Véritable pendant jeu vidéo des Contes de la Crypte, Dread X Collection est une anthologie de petits jeux d’horreur sans liens les uns avec les autres et réalisés lors de courtes sessions, façon game jam. Après trois volumes (voir le test du premier) comportant des titres plus ou moins de l’ordre du prototype mais plutôt intéressants, Dread X Collection: The Hunt est cette fois-ci chapeauté par David Szimansky (DUSK, The Pony Factory) en tant que directeur créatif et propose presque uniquement des FPS horrifiques. Si cet épisode contient moins de jeux, à savoir 7 au lieu des 12 habituels, les développeurs ont toutefois eu plus de temps pour peaufiner et approfondir leurs projets. Alors accrochez-vous car, avec ce test, nous entamons un voyage. Un voyage dans une contrée dont la seule frontière est notre imagination. Un voyage dans les ténèbres. Un voyage au bout de la peur, au tréfonds de nous-même. Un voyage dans la dimension de la Dread X Collection.

Genre : Anthologie de courts FPS horrifiques | Développeur : David Szymanski, Mr. Pink, Christopher Yabsley, KIRA , Philisophic Games, Dan McGrath, TorpleDook, Abbey Smith, Vidas Salavejus, Redact Games, Wayward Preacher | Éditeur : Dread XP | Plateforme : Steam | Prix : 9,99€ | Configuration recommandée : N.C. | Langues : Anglais uniquement | Date de Sortie : 13/04/2021 | Durée de vie : Environ 8h

Test effectué sur une version commerciale du jeu.

Artemis, une « traqueuse », est envoyée sur le complexe scientifique arctique ARK 2 afin d’apporter son aide à une équipe de chercheurs travaillant sur un remède contre le Cognitovirus. Sur place, elle découvre une base en ruine, occupée par les cadavres pourrissant de ses collègues et constellée de signes de lutte. Isolée en attendant l’arrivée d’un moyen de transport salutaire, elle doit alors faire la lumière sur les événements et en apprendre plus sur les recherches de l’équipe. Pour se faire, elle doit récupérer des échantillons de créatures surnaturelles en étudiant divers comptes-rendus d’expéditions…

Vous l’aurez compris, ARK 2 est en réalité un hub permettant de naviguer entre les différents titres de la collection. Mais plus qu’un simple menu interactif, il s’agit d’un véritable jeu dans le jeu avec sa propre histoire avançant au fur et à mesure que vous complèterez les jeux sélectionnés. Pour chaque expédition terminée, Artemis débloque de nouveaux objets, lui permettant d’accéder à de nouveaux lieux et, à travers des notes ou des mémos audios, de révéler la vérité. Certes, vous n’y trouverez rien de vraiment original avec son scénario s’inspirant de The Thing de Carpenter et son gameplay très linéaire… Mais cela reste globalement très soigné, les visuels rétro font mouches et l’ambiance angoissante est efficace, vous donnant envie d’aller jusqu’au bout de l’aventure pour découvrir le fin mot de l’histoire.

Même si le hub est très réussi, le cœur de Dread X Collection: The Hunt reste tout de même les 7 jeux réalisés par des développeurs différents. Ces derniers ont eu 20 jours pour développer leurs titres au lieu des 10 jours habituels, et cela se ressent fortement sur la qualité des jeux proposés comparé au contenu des précédents volumes de la Collection. Ils n’ont évidemment pas l’envergure de projets peaufinés sur plusieurs années, mais sont tout de même particulièrement travaillés. À l’exception d’un crash et d’un bug m’empêchant d’accéder à un code nécessaire pour continuer l’aventure (un tour sur le forum Steam a résolu le problème), je n’ai constaté aucun soucis ni instabilité notables. De plus, les jeux proposent tous divers options et paramètres, permettant d’optimiser son expérience. Pour des jeux développés en 20 jours, c’est assez impressionnant pour être souligné. Indépendamment de l’intérêt intrinsèque des titres de cette collection, on peut donc féliciter les développeurs pour avoir réalisé l’exploit de sortir des jeux techniquement solides dans un laps de temps très court.

Bref, il est temps de passer les 7 jeux en revue :

Axis Mundi par Philip Hesselbäck

Autre(s) projet(s) du dev’ : Hell Punk Horror

Vous incarnez un medium armé d’un appareil photo et invité à chasser des esprits dans un centre commercial suédois nouvellement construit. Seulement, alors que vous capturez votre première cible, vous vous retrouvez transporté dans le passé… Toujours équipé de votre appareil photo, votre seul moyen de défense face à vos ennemis spectraux, vous devez traverser différentes époques, résoudre des énigmes faciles et éviter de mourir sous le coup de divers esprits. Le jeu est plutôt bien fait et visuellement réussi, tout en empruntant son lore à l’histoire suédoise. Il est toutefois très linéaire et vous n’aurez pas de mal à le terminer, même en difficulté supérieure. S’il ne fait pas vraiment peur, notamment à cause du design assez amusant des fantômes, je dois avouer avoir sursauté à plusieurs reprises lorsqu’un facétieux ectoplasme s’était glissé dans mon dos…

Black Relic par Torple Dook

Autre(s) projet(s) du dev’ : Hand of Doom (Dread X Collection Vol. 1), Undiscovered (Dread X Collection Vol. 2)

Torple Dook avait déjà réalisé, entre autres, Hand of Doom au sein du premier volume de la Dread X Collection. Ici, il signe le seul TPS de l’anthologie. S’inscrivant dans le même univers que le jeu susmentionné, vous y incarnez le Frère Silence devant affronter les créatures maléfiques attaquant son monastère. Il s’agit d’un shooter assez classique dans ses mécaniques mais doté d’une ambiance très lourde et de visuels rétro pixélisés très particuliers. Une expérience convenue mais pas désagréable. Enfin… une fois nos yeux habitués aux gros pixels et au contraste extrême des graphismes.

The Fruit par Christopher Yabsley

Autre(s) projet(s) du dev’ : Pigsaw

Dans l’Amérique profonde du XIXème siècle, vous incarnez Thomas, un jeune homme parti à la recherche de son amoureux disparu, William. Accueilli dans un inquiétant village par des chants religieux et l’odeur de cadavres brulés, il doit retrouver la trace de son amant tout en étant chassé par des villageois visiblement dérangés. Une relativement grande carte ouverte s’ouvre alors à vous et vous devez trouver des runes pour pouvoir progresser. N’y allons pas par quatre chemins : The Fruit est tout simplement le meilleur titre de la Collection, tout épisode confondu. Que ce soit dans sa réalisation, son ambiance, son level design ou son gameplay, tout est vraiment excellent, une réussite incroyable vu le contexte du développement. Mentions spéciales pour le système original de rechargement du fusil, demandant d’accomplir manuellement les actions une par une (ouvrir le fusil, insérer la cartouche, refermer le fusil), ainsi que pour l’IA des adversaires.

J’en profite pour vous conseiller Pigsaw, une courte expérience du même développeur disponible sur itch.io. Un mélange d’Oddworld: L’Odyssée d’Abe et de FPS dans un univers gore et malsain.

The House of Unrest par Dan McGrath

Autre(s) projet(s) du dev’ : Sanctified, Harmful

Un prêtre spécialisé dans l’exorcisme est invité à intervenir dans le manoir d’un collègue possédé. Un bon ouvrier a de bons outils, aussi il emporte avec lui son équipement sacré : sa croix et son glock. Deux éléments indissociables du catholicisme qui lui permettront d’affronter des hordes de créatures décharnées hantant les couloirs de la maison, tout en explorant les lieux et en accomplissant quelques énigmes enfantines. Si le jeu est trop facile – on aurait par exemple aimé que les munitions soient limités afin de rajouter de la tension – il reste de bonne facture avec ses visuels rétro et son ambiance pesante. Le titre culmine notamment avec une fin dantesque dont je ne vous dévoilerai rien afin que la surprise reste intacte.

Rose of Meat par Mr Pink

Autre(s) projet(s) du dev’ : Golden Light

Un jeu complétement barré et incompréhensible, franchement malsain. Vous êtes un pêcheur échoué sur une île des plus étranges. Armé d’un revolver et d’une jambe vivante (!), vous devez accomplir diverses actions absurdes pour pouvoir vous échapper de cet asile de fou. Êtres de chair apparaissant de manière aléatoire, objectifs balisés par des chaussures à talon géantes, créatures composées de têtes de bébés, décors jaillissant du néant comme par magie… Voilà ce qui vous attend dans Rose of Meat : l’équivalent en jeu vidéo d’une descente d’acide bien sévère. Alors, non, je n’ai pas eu peur, mais ce jeu m’a retourné l’estomac. Ce qui, je suppose, était le but de son développeur.

Seraphixial par Vidas Games

Autre(s) projet(s) du dev’ : Arcadletra (Dread X Collection Vol. 2)

Encore un titre complètement fumé : vous devez retrouver votre fille, celle-ci vous demande d’entrer dans un sous-marin (!) qui est en réalité une porte vers un monde fantasmagorique (!!) dans lequel vous affronterez des ennemis tournesol-pieds (!!!) avec des armes étranges tout en suivant un chemin balisé. De temps à autre, des images d’une jeune fille mutante apparaissent à l’écran pour vous faire peur. J’avoue n’avoir rien compris à cette expérience, probablement la plus faible de la sélection : ce n’est intéressant ni visuellement, ni au niveau du gameplay, ni pour son ambiance.

Uktena 64 par Kira

Autre(s) projet(s) du dev’ : Lost in Vivo

Le CDC (l’agence nationale de santé publique nord-américaine) envoie Jebediah (vous) chasser des bestioles visiblement infectées par une maladie étrange. À vous de faire la lumière sur les événements mystérieux se déroulant dans cette forêt maudite… Dans la forme, Uktena64 est une parodie de jeu Nintendo 64 et propose un jeu de chasse relativement simple, mais décalé. À l’aide d’un fusil et d’un revolver, vous devez traquer et tuer les animaux infectés avant de prendre en photo leurs cadavres… Jusqu’à un climax final très black metal. La dichotomie entre le style visuel mignonnet et l’ambiance de plus en plus malsaine est une réussite. Notez que le titre permet en plus de rentrer des mots de passe débloquant des trucs débiles, comme une balade au zoo ou le fait de remplacer les animaux par des dinosaures.

Le bon chasseur

Que l’on soit clair : Dread X Collection: The Hunt est la meilleure proposition de la franchise, avec des titres techniquement solides et bien travaillés. Bien que les jeux sélectionnés soient toujours d’envergure réduite et inégaux dans leur intérêt, nul doute que les amateurs d’expériences horrifiques auront bien du plaisir à les explorer. Je serais même tenté de dire que cet épisode vaut le coup ne serait-ce que pour The Fruit, le meilleur morceau de cette anthologie.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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1 COMMENTAIRE


  1. C’est pas possible d’avoir « The Fruit » tout seul, sans ses 6 autres petits copains ?

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