Nofrag a beau être Le site de référence mondial sur les simulateurs de meurtre, seule la vue à la première personne nous semble digne de l’Élite que forment ses lecteurs. C’est pourquoi des titres comme Hitman n’ont normalement pas leur place dans nos colonnes, malgré d’indéniables qualités. Cependant, IO Interactive s’est décidé à ajouter une vraie option VR dans le dernier opus de la série, nous permettant de nous glisser à l’intérieur de ce grand chauve musclé, en tout bien tout honneur. Déjà présent sur Playstation depuis un moment, mais uniquement contrôlable avec la manette de la console, il est cette fois-ci utilisable avec les périphériques de réalité virtuelle de la PC Master Race. Malheureusement, les développeurs n’ont pas autant de talent pour la VR que pour le TPS d’infiltration.

Genre : Infiltration en VR et contorsionisme | Développeur : IO Interactive | Éditeur : IO Interactive | Plateforme : Steam, EGS, Microsoft Store (inclus dans le Xbox Game Pass) | Prix : de 60€ à 100€ selon l’édition | Configuration recommandée : Intel 6-core i7-8700 / AMD Ryzen 7 2700, 16GB RAM, NVIDIA RTX 2060 Super / AMD 5700XT | Langues : audio en anglais, texte en français | Date de sortie : 20 janvier 2022

Test effectué avec la version Xbox Game Pass sur un casque Oculus Quest 2.

Hitman 5 scaled
Ne réglez pas votre écran, c’est bien flou et pixélisé, mais c’est dû aux spécifications de mon PC. Si vous voulez des images plus nettes, envoyez des sous ou soutenez-nous sur Patreon !

Rappel des (mé)faits

Hitman 3 est le dernier volet d’une trilogie, qui est à la fois le reboot et la suite d’une série initiée en 2000. On y incarne l’Agent 47, un tueur à gage, qui doit exécuter une ou plusieurs cibles dans des niveaux ouverts, et dans lesquels la créativité en matière de meurtre est fortement encouragée. Il y a toujours plusieurs méthodes pour parvenir à ses fins, et faire preuve de discrétion est récompensé : on gagne ainsi plus de points, qui permettent de débloquer des objets, des armes ou des lieux d’infiltration supplémentaires après chaque mission réussie. Même si ce n’est pas le but principal, il arrive souvent qu’une petite erreur déclenche l’alerte et que tout se termine en gros carnage. On rentre alors dans la phase défouloir jusqu’à mourir ou vider la map, puis on relance la mission. Les environnements sont nombreux, variés et très réussis, comme par exemple le vertigineux niveau de Dubaï, ou encore le très coloré Sapienza issu du premier volet de la saga. Il faut noter qu’il est possible d’accéder à l’ensemble des missions des trois derniers jeux si l’on possède l’édition Trilogy, ou si l’on avait déjà le premier et le deuxième avant d’acheter le dernier. On peut également profiter du mode arcade avec les cibles fugitives, mais les modes Sniper Assassin et Contrats ne sont pas accessibles en VR. Du côté compatibilité avec les casques, c’est plutôt éclectique, puisque la plupart des modèles majeurs permettent d’incarner l’Agent 47, comme indiqué sur la page dédiée du site d’IO interactive.

Hitman 10
Certains niveaux sont vraiment joliment réalisés et restent cohérents, même en VR, preuve que le travail initial d’IO Interactive était de bonne facture

Les 12 travaux de 47

Du côté mise en place de la VR, c’est parfois laborieux. Je vais vous décrire mon expérience avec le casque Oculus Quest 2 et la version du jeu sur Xbox Game Pass, ce qui est certainement l’une des combinaisons les plus compliquées. En effet, après avoir activé le link (USB ou Wi-Fi) dans le casque, il faut lancer le jeu depuis l’affreuse application Xbox sur votre PC. Attention, ne remettez pas le casque tout de suite, car l’écran sera noir. En effet, pour l’instant le jeu n’est pas en mode VR. Une fois les écrans de login passés, on peut « Activer la VR », ce qui lance Steam VR (?) et on peut enfin mettre son casque. A priori, le comportement serait le même avec l’Epic Game Store… Donc pour récapituler, le jeu nous demande d’avoir les launchers Xbox, Oculus et Steam lancés simultanément pour y accéder. Chapeau ! Heureusement, les possesseurs du couple Valve Index / jeu sur Steam ne devraient pas avoir à subir ce genre d’aberrations…

Hitman 2
Myopie simulator

Du côté des graphismes, comme vous pouvez vous en apercevoir sur les captures, c’est franchement dégueulasse avec ma configuration (PC portable avec un i7 10750H, une Nvidia GTX 1660 Ti et 16Go de RAM). Comme toujours en VR, c’est un peu moins gênant en jeu. Néanmoins, en poussant les curseurs à fond du côté des paramètres du casque, c’est plutôt joli, bien que la profondeur de champ ne soit pas folle. Par contre, dans ce cas, il vous faudra un PC de la NASA pour ne pas avoir de latence et en profiter au maximum. Mais de toute façon, même si votre matos est un peu juste, ce n’est pas l’aspect graphique qui vous fera abandonner le titre.

Hitman 3 bulle1

Contorsionniste simulator

N’avez vous jamais ressenti l’impression de tout comprendre, de savoir tout ce qu’il faut faire et comment le faire, mais ne pas y parvenir ? Ou alors, dans un rêve, de vouloir courir mais d’être bloqué sur place ? Eh bien IO Interactive réussit le tour de force de retranscrire avec fidélité ces sentiments, nous mettant dans la peau d’un Stephen Hawking de l’assassinat. S’ils n’ont plus rien à prouver sur la partie TPS de leurs jeux, ils ont encore une bonne marge de progression du côté de la VR. Tout d’abord, malgré l’utilisation des contrôleurs propres aux casques VR, on sent bien que tout est hérité de la manette PS5. Beaucoup trop d’actions nécessitent l’appui sur un bouton alors qu’il aurait été beaucoup plus immersif d’utiliser les gâchettes associées à des mouvements. On peut citer les portes ou les échelles, mais aussi l’inventaire, particulièrement nul. D’autre part, bien que le feeling des pistolets soit plutôt pas mal, le fait d’uniquement avoir à appuyer sur un bouton pour recharger est franchement décevant. Les armes à deux mains, par contre, sont très pénibles à utiliser, car la main gauche peut venir sous le canon, mais ne permet pas de gérer du tout la visée, ce qui est fort peu intuitif et pas précis du tout. Heureusement, ce n’est pas le cœur du jeu. Mais d’un autre côté, la partie infiltration ne s’en sort pas forcément beaucoup mieux… La faute à une gestion du corps complètement débile, car a priori pensée pour le PSVR en premier lieu, c’est-à-dire affalé dans son canapé avec une manette à la main.

Hitman 3 scaled
L’erreur du débutant : vouloir tourner la tête et se déplacer réellement

Vous qui avez l’habitude de jouer debout dans votre salon de 100m², oubliez tout de suite. Le jeu n’est pas prévu pour que vous vous déplaciez, ou même pire, pour que vous pivotiez. S’il vous prend l’envie d’utiliser vos vraies jambes, ou les muscles de votre cou, vous aurez la formidable surprise de sortir de votre corps, ou parfois juste de voir les bras de 47 prendre des angles qui provoqueraient des syncopes aux plus extrêmes des chiropracteurs. Dans l’action, c’est quasiment impossible de se reposer uniquement sur les sticks des manettes pour se retourner et ne pas tourner la tête. Et c’est plutôt normal, car la VR, c’est FAIT POUR RENFORCER L’IMMERSION, BORDEL ! ÇA SERT À QUOI SI ON NE PEUT PAS TOURNER LA TÊTE ??? Bon, vous avez compris, c’est très, très, légèrement agaçant, et ça détruit presque tout le plaisir de jeu. Presque, car on peut parfois passer outre. Si on prend bien soin de régler dans le menu, le fait d’avancer dans la direction vers laquelle on regarde, on pourra explorer les niveaux – en marchant, sinon vous embrasserez la plupart des murs – sans trop de difficultés. Tant qu’il n’y a pas d’urgence, de timing ou de précision, ça passe. Et surtout, on finit par se résoudre à s’assoir sur une chaise pour s’empêcher de trop bouger… Misère…

Un très bon jeu, mais pas en VR

Le mode VR d’Hitman 3 n’est clairement pas la fonctionnalité qui doit vous faire acheter le jeu. La faute à des contrôles vraiment nuls et des interactions limitées, hérités du casque et de la manette Playstation, conçus pour jouer sur un canapé. Et c’est vraiment dommage, car le jeu d’origine est tellement bien réalisé que tout le reste s’adapte parfaitement. Et même s’il faut une machine plutôt puissante pour le faire tourner dans de bonne conditions, la direction artistique très réussie participe à l’immersion. Dommage que cela soit complètement ruiné par la gestion du corps et des déplacements. Si IO Interactive ne résout pas au moins ces deux problèmes, le mode VR d’Hitman 3 restera anecdotique.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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5 Commentaires


  1. Bah, ouais l’ergonomie est affreuse, et en même temps je trouve qu’assis ça reste jouable (qu’on s’entende, c’est dommage de jouer assis à Hitman, là ou on l’attendait clairement Roomscale).

    Pour ceux qui veulent le faire tourner en résolution native, et donc enlever le flou dégueulasse il faut que votre casque affiche 150% de sa résolution (100% = pas assez en VR, car je crois qu’on sursample sur n’importe quel casque pour corriger les aberrations chromatiques.)

    Pour ça j’ai fait ces choix sur Oculus Tray Tools :

    Default super sample : 1.5
    Default ASW mode : Off
    Adaptive GPU Scaling : Off

    Vous devirez sur SteamVR avoir à peu près les mêmes possibilités.

    Et dans le jeu j’ai mis le

    variable rate shading en off

    et relancé Hitman.

  2. Si j’ai prix l’Index, ce n’est pas pour rester assis… du coup ça me fait hésiter à tester ce Hitman VR, et je vais encore réfléchir car concernant les jeux VRs prévus pour être assis, j’ai déjà été traumatisé par l’immonde partie « vaisseau mère & scénario » de Star Wars Squadron entre les phases de vol…
    Merci pour ce test!

  3. Haha les mecs ont claqué un google trad sans même se faire chier à changer le nom du site dans le texte, des génies !

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