« Du cul ! Des nichons ! De la baise ! » On ne va pas se mentir : avec sa communication basée essentiellement sur le sexe, Lust From Beyond partait du mauvais pied. Difficile, de prime abord, de ne pas y voir un appeau à loser désœuvré en mal d’affection… Développé par Movie Games Lunarium (Lust For Darkness), il s’agit en réalité d’un jeu d’horreur empruntant fortement aux œuvres de H.P. Lovecraft, H.R. Giger et Zdzisław Beksiński, trois artistes aux univers angoissants bien trempés. Bien sûr, on y retrouve quand même de nombreux éléments érotiques et autres scènes de sexe, mais cet aspect n’est étonnamment pas si putassier que ça, s’intégrant à l’ambiance malsaine du titre. Au final, plus qu’un simple jeu pour pervers, il s’agit d’un voyage horrifique à l’érotisme dérangeant.

Genre : Horreur | Développeur : Movie Games Lunarium | Éditeur : Movie Games | Plateforme : Steam | Prix : 17€ | Configuration recommandée : Intel Core i5-8400, AMD Ryzen 5 1600, 16 Go de RAM, Radeon RX 580 ou Nvidia GTX 1060 6Go, 37 Go d’espace libre | Langues : Doublages anglais, sous-titres français | Date de Sortie : 11/03/2021 | Durée de vie : environ 12h

Test effectué sur une version commerciale du jeu.

Le jour des tenta-culs

Victor Holloway est un antiquaire en apparence tout ce qu’il y a de plus banal, passant son temps dans sa boutique poussiéreuse remplie de vieux bibelots. Seulement, notre camelot a un problème : lorsqu’il est stimulé sexuellement, il est atteint par des visions cauchemardesques d’un monde fantasmagorique, Lusst’Ghaa. Alors que ces apparitions le poussent à l’orée de la folie, il part suivre une thérapie dans un lieu perdu. Loin d’y trouver la solution à ses difficultés, cela le mènera à rencontrer une secte sadique, adoratrice d’une entité cosmique lubrique, ainsi que des monstruosités tentaculaires en provenance de l’autre dimension. Un voyage tortueux dans lequel il sera confronté à la mort, à la perversion et à des mystères intangibles dépassant les limites de la conscience humaine. Un sacré programme qui, s’il manque de subtilité et contient tout de même de grosses ficelles, est plutôt intéressant à suivre pendant les douze heures que dure l’aventure – d’autant plus que le héros est doté d’un cynisme constant désamorçant souvent les invraisemblances. En plus de son histoire sympathique, les développeurs de Lust From Beyond ont incorporé du lore un peu plus profond à découvrir en explorant certains chemins dérobés, ce qui plaira à ceux qui se seront laissés transporter dans son univers. Dommage toutefois que les doublages VO soient parfois peu convaincants et les sous-titres français aussi approximatifs.

Parlons un peu de ce que vous attendiez tous : le sexe. De par le thème et le scénario du jeu, les références et les scènes de plaisir charnel sont omniprésentes pendant toute l’aventure. Mais elles ne sont globalement pas là pour exciter les puceaux attirés par des nibards en 3D… Ici, il s’agit, la plupart du temps, de mettre en exergue l’atmosphère suintante et pernicieuse du titre. Que l’on soit clair, si vous êtes sensible face à la représentation sexuelle perverse, ce jeu n’est pas fait pour vous. Outre les zizouilles, paires de loches et autres godemichets (de quoi faire trembler certains journalistes et youtubeurs) que vous croiserez régulièrement, certaines séquences montrent le protagoniste subir des exactions sexuelles – de quoi renforcer la sensation de malaise, même pour un esprit endurci. Je réitère donc mon avertissement : si vous êtes aisément affecté par ce genre de choses, passez votre chemin. Néanmoins, notez que la plupart des scènes de jambes en l’air sont tout à fait évitables et que l’on peut généralement les écourter, tandis qu’un mode censuré vient cacher la nudité – mais pas le gore – si vous avez peur de voir des zigounettes.

Un gameplay variant les plaisirs

Niveau gameplay, Lust From Beyond met très largement l’accent sur la narration. Il ne s’agit pas d’un jeu d’action effréné et si vous espériez dézinguer des cultistes à coup de fusil à pompe, vous êtes à la mauvaise adresse. Toutefois, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, il n’est pas non plus un simple simulateur de promenade. Le titre alterne exploration, énigmes et moments d’action comme des course-poursuites ou des phases d’infiltration. Il est également possible, même si les affrontements sont généralement déconseillés, de tuer ses ennemis – hé oui ma bonne dame ! On sent que les développeurs ont voulu proposer des séquences variées afin que Lust From Beyond soit un vrai jeu et non pas simplement une expérience intégralement narrative. On regrettera tout de même la mollesse et une certaine maladresse dans le gameplay des phases d’action. La facilité des puzzles est aussi plutôt déconcertante – clairement, vous n’y trouverez aucun défi, d’autant plus que les solutions sont souvent cachées dans le décor. Notez que vous pouvez également désactiver les QTE dans les options… Une bonne idée, car ceux-ci sont assez nombreux, y compris dans les scènes de sexe (!).

Ceci dit, la véritable star du jeu, là où Lust From Beyond brille vraiment, c’est son ambiance : même s’il ne fait pas vraiment peur, le titre arrive à instiller une angoisse constante. Quelques jump scares efficaces viennent parsemer ici ou là l’expérience, mais le tout reste globalement poisseux, lourd d’implications, malsain. Que l’on soit en train d’explorer une petite ville de province américaine, un manoir rempli de cultistes ou d’étranges couloirs tentaculaires sur Lusst’Ghaa, Lust From Beyond propose une atmosphère pesante soignée. Outre le sound design réussi, les magnifiques décors y jouent pour beaucoup, la mise en scène étant extrêmement travaillée et présentant souvent des cadres rendant hommage aux travaux de Giger et Beskinski.  Comme vous pouvez le constater avec les screenshots illustrant cet article, les effets de lumière et les détails architecturaux sont particulièrement réussis, de même que certains plans donnant une véritable impression de dépaysement et de grandeur. Malheureusement, le même soin n’a pas été apporté aux modèles et aux animations des personnages, assez ridicules malgré eux. Vraiment dommage pour un titre en grande partie narratif dans lequel vous aurez souvent à dialoguer avec les PNJ…

Tout n’est pas si rose à Lusst’Ghaa

Même si l’expérience est globalement positive, Lust From Beyond n’est pas exempt de défauts, outre ceux déjà mentionnés dans les paragraphes ci-dessus. On peut, par exemple, citer la faiblesse des trois derniers chapitres, tirant quelque peu en longueur et se concluant sur une confrontation incompréhensible avec un boss final. Je dois me confesser : j’ai été obligé de regarder sur le net pour trouver la solution à cette épreuve idiote. D’ailleurs, le jeu propose plusieurs fins répondant à certains choix accomplis pendant l’aventure mais il est impossible de charger un chapitre précis. Il faut ainsi recommencer tout le jeu, ou lancer Youtube, pour découvrir les variations de l’histoire. C’est un détail mais ça reste regrettable.

Le point le plus fâcheux reste néanmoins du côté technique : sur ma config’ (RTX 3070, i7 7700K@4,2Ghz, 32 Go de RAM), le jeu tourne généralement en 1440p tout à fond aux alentours de 120 FPS mais a tendance à descendre à moins de 40 FPS lors de certaines séquences, notamment celles comportant des adversaires. Pourtant, en dehors de sa direction artistique, Lust From Beyond n’est pas un parangon de beauté technique. L’aliasing y est constant, les textures sont assez pauvres dès que l’on s’en approche un peu et les niveaux sont découpés en petites sections. Pas de quoi justifier ces baisses intempestives assez irritantes.

Ce n’est toutefois pas rédhibitoire et n’enlève en rien les qualités du titre. Pour un jeu d’horreur de cette envergure, Lust From Beyond reste de bonne facture : il propose des phases variées, une ambiance excellente ainsi qu’une histoire intéressante. Dommage qu’il soit un peu trop facile, notamment au niveau des énigmes. Reconnaissons-lui de ne pas avoir utilisé le sexe de la pire des manières, c’est à dire en guise d’appeau à geek en manque comme on peut le voir dans Agony ou Succubus. Rien que pour ça, je tire mon chapeau aux développeurs.

Conculsion

Si l’on craignait que Lust From Beyond soit un simple walking simulator avec du cul, il n’en est rien en réalité. Avec son ambiance oppressante, ses superbes décors rendant hommage à de grands artistes, son gameplay diversifié alternant séquence d’exploration, d’énigmes et d’action et son scénario qui nous tient en haleine malgré ses gros sabots, on peut dire qu’il s’agit d’un jeu d’horreur réussi. Comme toujours, tout n’est pas parfait, mais on peut tout de même le conseiller aux amateurs – sauf si la représentation du sexe, omniprésente, vous horripile.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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3 Commentaires


  1. Bordel, ton second screen me rappelle cette époque pré-covid, où les orgies allaient bon train…
    Bon test, comme d’hab père Ruta !

  2. Bordel, ton sixième screen me rappelle cette époque pré-covid, où les soirées de l’ambassadeur allaient bon train… Vivement la fin de cette merde -_-

  3. Bordel, ton sixième screen me rappelle cette époque pré-covid, où les soirées de l’ambassadeur allaient bon train… Vivement la fin de cette merde -_-

    Invite fait pas ta radine

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