Depuis quelques années, les développeurs de M2H se sont spécialisés dans les FPS multijoueurs se déroulant pendant la Première Guerre mondiale. Ils ont commencé avec Verdun, qui nous a emmené sur le front de l’ouest en 2015. Ils ont enchaîné avec Tannenberg en 2019, là où les joueurs étaient envoyés se battre en Europe de l’est. Et cette année, avec Isonzo, c’est le front italien qui a été choisi. On oublie donc les tranchées de la Picardie et les villages polonais dévastés, et on se dirige vers les Alpes, pour des batailles opposant le Royaume d’Italie et l’Empire austro-hongrois.

Genre : FPS WWI “authentique” | Développeur :  M2H et BlackMill Games | Éditeur : BlackMill Games | Plateforme : Steam et l’EGS | Configuration recommandée : Intel Core i7-6700K / AMD Ryzen 5 3600, NVIDIA GeForce GTX 1070 / AMD Radeon RX 5800, 16 GB de RAM | Prix : 30€ | Langues : textes en français, audio en italien et en allemand | Date de sortie :  14/09/2022 | Durée de vie : illimitée

Test réalisé sur une version éditeur.

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Avanti Savoia !

Isonzo propose donc aux joueurs de revivre quelques échauffourées qui ont eu lieu au nord de l’Italie en 14-18. On peut donc déjà saluer les développeurs de M2H pour leur originalité. Le front Italien est rarement utilisé dans nos simulateurs de meurtre, et je n’ai que la carte Monte Grappa de Battlefield 1 qui me vient en tête en pensant à ce dernier. D’ailleurs, si vous avez joué au titre de DICE, le principe de l’unique mode de jeu d’Isonzo devrait vous rappeler quelque chose, puisqu’il s’agit, à peu de chose près, du sympathique mode “Percée” présent dans les derniers opus de la franchise suédoise. 

Dans “Offensive” donc, une équipe de 24 joueurs attaque, l’autre défend, et contrairement à Verdun, il n’y aura pas d’inversion des rôles durant la partie. Les attaquants doivent s’emparer de points de contrôle et/ou détruire certains objectifs afin de passer aux secteurs suivants, et cela jusqu’à la victoire. Logiquement, les défenseurs quant à eux essayent d’empêcher les assaillants d’avancer, et doivent donc faire fondre leur réserve de tickets pour l’emporter. Cette dernière est cependant rechargée si les attaquants arrivent à prendre un secteur.

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Sur le champ de bataille, les joueurs peuvent construire différents éléments, sur des emplacements définis, pour simplifier la vie de leur équipe : des postes avancés servant de points de réapparition, des barrières de barbelés, des nids de mitrailleuses, des mortiers, ou encore des canons de montagne. Si cela ne suffit pas, les ingénieurs seront également en mesure de déployer quelques défenses supplémentaires, comme des sacs de sable ou des boucliers de sniper, de manière plus ou moins libre. 

Chair à canon

Comme dans les jeux précédents du studio, des bots viennent remplir les serveurs en manque de joueurs. Pas de miracle, ils sont toujours cons comme des briques, mais attention, les bougres ont de bons réflexes.

Puisque oui, dans Isonzo, tous les joueurs doivent choisir une classe parmi cinq. En plus de l’ingénieur, vous pourrez donc être un simple fusilier et servir de chair à canon, un soldat d’assaut pour avoir accès à un fusil-mitrailleur, un tireur d’élite si vous aimez vous la jouer lâche, un alpiniste histoire d’aider vos camarades à repérer les ennemis, ou enfin un officier, de loin la classe la plus intéressante à jouer. Ces derniers vont être là pour essayer tant bien que mal de cadrer les troupes, mais surtout pour envoyer des appuis tactiques. Et histoire d’en rajouter un peu plus au bordel ambiant, les officiers peuvent donc demander des frappes d’artillerie, des bombardements aériens, et, comme le protocole de Genève de 1925 n’a pas été signé, du largage de gaz toxiques.

Sur le papier, Isonzo tient donc une proposition classique, mais efficace. La découverte du front italien est plaisante, et parfois, le jeu arrive à proposer des moments épiques : des défenses héroïques sous l’artillerie adverse, aux charges désespérées à travers les nuages de gaz moutarde. Mais malheureusement, après quelques parties, le titre de M2H montre ses limites, et peut même se révéler frustrant pour les joueurs peu résilients face aux morts à répétition, ou au grind.

Que la montagne est belle pénible

Les six cartes que propose Isonzo sont artistiquement très réussies, et la variété est au rendez-vous. Les Alpes italiennes offrent des décors originaux et parfois spectaculaires, et les premiers assauts à flanc de montagne impressionnent. Les développeurs de M2H ont fait des progrès depuis Verdun et Tannenberg, et même si le jeu n’est pas techniquement au niveau d’un AAA à 20 milliards de dollars, il arrive de temps en temps à flatter la rétine. Cependant, le level design de ces cartes est assez limité, et malheureusement un peu redondant.

Les niveaux sont étroits et laissent généralement peu de marge de manœuvre. De plus, ils sont souvent construits de la même manière : le camp des assaillants, un mur de barbelés s’étendant sur toute la largeur de la carte, le poste avancé des défenseurs, deux points de réapparition que les attaquants doivent capturer, et finalement les deux objectifs. On passe au secteur suivant et rebelote. Même si des rivières ou des ponts viennent casser la routine de temps en temps, et que certains niveaux offrent un peu de verticalité, le level design manque peut-être un peu d’excentricité. Après, je suppose que les développeurs voulaient garder une certaine “cohérence historique”.

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De plus, les murs de barbelés ne sont franchissables qu’à certains endroits. Le combat se focalise souvent sur quelques goulets d’étranglement, facilement défendables, au grand dam des attaquants. Dans certaines parties, ces derniers se casseront les dents encore et encore sur les trois mêmes passages, sans parvenir à prendre pied dans le territoire adverse. Les joueurs en attaque les moins patients pourront rapidement se sentir frustrés, après s’être fait démembrer 15 fois d’affilée par l’artillerie adverse sans rien pouvoir faire.

C’est du propre

Rien à déclarer niveau performance, sur ma configuration (i7 7700K, RTX 2070 et 32 GB de RAM) le jeu tournait TAF à 80-90 fps constamment en 1080p. Aucun bug gênant n’a été constaté, et le jeu n’a pas crashé une seule fois durant les sessions de test.

Et malheureusement, sur Isonzo, il est dur de planifier un assaut coordonné pour surmonter une impasse. Les outils sont certes peu nombreux, mais ils ont le mérite d’exister. Le jeu dispose d’un système de VoIP. Les deux officiers par équipes peuvent donner des ordres de défense ou d’attaque et dessiner des petites flèches sur la carte pour essayer d’organiser les manœuvres, etc. Mais rien n’y fait, en 12h de jeu, je n’ai vu personne utiliser son micro, en général tout le monde fait son petit truc dans son coin, et certains n’ont a priori pas compris le principe puisque j’ai souvent constaté que certains assaillants préféraient camper du mauvais côté des barbelés. Le système d’escouade n’arrange pas non plus les choses, puisque son intérêt est très limité. Les joueurs sont regroupés par quatre, mais il n’y a aucune restriction de classe (les deux officiers peuvent par exemple se retrouver dans la même squad), et très peu de jeu en équipe. Vos camarades vous serviront essentiellement de points de réapparition ambulants.

Du grind et des oneshots

En parlant des classes, celles-ci pourraient permettre d’apporter un peu de variété dans le gameplay d’Isonzo. Malheureusement, le jeu est doté d’un système de progression actuellement assez pénible. Les joueurs devront jouer pendant un long moment avec chaque classe pour avoir accès à du nouveau matériel et des options de personnalisation. La montée en niveau est lente, et la plupart de ces derniers ne servent littéralement à rien. Par exemple, vous n’obtiendrez absolument rien du niveau 1 au 5. À quoi servent donc les niveaux, 2,3 et 4 ? À flatter notre cerveau reptilien avec des chiffres plus importants ?

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L’arthrose, ce fléau

La palette de mouvement d’Isonzo est restreinte, et vous êtes a priori aux commandes de soldats arthritiques. N’espérez pas pouvoir utiliser le lean, ou même sprinter accroupi.

Enfin, Première Guerre mondiale oblige, la plupart des joueurs devront se coltiner des fusils à verrou la majorité du temps. Mais après tout, là aussi, historiquement, cela est plutôt cohérent. Je ne pense pas que le troufion de base italien maniait l’absurde Villar Perosa. Mais l’omniprésence de ces armes extrêmement létales et précises fait que le gameplay d’Isonzo ne va pas plaire à tout le monde. C’est la fête au oneshot ! Et vous avez tout intérêt à être passé récemment chez l’ophtalmo, puisque très souvent c’est le premier qui voit son adversaire qui l’emporte. Tous les duels se règlent à vitesse grand V, et cela même à longue distance, puisque la plupart des armes donnent l’impression de fonctionner en hitscan. C’est un style qui divise, et qui sera source de frustration pour certains joueurs, qui seront déjà sous tension à cause des nombreuses morts injustes liées aux bombardements et aux frappes d’artillerie. Mais que voulez-vous, c’est la Première Guerre, alors avanti soldato !

Un pas en avant, un pas en arrière

Si techniquement et artistiquement Isonzo a fait un réel pas en avant vis-à-vis des précédents titres du studio, certaines spécificités du front italien feront grincer des dents les nouveaux joueurs et les vétérans de Verdun et de Tannenberg. Le mode de jeu proposé et le design des cartes actuels, ne facilitant pas le travail des assaillants, risquent de frustrer pas mal de monde. Et ce n’est pas l’absence totale d’organisation en partie ou le laborieux système de progression qui vont arranger les choses. Je ne vous cache pas avoir passé de bons moments sur le jeu, mais difficile de le recommander à tous types de joueurs. Si les morts injustes et les assauts désespérés ne vous dérangent pas, Isonzo pourrait être votre came. Si vous emplafonnez votre écran dès lors que vous vous faites oneshot par un buisson et que votre KD est inférieur à 1, passez votre chemin pour le moment.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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