Peut-être connaissez-vous la SCP Fondation, une compilation de fanfictions tournant autour d’anomalies dans le monde réel qui seraient cachés par ladite fondation pour le bien de l’humanité. Les membres inventent de petites histoires, qui penchent parfois du côté des creepypastas, parfois du côté des récits loufoques, et bien souvent, la cause du problème est un élément qu’il faut confiner derrière d’épaisses portes blindées. C’est dans cet univers que GameZoo Studio a décidé de développer SCP: Secret File, mélangeant les genres, pour le pire comme pour le meilleur. N’étant pas franchement fan de jeux d’horreur – et c’est un euphémisme, une partie du jeu, pourtant bien réalisée, m’a été particulièrement déplaisante. Et le reste, une alternance d’histoires amusantes et de mini-jeux sans intérêt.

Genre : Anthologie de courts FPS horrifiques et bric-à-brac d’autres trucs | Développeur :  GameZoo Studio | Éditeur : Pixmain | Plateforme : Steam | Configuration recommandée : Intel i7-3770 ou équivalent AMD, NVIDIA GTX 1660 / AMD Radeon RX 590, 16Go de RAM Prix : 12,49 | Langues : VOST en français | Date de sortie :  13/09/2022 | Durée de vie : 5 heures

Test réalisé sur une version éditeur.

SCP: Secret File la bonne ambiance
La bonne ambiance

Ha, mais c’est un jeu d’horreur ? Je n’avais pas compris ça…

Disons-le tout de suite, le jeu d’horreur, ce n’est pas ma tasse de thé. Mais pourquoi donc me suis-je lancé dans SCP: Secret File ? Principalement à cause de ces fucking tags Steam ! « Aventure », « Riche en récits », « Atmosphère », « Mystère »… Alors avis aux lecteurs, ne vous y trompez pas, c’est bien un jeu d’horreur, et même plus : c’en est une anthologie. Une bonne partie de l’expérience consiste en des séquences très classiques : des jump scares qui se sentent souvent à des kilomètres et des gros monstres invincibles qu’il faut fuir au hasard de couloirs avec des culs-de-sac, histoire d’être quasiment sûr de se retaper le passage plusieurs fois.

Mais n’allons pas trop vite en besogne et revenons au pitch du jeu. Nous incarnons un nouvel employé de la SCP: Fondation, dont le but est de sécuriser, contenir et protéger des centaines d’anomalies, allant de la machine à café magique, au monstre marin de 600 Km de long, en passant par un script de pièce de théâtre maléfique. Notre job se passe aux archives, et nous devrons classer divers dossiers sous forme de texte et d’autres dans lesquels nous incarnons le sujet en question à travers différents styles de gameplay.

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D’un point de vue technique, les parties exploration/horreur, qui représentent la majeure partie du jeu, sont correctement réalisées : la direction artistique est très chouette et les décors sont inquiétants. La musique est ridiculement stressante, mais nécessaire pour poser l’ambiance. Comme souvent, il suffirait de mettre la Compagnie Créole à la place pour que l’on bascule dans du burlesque. Quoi qu’il en soit, c’est du vu et revu : on collecte des documents, bien souvent, un jump scare survient après les avoir lus, parfois on croise un gros monstre que l’on doit fuir jusqu’à atteindre un checkpoint, puis on continue l’exploration. Je soupçonne d’ailleurs un bug, car il m’est arrivé de mourir en boucle une dizaine de fois, car je me faisais rattraper sans pouvoir rien faire… Pour en rajouter une couche, le principe est complètement con, car on est censé être en train de lire ou voir un rapport de la personne que l’on incarne. Comment pourrait-elle mourir ? Cela brise complètement l’immersion, ce qui est un peu dommage. D’autre part, ces séquences sont extrêmement dirigistes, on ne peut que suivre le script à la lettre. À certains moments, on est amené à résoudre des puzzles, sans doute trouvés dans un cahier de vacances niveau CM2. Cependant, les histoires racontées sont vraiment bonnes – par rapport aux autres jeux d’horreur, mais il faut noter qu’elles sont toutes issues de la base de données de la SCP fondation, qui est libre de droits. Au moins, le jeu n’a pas dû coûter trop cher en scénaristes.

SCP: Secret File
Cette histoire bénéficie d’une très bonne mise en scène.

Certains choix douteux

Si l’on met de côté les parties en vue FPS, SCP: Secret File nous place devant deux autres types de gameplay, qui sont franchement peu inspirés, à la limite du jeu flash. Le premier est une sorte de jeu de rythme mou du bulbe qui intervient pendant une séquence censée se dérouler dans un livre pour enfant. Si l’esthétique globale de cette histoire est une vraie réussite, c’est sans doute la moins bonne au niveau écriture et proposition ludique. Le second se présente sous une vue 3D isométrique avec des graphismes ni franchement rétro, ni modernes, mais juste très moches. Il suffit juste de péniblement déplacer son personnage pour avoir la suite. C’est dommage, car pour le coup, cette histoire est plutôt amusante. On a presque l’impression que c’est uniquement là pour rallonger un peu le jeu à moindre coût, qui, malgré cela, se boucle facilement sous les cinq heures. On aurait préféré découvrir encore d’autres dossiers en incarnant les protagonistes en vue subjective plutôt que d’avoir ces phases complètement hors sujet. La fin du jeu, particulièrement abrupte, fait d’ailleurs penser qu’une suite se prêterait bien à un format épisodique.

Entre tous ces moments de pur jeu vidéo, on est également amené à archiver des dossiers. On se retrouve alors à lire des informations à propos d’un SCP en particulier, et il suffit de cliquer sur trois à quatre liens dedans pour constituer l’archive et passer à la suivante. Si l’aspect ludique est complètement absent ici, au moins, les histoires proposées sont intéressantes et parfois rigolotes. Mais pas sûr que l’on aurait eu un moins bon résultat en ouvrant au hasard la base de données du site internet. Au moins, sur celui-ci, on peut profiter de l’entièreté de son écran…

Vous pouvez voir un petit aperçu en mouvement dans cette vidéo pas trop longue, histoire de pas trop spoiler :

Mi-figue, mi-raisin

Pour un premier jeu d’un studio indépendant, on ne peut pas dire que c’est nul. Les histoires racontées, toutes issues de la SCP Fondation sont très bonnes. Et les séquences en vue FPS sont techniquement et artistiquement de très bonne facture, mais c’est de l’horreur classique pas originale pour un sou. Les deux autres genres de gameplay sont, par contre, complètement anecdotiques et font tache dans la proposition. Même si j’ai personnellement détesté les passages strictement horrifiques, j’ai tout de même été déçu par la brièveté de l’expérience globale qui ne dépassera pas les cinq heures. SCP: Secret File n’est à réserver qu’aux fans du genre, et encore, uniquement quand il sera en promo.

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5 Commentaires


  1. Je l’ai lancé sans avoir la moindre idée de ce que le jeu allait être et malgré un premier chapitre assez naze et des intermissions qui trainent en longueur, le jeu a su me surprendre et me tenir en haleine. Le final est assez abrupt mais laisse présager une suite. C’est un OVNI comme on en voit quelques fois et je suis content qu’il soit testé ici.

  2. C’est là qu’il faut inventer un moteur procédural qui puisse générer un niveau de chaque anomalie (ou presque) sur commande.
    Ça, ce serait incroyable et ça ferait l’effet d’une petite bombe dans le le milieu.

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