d’année vous prennent le chou et que vous avez envie d’oublier Mariah Carey pendant quelques heures, nous vous proposons un dossier revenant sur quelques titres sortis cette année et reprenant à leur compte les bonnes vieilles recettes du survival-horror d’antan. De quoi faire le plein de tripes et de sang entre deux chocolats chauds…

Une courte histoire du survival horror

spencer manor
Le hall d’entrée iconique du manoir de Resident Evil.

Les vieux joueurs se souviennent de la période faste du survival horror, lancée par le premier Resident Evil (1996) et confirmée par la saga Silent Hill (1998). Ces jeux avaient un gameplay caractéristique : un personnage assez lent, des créatures monstrueuses à affronter, des munitions en quantité limitée, de la gestion d’inventaire et des énigmes, le tout mâtiné par un scénario horrifique. Il convient de noter que ces célèbres licences ne sont toutefois pas à l’origine du genre. En effet, on doit en grande partie sa création à Alone In The Dark, un titre fondateur sorti par le studio français Infogrames en 1992. Quoi qu’il en soit, le succès commercial de Resident Evil créa des émules, et de nombreux titres lui emboitèrent le pas, chacun cherchant à apporter des éléments différents au genre : Dino Crisis, Parasite Eve, Blue Stinger, Project Zero, Forbidden Siren, Obscure… Impossible de tous les lister.

Bref, le succès monumental du survival horror fut retentissant, mais de courte durée. Lors de la sixième génération de consoles, l’ère PS2, Gamecube et Dreamcast, le genre commença à s’essouffler en même temps que ses piliers s’en éloignaient. Là où Resident Evil 4 (2005) abandonna ses origines pour se tourner résolument vers le jeu d’action, créant quasiment à lui seul le Third Person Shooter moderne, la série des Silent Hill perdit en vitesse avec le quatrième épisode (2004), radicalement différent des précédents. Quelques années plus tard, et après avoir publié quelques suites inintéressantes, Konami enfonça le dernier clou dans le cercueil de la licence en 2014, en annulant Silent Hills, un projet porté par Hideo Kojima tentant de relancer la série. Parallèlement, un nouveau type de jeux d’horreur à succès émergea. Amnesia: The Dark Descent, sorti en 2010, lança une mode de titres à la première personne s’éloignant de la formule classique des survival horror pour s’orienter vers un aspect plus narratif et immersif. Outlast, SOMA, les jeux Bloober Team (Layers of Fear, Blair Witch) en sont des exemples typiques.

Il faudra attendre la sortie de Resident Evil 7 en 2017 pour que le survival horror classique renaisse de ses cendres pour le grand public. Bien qu’empruntant des éléments plus modernes, comme une vue à la première personne et des séquences narratives très scriptées, on y retrouve tout de même en fond la formule à succès du genre : c’est le retour de la gestion d’inventaire, des énigmes, des points de sauvegarde, du héros faiblard et du manque de munitions. Sa suite, Village, en conservera quelques pistes, même s’il penchera plus du côté action qu’horreur. Récemment, Konami a aussi annoncé le retour de Silent Hill sur le devant de la scène. Mais hors des AAA, le survival horror est tout de même resté dans les esprits de certains développeurs indépendants, qui ont continué à alimenter le genre avec des titres au public plus restreint. L’année 2022 a notamment été l’occasion de jouer à plusieurs FPS très inspirés par les grands noms des années 90 et j’ai décidé, à travers ce dossier, de vous en présenter quelques uns. Attention toutefois : ne vous attendez pas à des titres à gros budgets avec une ambition de dingue, on reste sur des jeux de niche développés par des équipes réduites qui, peut-être, pourront vous faire ressentir les sensations des bons survival horror d’antan. Allez, c’est parti…

Ci-dessous, une vidéo de gameplay des 5 jeux présentés dans ce dossier :

Remorse: The List, le Silent Hill-like

Remorse The List 41 croppedDéveloppeur : Deppresick Team
Éditeur : Deppresick Team
Plateformes : Steam 
Prix : 15

Vous avez peut-être déjà entendu parler de Remorse: The List. Et pour cause, nous avions publié le test sur NoFrag lors de sa sortie en avril dernier. Élaboré par l’équipe ayant développé le mod Grey pour Half-Life 2, le jeu hurle « SILENT HILL » par tous les pores de sa peau virtuelle. Transporté dans la petite ville hongroise de Hidegpuszta, vous devez faire la lumière sur la mystérieuse disparition de ses habitants, et leur remplacement par des créatures fantasmagoriques, tout en réalisant un voyage introspectif dans la psyché du héros. Si vous aimez les survival horror classiques, vous serez ravis d’y redécouvrir tous les éléments qui ont donné ses lettres de noblesse au genre : les monstres sont très coriaces et demandent de nombreux tirs pour être vaincus, votre inventaire est très limité, vous poussant à faire des aller-retour pour récupérer les objets clés, la progression se fait de façon semi-ouverte, et le jeu propose quelques énigmes plutôt retorses.

Ici, on est bien face à un hommage à la célèbre licence de Konami. Outre le côté psychologique du récit, on retrouve une atmosphère poisseuse, avec des environnements devenant de plus en plus décatis et hallucinants, tandis que le bestiaire, pour le moins singulier, est composé de créatures à la symbolique liée au scénario. De leur côté, la bande-son et l’aspect visuel du titre viennent confirmer l’influence Silent-Hillesque bienvenue.

Évidemment, du fait de son envergure somme toute limitée, Remorse: The List n’atteint jamais l’excellence de ses inspirations et trébuche sur bien des aspects. Outre la palanquée de bugs qui le constellait lors de sa sortie, on regrette que les combats ne soient pas plus intéressants ou le côté ridicule de certains ennemis, qui cassent l’ambiance et vous feront pouffer de rire. Essayez de ne pas rigoler lorsque vous êtes poursuivis par des monstro-employés de bureau en chaise à roulettes ! Toutefois, dans l’ensemble, Remorse The List offre une aventure agréable et honnête que l’on peut conseiller aux fans d’horreur qui en ont marre des Amnesia-like. De plus, son côté Silent Hill indépendant, somme toute assez rare, est quand même plaisant.

Fobia – St. Dinfna Hotel, le survival-horror à la brésilienne

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Développeur : Pulsatrix Studios
Éditeur : Maximum Games
Plateforme : Steam 
Prix : 24,99€

À l’exception notable de Brutal Doom, on n’a pas souvent l’occasion de parler de FPS brésiliens. Fobia – St. Dinfna Hotel est pourtant développé au pays de la caïpirinha. Évidemment, quand on vous dit « Brésil », votre esprit abreuvé de clichés culturels pense sûrement aux plages ensoleillées, au carnaval de Rio ou encore à la célèbre déculottée infligée par l’équipe de France de foot en 1998, mais, ici, rien de tout ça : vous y incarnez un grand journaliste se rendant dans un hôtel d’une petite ville de province pour y enquêter sur des événements paranormaux. Alors que votre investigation piétine, la situation dégénère et vous vous retrouvez coincé dans l’hôtel, désormais en ruine et infesté de monstres. Au programme, secte étrange, apparitions fantomatiques, créatures mutantes, prophéties ancestrales, expériences interdites, laboratoires souterrains et voyages dans le temps… Scénaristiquement, c’est un joyeux bordel qui peine à convaincre, notamment sur la fin. Toutefois, on ressent directement une certaine inspiration : cela ne vous rappelle rien, cette histoire de grande baraque isolée bâtie sur un complexe secret et servant à cacher des expérimentations scientifiques hasardeuses ?

L’hommage à Resident Evil ne s’arrête pas à son scénario : Fobia est un véritable survival-horror à l’ancienne, reprenant tous les codes du genre. Nombreuses énigmes, inventaire limité, ennemis plutôt résistants, backtracking, némésis invincible vous pourchassant à travers les niveaux et points de sauvegarde… Les fans de la licence de Capcom y trouveront de nombreux clins d’œil plus ou moins subtils, mais toujours dans le ton. Et puis, à l’exception des animations bien trop rigides et de son FOV de base étriqué, le jeu est vraiment joli pour un projet de cet acabit. Malheureusement, il n’est pas parfait. On regrette que les objets utiles soient trop souvent indistinguables des décors, obligeant à inspecter l’intégralité des environnements comme dans un point’n’click, tandis que le backtracking dans les corridors labyrinthiques devient rapidement une corvée à cause de l’absence de carte. Cela met clairement un coup au rythme du jeu, surtout lorsque l’on arrive vers sa conclusion.

En somme, Fobia – St. Dinfna Hotel reste une expérience inégale mais intéressante, qui pourrait bien vous rappeler les premiers Resident Evil dans sa proposition. Pour un peu plus de 20 euros la dizaine d’heure de jeu, il change des titres horrifiques habituels basés sur les parties de cache-cache – et est donc à même de rassasier le fan d’horreur old school qui cherche un peu d’action et de réflexion.

Gloomwood, l’immersive-horror

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Développeur : Dillon Rogers, David Szymanski
Éditeur : New Blood Interactive
Plateforme : Steam 
Prix : 17

Si vous n’aviez pas lu notre preview, vous serez peut-être un peu surpris de voir Gloomwood apparaître dans ce dossier. En effet, le titre a souvent été présenté par le studio New Blood comme étant un « Thief avec des flingues » (même l’adresse thiefwithguns.com renvoie dessus), à savoir une immersive sim orientée jeu d’infiltration dans un univers alternatif victorien. Pourtant, sa proposition de gameplay emprunte énormément au survival horror classique. Incarnant un docteur anonyme, le joueur se retrouve confronté à une sorte de culte fanatique et s’infiltre dans une métropole victorienne teinté de mystère et de fantastique. Par la même occasion, il devra faire la lumière sur les événements terrifiants qui s’y déroulent. Un scénario assez éloignée de la proposition habituelle du genre et qui cache bien son jeu.

Une fois clavier-souris en main, on découvre très vite que les inspirations des développeurs ne se limitent pas au vénérable Thief : Gloomwood intègre un système de gestion de l’inventaire, des points de sauvegarde fixes (et limités par l’utilisation d’items en mode de difficulté supérieur) ainsi qu’un level design sous forme de raccourcis à débloquer. Les éléments horrifiques ne sont pas en reste et, même s’ils sont toutefois encore discrets dans la version accès anticipé, de nombreux indices laissent supposer que le jeu complet aura une véritable composante horreur et ne sera pas un simple jeu d’infiltration.

Pour l’instant, Gloomwood est en accès anticipé et ne propose pas énormément de contenu – c’est bien dommage, car il est particulièrement intéressant, offrant un mélange des genres bien foutu et un gameplay assez profond. Reste à espérer que la suite soit de la même nature que ce qui est disponible actuellement.

Scorn, l’hommage à H.R. Giger

Développeur : Ebb Software
Éditeur : Kepler Interactive
Plateforme : Steam et Xbox Gamepass
Prix : 40

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Bon, j’avoue, celui-là, c’est un peu de la triche : il ne ressemble pas du tout à un survival-horror traditionnel (voir notre test). Pourtant, on en retrouve certains éléments de gameplay. La progression se fait grâce à la résolution d’énigme, on y rencontre des ennemis dangereux qu’il vaut mieux éviter d’affronter, les ressources sont rares et il y a même un inventaire rudimentaire. Très inspiré par les travaux des artistes Giger et Beksiński, Scorn vous projette dans un monde cauchemardesque où l’environnement et les mécanismes sont fait d’os, de chair et de sang. Volontairement peu clair dans les tenants et aboutissants de son scénario, vous y incarnez un humanoïde cherchant visiblement à s’échapper d’une sorte de labyrinthe infernal, qui est probablement une métaphore subtile sur la vie. Ou quelque chose du genre, j’avoue ne pas avoir tout saisi avec sa narration pour le moins minimaliste.

Scorn brille notamment dans son ambiance magistralement glauque et poisseuse. Les décors suintent, bougent et geignent, tandis que les ennemis monstrueux sont des assemblages de pulpe sans queue ni tête et que l’arsenal est composé d’armes biomécaniques. On regrette que les combats ne soient pas très réussis et que le jeu soit court et linéaire, mais au-delà de ça, Scorn est un survival-horror original, à la fois gore, sordide et lugubre. Une plongée visuellement incroyable dans un univers fascinant qui plaira à ceux qui n’ont pas peur de se creuser un peu la tête.

Eternal Evil, le Resident Evil d’un seul homme

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Développeur : Honor Games
Éditeur : Honor Games
Plateforme : Steam 
Prix : 17

Attention, scénario oscarisable : alors qu’une petite ville est en proie à une invasion de zombies-vampires, un ancien soldat devenu détective privé s’infiltre dans un hôtel semblant être le point de départ de la catastrophe… Très vite, il va découvrir l’implication du directeur des lieux dans un complot ancestral et devra tout faire pour l’empêcher. Parallèlement, un ancien collègue traversera la ville pour enquêter sur une ancienne affaire, visiblement liée à tout ça. Cette histoire rocambolesque nous est comptée à travers des cinématiques en images fixes façon bande dessinée avec d’hilarants doublages de haut vol.

Mais derrière ce scénario terriblement nanardesque, se cache une véritable lettre d’amour à Resident Evil, dont Eternal Evil reprend de nombreux éléments de gameplay. On y retrouve donc les énigmes tordues permettant d’avancer dans l’aventure, des ennemis très résistants, la gestion d’inventaire et les coffres « magiques » permettant de stocker ses ressources, du backtracking, des points de sauvegarde et même un genre de némésis que l’on affrontera régulièrement. Au-delà de ça, le contenu du jeu est conséquent, proposant de nombreux lieux à visiter (hôtel, forêt, ville, commissariat…), deux personnages jouables et de nombreux « extras » à débloquer.

Et c’est un véritable tour de force, car Eternal Evil est l’œuvre d’un seul développeur indépendant. Évidemment, au vu de l’ambition du projet, le titre final est souvent bancal : on est clairement dans ce que les américains appelleraient de « l’Eurojank ». Bugs de collision à foison, combats de boss ridicules, IA dans les choux, assets parfois sans rapport… Néanmoins, difficile de ne pas avoir de la sympathie pour ce titre qui, au demeurant, propose une expérience complète et fonctionnelle de bout en bout. Si vous n’êtes pas trop regardant sur l’aspect technique et certains côtés cheap, vous y retrouverez un très bel hommage au survival horror porté par un développeur visiblement passionné.

Voilà qui conclut notre petit tour non exhaustif des survival horror de 2022. J’espère que les quelques titres présentés dans ce dossier auront su réveiller votre appétit pour un genre qui, aujourd’hui encore, jouit d’une aura particulière. Même si leurs jeux ne sont pas toujours d’une qualité exceptionnelle, nous pouvons saluer les efforts et la volonté des développeurs indépendants qui contribuent, à leur manière, à l’héritage du survival horror. Allez, il est temps de finir cet article : je ne sais pas pour vous, mais tout ça m’a donné faim.

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9 Commentaires


  1. La démo de Fobia était intéressante, assez pour le mette le jeu dans ma wishlist.

    Pourtant, je suis de moins en moins sensible au genre survival-horror, je pense qu’à partir d’un certain âge on a de plus en plus de mal à contrôler son sphincter.

  2. Je citerai aussi :

    Nightmare of Decay : Steam

    C’est un Resident Evil à la première personne avec des graphismes de l’ère PS1. Ce n’est pas du tout révolutionnaire mais ça ne coûte que 4€ et ça fait le job.

  3. Merci pour ce dossier et ses découvertes, je m’en vais wishlister tout ça 🙂

  4. La démo de Fobia était intéressante, assez pour le mette le jeu dans ma wishlist.

    Pourtant, je suis de moins en moins sensible au genre survival-horror, je pense qu’à partir d’un certain âge on a de plus en plus de mal à contrôler son sphincter.

    Mets des couches. Problem solved.

  5. Lost in vivo s’est fait remarqué il y a quelques années. Même si j’ai pas trouvé ça aussi extraordinaire que certaines personalités du retro FPS, c’est quand même pas mal pour un dev solo.

  6. Ouep l’ambiance était sympa mais les combats avaient eu raison de ma motivation.

  7. ouais l’ambiance surtout. le combat est un peu basique, y’a que le fantôme du métro qui m’a fait un peu stresser, après ça tous les monstres étaient simples à gérer.

  8. Je citerai aussi :

    Nightmare of Decay : Steam

    C’est un Resident Evil à la première personne avec des graphismes de l’ère PS1. Ce n’est pas du tout révolutionnaire mais ça ne coûte que 4€ et ça fait le job.

    Filmouss Dank u pour ce partage, je viens d’installer la démo, ça m’a l’air vraiment pas mal.

    Avec « Poppy Playtime » j’ai de quoi faire désormais.

  9. Je profite de cette news pour rendre un petit hommage à « Cry of Fear », un stand alone utilisant le moteur d’Half-Life.

    Un mod survival-horror indépendant absolument incroyable à faire. N’hésitez pas !

    Ce jeu n’a jamais eu le succès qu’il mérite, pourtant quand on voit le résultat y’avait clairement matière à embaucher les gars et leur laisser le champ libre pour faire un survival next gen.

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