[TEST] Bonding Ambivalence : le vrai sens de la coopération

Si c’est la première fois que vous lisez le nom de Bonding Ambivalence, pas de panique, c’est tout à fait normal. Sorti dans l’indifférence la plus totale en octobre 2022, le titre, développé par deux français, n’avait bénéficié d’aucune communication d’envergure. Découvert un peu par hasard, on ne sait comment, je l’avais placé dans un coin de ma liste de souhaits en attendant d’avoir un peu de temps pour en parler. Le concept de résolution d’énigmes en coopération, associé à des phases avec des armes, m’avait intrigué. Au début de l’été, j’ai convaincu Mathmoite de m’accompagner dans l’aventure, dans l’espoir, peut-être, de découvrir une pépite. Après des débuts un peu difficiles et huit heures de nœuds aux cerveaux, nos avis sont unanimes : c’est brillant !

Genre : Puzzle-game en coopération | Développeur : Questions Factory | Éditeur : Questions Factory | Plateforme : Steam | Configuration recommandée : Intel Core i5-6600K / AMD Ryzen 5 1600, 8 Go de RAM, Nvidia GTX 1070 / Radeon RX 590 | Prix : 14,79 € | Langues : Anglais, sous-titres en français | Date de sortie : 26 octobre 2022 | Durée de vie : de 7 à 9 heures

Test effectué avec deux versions commerciales.

Erreur de casting ? Problème marketing ?

En tant que francophone, et bien qu’habitué aux termes anglais, le nom de Bonding Ambivalence a été aussi difficile à retenir qu’à prononcer. Et je ne suis pas le seul dans ce cas, car j’ai évoqué plusieurs fois le titre lors de nos émissions NoScope, avec à chaque fois la même réponse : « Comment ça s’appelle, déjà ? ». Un nom compliqué, associé à des moyens de communication de petits indépendants, fatalement, ça se ressent sur le nombre de joueurs, alors que les avis Steam sont très positifs. D’autre part, la coopération n’est pas une option, elle est obligatoire, et uniquement avec un contact Steam. Il faut donc que les deux joueurs achètent une copie du jeu. Une fois que cette partie est au clair, il est temps de se lancer dans l’aventure.

La première énigme, c’est de comprendre le jeu

Bonding Ambivalence propose de parcourir des niveaux plus ou moins linéaires, parsemés de puzzles à résoudre en coopération. Le mot ici n’est pas galvaudé, car chaque joueur occupe un rôle bien défini. L’un, opérateur numérique, avec son gros sac à dos, peut emporter beaucoup de ressources – énergie, soins, munitions – et se trimbale un ordinateur permettant de pirater les équipements rencontrés. Il embarque également la base de données, qui compile toutes les informations et documents récoltés pendant l’aventure, et qui sont souvent nécessaires à la résolution des énigmes. Le piratage ouvre une fenêtre dans laquelle il faudra entrer différentes commandes : lister les caméras ou équipements disponibles, récupérer des données en déchiffrant des mails, générer un code pour ouvrir une porte, ou encore lancer des procédures de résolution d’énigmes… Il dispose également d’un fusil d’assaut, d’un fusil à pompe et d’une sorte de fusil à énergie. De son côté, l’agent d’infiltration est équipé d’un scanner, d’une visseuse électrique et d’une sorte de tazer, mais uniquement d’un pistolet 9 mm pour le combat. Enfin, il peut se glisser dans des interstices que son comparse ne peut pas traverser, afin d’atteindre des équipements à manipuler.

Et c’est à ce moment que l’on rencontre réellement le core gameplay : la position des éléments sur le panneau doit être décrite à son partenaire qui, de son côté, doit comprendre à quoi cela correspond dans l’interface numérique, puis sélectionner les bons boutons afin de lancer le « solveur ». Cette opération donne alors une nouvelle combinaison, qui doit être retransmise à l’oral à l’agent d’inflitration, pour qu’il l’applique sur les interrupteurs de l’équipement. Et c’est génial, ça marche tellement bien. Les puzzles rencontrés sont très variés, et il faut un certain temps avant de saisir ce qu’on nous demande. Mais le sentiment de satisfaction est réellement présent lorsque l’on comprend enfin la mécanique, et que l’on résout l’énigme. L’inspiration assumée des développeurs est la saga We Were Here qui, dès 2017, proposait ce principe d’énigmes à résoudre en coopération asymétrique. À noter que dans Bonding Ambivalence, chaque puzzle est aléatoire, ce qui fait que si l’on échoue, la réponse ne sera pas la même la fois suivante.

Et les flingues ?

Je ne vais pas vous mentir, ce n’est pas la meilleure partie du titre. Le pistolet et le fusil d’assaut ont un feeling plutôt correct. Il y a du recul, et les animations lorsque l’on est en mouvement sont très crédibles. Par contre, le fusil à pompe est vraiment nul à chier, sans aucun recul, sans aucune sensation de puissance, ni réel feedback, ce qui fait que l’on n’est pas sûr d’avoir tiré sur nos adversaires. D’autre part, ceux-ci – quasi exclusivement des robots ou des drones – ne réagissent pas vraiment aux impacts, mis à part qu’ils tombent par terre, comme s’ils n’avaient été que désactivés. Enfin, le fusil à énergie ne donne littéralement aucune indication visuelle lors d’un tir, ce qui est un peu étonnant. Néanmoins, les phases de combat ne sont pas omniprésentes, ni très difficiles, et il serait dommage de dédaigner le jeu uniquement du fait de cet aspect moins réussi.

Pas mal, non ? C’est français.

L’histoire se déroule dans une France dystopique, juste après une cyberattaque de grande envergure. Le scénario est parfois un peu confus, mais il fait correctement le taf, en nous emmenant d’un bout à l’autre d’un labo d’une mégacorporation pour investiguer. Côté ambiance, les développeurs indiquent s’être inspirés de Dead Space, Cyberpunk 2077 et Ghost in the Shell. La direction artistique oscille entre le bof et le pas mal, avec quelques fois de très bonnes surprises dans certaines salles. On sent que les moyens étaient limités, mais savoir que seules deux personnes ont construit tous ces niveaux force tout de même le respect. L’ambiance sonore est, quant à elle, assez discrète pour se faire oublier, la musique ne se réveillant que pendant les combats. Collant parfaitement à l’univers cyberpunk, je l’ai trouvée franchement réussie. Également composée par l’un des développeurs, elle est disponible à l’écoute sur Spotify.

Si vous voulez voir à quoi Bonding Ambivalence ressemble en mouvement, voici un extrait d’un live Twitch NoFrag :

Une bonne trouvaille

Bonding Ambivalence est un jeu d’énigmes en coopération de très grande qualité. Certes, c’est un « petit » projet indépendant, et cela se ressent un peu dans sa réalisation, mais ses mécaniques de résolution asymétrique de puzzles vraiment bien pensées en font l’un des meilleurs de sa catégorie. Trouver la solution au problème est toujours extrêmement gratifiant. On pourra regretter le manque de finition dans les combats, avec des ennemis un peu nazes et un fusil à pompe raté, mais pour un tout premier jeu d’uniquement deux développeurs, focalisé, qui plus est, sur la résolution d’énigmes, le résultat global est très impressionnant. Il ne reste plus qu’à espérer que les retours des joueurs soient pris en compte dans un hypothétique futur titre du studio. Dans tous les cas, si vous appréciez le genre et que vous avez un partenaire de jeu sous la main, il ne faut pas hésiter.

Hasard du calendrier, Bonding Ambivalence est actuellement en promotion à un peu moins de 10 € sur Steam jusqu’au 4 septembre.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à séparer le bon grain de l’ivraie.