The Forgotten City était à l’origine un mod de The Elder Scrolls V: Skyrim sorti il y a cinq ans, proposant une enquête dans une ville souterraine oubliée et à l’histoire travaillée. Suite à son énorme succès et à une récompense de la Guilde des Auteurs Australiens, ses créateurs ont décidé d’en faire une version stand-alone. Après quatre ans de développement, The Forgotten City a donc débarqué la semaine dernière dans toutes les bonnes crèmeries. Entre temps, le script a gonflé, un nouveau doublage a été réalisé par des professionnels, une nouvelle bande son orchestrale a été enregistrée, et enfin, l’expérience a été transposée sous l’Empire Romain.

Test effectué sur une version du jeu fournie par l’éditeur.

Genre : jeu d’aventure en sandale | Développeur : Modern Storyteller | Éditeur : Dear Villagers | Plateforme : Steam et l’EGS | Prix : 24,99€ | Configuration recommandée : processeur 3.2 GHz (4 Cores),  8GB RAM, NVIDIA GeForce GTX 1060 ou AMD Radeon RX 580, 26GB d’espace disque | Langues : Audio en anglais, sous-titres en français et autres | Date de sortie :  28 juillet 2021 | Durée de vie :  de 2 à 7h

C’est le jour de la marmotte !

Dans The Forgotten City, vous incarnez un personnage qui se réveille trempé, sur les bords du Tibre, avec en plus quelques petits soucis de mémoire. Qu’est-ce que vous faites là ? Comment avez-vous fini dans le fleuve italien ? Et qui est cette personne encapuchonnée, taillée à la serpe et aux animations faciales datées ? Bon, si les deux premières questions resteront en suspens, vous aurez rapidement la réponse à la dernière. Karen est la bienfaitrice qui vous a tiré hors de l’eau et qui vous envoie chercher un autre rescapé, Al, parti un peu plus tôt explorer des ruines datant de l’Empire Romain. Mais pas de bol, lors de la visite, vous emprunterez un portail qui vous bloquera dans une boucle temporelle 2000 ans dans le passé. Tel un Bill Murray en toge, vous revivrez donc encore et encore la même journée, celle qui mena à la disparition d’une cité romaine un peu particulière, jusqu’à ce que vous trouviez un moyen de briser le cycle.

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Vous serez ravis de la présence de ces tyroliennes dès la deuxième boucle !

Punition collective bling bling

La bourgade dans laquelle vous évoluerez a quelques petites spécificités. Tout d’abord, cette dernière est partiellement souterraine et ne dispose d’aucune sortie apparente. La vingtaine d’habitants qui y réside y est donc bloquée. De plus, Galerius, Fabia, Georgius et tous leurs petits compagnons doivent impérativement faire preuve d’une vertu extrême. En effet, la cité est soumise à “la Règle d’Or” : “la collectivité souffrira pour les péchés de l’individu”. Si cette dernière n’est pas respectée, c’est session de body painting à l’or massif pour tout le monde, animée par certaines statues traînant un peu partout dans la cité, déjà couvertes du précieux métal.

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Le un, deux, trois, soleil, c’était hardcore à l’époque.

Concrètement, vous serez amené à explorer librement une bourgade (relativement ramassée et vite parcourue) en quête de réponses. Vous n’échapperez pas au traditionnel forum, aux grandes villas, aux divers temples ou encore au bar craignos. Mais l’Empire Romain étant rarement exploité dans les simulateurs de meurtre et la direction artistique étant plutôt appréciable, je n’ai pas boudé mon plaisir lors de l’exploration de la petite cité.

Make love, not war

Cependant, l’expression « simulateurs de meurtre » est ici peu adaptée. Vous pouvez tout à fait utiliser la violence ou le vol pour répondre aux problèmes que vous rencontrerez. Cependant, vous êtes, comme tous les PNJs du titre, soumis à la Règle d’Or. Brutalisez cette plaie de Desius ou dérobez les denarii du bon Galerius, et vous déclencherez l’apocalypse. Vous n’aurez alors plus qu’à rejoindre le portail pour déclencher une nouvelle boucle temporelle et recommencer votre journée, ce qui pourra parfois bien vous aider.

Contrairement à un certain Outer Wilds où vous ne faites qu’accumuler le savoir acquis entre deux boucles temporelles, ici, vous conservez en plus vos biens.

Les seules entités que vous pourrez violenter à loisir sont quelques rares « squelettes » mis en avant dans les bandes-annonces du jeu, mais ces confrontations sont totalement anecdotiques et n’ont aucun intérêt. Elles se règlent principalement avec un arc un petit peu spécial, qui pourra également vous aider lors de certaines courtes phases de plateformes. The Forgotten City vous encourage donc au pacifisme et se joue principalement comme un jeu d’aventure/enquête centré sur les dialogues.

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Garanti sans marmotte.

Mais qui a tué Pamela Rose ?

À la manière d’un Colombo antique, vous devrez interroger plébéiens et patriciens pour trouver qui est sur le point de commettre le péché ultime, menant cette charmante bourgade à la ruine, et un moyen de stopper cette boucle temporelle infernale. Une vingtaine de personnages, aux origines et motivations bien différentes, peuplent l’endroit et pourront répondre à vos questions. Certains seront collaboratifs et vous aideront de bon cœur, d’autres tenteront tout bonnement de vous arnaquer. Et souvent, les dialogues que vous engagerez vous mèneront à vous poser de nouvelles questions et commencer de nouvelles investigations. Qui est l’admirateur secret de la Vestale ? Où est passé la fille du magistrat ? Comment libérer l’idiot du village ? Etc. Malheureusement, ces enquêtes ne seront jamais bien complexes et, en général, bien trop rapidement résolues. The Forgotten City n’est pas Return of The Obra Dinn en spartiates, loin de là, et ce n’est certainement pas son but, cependant j’aurais apprécié que le titre stimule un peu plus le sens de déduction du joueur. 

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Et encore, je ne vous ai pas mis la blague sur « Karen ».

Le titre de Modern Story Teller propose toutefois des dialogues relativement bien écrits et doublés, en général intéressants à suivre, à mille lieues d’un RPG Bethesda typique. En interrogeant certains protagonistes sur la Règle d’Or, vous pourrez même commencer à débattre un peu de la notion de péché et de morale. Au-delà des crimes de base comme le meurtre et le vol, qu’est-ce qui peut être considéré comme une entorse à la Règle d’Or ? Le suicide ? La tromperie ? Le tout reste assez léger et The Forgotten City ne remplacera sûrement pas un débat sur les propos de Nietzsche, accoudé à un comptoir de bar avec une alcoolémie au-delà du raisonnable à une heure avancée de la nuit (et un pass sanitaire en règle, bien entendu). Mais entre deux FPS totalement décérébrés, cela peut se révéler être une expérience relativement rafraîchissante.

Vidéo de gameplay de l’éditeur commenté par un des comédiens de doublage, garantie sans gros spoilers.

In fine

Pas aussi complexe qu’un Return of The Obra Dinn, moins bavard qu’un Disco Elysium, mais bien mieux écrit qu’un Fallout 4, The Forgotten City offre une aventure ramassée (comptez entre deux et sept heures selon votre degré d’implication) et plaisante, tout en proposant un contexte sous-exploité et en utilisant plutôt efficacement le concept de boucle temporelle. Le titre de Modern Story Teller ne conviendra pas aux joueurs avides de sang et effrayés par la moindre option de dialogue dans un jeu vidéo, mais il devrait satisfaire ceux à la recherche d’un jeu d’aventure à la première personne original et pas trop prise de tête.

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3 Commentaires


  1. Merci, y a pas beaucoup de tests sur les sites FR.
    Ça me fait bien envie, c’est assez étonnant que la durée de vie varie autant sur un jeu d’aventure.

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