Dès son annonce, Ghostbusters: Spirits Unleashed n’avait pas grand-chose pour lui. À commencer par son concept de prop-hunt déjà vu et revu — un article de NoFrag sur le sujet, mais surtout, par le passif du studio Illfonic. En effet, ces derniers avaient éhontément saccagé une licence et la santé mentale de Rutabaga avec Predators: Hunting Grounds en 2020. C’est donc les mains tremblantes et plein d’appréhension que j’ai lancé ma carrière de chasseur de fantôme.

Genre : Chasse au fantôme en multijoueur | Développeur : Illfonic | Éditeur : Illfonic | Plateforme : Epic Games Store | Configuration recommandée : Intel i7 5820K, 16 Go de RAM, Nvidia GTX 970 ou RTX 2070 pour profiter du Raytracing | Prix : 31,99€ | Langues : audio en anglais, texte en français | Date de sortie : 18/10/2022 | Durée de vie : 1h ou 2h avant de s’ennuyer

Chasseurs de clichés

D’après la très longue, et plutôt ennuyeuse, séquence d’introduction de Ghostbusters: Spirits Unleashed, vous y incarnez une nouvelle recrue au sein de la célèbre agence Ghostbusters. Un recrutement qui a lieu après une certaine période de hiatus, nécessaire après que des forces maléfiques du mal semblent se réveiller. C’est verbeux, peu subtil et on a surtout hâte d’enfin pouvoir se déplacer librement pour commencer le jeu. Après un rapide tutoriel, l’une de nos collègues nous envoie effectuer notre première mission. Car oui, surprise, les développeurs ont étrangement choisi de vouloir raconter tout un scénario dans un jeu uniquement multijoueur. Mais attention, pas avec de la narration environnementale lorsque vous parcourez les niveaux. Non, avec un récit raconté par le biais de cinématiques qui n’ont absolument aucun impact sur la progression de votre personnage et qui font intervenir des individus que vous ne croiserez jamais une fois une partie lancée. Difficile, en plus, de s’attacher à l’histoire, terriblement classique et truffée de clichés. Mention spéciale au scientifique « jeune et geek » qui fait plein de bêtises. Il est tellement cool et drôle (non).

Ghostbusters: Spirits Unleashed est plutôt agréable à l'œil
Ghostbusters: Spirits Unleashed est plutôt agréable à l’œil

Calme sépulcral

Bon, très bien, les développeurs ont tenu à raconter une histoire. Après tout, laissons-les réaliser leurs souhaits les plus chers tant que cela n’a pas d’impact sur notre expérience. Allez, c’est parti, répondons à l’appel et patientons le temps de trouver d’autres joueurs. Voilà, attendons. Encore un peu… Ah, il y a très peu de joueurs et il faut parfois plusieurs minutes avant de pouvoir lancer une partie ? D’accord, pas le choix, on poireaute dans la caserne de l’agence avant d’enfin démarrer la célèbre ambulance à l’effigie de Ghostbusters. N’imaginez pas conduire la fameuse Cadillac Miller-Meteor 1959 blanche dans les rues de New York. Non, après un court chargement, nous voici débarquant dans un des six lieux publics hantés par une entité démoniaque — potentiellement contrôlée par un autre humain, plus souvent par un bot. Armé d’un lanceur de particules pour attraper les spectres, de votre psychotensiomètre pour les détecter, d’un piège pour les capturer et d’un gadget (grappin, bombe ionisante, etc.), vous voilà enfin lancé dans la chasse aux fantômes.

Ghostbusters Spirits Unleashed group 2 e1666644117259Principe fantôme

Menus monstrueux

S’il ne fait aucun doute que le jeu est avant tout prévu pour les consoles, cela n’excuse pas tout. L’impossibilité de reconfigurer les touches passe encore, celle de ne pas pouvoir affecter un bouton pour parler aux autres joueurs est plus problématique — hormis un enfant qui hurlait dans sa manette PS4, je n’ai communiqué avec aucun joueur. Notons aussi le menu des améliorations absolument pas ergonomique où il est impossible de juxtaposer les bonus-malus d’un nouvel équipement pour pouvoir comparer facilement.

Accompagné de trois acolytes — régulièrement joués par des bots par manque de joueurs, la boucle de gameplay est rudimentaire : équipé de son détecteur, parcourir au hasard la carte jusqu’à détecter un signal sur votre radar. Il peut s’agir de votre adversaire, évidemment, mais aussi de l’une des trois brèches présentes à chaque début de partie. Il s’agit, en quelque sorte, des « vies » du joueur adverse. Ainsi, l’équipe des chasseurs de fantômes remporte la manche si elle capture quatre fois l’ennemi ou bien si elle détruit les trois brèches et qu’elle finit par capturer une dernière fois le spectre. De l’autre côté, le joueur qui incarne l’ectoplasme peut se mouvoir librement dans toutes les directions, faire léviter les objets du décor ou, c’est le principe même du jeu, les posséder. C’est d’ailleurs son seul moyen de récupérer de l’énergie, utilisée pour se déplacer plus rapidement ou se servir de ses attaques. Il en a trois différentes, chacune liée à un compte à rebours plus ou moins long. Outre le fait de ne pas se faire capturer, son but est de hanter à 100% les lieux. Cela se traduit par une jauge qui se remplit plus ou moins vite en fonction de ses actions : par sa simple présence dans une pièce, en effrayant les civils, en projetant des « larbins » qui iront ralentir ses adversaires, etc. Si je parle du fantôme avec autant de détachement, c’est parce qu’il se joue à la troisième personne uniquement et n’a donc pas vraiment sa place dans un test de NoFrag.

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Parties sans âme

Bref, vous avez saisi le principe très simple de Ghostbusters: Spirits Unleashed. Un concept de prop-hunt basique, déjà vu de nombreuses fois depuis l’apparition des FPS, auquel Illfonic a simplement ajouté son propre système de progression : améliorations à débloquer pour votre équipement de chasseur de fantôme et cosmétique en pagaille ou nouvelles formes et aptitudes pour l’ectoplasme. Une mécanique que l’on a déjà vue ailleurs, notamment dans le plus intéressant Midnight Ghost Hunt que NoFrag avait testé en début d’année. Et comme on s’en doutait, cela ne suffit absolument pas à donner de l’intérêt au titre. Les parties se ressemblent toutes et, plus grave, se torchent en quelques minutes à peine, très souvent au désavantage du joueur incarnant le fantôme. En effet, malgré l’absence de joueur (souvent remplacés par des bots), ou le fait que le jeu soit taillé pour la console (il est d’ailleurs crossplay), Ghostbusters: Spirits Unleashed semble mal équilibré. Rendez-vous compte, même si les développeurs ont oublié de programmer une touche sur laquelle appuyer pour pouvoir parler avec ses coéquipiers, tout peut se passer très vite. Même avec des inconnus, avec qui on peut difficilement se coordonner sans pouvoir communiquer oralement, les manches se plient en moins de 5 minutes. Un laps de temps passé à courir comme des poulets sans tête en tirant un peu dans tous les sens jusqu’à la fin de la manche. Et ce ne sont pas les civils à rassurer quand ils paniquent en voyant un gouluant à quatre bras voler dans un musée qui changeront fondamentalement la donne.

Ghostbusters Spirits Unleashed capture e1666643176554Au moins, techniquement, Ghostbusters: Spirits Unleashed tourne très bien en WQHD sur un i9-9900K, une 2080 Ti et 32GB de RAM. Si on oublie le design des personnages, le jeu est loin d’être moche et ses décors sont plutôt agréables à l’œil, même s’il manque de variété.

SOS fantoche

Ce n’est pas vraiment une surprise, Ghostbusters: Spirits Unleashed ne propose rien susceptible de le démarquer des autres jeux de chasses au fantôme. Sans être aussi catastrophique que Predators: Hunting Grounds, il peine à faire naître de l’intérêt chez le joueur en quête d’un petit jeu multijoueur sympathique. Il transpose tout simplement un concept déjà existant dans une licence cinématographique, en espérant sûrement intéresser quelques fans du film au passage. Si le genre du prop-hunt vous manque vraiment, préférez-lui Midnight Ghost Hunt. Toujours en accès anticipé, il propose cela dit une variation plus évoluée de la chasse au fantôme.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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6 Commentaires


  1. Merci pour le test.
    Effectivement, ça fait peur… (pas les fantômes, non non…)

  2. Ça ne répond pas à la question que tout le monde se pose : est-ce qu’on peut croiser les flux ?

  3. Ça ne répond pas à la question que tout le monde se pose : est-ce qu’on peut croiser les flux ?

    Réponse dans la 3ème image du test !

  4. Grand fan de la licence, j’étais tout content à l’annonce du jeu. Moins lors de la découverte du studio de développement. Et comme on le craignait, c’est un flop… Dommage 🙁
    Bah, au moins ça fait économiser des sous.

    Ça ne répond pas à la question que tout le monde se pose : est-ce qu’on peut croiser les flux ?

    Non, sauf si tu veux que toutes les formes de vie sur terre meurent instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Et ça, c’est mal.

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