Même s’il ne fait pas partie d’un genre que l’on apprécie beaucoup ici, chez NoFrag, Resident Evil 4 est indéniablement l’un des monuments du jeu vidéo. Cassant le style horrifique des précédents épisodes pour proposer beaucoup plus d’action et une vue à la troisième personne, caméra derrière l’épaule, il inspirera beaucoup de ses successeurs. Alors quand on a appris en avril dernier, que le jeu allait être porté en VR, quelques membres de la rédaction étaient excités comme des ados à l’annonce d’un concert de Wejdene. Mais que vaut donc un jeu qui date d’une quinzaine d’années, adapté en réalité virtuelle exclusivement sur l’Oculus Quest 2 ?

Genre : Shooter VR | Développeur : Armature Studio | Éditeur : Oculus Studios | Plateforme : Oculus | Configuration requise : Oculus Quest 2 Prix : 40€ | Langues : anglais STFR | Date de sortie :  21 octobre 2021 | Durée de vie :  12h à 15h en normal

Test effectué sur une version commerciale.

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Ha, le headshot… C’est toujours satisfaisant.

Résidente Ivol… Faure

Je dois l’avouer : avant de tester cette version VR, je ne connaissais Resident Evil 4 que de réputation, même si j’avais déjà vu quelques extraits. D’après les différentes annonces, le jeu devait être une reprise à l’identique de l’original. A priori, ils n’ont pas menti car il faudra entre douze et quinze heures en normal pour terminer le jeu, comme à l’époque. Pour ceux qui ne connaitraient pas trop, le jeu vous place dans la peau de Leon S. Kennedy, devant secourir la fille du président américain, détenue dans la campagne profonde espagnole par une secte de dingos. Une histoire absurde justifiant d’affronter des villageois dégénérés, des monstres mutants et même une statue de nain géante dans un déferlement de rebondissements improbables. Casque sur la tête, cela se traduit par un survival horror linéaire très orienté action, dans lequel on enchaîne exploration, combats, énigmes, boss et QTE de manière assez classique, mais bien foutue. Et comme on n’est pas là pour enfiler des perles, attaquons directement sur les sujets qui fâchent. RE4VR 4 e1636118531799 Tout d’abord, la cohérence. Lors de notre aventure, on trouve régulièrement des marchands, permettant d’acheter armes et améliorations, dont la présence est absolument inexplicable scénaristiquement. Il en va de même pour les grands méchants, que l’on croise très souvent dans des cinématiques et qui nous laissent en vie par excès de confiance. Même si ce n’est pas le seul jeu à user de ce genre de procédé, là on est sur du high level. Un scénario nanardesque à souhait, mais qui n’est pas pour autant désagréable. On en rigole assez facilement, tellement les ficelles sont grosses. Un deuxième point, pour le coup un peu plus gênant, porte sur les cinématiques. Elles sont présentées sur un écran géant qui couvre la majorité de l’angle de vision, après un petit fondu au noir. Ce ne serait pas embêtant si c’était cantonné à la narration. Mais certaines actions, comme passer par une fenêtre ou repousser les échelles, utilisent ce mode complètement inapproprié. Lors d’un passage dans une maison, il faut défendre un étage en allant de fenêtre en fenêtre pour empêcher les ennemis de pénétrer dans la pièce. L’alternance de phases réellement VR et ces cinématiques est alors particulièrement pénible. Heureusement, en dehors de ce moment, les actions de ce type sont plus rares et isolées. On se demande tout de même pourquoi ne pas avoir utilisé l’autre procédé employé lorsque l’on pousse les meubles ou que l’on donne un coup de pied, qui consiste à voir son personnage sortir de son corps pour réaliser l’action. RE4VR 13 e1636118632983 À lire, cela peut paraître bizarre, mais après deux ou trois fois, on n’y prête plus attention, et surtout, c’est toujours mieux que ce foutu fondu au noir pour une cinématique d’une seconde. Pour finir sur les points négatifs, on sent tout de même que c’est une adaptation d’un jeu de 2005 : les textures sont carrément dégueu quand on s’approche, ce qui tranche avec les menus et le téléphone, dont la résolution est très fine. Il n’y a pas énormément de modèles d’ennemis différents et ils auront toujours la même réaction et le même son lorsqu’il seront touchés – ce qui est un peu ridicule lorsqu’on leur met une dizaine de balles dans le buffet. Enfin, il ne faut pas oublier la présence des QTE, qui sont ici transposés en secouage de manettes ou mouvements dans une direction donnée. Ils arrivent parfois un peu à l’improviste, et comme on est en train de regarder la cinématique devant notre écran géant, il n’est pas rare de le rater et devoir recommencer depuis le dernier point de sauvegarde.

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Je cache mes yeux devant l’insoutenable, pendant une cinématique. Notez l’habile stratagème pour ne pas vous spoiler !

Des armes, des chouettes, des brillantes

Mais ces défauts sont vite oubliés, grâce au cœur du gameplay : le tir. Le maniement des armes est plutôt agréable, bien que très permissif. Par exemple, il suffit d’une seule cartouche pour recharger complètement les fusils à pompe, et attraper un nouveau magasin fait sortir celui de l’arme. Mais si on le souhaite, on peut utiliser la touche d’éjection du magasin, insérer le nouveau dans l’arme, et enfin tirer la culasse. Cela renforce l’immersion et j’ai apprécié faire un peu plus d’actions « qui ne servent à rien » pour me sentir dans la peau de Leon S. Kennedy. Le feeling des pistolets et des fusils à pompe est très bon. Et si celui de la mitraillette l’est un peu moins au coup par coup, c’est compensé par ses rafales qui peuvent aller jusqu’à 250 balles après quelques améliorations. C’est débile, généralement inutile, mais assez jouissif, tout comme pour le fusil à pompe à répétition dont on peut augmenter le chargeur jusqu’à 100 cartouches à la fin du jeu. Au fil des chapitres, on aura la possibilité d’acheter de nouvelles armes, éventuellement des accessoires pour celles-ci, comme une crosse où une lunette, mais aussi des améliorations. Plus de puissance, une meilleure cadence de tir et une plus grande capacité des magasins. Une chose assez étonnante, mais permettant de garder une certaine tension : on ne peut pas acheter de munitions. Il faut les trouver sur les corps ou dans les objets à briser. Cela encourage à faire un peu attention à l’endroit où l’on tire, et nécessite de basculer régulièrement entre ses armes, surtout vers la fin. La mitraillette ayant beaucoup de balles, elle est assez pratique pour étourdir ses adversaires, s’en approcher et décrocher un coup de pied pour les mettre à terre. Quelques coups de couteaux dans le corps permettent généralement de les achever.

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On s’amuse autant lors du rechargement que quand on tire sur les ennemis. On peut même faire des tricks à la John Wick en lançant ses magasins en l’air.

Vomito ergo sum

Si l’on pouvait craindre du pire pour une adaptation d’un jeu existant vers la VR, il faut avouer qu’Armature a fait du bon boulot. Les commandes sont très bien faites et les options sont foisonnantes pour s’adapter au joueur. Mouvements libres ou téléportation, utilisation assise ou debout, des boutons ou des gestes pour utiliser ses armes et objets, etc. Lors des déplacements et des combats, on pourrait croire que l’on est dans un jeu développé pour la réalité virtuelle en natif. Étant peu sensible à la cybercinétose, j’ai choisi les mouvements libres aux sticks. C’est tout à fait supportable – j’ai fait la totalité du jeu comme cela, mais il faut avouer que certains moments peuvent-être un peu difficiles. Lorsque l’on parcourt un niveau, il n’y a jamais beaucoup de chemin à faire pour rencontrer des ennemis ou observer quelque chose, ce qui divise pas mal les déplacements. Mais lorsque l’on choisit de traverser tout une portion que l’on avait déjà nettoyée, c’est un peu plus dur. Tout comme un combat en bateau et deux ou trois autres passages pendant lesquels on est un peu moins maîtres de nos déplacements… Préparez votre sac à vomi au cas où.

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Ha oui, j’oubliais : parfois on traîne un boulet Ashley.

Copie carbone

À l’instar de l’adaptation en réalité virtuelle, de nombreuses autres choses sont très bien réalisées. À commencer par les menus et en particulier l’inventaire, très intuitif. A priori, il est repris tel quel du jeu original : c’est une boite avec des cases, et chaque élément en occupe un certain nombre. Si la place est assez restreinte en début de partie, la mallette de rangement peut-être agrandie auprès des marchands au cours de l’aventure. À noter qu’il y a aussi des trésors à trouver, qui ne servent que comme monnaie d’échange avec les marchands, et qui sont stockés dans un inventaire à part. Cela marche parfaitement en VR, tout comme la gestion de la carte, très bien transposée pour les Oculus Touch. Les environnements traversés sont assez variés et sympa, mais je ne vais pas m’étendre dessus, car contrairement à moi, vous saviez sans doute déjà ce que c’était. Même si c’est un jeu clairement orienté action, il n’oublie pas de faire ressentir son ambiance oppressante avec un sound design plutôt bon et, à quelques exceptions près, des ennemis parfois très résistants, et un nombre de munitions souvent limité – surtout à la fin. Ha, et j’allais oublier, il y a des énigmes. Elles ne sont pas vraiment compliquées, et dénotent parfois avec le reste du jeu. Encore une fois, je suppose que ce sont les mêmes que dans le jeu original : aucun aspect spécifique à la VR n’y est intégré.

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mi, si do ré, do si la, la do mi…

Entre challenge et accessibilité, on peut dire que c’est bien dosé

Au début du jeu, on vous propose de choisir la difficulté : facile ou normal. J’ai joué avec la seconde, et même si je suis mort une trentaine de fois sur toute l’aventure, c’était généralement plus à cause d’une mécanique que je n’avais pas compris au premier abord ou un QTE que je n’avais pas vu venir. On peut parfois être presque submergé, mais les déplacements permettent généralement de se faufiler assez facilement entre les pattes des infectés. Attention tout de même à vos meubles, on a vite fait de dépasser les murs virtuels que l’on a fixé… À de nombreuses reprises, je me suis toutefois dit que jamais je n’aurais réussi à passer telle ou telle section avec une manette, dans le jeu original. Ici, le fait de pouvoir viser très facilement les ennemis, permet de temporiser un peu, car une fois touchés, ils ont un mouvement de recul de quelques secondes avant de reprendre. On peut alors maintenir trois ou quatre ganados à distance simultanément. D’ailleurs, j’ai trouvé leur résistance plutôt étonnante : certains meurent en deux balles dans la tête, d’autres en cinq, alors que d’autres encore la perdent dans une explosion gore, dès la première balle. Du côté des boss, c’est par contre un peu inégal : la plupart sont assez intéressants, mais certains sont très faciles à cause de la visée beaucoup plus précise en VR. Une fois l’histoire terminée en normal, on débloque le mode professionnel, un mode new game + et deux nouvelles armes. J’ai testé quelques niveaux en mode professionnel, qui fait démarrer une nouvelle partie « classique ». Cela me paraissait un peu plus dur sans pour autant être impossible. Je n’ai pas poussé beaucoup plus loin. Ce qui m’a plus intéressé, c’est le new game + : on redémarre le jeu, mais on garde tout l’équipement et les améliorations que l’on avait à la fin du premier run. C’est donc beaucoup plus facile, avec moins de tension, mais c’est vraiment très fun. C’est comme un bonbon nous récompensant pour avoir réussi à terminer une première fois le jeu. Je pense que je vais le refaire au moins en partie de cette manière.

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L’avantage de la VR, c’est que l’on peut viser par dessus

Un must have

Bon, il n’y a pas à tortiller du cul pour chier droit, Resident Evil 4 VR est une très belle réussite et ses défauts sont assez vite oubliés. Le feeling des armes est très bon et l’aventure intéressante malgré son scénario digne des plus grands nanars. Ok, ce n’est pas le jeu le plus beau du monde, mais c’est une adaptation d’un jeu de 16 ans d’âge, et ce n’est pas pour rien que l’original est une référence. Si vous possédez un Oculus Quest 2, ce serait dommage de passer à côté. Les options pour limiter la cybercinétose étant assez nombreuses, vous devriez pouvoir profiter du titre quelle que soit votre résistance à la nausée. Espérons qu’Oculus Studio daigne le porter sur PCVR, afin que les propriétaires de HTC Vive ou Valve Index puissent également en profiter !

Si vous n’avez pas trop le mal de mer, vous pouvez admirer quelques séquences de gameplay réalisées par mes soins :

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9 Commentaires


  1. SI vous avez un Quest 2 (comme moi depuis une semaine) et que vous aimer les FPS, il faut savoir que Doom 1 & 2, Quake 1 & 2, Half-Life 1, Return to Castle Wolfenstein, et Doom 3 ont été portés sur les Quest par une petite équipe qui fait du tres bon boulot (Dr Beef).
    Toujours sympa de se refaire ces classiques en VR, surtout sans fil.

    PS: Pour des raisons évidentes de droits, tous ces titres nécessites les fichiers des jeux d’origine sur PC, le tout est installable avec SideQuest.

    Quand a ce RE 4 VR, j’attend le mois prochain pour me le prendre.

  2. Merci pour le test, définitivement un must-play. Surtout avec une durée de vité plus que correcte. Penses-tu que les soucis d’écran noir pourrait faire l’objet d’un patch ? c’est chiant à ce point ?

  3. Rom1 Je ne pense pas vraiment, ça a l’air d’être un choix, car dans les options, il y a pas mal de trucs sur les cinématiques, QTE et vue 3ème personne. Après, c’est un peu gênant, mais ce n’est pas non-plus un truc qui intervient toutes les 30 secondes.
    Dans les combats un peu tendus, on peut aussi l’avoir si on se fait attraper. Par exemple, ça le fait deux fois d’affilée dans la vidéo à 2:03. Mais ce n’est arrivé qu’une seule fois de tout le jeu de m’être fait enchaîner comme ça.

  4. J’ai lu le test et look la vidéo. Sympatoche le chargement des armes. Bon je n’ai pas de casque ni de sac à vomiture.

  5. Aaaah ça m’en rappelle des souvenirs… Par contre le gameplay change radicalement de l’original, du fait de pouvoir aim et se déplacer en même temps, voir de tenir son couteau et son arme à la fois.

  6. Voire tenir deux armes en même temps ! Meilleure version de RE4 à ce jour et j’en ai testé pas mal. Seul gros point noir pour moi : Pas d’assignement ada, ni de separate ways ni de mode mercenaries :/

  7. Si vous commencez a faire des test de jeux VR j’aimerais vraiiiiiiiiiment avoir votre avis sur Into the Radius, pour moi c’est un grosse claque (pas graphiquement hein mais sur le gameplay et l’ambiance), tout particulièrement depuis la mise a jour récente 2.0 (y a genre 3 jours). C’est Stalker en VR et en carrement chiadé niveau utilisation pointilleuse des armes et équilibre entre expedition pour choper du matos et des artefacts et risque encouru. Un must-have selon moi en VR, tout particulierement pour les féru de pan-pan un peu « simu » et les aficionados de Stalker.

    Quand a RE4 VR votre test m’a clairement convaincu, dommage que je sois sous Rift S, mais un jour futur si je change mon casque je penserais au fait que chez le Quest y a quelques exclu pas dégueu.

  8. Même chose pour moi qui suis aussi sur Rift S, c’est lourd cette exclusivité !
    C’est une exclusivité temporaire ou définitive ?

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