Réalisé en 5 ans par une toute petite équipe de développeurs indépendants, Industria est finalement sorti il y a quelques jours. Ses créateurs promettent une aventure inspirée par David Lynch dans un univers mélangeant chute du mur de Berlin et monde parallèle rempli de robots belliqueux. Malheureusement, malgré quelques qualités, le titre rate le coche sur bien des points…

Genre : FPS solo linéaire | Développeur : Bleakmill | Éditeur : Headup | Plateforme : Steam | Configuration recommandée : Processeur Quad-Core 3,2 GHz, 12GB RAM, NVIDIA GeForce RTX 2060 / AMD Radeon RX 5600XT Prix : 20€ | Langues : Textes en français, audio en anglais | Date de sortie :  30 septembre 2021 | Durée de vie :  2h ou moins

Test réalisé sur une version commerciale.

Une gueule d’atmosphère

Industria 2 cropped

Tout commence à Berlin, le 9 novembre 1989. Alors que les citoyens de la RDA peuvent pour la première fois passer le mur de séparation sans l’accord des autorités soviétiques, Nora cherche son compagnon. Craignant que la Stasi ne détruise leurs recherches scientifiques, ce dernier est retourné au laboratoire et est désormais porté disparu… En activant une étrange machine, Nora se retrouve transportée dans un monde parallèle figé en pleine révolution industrielle et envahi par de méchants robots rétro-futuristes. Elle devra alors survivre, comprendre ce qu’il s’est passé dans ce lieu étrange et, surtout, retrouver son amoureux. Un scénario pas vraiment complexe mais qui permet aux développeurs d’alterner entre phases terre à terre et moments oniriques, jusqu’à ce que les deux finissent par se mélanger. Cela crée une ambiance mélancolique particulière plutôt intrigante, enfin au début.

L’atmosphère étrange est mise en exergue par les visuels particulièrement réussis, rappelant fortement le travail de Viktor Antonov sur Half-Life 2. Notre personnage est en permanence surplombé par de grands immeubles à l’architecture ancienne sur lesquels viennent se greffer des reliques technologiques un peu anachroniques. L’invasion de robots a d’ailleurs laissée ses marques, et les rues sont parsemées de nombreux câbles et mécanismes futuristes dont la fonction nous échappe. Les développeurs ont, par ailleurs, travaillé sur la mise en scène, nous offrant régulièrement de superbes points de vue. Quant aux quelques armes que dénichera Nora lors de son aventure, elles sont plutôt efficaces, le son claquant bien et chaque tir enlevant des morceaux aux ennemis. Bref, pour un jeu de cette envergure, on peut dire que c’est artistiquement soigné. Malheureusement, cette qualité de réalisation se fait au détriment des performances, mais nous y reviendrons plus tard.

Voilà, en somme, les éléments positifs d’Industria : une ambiance étrange et de superbes visuels. Car, pour le reste, le jeu est raté.

Un produit non-fini

Industria 1 cropped

Industria est composé d’une succession niveaux purement linéaires. Ceux-ci sont majoritairement composés de couloirs et de scripts, même s’il est parfois possible d’explorer quelques chemins secondaires afin d’y trouver munitions, objets de santé ou documents nous en apprenant un peu plus sur l’histoire du jeu. Cela ne serait pas un problème si les développeurs avaient su proposer un peu de variété dans les situations – mais ce n’est pas le cas ici. À aucun moment vous n’aurez l’impression de découvrir quelque chose ou de vivre une aventure palpitante : au bout de 20 minutes, vous avez déjà vu tout ce que le jeu a à offrir. La lassitude s’installe donc très vite, un comble lorsque l’on sait qu’Industria se termine en moins de deux heures, et ce, même en mode Hardcore (avec des ennemis plus dangereux et un système de points de sauvegarde). Je n’ai rien contre les jeux courts, mais Industria semble complètement tronqué, que ce soit au niveau du gameplay ou de son scénario. Celui-ci n’a ni queue ni tête et se termine d’ailleurs sur un cliffhanger assez ridicule, donnant l’impression de n’avoir joué qu’à un prologue. Bref, le jeu ne propose qu’une poignée de niveaux redondants et sans climax, quatre armes, cinq types d’ennemis et une histoire clairement pas finie. Je reste persuadé que les développeurs ont enlevé une bonne partie de ce qui était prévu lors du développement, probablement par manque de moyens, et cela laisse un sale arrière goût d’inachevé une fois arrivé au générique de fin.

Mais là où Industria se ramasse complètement, c’est sur son aspect technique. Certes, le jeu est beau mais les performances sont absolument catastrophiques. En 1440p, TAF et sans ray tracing sur ma config (i7 7700K, RTX 3070, 32 Go de RAM), le framerate oscillait entre 90 et 20 FPS en fonction des niveaux, même avec les patchs post-lancement. Avec ray tracing, Industria se transforme en vilain Powerpoint insupportable sur la plupart des scènes. Au-delà de ça, le jeu est constellé de bugs en tout genre. Cela va de la disparition inexpliquée de l’arme de corps à corps au passage à travers le décor, en passant par un incroyable bug faisant spawner une infinité d’ennemis au chargement d’une sauvegarde. Jetez-y un coup d’œil, c’est hilarant… Mais cela m’a obligé à recommencer tout un pan du jeu. Hé, au moins, ça a augmenté la durée de vie d’une heure ! Bien sûr, les développeurs ont annoncé travailler d’arrache pied pour corriger tout ça, mais je ne peux décemment pas vous conseiller un jeu aussi déplorable techniquement.

Catastrophe industrielle

N’y allons pas par quatre chemins : malgré une ambiance originale et des visuels soignés, Industria n’est pas franchement intéressant dans sa proposition et laisse un terrible goût d’inachevé. Même si les développeurs arrivent à corriger l’aspect technique à la ramasse, il existe bien d’autres titres indépendants plus réussis vers lesquels se tourner.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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3 Commentaires


  1. Arf, un peu la douche froide. On va donc attendre qu’il soit donné ou en promo à 90% 🙁

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