Projet porté par une toute petite équipe de développeurs, Scathe promet d’être un mélange des genres assez savoureux : l’alliance du gameplay classique des FPS avec la nervosité des Bullet Hell. Cerise sur le gâteau, les trailers laissaient entrevoir des visuels de bonne qualité pour un titre de cette envergure. Bref, sur le papier, Scathe a de quoi intriguer le fan de FPS indépendants. Mais clavier-souris en main, force est de constater que le pari est raté…

Genre : FPS x Bullet Hell | Développeur : Damage State | Éditeur : Kwalee | Plateforme : Steam | Configuration recommandée : Processeur Intel i7 6700K @ 4.00GHz ou AMD Ryzen 5 2600X @ 3.6GHz, RTX 1070 8GB ou AMD RX 5700 8GB, 16 GB de RAM Prix : 23 | Langues : VOSTFR | Date de sortie : 31 août 2022 | Durée de vie : Environ 8h

Test réalisé sur une version commerciale.

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I’m the Scathe-man, skibidibidi bop ba dop bop

dodonpachi resurrection
DoDonPachi Resurrection

Le Bullet Hell est un genre particulier de Shoot’em Up dans lequel l’écran est rempli de myriades d’ennemis et de projectiles très rapides que le joueur doit éviter à tout prix. Évidemment cela demande une véritable maîtrise des mouvements de son personnage, ainsi que de bons réflexes. Bien qu’il s’agisse d’un genre de niche principalement orienté arcade, on trouve de nombreux exemples de titres du genre sur PC : DoDonPachi, la série des Touhou ou même Super Galaxy Squadron Ex Turbo, édité par NewBlood Interactive (DUSK, ULTRAKILL, Gloomwood)… Et quand on y réfléchit, c’est un style de jeu qui peut parfaitement se marier avec le simulateur de meurtre. Après tout, le joueur de Fast FPS est déjà habitué à virevolter dans tous les sens pour éviter la multitude de tirs adverses.

Le choix des développeurs de Scathe, désirant donc mélanger FPS et Bullet Hell, semble presque une évidence. Dans un univers satanico-dark-gothique quelconque, vous devez parcourir un immense labyrinthe et y affronter des centaines de monstres belliqueux en esquivant de nombreux projectiles et autres pièges environnementaux. Ici, pas de caisses derrière lesquelles se cacher pour attendre l’adversaire : il faut en permanence être en mouvement, sauter et gérer ses dash pour éviter de se faire dégommer. Le labyrinthe se décompose en zones, chacune étant dotée de différents points de sortie donnant accès à d’autres lieux. Ainsi, vous devrez trouver vous-même votre chemin dans ce dédale, en cherchant les niveaux qui vous donneront de nouvelles armes et autres pouvoirs magiques, avant d’aller affronter les six bosses qui s’y cachent. Votre personnage est doté d’un certain nombre de vies (partagées entre tous les joueurs en coop’) qui lui permettront de continuer le combat après la mort. Arrivé à zéro c’est le Game Over, mais pas d’inquiétude : de nombreuses reliques en forme d’ankh, vous donnant une vie supplémentaire, se cachent dans les niveaux.

Dit comme ça, Scathe a un fort potentiel. On s’imagine déjà un FPS dynamique et nerveux, proposant un défi à la hauteur du fan de shooters complexes. Eh bien, laissez-moi briser vos rêves sur le champ : Scathe est un énorme gâchis qui n’arrive jamais à concrétiser ses bonnes idées.

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C’est beau, mais c’est pas bon

Commençons tout de même par les points positifs : Scathe est beau. Certes, il ne brille pas par l’originalité de sa direction artistique, qui ressemble à un ersatz d’enfer doomesque, mais il propose tout de même des visuels de haute volée pour un jeu indépendant, bien loin des Rétro FPS low poly et gros pixels auxquels on est généralement confronté dans le genre. C’est très propre, et surtout, Scathe est techniquement irréprochable. En 1440p, il tourne à 144 FPS constants sur ma config (i7 12700K, RTX 3070 et 32 Go de RAM) et propose une myriade d’options à modifier pour notre plus grand plaisir. De plus, il est, dans mon expérience, totalement exempt de bugs. Bravo aux développeurs d’avoir réussi l’exploit de publier un jeu bien fini dès sa sortie !

J’ai bien essayé de tester l’aspect coop’, mais c’est peine perdue, aucun joueur n’a jamais rejoint ma partie. Je vais jouer à Madame Irma et faire une prédiction : « Tout est toujours mieux à plusieurs, mais ce n’est pas ça qui sauvera ce titre de l’ennui abyssal qu’il provoque… »

Ah, si seulement son ramage se rapportait à son plumage… Malheureusement, Scathe n’a pour lui que sa belle-gueule, et se vautre dans les grandes largeurs dans sa proposition de gameplay. Contrairement à ce qu’il promettait sur le papier, le jeu n’est pas un FPS furieusement nerveux. Dès les premières minutes, on constate que quelque chose cloche : bien que rapide, notre personnage est lourd, ses mouvements sont patauds et dignes d’un retraité arthritique. L’air control minimaliste et l’absence de double jump nous empêchent de virevolter comme bon nous semble, tandis que le dash aurait pu faire illusion s’il n’avait pas un cooldown terriblement lent. Cerise sur le gâteau, le level design généralement étriqué et composé de couloirs ne permet jamais d’exploiter les environnements. En somme, pour un FPS dont le concept est prétendument basé sur le mouvement, c’est raté.

Évidemment, du fait de son ascendance avec les Bullet Hell, il reste nécessaire d’éviter les nombreux projectiles ennemis. Toutefois, vous n’aurez pas beaucoup d’effort à faire pour vous en sortir : la lenteur des tirs adverses vous permet généralement de les esquiver d’un pas de côté ou d’un petit saut sans trop y penser. D’ailleurs, les ennemis sont totalement stupides et ont un pathfinding raté, il n’est pas rare de les voir se bloquer tout seuls dans un quelconque obstacle, rebrousser chemin en pleine action ou simplement passer à côté sans même un regard pour vous. En difficulté moyenne, à l’exception des démons kamikazes qui infligent d’énormes dégâts, ils ne seront éventuellement dangereux que lorsqu’ils apparaitront silencieusement derrière vous, et encore… En réalité, vos principaux adversaires dans Scathe seront les environnements. En effet, votre super guerrier millénaire meurt instantanément au moindre contact avec l’une des nombreuses mares remplies de liquide (lave, marécage toxique, eau du bain) qui parsèment les niveaux. Du fait de la lourdeur des mouvements et des sauts, vous aurez la fâcheuse tendance à mourir bêtement en cherchant à atteindre un item placé sur des plateformes dangereuses par un développeur perfide.

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Boulet Hell

L’échec du jeu ne s’arrête pas là, car l’utilisation des armes elle-même est rendue pénible par des choix de game design douteux. Bien que doté de tout un arsenal de guerre s’étoffant au gré de vos pérégrinations dans le labyrinthe, vous n’utiliserez la plupart du temps que l’arme de base, une mitraillette aux munitions illimitées. Vos autres flingues n’ont, en effet, qu’un stock minime de munitions et celles-ci sont extrêmement rares dans les corridors. Résultat, soit vous n’oserez pas les utiliser en attendant de tomber sur un boss, soit vous ne les utiliserez qu’une seule fois, tuant une poignée d’ennemis, avant de les ranger dans vos poches le temps de faire le plein. Que l’on soit bien clair : la rareté des munitions était un élément fonctionnel du gameplay de Doom Eternal car il était possible d’en récupérer à tout moment en tuant les ennemis d’une certaine façon. Ici, ce n’est pas le cas, il faut se contenter de croiser les doigts pour trouver des packs placés aléatoirement dans les niveaux. C’est très frustrant, d’autant plus que la mitrailleuse de base ne fait pas très mal et ne donne absolument aucune sensation de puissance – à l’exception de son tir secondaire, extrêmement long à recharger.

On s’ennuie donc très vite dans Scathe, et cela ne va pas en s’arrangeant lorsque l’on découvre qu’il faudra perpétuellement revenir dans des zones déjà visitées pour traverser le labyrinthe et vaincre tous les bosses. La structure du jeu vous pousse ainsi à explorer différents niveaux et à acquérir le plus de bonus possible avant d’aller affronter les adversaires les plus coriaces. En faisant ce choix, les développeurs espéraient casser la linéarité de l’expérience et laisser le joueur décider de son cheminement. Seulement, il n’y a rien de plus ennuyant que de revenir sur ses pas pour découvrir que l’intégralité des ennemis a ressuscité, nous poussant à refaire encore et encore les mêmes affrontements neurasthéniques sur plusieurs zones d’affilées… Très vite, on finit par tout simplement éviter les combats non-obligatoires et à laisser les monstres vivre leurs petites vies tranquilles pour accéder au plus vite à la zone désirée. Imaginez… Vous êtes perdus dans un niveau labyrinthique composé de corridors. Péniblement, vous dénichez enfin une sortie, et arrivez dans une autre zone. Pas de bol, celle-ci est un cul de sac : après avoir récupéré l’item quelle contient ou vaincu son boss, vous voilà obligé de retourner vous perdre dans le niveau-labyrinthe précédent pour trouver une autre issue. Totalement frustrant et inintéressant.

On est donc loin, très loin de la promesse initiale. Plutôt qu’un savant mélange des genres dynamique et nerveux, on se retrouve face à un shooter générique terriblement ennuyeux qui, à part pour son aspect technique, n’arrive pas à la cheville de la concurrence.

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Il serait temps de faire un peu de ménage dans cette piaule !

Ennui en enfer

Malgré son concept alléchant et une technique irréprochable, il est difficile de recommander Scathe aux amateurs de FPS. Son gameplay shooter est au mieux médiocre, ses quelques idées originales sont mal exploitées et il nous plonge dans l’ennui dès les premières minutes de jeu. Dans un genre aussi foisonnant que le FPS, vous trouverez facilement d’autres alternatives bien plus intéressantes.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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1 COMMENTAIRE


  1. La démo ne m’avait déjà pas convaincu. Le gameplay n’a donc pas bougé depuis. Merci pour ce test.

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