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Après avoir joué à F.E.A.R. 3 lors de la Gamescom en août 2010, nous étions très pessimistes concernant la qualité du jeu. Le fait qu’il soit développé par Day 1, un studio de développement totalement inconnu, au lieu de Monolith, n’avait rien de rassurant non plus. Les trailers ridicules, en particulier ceux réalisés par Carpenter, achevèrent de tuer le peu d’enthousiasme qui subsistait au fond des fans de F.E.A.R. que nous sommes.

Mais comme disent les sages femmes, quand on s’attend au pire, on n’est jamais déçu, et nous devons admettre que le bébé de Day 1 n’est pas l’aberration à laquelle nous nous attendions : [–SUITE–]

FOV vraiment nous laisser changer le FOV vraiment nous laisser changer le FOV vraiment…

De deux choses l’une : soit personne n’a acheté le jeu et il donc normal que personne ne se plaigne de problèmes techniques sur les forums, soit je suis une des rares personnes chez qui F.E.A.R. fait crasher mon GPU. Après de nombreux hardreboots forcés, j’ai dû ajouter l’option -d3d9 à la ligne de commande pour résoudre le souci. En dehors de ça, pas de crash, le jeu est beau, très fluide, on peut virer la VSynch, modifier les options graphiques, il n’y a pas de mouse smoothing, mais…

Quand Pinocchio se fit avaler par une baleine, avant d’allumer un feu pour faire éternuer le cétacé, il tenta de rejoindre la sortie par la porte de derrière. Tel Leroy Jenkins, il rampa à travers les intestins de la bête. Au terme de son périple, il put entrevoir le monde aquatique à travers l’anus de la baleine, mais le passage était si étroit qu’il fut contraint de rebrousser chemin. La suite de l’histoire, vous la connaissez. Ce que Pinocchio ignorait lorsqu’il observa les profondeurs de l’océan à travers le sphincter du mammifère, c’est que son maigre champ de vision servirait un jour de modèle au game designer de FEAR 3 pour régler le FOV du jeu.

Non seulement le champ de vision est beaucoup trop étroit, mais en plus le jeu vous impose du motion blur qu’il est évidemment impossible de retirer. Comme si ça ne suffisait pas d’avoir l’impression de jouer à partir du cul d’une baleine, tout devient flou lorsqu’on tourne la tête. J’ai réussi à m’y faire, mais ce ne sera peut-être pas votre cas. En tout cas, un patch pour régler ces options serait le bienvenu !

Ce sont des choix de design vraiment curieux, car en dehors de ces problèmes on n’a vraiment pas l’impression d’être face à un jeu console : certes, il y a des aides contextuelles dont on se passerait volontiers, mais les graphismes sont vraiment très fins, le moteur physique a le mérite d’exister et il y a un système d’éclairage dynamique. Aussi étonnant que ça puisse paraître, FEAR 3 est plus beau que FEAR 2 qui n’était déjà pas dégueu. Ca, c’est pour la version PC. Si la version consoles n’a pas évolué graphiquement depuis l’année dernière, attendez-vous à une sacrée déconvenue.

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On passe sur le multi

Oui, il y a un jeu de mot dans le titre de ce paragraphe. Bref, pour ne pas se retrouver en concurrence avec les modes de jeu ultra-populaires qu’on retrouve dans tous les autres FPS, les développeurs ont conçu quatre modes multi originaux. Enfin, originaux, il faut le dire vite : le premier est une pâle copie du mode Zombies de CoD où vous repoussez des vagues d’ennemis de plus en plus nombreux tout en renforçant des barricades et en achetant de nouvelles armes. Pourquoi pas.

L’autre mode de jeu coopératif, intitulé « Fucking Run », est déjà un peu plus fun : vous et vos trois camarades devez traverser un niveau à toute vitesse alors qu’un imposant mur de fumée mortelle s’étend derrière vous. Si un joueur se fait rattraper, c’est la fin de la partie. Les cartes sont divisées en quatre sections de une à deux minutes chacune. Sachant que dans la dernière vous croiserez des tourelles fixes et des mechas de combat, vous avez intérêt à ne pas trop vous attarder sur les ennemis que vous ne parvenez pas à éliminer rapidement. Fucking Run est rafraîchissant, certes, mais on s’en lasse tout de même rapidement.

F.E.A.R. 3 propose également deux modes de jeu compétitifs. Dans le premier, un joueur incarne un esprit errant qui peut posséder le corps des IA pour tuer les trois autres joueurs membres de la section F.E.A.R. Dans le second, les quatre joueurs incarnent des esprits tentant d’amasser le plus d’âmes possibles tout en éliminant leurs concurrents. C’est marrant, mais il y a peu de cartes et je doute que vous y passiez plus de quelques heures. Tous les modes de jeu se jouent à quatre et il n’y a pas de serveur dédié.

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Du solo à deux et du coopératif compétitif

Le principal intérêt de FEAR 3, c’est sans aucun doute sa campagne solo qui est jouable également en coop. Elle ne contient que huit chapitres de 30 à 40 minutes. Un joueur normal en viendra donc à bout en moins de 5 heures, mais le vétéran que vous êtes peut très bien boucler tout ça en 3h, surtout s’il joue en difficulté moyenne, en coop et qu’il zappe les cinématiques. Une campagne de moins de 5h, ça peut sembler court, mais pour une fois le jeu propose vraiment une bonne rejouabilité.

Une fois le jeu terminé, vous débloquez un quatrième niveau de difficulté ainsi que la possibilité de jouer avec le frère du Point Man : là où ce dernier ralentit le temps, Fettel peut habiter le corps des ennemis ce qui propose un challenge tout autre. Sans le bullet time, il est beaucoup plus compliqué de se tirer d’affaire face à une situation difficile, surtout que les corps possédés par Fettel ne durent pas éternellement et qu’il est important de bien gérer son énergie psychique pour ne pas se retrouve à poil devant une armée de soldats sanguinaires surentraînés.

Enfin, vous pourrez recommencer le jeu une troisième fois en coop en incarnant chacun un des deux frères. Là où ça devient rigolo, c’est que le jeu possède deux fins différentes et que vous aurez intérêt à gagner les faveurs d’Alma si vous voulez que votre personnage sorte victorieux. Pour y parvenir, il faut marquer des points, et pour marquer des points, vous devrez voler les frags de votre pote pour réussir plus de défis. Les challenges qui rapportent le plus de points consistent à enchaîner des frags sans se faire blesser, à tuer un maximum de personnes avec une seule grenade, etc. En plus de vous attirer les faveurs d’Alma, les points vous permettent d’améliorer votre énergie psychique, votre capacité de récupération, mais aussi de transporter plus de munitions et de grenades.

Même si le coop peut sembler plus attrayant, je vous conseille de jouer une première fois en solo, car FEAR 3 reste un jeu d’ambiance et il est difficile d’apprécier une cinématique ou un dialogue alors que votre pote fait des pets avec ses aisselles à l’autre bout du micro pour vous faire rire. De plus, si vous ne débloquez pas d’abord la difficulté « Insane », vous risquez de vous ennuyer un peu en coop…

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Du gore rouge qui tâche

Les jeux effrayants sont rares, très rares. Pour y parvenir, ils créent un sentiment d’insécurité ce qui n’est pas une mince affaire dans un FPS comme F.E.A.R. où vous possédez la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours. Face à un joueur capable de massacrer tous types d’adversaires, la seule chose qui reste effrayante, c’est l’absence d’adversaire. Le premier F.E.A.R. utilisait un rythme bien particulier où, durant de longues minutes, le joueur était confronté à des phénomènes paranormaux ou tout simplement à rien du tout… Face à l’inconnu, incapable de se défendre bien que la menace soit purement virtuelle, le joueur était presque soulagé de voir réapparaître des ennemis mortels, mais contre lesquels il était en mesure d’agir.

F.E.A.R. 3 adopte un rythme plus proche des FPS conventionnels où les scènes d’action s’enchaînent rapidement. Il y a des cadavres dans tous les sens, des adversaires monstrueux dont on voit la tronche en gros plan et des flots d’hémoglobines. C’est de l’horreur très visuelle qui peut parvenir à dégoûter ou à choquer, mais qui ne fait pas plus peur que les bons vieux films gores qu’on regardait en rigolant lors notre puberté. Ce n’est pas mauvais pour autant, c’est même plutôt fendart, mais ne vous méprenez pas : F.E.A.R. 3 ne fait pas P.E.U.R.

Intelligence Artificielle Très Agressive

Pour vous donner une idée du gameplay et du level design, je pense qu’une vidéo est plus parlante qu’un long discours :

Ça change des vidéos prises sur console

Mais après avoir enregistré cette séquence en difficulté moyenne, je me suis rendu compte que mon style un peu trop agressif ne montrait pas l’IA sous son meilleur jour. En découvrant le jeu et en jouant avec le troisième niveau de difficulté, on est forcé d’adopter un style plus conventionnel. C’est lorsqu’on se met à couvert et qu’on joue prudemment que l’IA commence à montrer sa vraie valeur : elle vous débusque à l’aide de grenades, utilise les tirs de suppression et exploite les niveaux qui sont conçus pour permettre aux adversaires d’arriver de tous les côtés. A vous alors de rester mobile et d’exploiter à fond la puissance des armes pour surmonter les combats qui, bien qu’ils ne soient pas très difficiles, challengent votre sens du combat et vos réflexes et non votre capacité à rester planqué derrière une caisse en tirant sur les têtes qui dépassent. Les combats sont donc aussi jouissifs que ceux du premier F.E.A.R., il ne leur manque que les particules et la fumée volant dans tous les sens pour être visuellement aussi impressionnants.

Divertissant le temps d’un week-end

Grâce à l’IA agressive et à la conception du level design, les affrontements sont dynamiques et violents. La campagne solo, qui offre huit chapitres et une bonne diversité, se boucle en moins de 5h, mais offre une réelle rejouabilité grâce au mode coopératif et au deuxième personnage que vous débloquez à la fin du jeu. Les quatre modes multi se démarquent par leur originalité et leur côté fun, mais ne constituent qu’un petit bonus dont vous pourriez rapidement vous lasser.

Plus conventionnel que le premier épisode, F.E.A.R. 3 se focalise sur l’action et, malgré la débauche d’hémoglobine, ne fait pas vraiment peur. Il n’apporte rien au genre, mais n’en est pas moins agréable à jouer et vous occupera le temps d’un week-end… A condition que vous supportiez de jouer avec un FOV aussi étroit.

Merci à StheNn et Cireme pour les screenshots.

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