Tout le monde le sait, depuis 1992 et la sortie de Wolfenstein 3D, le FPS est un genre florissant ayant donné naissance à des milliers de titres. Si certains resteront éternellement dans les mémoires et sont au centre des discussions depuis des années, d’autres ont sombré dans l’oubli. Pourtant, ils ne sont pas sans intérêt. Dans cette série, nous aborderons ces FPS perdus dans le temps en essayant de leur redonner vie le temps d’un article…

Cet article fait suite à notre publication Les FPS oubliés #2 : Shogo: Mobile Armor Division. L’intégralité des épisodes de la série sera disponible par ici.

Les FPS oubliés : Star Trek: Voyager – Elite Force

Est-il vraiment nécessaire de présenter Star Trek ? Véritable icone nerd, cette série de science-fiction débutée dans les années 60 mettait en scène l’équipage de l’USS Enterprise. Dirigé par le capitaine Kirk, le vaisseau était envoyé en mission dans l’espace inexploré afin d’aller là où aucun homme n’avait jamais mis les pieds. L’occasion pour les spectateurs de découvrir de nombreuses espèces extra-terrestres et de dangers inconnus, tout en constatant que les pyjamas peuvent aussi servir de combinaisons spatiales. Bref, une œuvre fondatrice à laquelle succéda des dizaines de films, séries spin-offs, tentatives de reboot et autres produits cross-media. Au milieu des années 90, la Paramount décida de lancer une nouvelle série télévisée intitulée Star Trek: Voyager. Forte de 172 épisodes, elle suivait les mésaventures du Voyager et de son équipage, perdus dans une partie éloignée de la galaxie suite à un incident.

Star Trek Voyager
La soirée pyjama tourne mal

Pour accompagner cette nouvelle série, Activision – alors possesseur des droits d’adaptation de la licence – mandata Raven Software en 1998 afin d’en faire un FPS. Le nom de ce studio ne vous est pas inconnu : il s’agit en effet du géniteur d’excellents jeux des années 90 jusqu’au début des années 2000. Des titres comme Heretic (1994), Hexen 1 & 2 (1995 et 1997), Soldier of Fortune (2000) ou encore Star Wars Jedi Knight 2 (2002) devraient vous rappeler de bons souvenirs. Malheureusement, le studio est tombé en désuétude par la suite et est désormais principalement cantonné au rôle de co-développeur sur la saga Call of Duty. Par exemple, si le mode multijoueur du récent Black Ops Cold War est développé par Treyarch, c’est Raven Software qui s’est occupé de la campagne solo.

Quoi qu’il en soit,  Raven Software, racheté en 1997 par Activision, est encore à ce moment-là un studio talentueux et relativement reconnu. Les développeurs décident d’utiliser le moteur de Quake 3 pour faire Star Trek: Voyager – Elite Force, avec l’ambition de plonger le joueur dans un véritable épisode de la série (cf. cette interview chez IGN). Sorti en septembre 2000, il s’agit d’un FPS d’assez bonne facture reposant fortement sur les séquences scriptées, la narration immersive et son univers très détaillé : clairement, Half-Life est passé par là et l’impact a été énorme. Notons que le jeu a aussi été porté en 2002 sur Playstation 2 dans une version quasi-identique mais nous ne parlerons ici que de la version PC.

(Encore) perdus dans l’espace

Après un court texte d’exposition, Star Trek: Voyager – Elite Force se lance directement dans le vif du sujet : votre équipe est prisonnière d’un vaisseau Borg (une race de robots-zombies-extraterrestres) et vous seul pouvez la sauver. La mission tourne cependant court après que notre héros – ou notre héroïne, le jeu laissant le choix au démarrage de la campagne – provoque accidentellement l’explosion du vaisseau, tuant tout le monde à son bord. Heureusement, tout ceci n’était qu’une simulation. Alors que l’on prend un savon, le Voyager se fait attaquer par des pirates de l’espace et finit téléporté contre son gré dans un cimetière spatial. Le vaisseau étant désormais endommagé et sans moyen de s’enfuir, l’équipage doit alors découvrir qui se cache derrière ce ravissement et affronter moults dangers… Allez, envoyez le générique !

Si l’histoire semble peu originale, il faut comprendre qu’elle s’inscrit directement dans la volonté de proposer un épisode jouable de la série Star Trek Voyager. Les différents rebondissements semblent cohérents et, surtout, la mise en scène est vraiment réussie. Qu’il s’agisse des cinématiques ou des scènes scriptées en jeu, on est plutôt convaincu par ce que l’on voit. Mention spéciale aux doublages VO, réalisés par les acteurs de la série, qui tranchent (la plupart du temps) avec les cabotinages auxquels on était habitués dans les FPS jusque-là. De manière générale, le scénario est clair et la présentation des personnages plutôt bien foutue : même sans être fan de la saga, on comprend assez vite le caractère de chacun et sa place au sein de l’organisation du vaisseau. Bon, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit… Ce n’est pas vraiment subtil et on est loin d’être face à un monument d’écriture et de profondeur scénaristique. Reste que pour un FPS de 2000, Star Trek: Voyager – Elite Force fait un peu figure de pionnier sur cet aspect là.

Scripts & compagnie

Le gameplay proposé par Star Trek: Voyager – Elite Force est un pur exemple de ce que proposeront les années 2000 en matière de FPS. Vous vous retrouvez dans des niveaux linéaires à avancer de cutscenes en cutscenes en flinguant tout ce qui bouge dans un style assez arcade. Toutefois, les développeurs ont essayé de proposer un peu de variété : on trouvera des séquences d’infiltration, des passages de plateforme sans gravité, des puzzles simplistes à résoudre. Il y a plusieurs types d’ennemis différents, dont des humains, des Klingons, des Borgs, des robots belliqueux, et autres espèces extra-terrestres inconnues… En général, chaque adversaire à sa propre faiblesse. Par exemple, les robots sont plus vulnérables au fusil électrique tandis que les Borgs peuvent être désactivés en détruisant des nodes présents dans le décor. L’arsenal reste assez classique : outre le phaser de base dont les munitions sont illimitées, vous débloquerez un armement (lance-grenades, lance-missile, fusil à énergie, etc.) se divisant en deux catégories. Les armes bleues sont celles de Starfleet, développées sur votre vaisseau, tandis que les roses sont d’origines extra-terrestres. Les munitions étant mutualisées selon la catégorie, on regrette que les premières armes récupérées deviennent très vite inutiles face aux lance-roquettes et autres mitrailleuses lourdes.

Star Trek: Voyager – Elite Force proposait un mode multijoueur. Ni désagréable, ni vraiment intéressant, il ressemblait plutôt à un mod de Quake 3 inspiré par l’univers de Star Trek. Malheureusement, il n’y a plus aucun serveur en ligne pour ce jeu et il faudra vous contenter de jouer contre des bots si le cœur vous en dit.

Quoi qu’il en soit, entre deux missions d’exploration, vous retournez sur le Voyager, que vous pouvez alors découvrir en long et en large tout en discutant avec l’équipage. C’est aussi l’occasion de se rendre dans l’holodeck, le simulateur permettant de tester les armes nouvellement acquises dans des maps n’ayant rien à voir avec le jeu, comme un château médiéval par exemple. Globalement, le jeu regorge de détails Star Trekiens jusque dans les menus et j’imagine que les aficionados prendront plaisir à explorer les niveaux ancrés dans l’univers de la série. Pour les autres, Elite Force reste un FPS plutôt agréable capable de garder son intérêt pendant les six heures que durent sa campagne – même s’il est très facile. Il reçut un bon accueil critique mais le jeu se vendit moins bien que prévu, si l’on en croit le chef de projet (cf. cette interview). Cela n’empêcha pas Activision de financer en 2003 une suite développée par un autre studio.

Dans l’épisode consacré à Shogo: Mobile Armor Division, nous constations que les FPS de 1998 s’orientaient déjà vers une narration plus marquée et une volonté de proposer des niveaux cohérents. Deux ans plus tard, Star Trek: Voyager – Elite Force pousse le vice encore plus loin en offrant une véritable expérience cinématographique. Ce qu’il perd en liberté d’action et en profondeur de gameplay, il le gagne en mise en scène, en scénario et en immersion. Même s’il s’agit finalement d’un jeu méconnu, il marque le changement de philosophie qu’adopteront les FPS dans les années 2000. À partir de cette époque, les simulateurs de meurtre s’éloigneront massivement du level design labyrinthique et du célèbre mantra de John Carmack pour se focaliser sur la narration et la mise en scène. Dès lors, et pendant des années, les FPS singeront le cinéma en proposant des jeux dont l’histoire est centrale, scriptés jusqu’à la moëlle, dans le but de proposer des montagnes russes de divertissement.

Comment y jouer en 2020 ?

 

Malheureusement, Star Trek: Elite Force est introuvable à l’achat, probablement à cause de la licence. Il vous faudra donc posséder le jeu préalablement pour y jouer légalement. Néanmoins, il est aisé de trouver un .iso sur un site d’abandonware – attention, ne pas télécharger la version pré-installée qui fonctionnait mal chez moi.

 

Une fois l’image disque en votre possession, explorez-la et ouvrez en tant qu’administrateur le fichier Setup.exe contenu dans le dossier Setup.

Capture Elite Force 1 1

 

Si l’installeur ne se lance pas, allez dans le gestionnaire de tâches puis dans l’onglet Détails. Sélectionnez le processus Setup.exe, faites un clic droit dessus et cliquez sur Analyser la chaîne d’attente. Sélectionnez le processus en attente « nvcontainer.exe » et arrêtez-le.

Capture Elite Force 2

Capture Elite Force 3

 

L’installeur devrait poursuivre – il est un peu lent au démarrage donc prenez patience puis suivez simplement les instructions. Une fois ceci fait, installez le patch 1.2. Elite Force est désormais prêt à être joué, à condition de garder l’image disque montée sur votre PC. Dans le cas contraire, le jeu vous réclamera le CD pour continuer. Notez qu’un patch No CD est disponible sur Internet mais qu’il ne fonctionne pas chez moi.

 

Il existe un patch permettant de jouer à Elite Force en 16:9. Si la plupart des utilisateurs en semblent satisfaits, celui-ci a causé de nombreux crashs que je n’ai pu résoudre. Ceux qui veulent jouer sans se prendre la tête préféreront donc jouer en 4:3. Pour les plus téméraires : rendez-vous sur WSGF (WideScreen Gaming Forum) pour récupérer le patch widescreen non-officiel – dans votre cas, il s’agit de la version 1.20 Stretched HUD. Il suffit maintenant d’ouvrir l’archive téléchargée, de sélectionner le dossier avec la résolution désirée et d’extraire les fichiers dans le répertoire d’installation du jeu.

 

Il peut arriver que le jeu plante lors des chargements de niveaux, avant ou après une cinématique. Il suffira alors de le relancer en utilisant la console de commandes. Appuyez sur la touche ² et tapez « map [nom du niveau] ». Voici la liste des différents niveaux :

 

borg1
borg2
voy1
voy2
voy3
voy4
voy5
stasis1
stasis2
stasis3
voy6
voy7
voy8
scav1
scav2
scav3
scav3b
scav4
scav5
scavboss
voy9
borg3
borg4
borg5
borg6
voy13
voy14
voy15
dn1
dn2
dn3
dn4
dn5
train
dn6
dn8
voy16
voy17
forge1
forge2
forge3
forge4
forge5
forgeboss
voy20

 

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8 Commentaires


  1. Rah j’avais adoré à l’époque. Pis il était totalement compatible avec les lunettes à scintillement de ma Riva tnt2 huhu. Et pour l’époque c’était bluffant.

  2. Voilà une petite perle que j’ai en CD dans sa boite d’origine! Je ne sais même pas il marche encore sur Win 10, j’ai quand même gardé une vielle carte mére et un ISO de mon XP de l’époque au cas ou!
    Reste un jeu super fluide, speed, normale puisque c’est Quake 3 en Star Trek. Toute la conversion respecte vraiment bien l’univers.
    Bref, un des rares excellent FPS de Star Trek. (à noté, à l’époque, le concurrent, l’unreal engine , avait sortit, là aussi un super TPS avec leur moteur: « Star Trek: The Fallen » à faire également! )

  3. Snif, mon premier FPS. J’y jouais sur un power mac avec un vieux CD de démos obscure. J’ai du passer des dizaines d’heures à buter des bots sur les quatres maps. Je vais me le faire pour de vrai pour l’occasion.

  4. Un putain de bon jeu qui tournait à merveille avec le moteur de Q3. Un bon souvenir.

  5. J’avais récupére ce jeu dans un Magazine je crois… J’en garde un très bon souvenir et c’est le jeu qui m’a fait découvrir les star Trek « récent », moi qui ne connaissais avant ça que la série des années 70.
    J’ai toujours une iso de sa suite elite force 2 qui traîne sur un disque dur. Il était moins bien que le 1er avec un côté un peu plus labyrinthique des maps. Mais il reste aussi largement jouable aujourd’hui et il tourne sur des systèmes récents sans soucis.

  6. Ah ce jeu avec son extension et le 2, un régal et une bonne histoire.

    The Fallen très bon avec une histoire avec 3 perso jouable dont 3 points de vue et gameplay différents.
    LE bon temps

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