Tout le monde le sait, depuis 1992 et la sortie de Wolfenstein 3D, le FPS est un genre florissant ayant donné naissance à des milliers de titres. Si certains resteront éternellement dans les mémoires et sont au centre des discussions depuis des années, d’autres ont sombré dans l’oubli. Pourtant, ils ne sont pas sans intérêt. Dans cette série, nous aborderons ces FPS perdus dans le temps en essayant de leur redonner vie le temps d’un article…

Les FPS oubliés : Exhumed

Afin de parler d’Exhumed, il va falloir voyager un peu dans le temps : retournons en 1996. Jacques Chirac est alors président et se met bien au salon de l’agriculture, les Spice Girls cartonnent avec Wannabe et les Tatoo permettent de garder le contact avec sa tribu. Côté jeu vidéo, c’est la guerre entre les consoles de 5ème génération. La Playstation et la Saturn sont sorties l’année précédente et marquent l’arrivée de la 3D dans les salons du grand public.

Notons qu’Exhumed est aussi appelé Powerslave aux États-Unis, peut-être en référence à l’album éponyme de Iron Maiden sur lequel figure une pyramide et Eddie en forme de statue pharaonique. Et oui, il n’y a pas de petit profit en marketing.

Lobotomy Software, studio fondé entre autres par d’anciens membres de Nintendo of America, décide de profiter de l’avènement de ces nouvelles consoles pour publier l’un des premiers FPS pour la console de Sega. C’est ainsi que sort, à l’automne 1996 sur Saturn, un jeu de tir inspiré par la mythologie égyptienne : Exhumed. Ce FPS, au scénario nanardesque rappelant les magazines pulp d’aventures, tournait sur le moteur maison développé par le studio et poussait la console dans ses retranchements. Six mois plus tard, une version retravaillée et améliorée du jeu était publiée sur Playstation. Le PC n’était pas en reste car, en décembre 1996, Exhumed sortait sur MS-DOS dans une version complètement différente basée sur le Build Engine, le moteur de Duke Nukem 3D. Sortant quelque mois après Quake et sa 3D complète, qui fut d’ailleurs porté sur Saturn par Lobotomy Software, cette version passa quelque peu inaperçue.

Les différences entre les versions consoles et PC d’Exhumed ne sont pas qu’une histoire de moteur graphique. En réalité, si elles ont tout de même de nombreuses similitudes, il s’agit de jeux différents aux concepts bien distincts. Dans cet article, je vous présenter les versions Playstation et PC. Alors, oui, on commence par parler d’un FPS console, mais j’assume complètement : déjà, parce que c’est une version au concept intéressant, mais aussi car c’est celle-là que j’ai découvert à l’époque, encore minot. D’ailleurs, je tiens à remercier mon père pour m’avoir laissé jouer à des jeux violents dès ma plus tendre enfance et d’avoir fait de moi un citoyen parfaitement équilibré. Quoi qu’il en soit, sachez qu’il existe un portage PC non-officiel de cette version Playstation appelé Powerslave EX et qu’il n’y a donc pas besoin de jouer au jeu à la manette. Ouf.

La version Playstation

Exhumed s’ouvre sur un livre animé présentant la subtile histoire du jeu : le joueur est un soldat anonyme membre d’un groupe de militaires hautement chevronnés. L’escouade est envoyée à Karnac (en Égypte, pas dans le Morbihan) car la ville a été envahie par des créatures malfaisantes ayant massacré les habitants et les forces armées internationales. Pas de bol, l’hélico s’écrase lamentablement, laissant le héros seul survivant. Aidé par l’esprit de Ramses 2 (oui), il ne tiendra donc qu’à lui de défaire les hordes de monstres qui hantent les temples ou autres vestiges égyptiens et de faire la lumière sur cette mystérieuse invasion.

Nous voilà donc propulsé dans des niveaux labyrinthiques très années 90 dans lesquels il faudra récupérer des symboles-clefs afin d’ouvrir les portes associées, le tout en massacrant des créatures hostiles à foison. Sous ses apparences de Doom-Clone, Exhumed propose en réalité une structure bien différente, inspirée par les Metroidvania. Alors que vous avancez dans l’aventure, vous débloquez de nouveaux pouvoirs vous permettant de revenir dans les niveaux précédents et d’accéder à des zones jusque-là interdites. Par exemple, la possibilité de respirer sous l’eau vous permettra d’explorer cette étendue d’eau découverte dans la première carte, planer vous laissera traverser ce fossé normalement infranchissable, etc. Ce faisant, vous débloquerez de nouveaux niveaux qui eux-mêmes regorgeront de passages secondaires que vous visiterez plus tard. Le jeu a donc une progression non-linéaire plutôt originale et somme toute assez agréable.

Il faut donc crapahuter pendant à peu près une dizaine d’heures en essayant de comprendre comment bien utiliser vos pouvoirs pour passer certaines salles, phases de plateformes et autres énigmes remplies de pièges en tout genre. Bien sûr, Exhumed vous enverra également des hordes d’ennemis à affronter. Toutefois, ceux-ci sont finalement assez peu dangereux : dans cette version, le bestiaire est majoritairement composé d’insectes géants assez nazes et faciles à éliminer. En avançant, on trouvera bien sûr d’autres adversaires plus retors comme les Anubis, les momies et autres filles de Bastet en slip. Pour les éliminer, vous êtes doté d’un arsenal composé d’armes variées et plutôt originales. Certes on y retrouve des armes à feu classiques comme un pistolet et une M60 mais le jeu vous propose aussi un lance-flammes, un genre de bâton magique et des grenades sacrées extrêmement efficaces. On notera également une gestion des munitions assez particulière : pour se ravitailler on récupère des orbes bleues apparaissant sur les cadavres des ennemis ou dans des éléments de décors et qui remplissent la jauge pour l’arme que l’on a sélectionné. Ainsi, vous ne vous retrouverez jamais à court de balles pour votre arme préférée, puisque vous choisissez lesquelles remplir.

Le jeu est plutôt facile au demeurant, les développeurs ayant probablement déjà compris à l’époque le handicap impliqué par le fait de jouer à un FPS à la manette. Il ne propose certes ni un bestiaire ni un arsenal très étendus, mais sa structure non-linéaire et son ambiance sont particulièrement réussies. Le tout est cohérent, agréable à jouer et suffisamment original pour vous conseiller d’y jeter un œil.

Comment y jouer en 2020 ?

 

La version bêta du portage non-officiel Powerslave EX était gracieusement disponible sur Internet. Il s’agissait du jeu complet compatible avec Windows 10 et comportant de nombreuses améliorations comme la gestion de la souris, de la résolution, du FOV… Malheureusement, le développeur a été approché par Nightdive Studios, nouveau détenteur de la licence, afin de travailler sur une version commerciale dont on n’a plus de nouvelles depuis. Cependant, en cherchant bien sur Internet ou en demandant gentiment en MP à la bonne personne, il est toujours possible de mettre la main sur les fichiers d’installation.

 

Une fois ceux-ci en votre possession, dézippez l’archive dans le dossier de votre choix. Ensuite, téléchargez ce correctif corrigeant un bug de souris lié à une mise à jour Windows 10 et remplacez le fichier Anubis.exe original par celui contenu dans l’archive du patch. Il ne vous reste plus qu’à lancer simplement Anubis.exe pour profiter du jeu.

La version PC

Cette version PC part du même scénario que la version Playstation. On y retrouve principalement les mêmes armes, les mêmes ennemis et les mêmes musiques. Tout le reste, par contre, change complètement : fini la structure non-linéaire façon Metroidvania, on est là face à un FPS tout à fait classique dans lequel on enchaine les niveaux les uns après les autres sans revenir en arrière. Cependant, ceux-ci sont complètement différents, plus longs, mieux pensés mais aussi plus compliqués. C’est la foire aux passages secrets, aux murs à détruire, aux leviers à actionner… et surtout aux pièges. Des pièges, des centaines de pièges, partout, tout le temps. Toujours labyrinthique, le level design est absolument fantastique avec sa palanquée de chemins, ses énigmes à résoudre, sa verticalité et ses raccourcis.

Si l’on retrouve les mêmes monstres que dans la version EX, on ne croisera que rarement les petits insectes minables qui rendaient si facile le jeu sur Playstation. Non, ici, le jeu nous balance directement les créatures les plus énervées, avec des comportements encore plus dangereux. Les momies ressuscitent leurs congénères, les filles de Bastet esquivent et sautent dans tous les sens tandis que les créatures de magma occasionnent d’énormes dégâts. L’arsenal est, quant à lui, similaire à la version console même si certaines armes, comme les grenades, ont tout de même un fonctionnement légèrement différent. La gestion des munitions est par contre plus classique : elles sont différentes pour chaque arme et on les trouve au sol, comme dans les FPS habituels. Le jeu est aussi doté d’un inventaire permettant l’utilisation d’objets magiques et de pouvoirs, à condition d’avoir suffisamment de mana : respirer sous l’eau, multiplication des dégâts, invincibilité temporaire, etc. Certains passages dans l’obscurité totale poussent également à utiliser des torches afin d’y voir quelque chose, ce qui crée des situations de tension supplémentaires.

Bref, la version PC est certes moins originale que la version Playstation dans sa construction mais elle est par contre plus belle et, globalement, de meilleure qualité. Cerise sur le gâteau, on y retrouve toujours cette ambiance exceptionnelle pour peu qu’on soit sensible à son univers égyptien. À mon sens, il s’agit là d’un des meilleurs FPS pré-Half-Life et, de plus, son excellent level design lui permet de rester intéressant à jouer aujourd’hui. 

Comment y jouer en 2020 ?

 

La version MS-DOS est trouvable en abandonware. Il vous suffit de télécharger la version avec installeur et de se laisser guider. Toutefois, pour y jouer dans de bonnes conditions, je vous conseille d’utiliser le logiciel BuildGDX qui vous permet d’avoir un confort moderne. Une fois le logiciel installé, il vous suffira de le lancer et de cliquer sur l’onglet Powerslave avant de lui indiquer le chemin vers les fichiers du jeu :
Build GDX
N’oubliez pas également de télécharger le Powerslave Music Pack et d’extraire les fichiers dans le dossier du jeu afin de profiter de l’excellentissime bande-originale. En bonus, comme les musiques sont en .ogg vous pouvez même les lire sur votre lecteur audio préféré.

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15 Commentaires


  1. Tiens, comment ce fait-ce que je n’ai jamais entendu parler de ce jeu ? Merci pour l’article, venant juste de terminer Hexen II (que je recommande chaudement) ça pourrai être mon prochain FPS.

  2. Merci de me faire sentir vieux, c’était déja mon adolescence à la sortie de ce jeu. T_T

  3. tiens je connaissais pas ce jeu sous build engine ! merci pour l’info !

  4. Les fps oubliés ? J’ai oublié call of duty mais pas exhumed. Nois n’avons plus les mêmes valeurs NoFrag.

  5. « Bad Toys 3D » est sympa, aussi, point de vue ambiance et musique

    Oh purée, oui ! Que de souvenir ! Mon premier FPS !

    Mais impossible d’y jouer aujourd’hui, hélas. C’était sur windows 16-bit, on ne peut plus y jouer sur nos PC 64-bit. J’ai essayé en virtualisant un windows 3.1, mais ca ramait et il n’y avait pas le son.

    Si quelqu’un connaît un moyen d’y jouer sans virtualbox, je suis preneur !

  6. Parfois je me pose la question, est-ce que j’étais le seul con qui jouait aux FPS (genre doom/duke nukem/wolfenstein 3D) au clavier seulement?

  7. Je pense que quasiment tout le monde jouait au clavier jusqu’à quake et duke3d. Et concernant ces derniers, seuls les joueurs en multi utilisaient la souris. Et encore, c’était loin d’être une généralité. Source : mon expérience en multi où j’expliquais aux adversaires qui ne comprenaient pas comment je faisais pour être aussi précis.

  8. « Bad Toys 3D » est sympa, aussi, point de vue ambiance et musique

    Oh purée, oui ! Que de souvenir ! Mon premier FPS !

    Mais impossible d’y jouer aujourd’hui, hélas. C’était sur windows 16-bit, on ne peut plus y jouer sur nos PC 64-bit. J’ai essayé en virtualisant un windows 3.1, mais ca ramait et il n’y avait pas le son.

    Si quelqu’un connaît un moyen d’y jouer sans virtualbox, je suis preneur !

    Mon premier FPS aussi: tu peux l’acheter sur le site du développeur, mais ensuite effectivement il te faut émuler du 16 bits et c’est très agaçant, avec VMware, ça devrait aller: je ne connais par contre pas de moyen sans virtualbox.

  9. Super article. Exhumed était un candidat parfait pour cette série de dossiers que j’espère longue !

    Merci pour le fix Windows 10 de Powerslave EX, je comprenais pas pourquoi la souris déconnait depuis que j’étais passé à Windows 10, rendant le jeu totalement injouable. Je vais pouvoir reprendre ma partie !

    J’ai jamais essayé la version PC sous Build Engine mais elle a l’air cool aussi.

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