Si vous n’avez jamais entendu parler des walking sim horrifiques qui pullulent sur Steam et autres plateformes depuis quelques années, c’est que vous venez certainement de vous réveiller d’un long et profond coma. Ad Infinitum, développé par le jeune studio allemand Hekate, est lui aussi un membre de la liste des innombrables jeux où l’on passe la majeure partie de son temps à marcher dans des couloirs obscurs, à ouvrir des portes et à se cacher. Mais est-ce que le titre arrive à se démarquer parmi tous ces titres plus ou moins ressemblant ? Après huit heures de jeu j’ai un avis bien tranché : mouais, bof.

Genre : Walking Sim horrifique | Développeur : Hekate | Éditeur : Nacon | Plateforme : Steam, Epic Games Store | Configuration recommandée : AMD Ryzen 5 3600 ou Intel i5-10400, 12 Go de RAM, Radeon RX 6650 XT, GeForce RTX 3060  | Prix : 34,99 € | Langues : français | Date de sortie : 14 septembre 2023 | Durée de vie : 6/8 heures

Test effectué avec une version Steam fournie par l’éditeur

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Encore un jeu de guerre ?

Qu’on se le dise de suite, Ad Infinitum n’est pas un jeu de guerre. Vous incarnez Paul, un jeune soldat allemand complètement traumatisé par les horreurs qu’il a pu vivre lors de la Grande Guerre. Pendant toute l’aventure proposée, votre personnage alterne entre le présent et le passé à travers des cauchemars et des pensées teintées d’horreur et de souffrance. Une partie se déroulera dans le manoir familial, tandis que l’autre vous plongera dans les tranchées boueuses, jonchées de corps, où les conditions de vie sont franchement bien retranscrites. Mauvaise nouvelle, vous n’avez pas d’arme, juste un pied-de-biche et une cisaille pour vous frayer un chemin en détruisant des planches et barbelés qui vous bloquent le passage. Vous avez aussi la possibilité de passer en dessous ce qui rend l’utilité de la cisaille complètement inutile. L’ennemi est représenté sous plusieurs formes métaphoriques et vous allez devoir, le plus souvent, fuir pour ne pas finir en charpie. Le gameplay se limitera donc à marcher, courir et vous cacher. Les parties les plus stressantes sont bien trop courtes et ne durent malheureusement jamais trop longtemps. C’est donc difficile de trouver une once d’originalité puisque ce sont des mécaniques que l’on connaît depuis Amnesia.

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Dommage que les bugs rencontrés à plusieurs reprises, notamment lors du combat final, gâchent une fois de plus l’expérience. Les problèmes de synchronisation et de textures sont très nombreux et je me suis souvent retrouvé avec des actions sans aucun son et des passages sans textures. J’ai même dû refaire certains passages à cause d’une chute dans le vide sous la map…

La partie dans le manoir familial aborde un gameplay un peu différent puisque que vous ne croiserez aucune menace. Les énigmes et puzzles rencontrés manquent d’originalité et la difficulté y est totalement absente. Vous passerez plus de temps à lire les nombreuses lettres parsemées aux quatre coins du manoir et à écouter des flash-back audio pour en savoir plus sur l’histoire. Et c’est bien l’un des gros problèmes du jeu. C’est beaucoup trop long et le scénario, aussi intéressant soit-il, ne décolle pas et tire sur la longueur donnant au joueur une sensation de lassitude et de morosité. Même si l’histoire est, dans le fond, bien pensée, puisqu’elle parle des traumas de la Grande Guerre et des effets dévastateurs qu’elle a eu sur les familles, le fait que celle-ci soit narrée à travers des textes m’a souvent plongé dans un ennui total. Le rythme est donc entaché par cette maladresse de gameplay bien trop classique. Les doublages sont, quant à eux, de bonne qualité et entièrement en français. On saluera le travail effectué sur les sons ambiants, les dialogues et la musique en général.

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C’est beau la guerre avec l’Unreal Engine

S’il y a bien un point positif dans Ad Infinitum, c’est le côté visuel. C’est graphiquement réussi, les effets de lumières sont bien maîtrisés et voir un no man’s land en flammes sous un clair de lune, ça a franchement de la gueule. J’ai beaucoup aimé certains décors, comme dans l’usine ou encore l’infirmerie, où l’ambiance visuelle et la direction artistique apportent son petit plus et rendent le jeu un peu moins ennuyeux à regarder. Le bestiaire, lui aussi, est plutôt pas mal avec des modèles bien détaillés. Une technique visuelle bien maitrisée qui n’a pas à rougir de ses concurrents.

Ad infinitum, mais pas trop non plus

Avec un gameplay on ne peut plus classique, le titre ne sort pas des sentiers battus et se contente de proposer du déjà vu dans de nombreux jeux. Vous aurez parfois des scènes avec des QTE, et aussi parfois certaines énigmes à résoudre, mais rien d’original et sans grande difficulté. Les puzzles sont juste là pour retarder un peu l’aventure et c’est parfois dommage de devoir faire des allers-retours simplement pour un interrupteur ou autre. Les passages dans le manoir m’ont clairement agacés et lors de ma progression dans cette immense maison familiale, j’ai passé beaucoup de temps à savoir si les portes étaient verrouillées ou pas, d’autant plus que le système d’ouverture n’est clairement pas très bien fait. Vers la fin de l’aventure, j’ai dû recommencer un passage une dizaine de fois, parce que l’ouverture de la porte était tellement naze que l’ennemi qui me poursuivait avait largement le temps de m’anéantir. Ajoutez à cela un système de sauvegarde automatique, je me suis retapé la même scène plusieurs fois. Attention, je précise que le jeu n’est pas difficile du tout. Mais comme la technique et le gameplay ne sont vraiment pas au point, les nombreuses fois où je suis mort ont été dues soit à des bugs, soit à des problèmes comme celui décrit juste au-dessus.

Si vous le souhaitez, vous pourrez aussi chercher les plaques de soldats, parsemées dans les tranchées, histoire de vous challenger un peu, mais c’est sans grand intérêt. Vous aurez aussi un choix binaire à faire à chaque boss, ce qui aura juste un impact sur la cinématique de fin, mais je doute que beaucoup de joueurs auront eu la patience de refaire l’aventure. Je regrette aussi le fait que nous ne puissions pas reparcourir un chapitre déjà fait. Si on a oublié un collectible, on devra recommencer le jeu depuis le début. Oui, oui, c’est très con.

Pour les intéressés, quelques extraits de gameplay :

Un jeu sympa, mais pas pour tout le monde

Est-ce qu’Ad Infinitum est un bon jeu ? Sincèrement, il y a des passages intéressants, mais ils sont bien trop courts et trop gâchés par un rythme qui peine à monter en puissance. Au lieu de ça, on reste coincé dans un gameplay souvent trop plat et sans nouveauté. Ajoutez à cela les problèmes de texture et de synchro de son et on obtient une belle tâche sur un titre qui, malgré tout, n’est pas à éviter complètement non plus. Les fans du genre moins exigeants y trouveront sûrement leur compte à travers une direction artistique qui, sous certains angles, fait mouche, et une ambiance plutôt réussie. De plus, la difficulté du titre ne gênera en rien les nouveaux initiés au genre.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à séparer le bon grain de l’ivraie.

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