Annoncé en 2015, puis greenlighté en 2017 avant de sombrer dans l’oubli, Remorse: The List vient finalement de sortir. Développé par les moddeurs responsables du mod Half-Life 2 horrifique à succès Grey, le titre propose un survival horror à l’ancienne sous la forme d’une virée dans une ville hongroise remplie de monstres et d’énigmes à résoudre. Sans surprise, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais tout n’est pas à jeter non plus.

Genre : Survival-Horror | Développeur : Deppresick Team | Éditeur : Deppresick Team | Plateformes : Steam | Prix : 20€ | Configuration recommandée :  Intel Core i7-5960X ou Ryzen 5 2400G / 6 GB de RAM / Nvidia GeForce GTX 1070 | Langues : anglais | Date de sortie : 22 avril 2022 | Durée : environ 4h30

Test réalisé sur une version commerciale.

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Balade à Hidgpuszta

Adrian, un jeune homme hongrois, se coltine une sacrée gueule de bois : il se réveille dans la petite ville de Hidegpuszta après avoir fait un étonnant cauchemar. Non seulement l’endroit semble avoir été vidé de ses habitants, mais il y a désormais d’horribles créatures qui rodent dans les environs… Il comprend très vite qu’il va devoir explorer les lieux malgré les dangers et faire la lumière sur ce mystère, qui semble d’ailleurs étrangement lié à son identité. En somme, l’histoire de Remorse: The List est une sorte de voyage introspectif pour Adrian, dont l’aventure vous permettra d’en savoir plus sur lui et son passé. Ne vous attendez toutefois pas à être surpris : le propos n’est pas très profond, et est même plutôt convenu pour peu que vous ayez déjà joué à un jeu de la série Silent Hill.

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Même la carte du jeu semble crier « Silent Hill ».

D’ailleurs, le parallèle ne s’arrête pas là puisque la structure même du jeu est similaire à celle de la célèbre saga de survival horror. Remorse: The List propose d’explorer une ville semi-ouverte. Comprenez par-là que les différents quartiers sont interconnectés et que votre progression se fera en aller-retour. Par exemple, si l’accès au quartier Est est bloqué par un cadenas, alors il vous faudra d’abord explorer le bloc Ouest, y résoudre une énigme ou affronter des monstres pour trouver une clé et retourner sur vos pas. Bref, une progression classique de survival horror qui fait plaisir à voir dans un genre où les aventures narratives façon couloirs scriptés sont désormais la norme.

On retrouve également un système d’inventaire dont la gestion est primordiale à votre survie. Étant très limité en terme de places, vous devrez souvent faire le choix de jeter un kit de soin, un paquet de munitions ou même une arme afin de pouvoir récupérer le précieux objet qui vous permettra d’avancer. Il est possible de récupérer quelques emplacements en explorant des lieux facultatifs, mais vous aurez toujours besoin de sacrifier certains objets pour en garder d’autres. Notez que les items jetés ne disparaissent pas et restent au sol, donc vous aurez toujours la possibilité de revenir les chercher plus tard, quand vous manquerez de munitions après avoir affronté un paquet de monstres…

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Introspection musclée

Et cela arrivera vite car les ennemis sont, pour la plupart, extrêmement coriaces. Il vous faudra parfois plus d’un chargeur complet pour les vaincre et les munitions fondent à vue d’œil. Le bestiaire est d’ailleurs assez original et rappelle beaucoup le mod Half-Life 1 Cry of Fear : si l’on croise quelques classiques psychopathes armés de bistouris et autres possédés flottant à 20 centimètres du sol, certains monstres tranchent vraiment avec ce qu’on a l’habitude de voir. Créatures sans pieds avançant sur les moignons, corps serpentins rampant à toute vitesse, bouts de cadavres désarticulés volant dans les airs ou encore manifestations ectoplasmiques faisant apparaître des piques hors du sol… Certains sont assez dérangeants, d’autant plus qu’ils surgissent systématiquement en hurlant comme des damnés, dans des jumpscares assez efficaces mais redondants. Cela frôle tout de même parfois le ridicule : impossible de ne pas rire lorsque vous vous retrouvez chassé par deux types en chaises de bureau à roulettes, tentant péniblement de vous rattraper avec moult grincements.

L’arsenal est plutôt conséquent : couteau, pelle, marteau, pistolet, uzi, fusil à pompe, fusil d’assaut, magnum seront de la partie. Chaque arme à feu possédant son propre type de munitions prenant de la place de l’inventaire, il faudra, là encore, faire des choix. Globalement, on ne peut pas dire que l’aspect FPS du jeu soit vraiment poussé, les armes n’ayant pas un feeling particulièrement réussi et les possibilités d’actions étant limitées. La plupart des affrontements se joueront en reculant ou en se plaçant derrière des obstacles le temps de vider son chargeur dans le buffet des créatures. Il est possible de fuir les combats en courant, mais Adrian semble être un gros fumeur puisqu’un sprint de 20 mètres suffit à lui faire cracher ses poumons et à vider sa barre d’endurance. Le côté shooter n’est donc pas la grande force du titre, qui propose heureusement plusieurs énigmes bien casse-têtes pour compenser. Même si elles ont toujours une certaine logique, quelques-unes sont dignes de point’n’click façon Sierra et pourront vous faire chauffer les neurones. Elles n’ont rien d’insurmontable toutefois, et il y a peu de chances que vous soyez réellement bloqué sur une énigme trop retorse. Comptez environ 4h30 pour finir le jeu une première fois, et un peu plus pour trouver tous les collectibles et débloquer les trois fins différentes.

Visuellement, Remorse: The List n’est vraiment pas très beau, mais ce n’est pas non plus honteux vis à vis de son budget limité. La plupart du temps, le joueur navigue dans les rues ou dans les bâtiments austères de la ville abandonnée. Je n’ai jamais visité la Hongrie, mais outre l’architecture et les affichages en hongrois, je doute que le jeu soit très représentatif : au vu du nombre incroyable de déchets que l’on trouve par terre pendant toute l’aventure, on a plutôt l’impression d’être sur les quais de Seine parisiens. Certains environnements sont quand même plutôt réussis, arrivant à jouer avec les jeux de lumière et quelques effets pour créer une atmosphère angoissante. Surtout, plusieurs passages plutôt barrés illustrant des travers psychologiques offrent une ambiance éthérée assez sympathique. Bref, le jeu n’affiche rien de transcendant mais, au moins, il tourne correctement sur n’importe quelle config. Quant aux bugs, mon expérience en était constellée, allant de simples problèmes de collisions à du out-of-bound obligeant à charger la partie. Mais les développeurs sont réactifs et publient patch sur patch depuis la sortie, donc le jeu devrait être plus stable à l’heure actuelle.

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Euh… Cherchez pas, c’est freudien.

Silent Wish

Remorse: The List est loin d’être un jeu inoubliable. Son manque de budget se fait ressentir par bien des aspects et il frise parfois le ridicule. Toutefois, il propose une aventure correcte, une sorte de Silent Hill édulcoré, et réussit tout de même à rester relativement intéressant jusqu’à la fin. Bien qu’un peu cher pour ce qu’il est, on peut le conseiller aux amateurs de jeux d’horreur indé qui en ont marre des expériences purement narratives et scriptées de bout en bout.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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3 Commentaires


  1. Merci pour le test.

    Pour ma part, j’adhere. Grey etait aussi une imitation de SH, Condemned mais l’hommage etait bien fait. J’ai redecouvert avec plaisir ce que j’aimais dans le survival horror et je ne me suis jamais surprise dans l’ennui.

    Quand on joue a ce genre de jeu a petit budget, temps de dev et equipe reduit, il faut garder des espoirs realistes et ne pas s’attendre a un Silent Hill, qui ne viendra en toute vraisemblance plus jamais.

    En tant que joueur, on se doute bien que le jeu est convenu et c’est attendu de la part d’un jeu qui tire ses inpirations d’oeuvres qui vont atteindre leurs 3 decennies.

    Entre un bon jeu aux ambitions modestes qui ne reinvente pas la poudre et un jeu qui essaye de revolutionner le genre et se casse la gueule, mon choix, il est vite fait.

    On peut facilement eviter le piege de la deception en ne s’accrochant pas l’idee d’une revolution a chaque sortie inspiree par la nostalgie.

  2. Bon test indeed.

    C’est marrant, certains aspects du gameplay (comme l’inventaire limité ou les aller-retour entre les zones) m’ont fait penser à Resident Evil, du moins le dernier auquel j’ai joué [le 7]. J’ai jamais joué à un Silent Hill du coup j’ai pas d’élément de comparaison. Je suppose que les 2 licences se sont inspirées l’une de l’autre ?

    Pour ma part, je trouve que les jeux d’horreur (tout comme les films) tournent en rond depuis quelques années. Pourtant avec un médium comme les jeux vidéo, y’a moyen de faire des choses.

  3. Wishlisté. J’en avais un peu ras le bol de ces jeux qui proposent une ambiance matinée d’horreur via un walking sim. Si on peut retrouver un peu de l’ambiance Silent Hill, un monde semi ouvert (esquissé dans le dernier Evil Within), qui aurait pu aller encore plus loin), ben on va pas cracher dans la soupe.

    Un autre titre à tenter (une démo est dispo) : Them and Us, digne représentant de Resident Evil, et proposant un vue FPS (en DLC, les chacals!!!).

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