[TEST] Sniper Elite VR : le jeu qui fait moche

Alors que les vrais jeux VR triple A se comptent sur les moignons d’un manchot, ceux de la classe juste au-dessous commencent à foisonner. Vous savez, ces jeux qui veulent faire comme les grands, mais qui sont souvent parsemés de défauts plus ou moins gênants ? Sniper Elite VR ne déroge pas à la règle, et nous emmène sniper du nazi en Italie avec quelques gros défauts. Mais il n’est pas déplaisant pour autant, sur Oculus Quest 2 tout du moins.

Genre : FPS VR | Développeurs : Just Add Water / Coatsink | Éditeur : Rebellion | Plateforme : Steam, Oculus Quest et PSVR | Prix : 30€ | Configuration recommandée (version PCVR) : Intel i7 8700k / AMD Ryzen 7 1800X, 16Go de RAM, NVIDIA GTX 1070 / AMD Radeon Vega 56 | Langues : VOSTFR | Date de sortie :  8 juillet 2021 | Durée de vie :  8h et plus

Test effectué sur une version commerciale Oculus Quest avec un Quest 2.

Une version PCVR douteuse

Pour commencer, il faut savoir que le jeu a été développé pour les casques autonomes Oculus Quest, et semble juste avoir été un peu amélioré graphiquement pour Steam et Oculus Rift. Vous pouvez trouver des vidéos de comparaison graphique ici. Oui, c’est très moche. Même une fois le casque enfilé. Et ce n’est pas étonnant, car il est compatible avec le Quest 1, dont les performances sont maintenant un peu limitées, comparées à son successeur. Certes, les graphismes ne font pas tout, mais en 2021, cela dénote un peu. La version Oculus est cross-buy, c’est à dire qu’une fois achetée sur le store Quest ou Rift, il est disponible sur les deux bibliothèques. J’ai donc pu comparer la version PCVR, un peu plus jolie, avec la version Quest. Attention, bien qu’il soit affiché lors du démarrage qu’il y a une synchronisation avec le cloud, les sauvegardes ne sont pas cross-platform. Impossible de débuter le jeu en autonome, puis de continuer la partie via le PC.

J’ai commencé par tester la version PCVR via le Air Link. J’ai trouvé la maniabilité vraiment compliquée. Maintenir le viseur sur sa cible n’était pas évident et même, parfois, j’avais l’intime conviction que ça tirait à côté. Après une première expérience mitigée, j’ai essayé en autonome. Et surprise, j’ai eu l’impression que tout était plus facile. Le second niveau étant une phase d’entraînement, j’ai pu comparer les scores, et j’ai constaté que je faisais trois fois plus de points pour chacune des armes. Pour valider mon sentiment, j’ai retesté la version PCVR, mais avec le câble USB cette fois-ci, pour éliminer un potentiel problème dû au wifi, mais je n’ai pas pu faire beaucoup mieux que mon premier essai en PCVR. J’en conclue donc qu’il y a un souci de synchro pour cette version, au moins pour les casques Oculus Quest. Cela semble confirmé par pas mal d’avis sur Steam. Pour le reste du test, je me baserai donc sur la version Oculus Quest.

Hé, toi, là ! Tu es dans un JEU-VIDÉO !

Sniper Elite VR n’est clairement pas un titre très original. Mais le scénario a le mérite de faire varier les environnements. On incarne un vieillard italien, qui raconte ses faits d’armes en 1943, comme autant de niveaux. Ils sont proches de que pourrait proposer un Call of Duty… de 2003. On doit généralement les traverser pour atteindre l’objectif ou tuer tout le monde, ce qui déclenche un script ou la fin du niveau. Il y a également quelques exceptions qui nous limitent à un poste de tir spécifique, pour mettre à l’épreuve nos talents de tireur d’élite. Mais j’ai vraiment eu du mal à me croire sur le champ de bataille, alors que le point fort de la VR est justement l’immersion. Parfois, certaines missions sont censées s’enchaîner, mais les armes récupérées ne sont plus dans son équipement lors de la suivante. Ensuite, le HUD est soit trop présent, soit inexistant. C’est un peu dommage, car certaines informations, comme le nombre de balles restantes, sont intéressantes. Au contraire, d’autres, comme l’énorme indicateur de maniement des armes, me semblent plutôt inutiles. Et tous les explosifs (bidons, caisses, points sensibles sur les véhicules) sont rouge vif une fois que l’on regarde à travers la lunette, quel que soit le paramétrage du HUD. D’autre part, l’utilisation de la ceinture pour ranger son équipement est très perfectible. De nombreuses fois, j’ai tenté d’y accrocher une grenade, mais je n’ai réussi qu’à la faire tomber cinq ou six fois d’affilée. Enfin, l’IA, qui n’a clairement pas été une priorité lors du développement, n’aide pas trop non-plus. On fait un bond 20 ans en arrière pour le comportement des ennemis, et c’est encore pire pour les alliés. Associé aux graphismes et aux animations dégueulasses, on pourrait se croire dans le remaster d’un vieux FPS générique.

Mais alors, c’est nul ?

Non, ce n’est pas nul. C’est même plutôt bon : on prend plaisir à coller des têtes aux nazis, même s’ils sont un peu cons. En plus, la vue en rayons-X lorsque l’on tue sa cible est assez amusante les premières fois : on voit les différents organes éclater au passage de la balle. On pourra régler la fréquence, voire même la désactiver ensuite, car cela devient tout de même un peu lassant à force. La partie sniper est évidemment prédominante et demande un peu de pratique pour bien aligner le viseur sur sa cible et faire fonctionner le verrou. Une fois son arme maîtrisée, c’est assez grisant d’enchaîner les ennemis. Un mode concentration permet de zoomer et ralentir le temps. Un losange rouge, qui réduit de plus en plus, représente la précision du tir. Pour les tirs les plus lointains, il faut donc attendre un peu, et donc souvent se faire toucher par ses adversaires. Mais ce n’est pas trop grave, car la vie remonte toute seule une fois à l’abri. Le jeu propose également des phases d’infiltration avec un pistolet silencieux qu’il faut réarmer à chaque tir. Celles-ci ne sont pas désagréables, mais pas forcément évidentes, car le champ de vision n’est pas énorme. Il est aussi possible d’utiliser ses armes classiques dans la plupart des missions d’infiltration, car des bruits récurrents dans l’environnement permettent de masquer le son des tirs. Un fort peu discret « Sound Masqued » apparaît à chaque fois (c’est à dire très souvent) pour faciliter la chose (sauf si l’on désactive le HUD).

Les bourrins ne sont pas oubliés : pour les combats à moyenne et courte portées, il y a un fusil à pompe, plusieurs pistolets-mitrailleurs et des fusils d’assaut. Ceux-ci sont plutôt efficaces bien qu’imprécis à partir d’une certaine distance et le gunplay est très sympa. J’ai aussi beaucoup apprécié le Colt 1911 avec son sound design assez violent. On dispose également de grenades, mais la maniabilité est ardue. Il faudra persévérer pour réussir à faire exploser vos adversaires, au lieu de vos pieds. En tout cas, il n’y a pas à tortiller du cul pour chier droit : ces phases sont bienvenues, permettent de varier le gameplay et sont vraiment réussies. On s’amuse comme un petit fou.

Generoso e piccante

Avec Sniper Elite VR, les développeurs ne se sont pas foutus de votre gueule. Contrairement à beaucoup de titres en réalité virtuelle, on est ici face à une durée équivalente à un jeu classique. Pour réaliser le test et terminer les 19 niveaux du jeu en difficulté « du milieu », celle permettant a minima d’indiquer le point de chute de la balle en mode concentration, j’ai passé pas loin de neuf heures avec le casque sur la tête. J’ai certes pris mon temps, expérimenté des choses, essayé des approches discrètes ou tenté quelques défis. Mais la mort survient assez facilement et le système de sauvegarde pas génial rajoute artificiellement de la durée de vie si l’on a pas trouvé la radio salvatrice. En rushant les phases d’infiltration à la mitraillette, on peut forcément gagner pas mal de temps. À l’inverse, si l’on souhaite réaliser tous les défis, voire même débloquer des bonus pour chaque arme, le temps de jeu augmente drastiquement. Ainsi que les courbatures. Oui, il ne faut pas oublier que dans Sniper Elite VR, on a l’un des deux bras suspendu en l’air en permanence.

Validé sur l’Oculus Quest 2, se méfier des versions PCVR

Partant d’un proposition très classique, Sniper Elite VR offre ce qu’on attend de lui, voire même un peu plus : un bon jeu de tireur d’élite, mais aussi des phases d’action vraiment fun. La durée de vie est très honnête pour un jeu VR, mais les graphismes sont vraiment moches et l’immersion pas au top. Néanmoins, c’est une bonne expérience sur les casques Oculus Quest. Attention, pour les versions Steam et Oculus Rift, essayez de trouver des avis correspondant à votre casque, et dans le doute, n’oubliez pas que l’option de remboursement existe sur les deux plateformes.

Vous pouvez admirer l’étendue des mes skillz dans cette magnifique vidéo de gameplay :