Nous sommes en 2018 : alors que Benalla fracasse du manifestant en toute impunité, Rainbow Six Siege accueille l’opération Chimera. Cette dernière contient un mode de jeu PvE coopératif limité dans le temps, nommé Outbreak. Se rapprochant plus ou moins d’un Left 4 Dead, l’expérience proposée changeait drastiquement de la formule habituelle proposée par Siege. Un an après sa disparition, Ubisoft ramena le mode sur le devant de la scène sous la forme d’un projet de jeu complet : Rainbow Six Quarantine. Le titre fut ensuite reporté plusieurs fois, changea de nom, vit son prix baisser et fut prévu pour intégrer le catalogue du Xbox Game Pass dès sa sortie. Autant vous dire que toutes ces annonces ne nous avaient pas rassuré quant au destin de Tom Clancy’s Rainbow Six Extraction. Et, après avoir passé un certain nombre d’heures en zone contaminée, il s’avère que l’on avait raison de se méfier.

Genre : FPS coopératif | Développeur : Ubisoft | Éditeur : Ubisoft | Plateforme : Ubisoft Store, EGS, Microsoft Store (inclus dans le Xbox Game Pass) | Prix : 40€ | Configuration recommandée : AMD Ryzen 5-1600 / Intel Core i7-4790, 16GB RAM, NVIDIA GeForce GTX 1660 6GB / AMD RX 580 8GB | Langues : audio en anglais, texte en français | Date de sortie : 20 janvier 2022

Test effectué sur une version éditeur.

Installation d’art contemporain, ou infestation extraterrestre, la question se pose

La parasitologie pour les nuls

Dans Outbreak, un méchant parasite extraterrestre, nommé Chimera, venait mettre le dawa dans la charmante bourgade de Truth Or Consequences (qui, malgré son nom étrange, existe). De vaillants opérateurs de Rainbow Six Siege venaient alors rétablir la loi et l’ordre à coup de 5.56 dans la plus grande des traditions américaines. Dans le lore de Rainbow Six Extraction, la situation a évolué depuis les événements qui se sont déroulés dans la petite ville du Nouveau-Mexique. Le parasite a émergé à d’autres endroits du globe : New York City, Los Angeles et l’Alaska ont été touchés (ce dernier est sûrement un fin amateur de la gastronomie du pays de Kanye West, comme beaucoup d’autres entités extraterrestres). Le monde s’est donc mobilisé afin de monter une organisation nommée REACT, qui a pour but de contenir et d’étudier ce nouvel ami de l’humanité. De nombreux opérateurs de Rainbow Six Siege se sont donc reconvertis, et ont fini ingénieurs de recherche, spécialité parasitologie et éradication de nuisibles. Ces derniers sont nommés les Archéens, et sont basiquement des créatures humanoïdes avec une passion pour l’acupuncture et différentes capacités. Certaines voudront vous empaler avec leurs bras taillés en pointe, d’autres chercheront à exploser près de vous, et d’autres encore ont passé trop de temps à la salle, et ont fini par être de véritables tanks, recouverts à 90% d’une épaisse carapace. Vous croiserez aussi lors de vos expéditions, des nids, d’où émanent les Archéens et vous finirez obligatoirement par marcher dans du “sprawl”, une des quelques bonnes idées de Rainbow Six Extraction. Le “sprawl” est une substance noire, sensément composée de cellules parasitaires agglomérées, qui se répand sur les surfaces et qui, concrètement, réduira votre vitesse de déplacement. Généralement vous commencerez dans des niveaux relativement épargné par la matière, qui diffusera au fur et à mesure, afin de vous mettre des bâtons dans les rangers. Et bien entendu, vos nouveaux meilleurs amis sont insensible à son effet.

Sûrement un amateur de médecine traditionnelle chinoise

Expédition de terrain

Dans Rainbow Six Extraction, vous allez donc devoir faire des expéditions dans les zones contaminées par le parasite Chimera et où rodent les Archéens. Le principe est que chaque niveau est divisé en trois sous-sections, qui seront toujours les mêmes, mais dont l’ordre de visite pourra être modifié. Dans chacune de ces dernières, les joueurs auront 15 minutes pour remplir un objectif, aléatoirement choisi parmi une dizaine de possibilités. Ils devront, par exemple, éliminer une cible, planter des traqueurs sur un nombre défini de nids, récupérer un scientifique un peu perdu dans la zone contaminée sans qu’il finisse en engrais pour Archéens, ou encore déployer de la mousse expansive en super polyuréthane anti-parasite à séchage rapide sur des structures épineuses extraterrestres. Une fois leur basse besogne accomplie dans une des sous-sections, les opérateurs pourront passer à la suivante, pour accomplir un nouvel objectif. Mais la menace alien sera bien entendu un peu plus forte dans chacune des nouvelles zones. Si la mission tourne à la Bérézina, ou que les joueurs estiment qu’ils ne pourront pas remplir un objectif de plus, ces derniers auront la possibilité à tout moment de prendre la tangente en demandant leur extraction. Chaque tâche effectuée rapporte un certain nombre de points d’expérience, et, vous vous en doutez, la première sous-section d’un niveau vous apporte moins d’XP que la dernière. Cette dernière permettra à vos opérateurs de prendre du galons, et vous donnera accès à du nouveau matériel et de nouvelles zones.

Ça marche aussi avec les aliens

On abandonne personne

Petite subtilité intéressante, tout du moins sur le papier, si un joueur tombe au combat en mission ou ne parvient pas à s’extraire, il sera considéré comme MIA (Missing In Action). L’opérateur envoyé au front ne sera donc pas disponible pour les prochaines expéditions du joueur. De plus, il faudra que vous alliez le récupérer dans le niveau dans lequel il a été perdu, afin de le rendre de nouveau opérationnel et d’éviter une perte d’expérience. Ce n’est pas le seul élément persistant entre deux missions, la santé des opérateurs est également concernée. En gros, si vous vous prenez des mandales pendant une opération, votre Sledge préféré risque de revenir un peu cassé au QG. Sa santé ne remontera pas directement au max à la fin d’une mission, et vous devrez potentiellement vous passer de votre opérateur préféré, et de sa jolie masse, pendant quelques expéditions. Rainbow Six Extraction force les joueurs à changer leurs habitudes, et ce n’est pas plus mal, car sinon il est probable que tout le monde finirait par utiliser les personnages ayant accès à des LMGs.

La forme du parasite surnommée affectueusement « l’arbre à câlins »

Comme une impression de déjà-vu

Rainbow Six Extraction reprend le cœur de Siege, et si vous avez touché au FPS PvP phare d’Ubisoft, vous ne serez pas dépaysés. Le gunplay et les mouvements y sont identiques, et toujours aussi efficaces. Les déplacements sont relativement lourds (et malheureusement vous êtes toujours cloués au sol) et l’utilisation des armes reste plutôt plaisante. Ces dernières ont d’ailleurs toutes été reprises de Siege, et il en va de même pour les opérateurs et leurs compétences. Les capacités proposées sont, la plupart du temps, des répliques exactes de ce que vous pouvez trouver dans le jeu original. Et si certaines sont parfaitement adaptées, la masse de Sledge éclatant aussi bien les crânes d’aliens que le placo, d’autres font tâches. Je pense à toi, Fuze et tes clusters charges inutiles. Et même si des équipements spécifiques ont été conçus pour la chasse au parasite, difficile de ne pas y voir un peu de recyclage. Mais qu’importe, la base Rainbow Six Siege est bonne, Ubisoft reste une petite PME française et les économies c’est important. Ce n’est pas vraiment ça le souci principal d’Extraction.

Amateurs de skins, rassurez-vous, la boutique est prête

C’est le jour de la marmotte

Non le problème c’est que passé les trois ou quatre premières heures de découverte, l’ennui débarque et s’installe durablement. Vous allez répéter ad nauseam les mêmes objectifs, et au bout de la huitième biopsie réalisée à coup de Ka-Bar, ou du douzième sabotage de flèches aliens, je suis prêt à parier que vous n’allez plus trop vouloir enfiler votre combinaison NRBC. Rainbow Six Extraction n’offre aucun moment fort ou particulièrement marquant. Passé l’étape la découverte, on rentre dans les niveaux en mode pilote automatique, on cherche l’objectif au plus vite, on le remplit, et on passe à la zone suivante. Le tout sans trop se poser de question, sans trop stresser, puisque de toute façon, rien n’a de conséquence : un objectif raté ? Pas grave ça me fera juste un peu moins d’expérience ; je finis MIA ? OSEF, ça me fera un objectif facile lors de la prochaine sortie ; les Archéens m’ont repéré et ont appelé leurs potes ? Tant pis, j’ai 1500 cartouches pour mon P90 qui n’attendent qu’une chose. Pas besoin d’élaborer des tactiques léchées, ou de faire particulièrement attention à rester furtif, la plupart du temps vous pourrez très bien vous en sortir en faisant parler la poudre ou en courant dans tous les sens, et cela même dans le mode de difficulté maximum. Ce sentiment de répétitivité n’est également pas aidé par les niveaux en eux-mêmes. Les environnements proposés sont certes variés, mais le level design est relativement sommaire. Les couloirs étriqués et les zones légèrement plus ouvertes s’enchaînent et se ressemblent, et malheureusement aucun niveau ne nous reste à l’esprit.

Merci le Xbox Game Pass

Rainbow Six Extraction recycle beaucoup des éléments de Siege, ce qui lui offre une base de gameplay solide. Le nouveau titre coopératif d’Ubisoft développe également quelques idées intéressantes comme le “sprawl” ou encore la mécanique des opérateurs MIA. Cependant, la proposition ne tient pas du tout sur la durée, et passé la découverte, le jeu montre rapidement ses limites et sombre dans une répétitivité certaine. Pire encore, Rainbow Six Extraction n’offre jamais de moment marquant, et sitôt une mission terminée, elle est déjà oubliée. Il est possible que l’ajout de contenu post-lancement, déjà prévu, aide à améliorer la situation, mais la structure même du jeu ne nous pousse pas à l’optimisme quant à son avenir. À l’instar de Back 4 Blood, sa présence sur le Xbox Game Pass pourrait tout de même vous permettre de passer deux ou trois bonnes soirées entre amis à moindre frais, mais n’espérez pas en faire votre jeu coop de l’année.

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10 Commentaires


  1. Le skin Stray Sphynx, ça résume bien Ubisoft.
    Cet éditeur est en mort cérébrale.

  2. J’ai commencé à regarder la vidéo de gameplay 30s, puis j’ai arrêté ça ne m’attire pas du tout vu comme c’est générique. Encore un titre ubi à mettre dans la liste des jeux nazes, ils sont forts pour ça quand-même.

  3. J’ai acheté Far Cry 6, je ne sais même pas pourquoi…
    Vous pouvez me jeter des trucs.

  4. Perso j’apprécie, quand on n’a pas forcément trop de temps pour jouer ni d’équipe complète toujours dispo sur discord, je le trouve bien plus plaisant que GTFO (outre le fait que le gungplay est top). Pour les amateurs de coop, vu le prix ce serait con de passer à côté ne serait-ce que pour quelques soirées.

  5. … je le trouve bien plus plaisant que GTFO…

    Je ne pense qu’on puisse les mettre dans le même panier, GTFO c’est pour ceux qui aime les jeux coop exigeants. Extraction c’est plutôt du genre petite balade pepouz entre potes j’ai l’impression.

  6. J’y joue un peu en ce moment et je dois bien avouer que d’une, il est très agréable de jouer à un jeu AAA correctement fini (c’est suffisamment rare depuis ces deux dernières années pour être souligné), et de deux, je m’y amuse.

    Extraction c’est plutôt du genre petite balade pepouz entre potes j’ai l’impression

    Dans le premier mode de ditficulté, oui. Mais honnêtement, ce mode fait office de tutorial. Par contre, dès que l’on monte d’un cran, c’est beaucoup plus tendu.

    Et il y a le mode Maelstrom pour les plus masos.

    J’ai du mal avec les dernières productions d’Ubi, mais Extraction me semble être avoir bénéficié d’un peu plus d’attention.

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