[PREVIEW] Ready or Not n’est pas encore tout à fait prêt

Difficile de trouver un successeur à l’honorable FPS tactique SWAT 4. Depuis sa sortie en 2005, les candidats sont rares pour reprendre le flambeau. Si la franchise Raven Shield / Rainbow Six a définitivement décidé de poursuivre un chemin différent, de nombreux FPS indépendants cherchent à combler ce vide : Ground Branch, Zero Hour, ou plus récemment Black One Blood Brothers. Mais il y a bientôt 5 ans, un candidat un peu plus sérieux que les autres a pointé le bout de son canon : Ready or Not. Grâce à un premier teaser qui avait plutôt de la gueule, le titre a porté les espoirs d’une génération de flics ZQSD. Après un long développement assez chaotique et de nombreux retards, le titre est finalement arrivé (et un peu malgré lui) en accès anticipé sur Steam le 17 décembre dernier.

Genre : FPS Tacticool DROP YOUR WEAPON! | Développeur : VOID Interactive | Éditeur : VOID Interactive | Plateforme : Steam | Prix : 35,99€ | Configuration recommandée : AMD Ryzen 5-1600 / Intel Core i5-7600K, 8GB RAM, NVIDIA GeForce GTX 1060 6gb | Langues : Anglais | Date de sortie : 17 décembre 2021

On n’y croyait plus, et pourtant…

Contrairement aux premières versions de l’alpha qui se consacraient au PvP, Ready or Not a décidé de recentrer son développement et offre pour le moment une expérience uniquement PvE. Par rapport aux premières versions que j’ai eu l’occasion d’essayer, les changements sont majeurs. Les sensations de tir sont maintenant excellentes et le sound-design immersif dans un respect total des codes du FPS tactique. Dans son ensemble, la réalisation est assez irréprochable si l’on pardonne quelques animations un peu rigides et des bugs de jeunesse. Pendant les premières parties, on a vraiment l’impression de se retrouver dans une version remastered de SWAT 4. Ready or Not emprunte énormément à Irrational Games : les mécaniques sont identiques, la musique, très proche et les messages radio similaires. Tellement similaires que les nouveautés propres au titre sont extrêmement rares. On peut noter la présence d’un bouclier balistique qui sera à l’origine de syndromes post-traumatiques chez de nombreux joueurs, de lunettes de vision nocturne ou d’un bélier pour défoncer les portes. En dehors de ça, on est pour l’instant assez loin d’un successeur spirituel, mais plus proche d’un remake.

Il faut couper le cordon

Et c’est bien là son problème : Ready or Not est inférieur à un SWAT 4 boosté aux mods comme l’excellent SWAT: Elite Force qui ajoute la plupart des nouveautés absentes (NVG, silencieux pour toutes les armes, chemlight). Des équipements qui étaient présents dans la première alpha, comme un drone de reconnaissance ou une échelle tactique, sont maintenant manquants. Dommage. Cela donne le sentiment que Ready or Not n’arrive pas à exister par lui-même et s’encombre d’un héritage beaucoup trop lourd, ce qui se ressent même au niveau des cartes qui s’inspirent encore du couple cité ci-dessus. Sur les 6 cartes complètes qu’il propose, on retrouve une mission dans une station-service, un concessionnaire automobile ou encore un hôtel. Rien de bien original. Et alors que la communication de Ready or Not est axée sur le « réalisme » et une « une expérience intense et tactique dans une Amérique moderne », il échoue pour l’instant à reproduire l’ambiance et la narration environnementale de SWAT 4. On se souvient tous de l’atmosphère angoissante lors de l’intervention chez le serial-killer ou de l’environnement pesant à l’hôpital. Hélas, aucune n’est ici aussi marquante, la faute à un jeu encore trop jeune. Par exemple, les civils et les terroristes sont presque identiques sur l’ensemble des cartes. Il n’existe aucun briefing pré-mission qui permettrait de se mettre dans l’atmosphère de l’intervention, d’écouter l’appel au 911, de prendre connaissance des victimes ou simplement du lieu.

C’est meilleur à plusieurs

Bien qu’il soit tout à fait possible d’y jouer en solo, l’IA de vos collègues est encore assez aléatoire. Une roue de commandement très simple permet de donner les ordres classiques que l’on attend dans un FPS d’intervention. Ils sont malheureusement capables du meilleur comme du pire. On oscille entre une entrée parfaitement exécutée pour ensuite échouer lamentablement en faisant rebondir une flash sur un mur. Et comme on pose souvent les questions après, ils peuvent aussi tirer sur leurs coéquipiers dans certaines circonstances. De ce fait, l’expérience est pour l’instant beaucoup plus agréable en multijoueur. Si vos amis sont trop occupés sur Call of Duty, un système de VOIP est présent pour communiquer avec les inconnus d’une soirée. On aimerait tout de même que VOID Interactive fasse un petit effort pour permettre de mieux s’organiser : une simple carte pour élaborer l’intervention en amont serait déjà la bienvenue. En tout cas, malgré ses défauts, Ready or Not promet quelques rigolades à plusieurs, et souvent grâce à une IA totalement imprévisible qui mérite encore beaucoup de travail. D’un côté, on peut avoir un civil qui décide de courir à travers la carte malgré un coup de tazer et plusieurs tirs de sommation et de l’autre, des terroristes très passifs vous attendant de pièce en pièce. Elle connaît quelques éclairs de génie pour vous contourner, mais difficile de savoir si ce comportement est voulu ou totalement aléatoire. En tout cas, elle réagit très peu au bruit. Vous pouvez défoncer une porte à coup d’explosifs sans trop vous inquiéter du bureau d’à côté.

Ready or Not offre plusieurs niveaux de difficulté par le biais de différentes missions dans un même niveau. Vous pouvez simplement avoir affaire à des suspects barricadés (facile), des bombes à désamorcer (difficile) ou des otages à secourir (très difficile). Dans certains cas, il faudra progresser rapidement pour limiter les victimes chez les civils. Notez que ces variations ne sont pas encore disponibles sur toutes les cartes. Globalement, pour l’instant Ready or Not offre une rejouabilité assez limitée où l’on fait assez vite le tour du gameplay. Avec un minimum de coordination, il est très facile de venir à bout des niveaux de difficulté. Il faudra néanmoins faire preuve de patience et de résilience si vous souhaitez réussir l’ensemble des scénarios en non-léthal pour obtenir la meilleure note.

SWAT 3.5

Ready or Not est un excellent candidat pour devenir la prochaine référence du FPS tactique à la sauce SWAT 4, mais a encore bien du mal à se forger sa propre identité en s’inspirant un peu trop de l’héritage qu’il souhaite poursuivre. Et surtout, il fait pour l’instant moins bien qu’un SWAT 4 moddé. Il faudra patienter encore un peu pour que le jeu s’étoffe, corrige ses défauts et propose bien plus qu’un SWAT 3.5 à la sauce Unreal Engine.