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Dans La Suggestion de la Semaine, on fourre notre bras au fond du tiroir de la rédaction pour vous conseiller des bidules et des machins susceptibles d’attiser votre curiosité et de vous donner de quoi avoir l’air intéressant devant vos amis à l’apéro.

Jeux, films, documentaires ou œuvres plus obscures, c’est ici qu’on pourra se permettre de parler d’autre chose que des FPS, en attendant la nouvelle version du site où on fera des vidéos commentées sur les jeux Nintendo et où Squeezie sera invité dans nos locaux pour inaugurer notre rachat par Bolloré®.

Il y a quelques années, j’ai commencé la série Mutafukaz. C’est une série de bandes dessinées de Run publiée chez Ankama, mettant un scène un mec un peu loser avec son pote qui combattent des aliens dans une sorte de Los Angeles décadent sous fond de Hip-Hop, de complots Illuminati et de Lucha Libre. L’éditeur, convaincu du talent et du potentiel de l’auteur lui a donné carte blanche pour lancer une seconde ligne d’édition, nommée Label 619, réservée aux projets de BD atypiques et qui, petit à petit, s’est mis à proposer diverses rééditions, dont Tank Girl, ce qui m’a permis de la découvrir et de développer un amour inconditionnel pour la turbulente anglaise.

Préparez les bières, une petit playlist de The Toy Dolls et sautons à pieds joints dans la bêtise et l’irrévérencieux avec Rebecca “Tank Girl” Buck, celle qui vous cassera les pieds et les couilles.

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Toujours du bon goût et de la délicatesse

Tank Girl naquit en 1988 dans le journal anglais Deadline. Je ne vais pas vous faire un détail complet de son histoire tumultueuse, sachez juste qu’elle s’est éteinte peu après la sortie du film “librement” adapté de la série en 1995. Alan Martin et Jamie Hewlett ont créé un personnage libre qui fleure bon la bière pas chère, la pisse et le sexe. Tank Girl est la réponse de deux jeunes au Thatchérisme. Elle est certes moins revendicatrice qu’un V pour Vendetta d’Alan Moore, mais elle reste une icône Punk, une ôde à la liberté, au féminisme et à la baise entre potes.

Mon amour pour Tank Girl vient en grande partie du fait que chaque histoire se déroule sur un maximum de huit à douze pages. Un format très court qui va à une vitesse hallucinante et ne prend même pas le temps de respirer. Les gags fusent, les références s’accumulent et Tank Girl enchaîne les situations et rencontres improbables. Martin ne laisse pas au lecteur le temps de se poser la moindre question et l’Outback australien se transforme ainsi en un tourbillon de bêtise et qui détruit le 4ème mur façon bombe H dans une crèche. Les auteurs n’hésitent pas à intégrer la réalité dans Tank Girl et à vous proposer un morceau à écouter pendant la lecture, faisant du comic un pur produit des années 80 et 90.

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Pour donner corps à l’univers, le trait de Hewlett fait des merveilles. Même si le choix de situer l’action dans l’Outback est l’aveux d’un dessinateur peu enthousiaste à l’idée de réaliser des décors fouillés, celui-ci se rattrappe sur les personnages et les éléments importants. Si vous connaissez Gorillaz, vous voyez le style de Hewlett. En effet, il est le chara-designer et réalisateur des clips et effets spéciaux du groupe. Ses personnages sont marqués et les cases sont remplies d’éléments et profitent de beaucoup de dynamisme dans les grandes pages et même doubles pages. Ce style graphique évoluera aussi, en même temps que l’écriture de Martin, mais je vous laisse découvrir cela, Tank Girl ne cesse de surprendre à chaque nouvelle histoire.

Rien n’a de sens à froid, mais en réalité Tank Girl représente le parcours et l’état d’esprit de ses auteurs, deux jeunes un peu largués qui picolent et fument en regardant la télé et en écoutant des cassettes qu’ils enregistrent. Leur personnage est la représentation de cette jeunesse anglaise un peu artsy. Son physique et son style vestimentaire ne laissent pas de place au questionnement. Elle s’en fout de tout, elle veut juste s’amuser et ce plaisir immature se transmet vite au lecteur qui rit et partage son penchant rebelle. Elle est punk, mais pas seulement visuellement. Tank Girl veut vivre sans barrière, sans regret et rejette toute la société. Elle finit souvent à poil et cache pas son goût pour le “dedans dehors” avec son copain Booga, un kangourou mutant qui lui sert aussi de souffre douleur.

J’ai tendance à voir Tank Girl comme une des meilleures représentante du féminisme. Pas celui qui germe sur internet et qui ne sait pas vraiment ce qu’il veut. Je parle du féminisme brandi par celles qui se revendiquent de l’école punk, celles qui ne demandent pas le droit d’être, le féminisme qui s’obtient à coups de grolles. Tank Girl ne veut pas qu’on la considère comme une personne importante, elle l’est et se bat juste parce que ça la fait marrer. Elle ne demande pas pour s’envoyer en l’air et n’a pas honte d’exposer ses seins. Elle conduit un tank, pète, jure comme un charretier, picole et fume jusqu’à finir à l’envers. C’est une nana avec des burnes et un sérieux penchant pour le chaos.

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Beer, bitches and bombs

Tank Girl s’est vite imposée comme un de mes personnages préféré et lire les différentes histoires est un vrai plaisir qui laisse un grand sourire idiot sur le visage. Il est dommage que Tank Girl se soit éteinte à cause d’une adaptation d’Hollywood, mais que voulez vous ? No Future comme disent les crêteux. Alan Martin a tout de même réussi à la ressusciter à l’aide d’autres artistes mais je trouve personnellement que la nouvelle Tank Girl s’est trop assagie laissant de côté son penchant spontané et turbulent.

Note: Si vous êtes intéressé par le personnage et voulez en apprendre plus, Alan Martin et Jamie Hewlett ont sorti, à l’occasion des vingt ans de la série, un artbook appellé The Cream of Tank Girl. L’artbook (traduit en Les Dessous de Tank Girl) et les tomes traduits en français sont disponibles chez Ankama, les tomes ont d’ailleurs fait l’objet d’une édition Intégrale de plus de 450 pages. Les images sont tirées des versions numériques éditées par Titan Comics pour un Humble Bundle centré sur Tank Girl sorti fin janvier 2017.

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