Dead Island 2 a connu bien des déboires. Initialement développé par Yager (Spec Ops: The Line et dernièrement The Cycle: Frontier) depuis 2012 et prévu pour 2015, il fut repoussé à l’année suivante, et confié à un autre studio, Sumo Digital. Ensuite, nous n’avions plus eu de nouvelles jusqu’à l’annonce en 2019 d’un nouveau changement pour Dambuster Studios, qui restera le même jusqu’à la sortie. En général, les développements sur une si longue période avec des remous de ce type ne produisent rien de bon – Duke Nukem Forever, on pense à toi ! Et pourtant, les previews, puis les premiers retours n’ont pas été catastrophiques. Si Dead Island 2 n’invente rien, il réussit tout de même à montrer sa maîtrise du corps-à-corps et d’un système de gore vraiment fun. Mais est-ce réellement suffisant ?

Genre : First Person Zombie Slasher | Développeur : Deep Sliver Dambuster Studios | Éditeur : Deep Sliver | Plateforme : Epic Games Store Configuration recommandée : Processeur Ryzen 5 5600X / Intel Core i9-9900k, 10 Go de RAM (?), Radeon RX 6800 XT / GeForce RTX 2070 Super | Prix : 60 € | Langues : Anglais, sous-titres en français | Date de sortie : 21/04/2023 | Durée de vie : 15 heures en ligne droite, de 20 à 25 heures avec les quêtes secondaires.

Test réalisé sur une version commerciale.

Dead Island 2

On prend les mêmes et on recommence

Dead Island 2 est un jeu qui se déroule sur une île… à Los Angeles, après une apocalypse zombie. Il faudra se frayer un chemin à travers plusieurs quartiers, comme Beverly Hills, Venice Beach ou encore des studios de cinéma, en suivant une aventure plutôt linéaire. Cependant, ce ne sont pas des couloirs et on peut les parcourir un peu comme on veut, donnant un bon sentiment de liberté. À l’instar du premier épisode, il s’articule comme un simili-RPG, avec une montée en niveau de son personnage et de ses armes. Cette fois-ci, on débloque des capacités sous forme de cartes, que l’on attribue à des emplacements réservés, de plus en plus nombreux avec notre progression. On peut alors orienter son style de jeu en sélectionnant des capacités qui ont une bonne synergie. D’autre part, il est possible de les interchanger quand on le souhaite si l’on veut tester un autre build. En face, les zombies ont eux aussi des niveaux, qui semblent s’adapter au nôtre. D’ailleurs certains, matérialisés par une tête de mort à la place d’un nombre, sont beaucoup plus forts, et font office de barrière virtuelle pour empêcher notre passage à quelques endroits en particulier. Il est possible de les battre, mais, comme dirait notre copain Brice, quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes…

Autre élément repris de Dead Island, le combat. Principalement axé sur le corps-à-corps, celui-ci a bénéficié d’une attention particulière, surtout sur les dégâts causés à nos amis les zombies. Le système de gore et de démembrement est presque un personnage à part entière, tellement on sent que les développeurs y ont mis tout leur cœur, en témoigne cette interview. C’est à la fois sanglant et amusant, penchant toujours du côté burlesque, et jamais dérangeant. Il y a plein de types d’armes différentes, que ce soit par nature ou par destination, et elles contribuent grandement à l’ambiance déjantée. On s’amuse autant avec une machette toute simple qu’avec une pelle électrique, ou un râteau de feu. C’est très réussi, surtout que le feeling est plutôt bon. Par contre, on sent que les développeurs n’ont pas accordé autant d’importance aux armes à feu. Malgré un peu de diversité, et la possibilité, comme pour les autres, de pouvoir les modifier avec différents bonus, le ressenti n’est pas fou. De toute façon, le faible nombre de munitions les restreint généralement aux situations les plus tendues.

Dead Island 2 08

Looter-shooter

Les armes sont donc évidemment le point central de Dead Island 2. Et en particulier, leurs améliorations. En fonction de leur rareté – eh oui, on est dans un looter-shooter –, on peut leur coller plus ou moins de bonus. Mais ces bonus doivent être fabriqués à partir de matières premières récupérées à droite et à gauche partout dans Hell-A. Moins débile que dans Bioshock Infinite et ses poubelles magiques, ici, le loot n’est tout de même pas l’activité la plus passionnante du monde. D’autant plus que l’équilibrage des ressources est plutôt étrange. Très souvent, il m’a manqué des éléments pour fabriquer des mods de base sur une nouvelle arme plusieurs missions d’affilée, m’empêchant d’expérimenter de nouveaux joujoux pourtant prometteurs. Pour conserver des armes toujours au top de leur performance, il est heureusement possible de faire égaler leur niveau au nôtre, en payant un prix plutôt important. À réserver à vos chouchous.

Dead Island 2 06

Une histoire pas si mal

Les quêtes secondaires sont souvent un peu décalées par rapport à la situation. Par exemple, on vous demandera d’aller chercher du wisky ou une guitare à des endroits particuliers, avec parfois un petit élément de gameplay supplémentaire (attirer certains zombies, déclencher des alarmes, etc.). C’est à la fois dérisoire, mais pas si éloigné de l’état d’esprit du jeu, qui prend tout à la légère.

Niveau scénario, tout est axé sur la déconne. Il y a forcément beaucoup de références à la pop culture, notamment au cinéma d’horreur, mais aussi aux jeux vidéo. Chaque situation est propice à une petite blague, et pour tout dire, c’est assez réussi. On navigue entre les personnages très stéréotypés, et bien souvent, complètement décalés. Des références à différents mouvements de complotisme et au cynisme des influenceurs et réseaux sociaux font évidemment écho à la pandémie de COVID-19, mais c’est plutôt léger et assez drôle. On peut découvrir de nombreuses notes, ajoutant pas mal de profondeur à l’univers. Mais l’histoire passe aussi par les décors, très cohérents et détaillés. Dead Island 2 fournit de très bons exemples de narration environnementale. Chaque lieu raconte quelque chose, et ici, c’est généralement avec des traces de sang. On sent que l’équipe de développement a vraiment pris le temps de travailler cet aspect. Les cartes sont très grandes et proposent énormément de points d’intérêt. Il y a toujours un truc à découvrir en observant autour de soi. Alors certes, quelques petites choses ne sont pas « réalistes », comme le fait d’avoir plein d’électricité partout et que les bidons d’eau et d’essence sont des sources infinies, mais on comprend que c’est un choix de game design qui apporte pas mal de fun.

Sur certains aspects, Dead Island 2 emprunte aux immersive sims. Par exemple, de nombreux fils électriques ou batteries de voiture traînent nonchalamment sur votre chemin. Et comme par hasard, vous trouverez de l’eau dans les parages ! Pareil pour le gasoil, que vous pouvez déverser sur une zone, puis l’enflammer avec une arme incendiaire ou un choc électrique. Vous trouverez également de la soude caustique qui dissoudra vos adversaires (et vous-même). Quasiment chaque combat peut être géré de cette manière, ce qui donne la possibilité aux plus nuls d’entre nous de tout de même progresser sans trop savoir viser. Alors OK, c’est un peu gros et on voit les choses venir à 10 kilomètres, mais en un clin d’œil, on a repéré les différents endroits qui nous permettront un joyeux génocide de zombies. C’est pas subtil pour un sou, mais on s’en fiche, car on sait où on a mis les pieds (et c’est souvent dans la gueule).

La majeure partie de l’aventure se déroule de jour, sous le soleil de Californie, ce qui donne une ambiance plutôt rassurante et très agréable, malgré les hectolitres de sang répandus un peu partout. Cependant, certains passages, notamment de nuit ou dans les égouts, possèdent une tonalité beaucoup plus horrifique et stressante, alors que le gameplay est clairement le même. Comme quoi, l’environnement, ça compte pour beaucoup. Techniquement, c’est correct. Le jeu est très joli et tourne plutôt bien : je n’ai rencontré aucun ralentissement en 1080p, avec les options graphiques en high, sur un PC portable doté d’un Core I5-12500H et d’une RTX 3060. Par contre, j’ai expérimenté plusieurs crashes, notamment dans les menus pour modifier les armes. Heureusement, les sauvegardes automatiques sont très resserrées, ce qui fait qu’on ne perd pas sa progression.

Dead Island 2

Une difficulté variable

La difficulté, quant à elle, est progressive. Sur les premières heures, le jeu est vraiment très facile, mais il commence à se compliquer avec l’arrivée des zombies bodybuildés très résistants. Encore une fois, c’est le nombre qui pourra poser problème. Au fur et à mesure, d’autres zombies spéciaux vont venir égayer le paysage. On pourra croiser des hurleurs, qui repoussent les joueurs avec leur cri et appellent d’autres morts-vivants ; des sortes de boomers très résistants, ainsi que d’autres trucs dégueus plus ou moins costauds. Et bien souvent, ils possèdent une variante enflammée ou électrique les immunisant à ce type de dégâts. Des passages en mode arène viennent parfois ponctuer l’aventure, et demandent vraiment une bonne coordination pour en parvenir à bout. Les mouvements comme les esquives, les contres, les coups de pied sautés ou le mode furie, seront vraiment nécessaires pour réussir. Tout comme une sélection de ses cartes de compétences cohérente et adaptée à son style de jeu.

Dead Island 2 - coop
Saluons au passage les devs, qui ont eu le courage d’évoquer le sujet délicat de l’adénomyose dans un jeu grand public.

En coop

Nous avons pu tester en duo avec Fcp, et ça marche plutôt bien. Si on laisse de côté les petits bugs d’affichage du personnage allié, les développeurs ont choisi de ne pas restreindre les niveaux. Ce qui fait que j’ai pu rejoindre sa partie du tout début avec mon bonhomme de niveau 21 de fin du jeu. Heureusement, la puissance des armes est adaptée au jeu en cours, pour faire des dégâts « normaux » aux zombies. Forcément, à plusieurs, on s’amuse bien, mais c’est clairement plus dur de suivre l’histoire, car on est tout le temps en train de tester des trucs et déconner. Je n’ai pas eu l’impression qu’il y avait beaucoup plus d’ennemis en coop comparé au solo, ce qui rend l’expérience beaucoup plus facile, d’autant plus qu’il est possible de relever ses coéquipiers à terre.

Dead Island 2
Le scénario se dévoile également par le biais de nombreuses cinématiques souvent sympathiques.

Mais alors, c’est vachement bien ?

Quand on regarde tous les éléments un par un, effectivement, tout est plutôt bien fait, amusant, agréable à utiliser, et ça se goupille parfaitement. La campagne est plutôt longue, puisqu’en faisant l’histoire principale et quelques quêtes secondaires, j’y ai passé presque 20 heures. Mais quand on y repense, rien ne ressort réellement de l’expérience. Rien n’est vraiment original, ni mémorable. Et c’est vraiment dommage, car le travail réalisé semble énorme, et le développement tumultueux ne transparaît pas du tout en jeu.

Étant un peu juste au niveau performances, je n’ai pas enregistré de gameplay, mais vous pouvez retrouver pas mal de vidéos sur YouTube, comme celle-ci, par exemple :

Une bonne expérience oubliable

Dead Island 2 est, d’un certain côté, un véritable exploit. Le jeu propose une expérience longue, très bien réalisée, agréable à parcourir et amusante, faisant mentir les oiseaux de mauvais augure qui prédisaient une catastrophe, due au développement extrêmement compliqué. Cependant, malgré ses nombreuses qualités, comme un très bon feeling des armes de corps-à-corps et un système de gore jouissif, Dead Island 2 n’invente strictement rien et n’offre pas de séquence spécialement mémorable. C’est un bon jeu, mais vous l’aurez probablement oublié la semaine prochaine, contrairement à votre banquier, qui vous demandera où sont passés ces 60 €.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à séparer le bon grain de l’ivraie.

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3 Commentaires


  1. Merci pour le test.

    J’y suis dessus c’est exactement ce à quoi je m’attendais.

    Les sensations du cac est très bonne.

    C’est très beau et très bien optimisé.

    Je recommande mais peut-être pas à 60 euro ( prix que j’ai payé j’avais rien de plus à me mettre sous la dent en dehors de mes jeux  » fil rouge  » de tout les jours.

    ++

  2. Merci pour ce test effectué par un expert en arts martiaux.

    Ouais, ouais, ouais… À 20 balles pourquoi pas !

  3. Je m’y amuse bien plus que sur Atomic Heart, c’est fun et très con, mais je my amuse (à voir dans 10h toutefois).
    Par contre, 60 balles, c’est clairement trop cher. Pour 30/40 sans reduc, j’aurais dit ok.

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