C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe : voilà, en substance, l’adage que le studio indépendant argentin Saibot a appliqué à la lettre lors du développement de Hellbound. Sous-titré « A 90’s FPS 30 years later » et référençant allègrement des ancêtres comme Doom, Quake et Duke Nukem 3D, le jeu entend proposer un gameplay fast FPS classique accompagné par des visuels modernes. Malheureusement, il semblerait que les développeurs aient oublié que, même avec la meilleure volonté, une soupe réalisée avec de mauvais ingrédients est un met fade et peu recommandable.

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Un vieux pot

Hellgore est un gros bonhomme issu d’une race ancienne anéantie par les forces de l’enfer. Lorsque celles-ci attaquent la Terre, Hellgore revient pour défoncer les méchants démons. Voilà, c’est tout. L’absence de scénario est totalement assumée par les développeurs, qui revendiquent leur inspiration 90’s en proposant un gameplay inspiré par les fast FPS de l’époque. Votre personnage fonce à travers les niveaux à la recherche de la clé verte, rouge ou jaune ouvrant la prochaine porte et explose toutes les créatures qui se trouvent sur son chemin. Entre deux aller-retour et boutons à manipuler, vous vous retrouverez parfois coincé dans une arène et des centaines d’ennemis apparaissent autour de vous, l’occasion de faire briller votre skill en bunny hop. Là aussi, c’est tout ce que propose Hellbound. Si vous cherchiez une quelconque subtilité, c’est clair, vous vous êtes trompé de jeu.

Visuellement, Hellbound n’a pas cédé à la mode habituelle du rétro FPS avec ses polygones peu nombreux et ses textures basse définition. Tournant sur Unreal Engine 4, il a plutôt opté pour des visuels relativement modernes ce qui, en soi, est à saluer face aux innombrables productions singeant les graphismes d’époques. Techniquement, il tient la route pour un projet de cette envergure car, à part quelques problèmes de collisions et de FOV capricieux, peu de bugs sont à déplorer. Globalement bien optimisé, le jeu s’est malgré tout permis de ramer terriblement à la fin du jeu ; gageons que les développeurs mettront bientôt un patch en ligne afin de corriger cela.

Une mauvaise soupe

Si le titre tient à peu près la route techniquement, il n’en va pas de même pour sa direction artistique absolument affreuse. Mélangeant des personnages aux proportions grotesques (à la manière des comics) avec des décors des plus quelconques et sans âme, on est jamais époustouflé, jamais intrigué par ce qui nous est proposé. Les niveaux se suivent et se ressemblent : aucun d’entre eux ne restera jamais en mémoire du moindre joueur tant ce que Hellbound contient est fade.

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Mais les soucis du jeu ne s’arrêtent pas là. Le problème, lorsqu’on essaye de copier des titres glorieux de l’ancien temps, c’est que l’on risque de confondre simplicité et simplisme. Résumer Doom, Quake et consort à « courir vite avec de gros flingues » est une grossière erreur et c’est exactement ce que semble faire Saibot Studios avec Hellbound. Du comportement des armes à l’intelligence artificielle des ennemis, en passant par l’interaction avec l’environnement et le level design, tout est extrêmement rigide, basique, surfait, une sorte de service minimum du FPS. À aucun moment Hellbound ne propose un tout cohérent et intéressant, aucune idée de gameplay ne vient retenir notre attention et tout reste plat jusqu’à la fin du jeu. Par exemple, Doom (1993) proposait un level design labyrinthique et angoissant, des ennemis dont les capacités créaient une certaine synergie et des situations variées ainsi qu’un ensemble d’armes puissantes et adaptées à certaines conditions. Hellbound se contente de vous faire tirer sur des masses informes de démons en traversant des couloirs jusqu’au prochain levier sans jamais avoir vraiment besoin de penser à ce que vous faites et l’ennui pointe le bout de son nez au bout de quelques minutes.

Vous pouvez ajouter à cette absence totale d’intérêt un contenu famélique : la campagne solo du jeu contient 7 niveaux et se termine en 2 heures en mode difficile. Pendant votre aventure, vous ne rencontrerez que 4 armes, 3 types d’ennemis différents et 1 boss. Après ça, il faudra vous contenter d’un mode survie anecdotique ou de tenter de speedrunner les niveaux en comparant vos e-zizis avec le tableau des scores. Oui, ça fait peu, mais au final ce n’est pas plus mal vu la qualité soporifique de ce qui nous est proposé. Notez enfin que, malgré le message informatif un peu prétentieux affiché au lancement du jeu, Hellbound est d’une facilité déconcertante.

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Sans saveur

Il est évident que les développeurs de Hellbound voulaient bien faire en proposant un rétro FPS inspiré par les anciennes gloires du genre. Malheureusement, ils ne semblent pas avoir compris tout l’intérêt des jeux mythiques des années 90. En plus de proposer un contenu minime, Hellbound est doté d’un gameplay inintéressant et plat, ainsi que d’une direction artistique franchement laide. Moche, court, sans intérêt : on lui préférera aisément DUSK, AMID EVIL ou WRATH: Aeons of Ruin, trois fers de lance de ce mouvement nostalgique qui offrent des expériences bien plus séduisantes.  

 

Test réalisé sur une version commerciale. Hellbound est actuellement disponible sur Steam pour le prix de 9,99€ (au lieu de 12,49€), soit à peu près celui de ces chaussettes à l’effigie de DOOM.

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5 Commentaires


  1. Le message que tu nous montres sur la difficulté, écrit comme ça, fait vraiment amateur. Si tu veux faire le malin, fais le de façon plus classe.

  2. Ca confirme ce que je pensais sur les vidéos de gameplay : sous ses airs de DOOM, c’est en fait un Serious Sam.

  3. Le message que tu nous montres sur la difficulté, écrit comme ça, fait vraiment amateur. Si tu veux faire le malin, fais le de façon plus classe.

    Surtout avec un mot qui manque… Pouah.

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