Mundaun est le projet d’un seul homme, Michel Ziegler. Après 6 ans de développement et un peu d’aide pour la musique et certaines parties du code, ce monsieur a réussi à sortir son jeu d’aventure horrifique à la première personne. Mais pour ce faire, il n’a pas seulement appris les rouages d’Unity, non, cela aurait été trop simple. Michel s’est tout simplement dit, “je vais apprendre à dessiner et toutes les textures de mon jeu seront des dessins réalisés au crayon” (citation bien entendu complètement inventée et sûrement très réductrice du cheminement de pensée du monsieur). En résulte un titre bien plus ambitieux que les centaines de jeux d’horreur à lampe torche qui pullulent dans les entrailles de Steam. Mundaun vous invite à aller faire une petite randonnée tout en nuances de gris dans le canton des Grisons, sur un sommet des Alpes suisses. Mais la balade ne sera pas de tout repos pour notre héros, un vieil homme mystérieux ayant décidé de vous gâcher l’ascension.

Genre : Sympathique promenade dans les Alpes suisses gâchée par un vieux monsieur aigri | Développeur : Hidden Fields | Éditeur : MWM Interactive | Plateforme : Steam et l’EGS | Prix : 16,79€ | Configuration recommandée : Intel Core i5-7400 ou AMD Ryzen 1600, 16 GB de RAM, NVIDIA GeForce 1060 ou AMD Radeon RX 570 et 5 GB d’espace libre | Langues : doublage en romanche et sous-titre français | Date de Sortie : 16/03/2020

Test effectué sur une version du jeu fourni par l’éditeur.

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Papy fait de la combustion

Curdin, jeune citadin originaire de Mundaun, a reçu une lettre de Jeremiah, le curé de la commune, lui indiquant que papy avait cassé sa pipe. Mais l’ecclésiastique tient à rassurer notre héros : la mort de l’ancien fut simplement un tragique accident impliquant une grange pleine de foins et un départ de feu. La faute à pas de chance vraiment. Jeremiah indique également à notre jeune helvète qu’il se charge de tout. Grand-père sera enterré à côté de grand-mère et ils reposeront en paix jusqu’à la fin des temps. Enfin, la missive incite fortement Curdin à ne pas se farcir les 8h de bus depuis la ville pour atteindre Mundaun. Pour paraphraser : “les suspensions du car ne sont pas folles, il n’y a pas la clim, la route est en plus dangereuse et papy sera déjà 6 pieds sous terre quand tu arriveras, non vraiment ne te dérange pas pour ça”. Notre héros sent alors qu’il se fait mener en bateau par l’homme de Dieu. Afin de comprendre ce qui cloche avec la mort de papy, il prend donc le premier bus, direction le village de son enfance. Vraiment les jeunes, ça n’écoute plus rien. Et Curdin finira par comprendre qu’effectivement, cet incendie était loin d’être un accident.

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2B or not 2B

Première chose que vous constaterez en arrivant aux abords de la commune, c’est l’absence de couleur. Comme précisé plus haut, Mundaun est réalisé entièrement à l’aide de bloc de graphite, de trait de 2B et de coups de gomme. Cela donne un aspect très original au titre de Michel Ziegler, tout en nuances de gris. Même si personnellement je ne suis pas fan du rendu, force est de constater que la technique fonctionne, surtout en extérieur. Certains panoramas qu’offre le jeu sont franchement réussis et permettent d’oublier la technique du titre très loin des standards actuels en termes d’animation ou de modelage 3D. La cohérence artistique est poussée à son paroxysme car même les éléments du HUD, ou encore votre inventaire ont été dessinés au crayon.

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À moins d’être totalement réfractaire au style, l’ambiance du jeu ne souffre à aucun moment de la technique utilisée. Mundaun arrive à combiner à la fois mélancolie et horreur en nous contant une histoire inspirée par le folklore de la région. On y alterne par exemple des séquences ou Curdin nous fera part de certaines anecdotes de son enfance en compagnie de son grand-père et des moments où des hommes de paille belliqueux voudront lui donner un aperçu de la dernière moisson.

Dédicasse à la team pampers

Pour ceux qui jouent aux jeux d’horreur en plein jour, à moins d’être vraiment d’une sensibilité extrême ou d’avoir peur des chèvres, vous pouvez y aller. J’ai noté seulement un ou deux jump-scares gratuits durant les 5-6h que comptent l’aventure et le reste est supportable sans aucun soucis.

Réalité et phases plus oniriques vont s’entremêler pour nous dévoiler l’intrigue de ce conte, certes pas bien originale, mais relativement plaisante à suivre. Les quelques protagonistes qui ponctuent cette histoire sont, en plus, entièrement doublés en romanche, la 4ème langue officielle de la Suisse, dont j’ignorais totalement l’existence. Curdin pourra interagir avec ces derniers via un système de dialogue rudimentaire. Ne vous attendez donc pas à des choix et des conséquences élaborés. Vous aurez néanmoins le droit au sempiternel dilemme de fin de jeu dont l’intérêt m’échappe un peu tant il arrive avec ses énormes sabots. Mais ce n’est certainement pas cela qui gâchera votre randonnée. De plus, quelques idées de mise en scène font particulièrement mouche et permettent d’installer un climat vraiment pesant à certains moments, que ce soit au détour d’un miroir ou à la vue d’un des nombreux tableaux présents dans le jeu. Mais si la technique employée par Michel Ziegler permet à Mundaun de jouir d’une ambiance singulière et plutôt réussie, malheureusement les faiblesses de gameplay du titre nous font rapidement redescendre les pieds en bas de la vallée.

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Pas de quoi soulever des montagnes

Curdin va être amené à monter jusqu’au sommet de la région de Mundaun, qui est découpée en trois zones relativement ouvertes, mais son ascension sera parsemée d’embûches. Les hommes de paille animés susmentionnés ne seront, par exemple, pas là pour lui faciliter le travail. Notre héros aura tout de même quelques moyens pour se défendre. La paille, ça brûle bien, donc un paquet d’allumettes peut s’avérer utile. Les fourches, ce n’est pas ce qui manque dans la région. Papy a toujours son vieux fusil de dotation caché au grenier. Et… c’est tout. Votre arsenal sera réduit à ces 3 éléments. Mais les combats ne présentent de toute façon que très peu d’intérêt. Vos opposants n’auront qu’un type d’attaque et les vôtres n’ont aucune puissance, aucun impact. C’est à se demander si ce volet « combat » était réellement nécessaire. De plus, le bestiaire de Mundaun est également très réduit. Je vous en ai spoilé un quart en vous mentionnant les hommes de paille. Désolé.

Une moisson de bugs

Michel s’est peut-être collé au QA seul. Cela pourrait expliquer les bugs sur la version à laquelle j’ai joué. Chutes à travers la map, textures manquantes, véhicule retrouvé retourné et plus navrant, deux bugs bloquants me forçant à charger une sauvegarde plus ancienne et à passer une activité annexe. Mais si j’en crois les forums Steam, je fais partie des malchanceux.

La fuite l’esquive reste cependant tout à fait viable. Cette dernière sera même obligatoire dans certains cas, plusieurs de vos antagonistes étant de toutes façons insensibles à l’ensemble de vos maigres options offensives. Votre salvation viendra donc bien souvent de votre touche Shift, et son utilisation sera, en plus, facilité avec le temps. En effet, la consommation de caféine et de nourriture permet à Curdin d’augmenter respectivement sa résistance au stress et sa santé. Il sera ainsi moins susceptible d’être tétanisé face à la moindre menace ou pourra encaisser plus de coups. Vous devrez alors ouvrir l’œil pour le moindre paquet de Grand Mère lors de votre exploration de la région. Dans tous les cas, vous allez devoir fouiner. Le passage d’une zone à une autre impliquant à chaque fois de trouver des objets bien spécifiques. Pour vous aider dans cette quête, et pour arpenter les différentes régions du jeu, vous aurez également accès à plusieurs moyens de transport. Cela permettra de faire les aller-retours nécessaires à votre progression plus rapidement. Et croyez-moi, vous serez bien content de retrouver votre moissonneuse à la maniabilité douteuse après votre troisième tour de téléphérique. Enfin, quelques énigmes se mettront en travers de votre chemin. Mais en théorie, si vous avez fini l’école primaire, vous devriez vous en sortir haut la main. Vous ne serez donc pas beaucoup plus stimulés qu’avec les combats de Mundaun.

Merci à jeuxvideo24 pour cette vidéo non commentée, et bien évidemment, attention au spoil.

Au moins, il n’y a pas de tentacules

Mundaun fut pour moi vraiment en demi-teinte. D’un côté, il nous offre une histoire qui nous change des déclinaisons de l’univers de Lovecraft, en allant piocher du côté du folklore suisse, tout en proposant une direction artistique très originale. De l’autre, le titre nous sert un gameplay relativement fade qui en vient presque à desservir le conte que Michel Ziegler veut nous exposer. Mais on peut saluer la performance de ce dernier pour nous avoir fourni un titre si atypique. C’est juste que pour une fois, j’aurais aimé qu’on me retire mon fusil.

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3 Commentaires


  1. Merci pour le test. Comme toujours je vais attendre un patch ou deux pour le faire.

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