C’est facile de se moquer des gens du marketing. On les imagine utilisant des mots comme confusant, on les imagine faire des brunchs, on les sent écouter Christine And the Queens, répéter ce qu’ils ont lu ce matin sur buzzfeed, essayer de s’approprier les idées, en oubliant que tous les autres lisent la même chose, et puis rire des mêmes blagues de leurs collègues en espérant secrètement qu’ils glissent un jour et s’empalent la partie charnue de la mâchoire sur les décorations ouvragées d’une grille en fer forgée. On les voit ces cadres tristes qui balancent des articles sur Linkedin : « faire un business plan avec les enseignements du Dalaï-lama », « pourquoi les chômeurs n’utilisent pas leur temps libre pour monter leur personal brand ? » On ne sait même plus si on se moque ou si on est triste pour eux : pauvre petit polo corail qui fait la queue pour s’acheter un sandwich houmous saumon concombre dans un monoprix froid de Nanterre ; pauvre petit designer enfoncé dans ses chucks, qui pense qu’il est cool parce qu’il lit Kombini et que sa série favorite est The Wire, classée n°1 dans le top de imdb ; pauvre petit créatif qui a oublié ses désirs d’enfants, utilise le verbe matcher et se retrouve dans une boite qui réfléchit des semaines, organise des réunions, fait des recherches, des études, « aime le flow minimaliste qui s’échappe genre out of the box autour d’un powercircle, symbole d’ouverture, tout en restant sur une base connue et qui fait du sens», pauvres petites personnes qui ont peut-être fait des heures supplémentaires pour faire le nouveau logo d’Ubisoft.

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