[PREVIEW] Warstride Challenges : vitesse et gerbes de sang

Annoncé il y a un peu moins d’un an lors de l’E3 2021, Warstride Challenges a une place un peu particulière chez NoFrag. En effet, deux des trois développeurs de ce fast-FPS mélangé à du speedrun, font partie de la communauté. On a pu les voir sur le forum demander des retours sur leur alpha dès 2020. Pour autant, ce n’est pas pour cela qu’on sera plus indulgent sur le titre, maintenant édité par Focus Entertainment. La première preview en août dernier avait bien emballé Rutabaga. Que vaut donc ce jeu à sa sortie en accès anticipé ? Ne tournons pas autour du pot, c’est très bien réalisé et le concept est addictif, mais à force de sprinter, est ce qu’il ne s’essoufflerait pas un peu vite ?

Genre : FPS à speedrun | Développeur : Dream Powered Games | Éditeur : Focus Entertainment | Plateforme : Steam | Configuration recommandée : Processeur Intel Core i7-7700K / AMD Ryzen 7 3350GE, 8GB RAM, NVIDIA GeForce GTX 1060 / AMD RX 480 | Prix : 20€ | Langues : Audio en anglais, textes en VF | Date de sortie :  19/04/2022 en accès anticipé | Durée de vie :  jusqu’à la tendinite de la main gauche

Preview réalisée sur une version commerciale

Un concept de niche²

Les développeurs de Dream Powered Games n’ont sans doute pas fait d’études de marketing. Pour réaliser leur jeu, ils ont réuni deux genres de niche : le fast-FPS, encore apprécié par une poignée de boomers, et le speedrun, discipline obscure pratiquée par quelques perfectionnistes, tout juste bonne à faire parler d’elle deux fois par an pour des évènements caritatifs.  Vous ne voyez pas de quoi je parle ? Imaginez un mélange entre Trackmania, Doom et Super Meat Boy : de la vitesse, des flingues, du sang et du die & retry. Si la recette peut faire penser aux pires errements de la cuisine moderne, il faut avouer qu’au final, ça se marie plutôt bien. On traverse donc des niveaux le plus vite possible, tout en éliminant l’intégralité des ennemis. En fonction du temps, on obtient une médaille, permettant de débloquer d’autres niveaux. Du côté des mouvements, ça réagit au poil de cul, on conserve un parfait contrôle, que ce soit au sol ou dans les airs. Les glissades et les sauts permettent de prendre de la vitesse, indiquée en bas à droite dans une petite jauge. Juste au dessus, une autre nous raccroche à la partie FPS en indiquant la vie qu’il nous reste, bien qu’elle soit franchement accessoire, car généralement, les ennemis n’ont pas vraiment le temps de nous toucher…

En fonction des niveaux, on pourra manier une ou plusieurs armes, parmi un pistolet, un fusil à pompe, un fusil d’assaut, une carabine ou un railgun – sorte de fusil de précision. Toutes ont été très bien travaillées et procurent un bon feeling. D’autre part, les gerbes de sang des ennemis et les explosions qui flattent la rétine renforcent le sentiment de puissance. Les monstres que l’on croise sont plus ou moins résistants et nécessitent que l’on jongle entre les armes. Des pouvoirs en nombre limité, comme un ralenti ou une sorte de vague de force pour éclater les portes et adversaires, viennent faciliter certains niveaux et permettent aux gens normaux de terminer avant le décompte. Enfin, comme il faut souvent refaire en boucle un niveau avant d’obtenir un temps satisfaisant, une touche permet de redémarrer le niveau instantanément, sans perdre un seul instant, ce qui est très appréciable.

Beau comme un camion

Le jeu est vraiment très beau. Loin de la mode des gros pixels, on est sur une finesse digne des plus grands. C’est d’autant plus impressionnant quand on se rappelle de la taille de l’équipe de dev. Il faut cependant garder à l’esprit que les niveaux sont eux aussi très restreints, et que les ennemis n’ont pas besoin d’être intelligents, vu que la fenêtre de rencontre se calcule en millisecondes. Si les performances semblent extraordinaires par rapport à ce qui est affiché, même avec du matos moyen de gamme (un pc portable avec un Core i7 10750H, une Geforce 1660Ti et 16G de RAM), j’ai commencé à rencontrer quelques baisses de framerate vers la fin du premier chapitre, principalement lors de l’exécution d’ennemis à bout portant, projetant d’énormes gerbes de sang sur l’écran ou lors de grosses explosions proche du joueur. On peut imaginer que le travail sur l’optimisation n’est pas encore terminé. De plus, il y a beaucoup d’options graphiques permettant d’ajuster le rendu en fonction de sa machine ou de ses préférences. Et même en réglant tout au minimum, le jeu est encore très sympa visuellement, surtout que les fans de vitesse et de précision ne sont généralement pas très difficiles de ce côté là.

Quand on aime, on ne compte pas

Une OST dans le ton

Vos massacres à grande vitesse sont accompagnés d’une bande son de métal bien énervé et de bon aloi, mais un poil redondante. Quelques pistes de plus ne seraient pas de refus

Warstride Challenges a beau sortir en accès anticipé, il est déjà bien fourni. On dispose pour l’instant de 24 niveaux qui proposent chacun deux variations, ainsi que des parcours bonus débloqués en trouvant des crânes, et des compilations de plusieurs niveaux pour les plus acharnés. Sachant que l’on fait et refait des dizaines – voire centaines – de fois certains passages, il y a de quoi faire. Par exemple, pour un temps correct sur tous les niveaux en normal et difficile, et quelques niveaux bonus, j’y ai passé presque 8 heures. D’autre part, Dream Powered Games détaille déjà la suite dans sa roadmap sur le site de l’éditeur : un nouveau chapitre, de nouvelles variations, etc.

Un éditeur de niveaux plutôt basique est aussi proposé permettant de faire subir ses créations à la communauté. Et certains ne se sont pas privés pour produire des parcours complètement débiles que seuls les poulpes sous coke sont capable de terminer. Néanmoins, on n’est pas à l’abris de quelques trucs intéressants.

Se dépasser, mais surtout, dépasser les autres

Si tenter d’obtenir la plus belle médaille est sympa en soi, j’ai compté environ 3h avant de me lasser à découvrir de nouveaux niveaux.  Mine de rien, on accumule une certaine tension lorsqu’on essaye de se dépasser. Musculairement, j’ai eu tendance à me crisper sur la main gauche pour enchaîner les glissades sautées et les déplacements millimétrés. Associé à la précision nécessaire pour la visée et l’apprentissage des niveaux, cela demande un niveau de concentration réellement très élevé pour être efficace. La réussite est donc extrêmement gratifiante, mais en fonction de ses capacités, la lassitude est la traduction d’un découragement devant l’ampleur de la tâche, plutôt que de la répétition du gameplay. Car rien que sur les deux premiers actes, il y a une grande variété : tous les deux ou trois niveaux, une nouvelle arme, un nouvel ennemi ou de nouvelles mécaniques sont introduites.

Mais ce qui donne à Warstride Challenges ce petit goût de reviens-y, c’est son classement intégré et son système de « Nemesis ». On indique le nom d’un joueur, et son fantôme apparaît lors de nos runs. Même lorsque l’on n’est pas un grand compétiteur, ce qui est mon cas, quel plaisir de passer devant son pote pour quelques centièmes ! J’ai pu, comme cela, batailler plusieurs jours d’affilée avec un membre du forum, le dépassant un soir, lui, me redépassant le lendemain, puis moi ensuite, etc. Et pour les plus énervés d’entre vous, il y a le classement mondial, mais ce n’est clairement pas à la portée de tout le monde, les temps à atteindre paraissant surhumains.

Si vous voulez voir cela en mouvement, voici quelques extraits de mes nombreuses tentatives :

Taillé pour NoFrag

Warstride Challenges est vraiment une belle réalisation. Un concept qui ne rassemble que des choses connues, mais qui le fait vraiment très bien. De la vitesse, de la violence et du gros son pour comparer son e-penis avec ses copains, que demande le peuple ? Déjà assez fourni, de nombreux ajouts sont prévus jusqu’à la version finale, promettant encore plus de claviers pétés pour quelques dixièmes de secondes perdues. S’il faut pas mal de persévérance pour vraiment l’apprécier en solo, il révèle tout son potentiel si quelques amis y jouent aussi.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.