Depuis hier, les développeurs de jeux indépendants, et principalement ceux travaillant avec Unity, sont vent debout contre la dernière annonce fracassante du moteur : 0,20 $ sera facturé à chaque installation d’un jeu à partir de janvier prochain. Vous avez bien lu « installation », ce qui paraît être la méthode de comptage la plus débile et la plus injuste pour les développeurs. Grands seigneurs, les dirigeants d’Unity indiquent que cela ne s’appliquera pas aux jeux qui n’atteignent pas les seuils de 200 000 $ de revenus et 200 000 installations. Certes, ces frais n’impacteront donc pas les plus petits projets, mais cela interdira indirectement tout succès d’ampleur – c’est-à-dire, quasiment tous les jeux indépendants que vous connaissez –, ce qui est sans doute le truc le plus con du monde. D’ailleurs, leur méthode, basée sur l’astucieux principe de « t’inquiète frère, on gère » ne semble pas spécialement convaincre les développeurs, en plus de poser la question du partage non consenti de données. Une interrogation sur le piratage est également relevée, puisqu’aucune assurance n’est donnée qu’une installation d’une version illégale soit identifiée comme telle. Même sans cela, des développeurs ont fait le calcul : certains devraient à Unity une somme plus importante que leurs revenus…

Unity - Geoff Keighley
Même Mr Doritos himself trouve ça complètement con, c’est dire !

D’autre part, si les frais seront facturés à partir du 1er janvier, ils le seront également sur les projets déjà publiés. Un redditeur a d’ailleurs remarqué que le dépôt GitHub qui suit les modifications des licences du moteur, a été mis hors ligne le temps qu’ils enlèvent la clause permettant de conserver les conditions d’utilisation acquises avec une version, puis remis en ligne en toute discrétion pour ne pas que les gens s’en rendent compte. Raté.

Devant l’incroyable shitstorm qu’une telle annonce ne pouvait que provoquer, la direction d’Unity a tenté de s’expliquer en ouvrant une FAQ sur son forum. Entre hier et aujourd’hui, ils ont précisé certains points, en ont ajouté d’autres. Par exemple, ils ont indiqué que les installations de jeux inclus dans des « charity bundles » seront exclues. Mais encore une fois, aucune preuve sur la méthode de détection n’a été montrée. D’autre part, pour les titres présents sur le Xbox Game Pass, ce sera à Microsoft de payer ! Cela pèsera sans doute dans la balance pour décider si tel ou tel futur jeu sera intégré à l’offre…

Unity stock
La chute de l’action suite à l’annonce semble importante, mais on reste toujours plus haut qu’il y a un mois. Comme on n’y connait rien, on vous laisse vous débrouiller avec ça.

Pour rajouter une délicate touche de vomi sur le gâteau à la merde, nos confrères d’Eurogamer indiquent que la majeure partie de l’équipe dirigeante d’Unity, dont John Riccitiello, anciennement à la direction d’Electronic Arts entre 2007 et 2013, avait vendu pas mal de parts de la société depuis fin août, ce qui représente plusieurs millions de dollars. C’est tellement gros qu’il semble peu probable que ce soit un délit d’initié, mais sait-on jamais.

Si nous n’avons évoqué jusqu’à présent que les développeurs indépendants, de nombreux gros succès sont aussi impactés. Il y a fort à parier que les avocats des sociétés derrière Genshin Impact ou Pokemon Go doivent se frotter les mains…

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3 Commentaires


  1. Si on on en arrive à ce que même Geoff Doritos Keighley dit que c’est du BS, on doit pas être loin du point godwin.
    En même temps, la société appartient à des fonds d’investissement dont BlackRock (Ça vous dit quelque chose?) qui vont bien tout faire pour presser jusqu’à la dernière goutte de sang.
    Au revoir Unity.

  2. Le changement de monétisation était déjà contestable, mais en plus techniquement comme vous l’écrivez ça paraît très compliqué à mettre en place. Quant à rendre le tout rétroactif… Whoua ! Fallait oser !

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