Début 2019, Bright Memory: Episode 1 était publié sur Steam. Il s’agissait d’un petit FPS teinté d’éléments de Beat’Em Up développé sur son temps libre par un seul développeur. Le titre fut un succès commercial surprise et son créateur décida de retravailler intégralement sa copie pour en faire un projet plus complet, nommé Bright Memory: Infinite. Mis en avant lors d’une conférence Xbox, le titre promettait des visuels haut de gamme, un gameplay dynamique et un univers foutraque mélangeant allégrement science-fiction et fantaisie – un projet terriblement ambitieux pour une toute petite équipe de développement. Après pas mal de teasing, le jeu sort finalement aujourd’hui, l’occasion de répondre à cette question : Bright Memory: Infinite, véritable nanar ou incroyable tour de force ? Comme souvent, la réalité se situe entre les deux.

Genre : FPS solo linéaire | Développeur : FYQD-Studio | Éditeur : FYQD-Studio, PLAYISM | Plateforme : SteamGOG | Configuration recommandée : Intel Core i7-4790K / AMD FX-9590, 16G de RAM, Nvidia GTX 1060 / (Ray Tracing en High) RTX 3080 / (Ray Tracing en Moyen) RTX 3060 Prix : 17| Langues : Audio en anglais, textes en VF | Date de sortie :  12 novembre 2021 | Durée de vie :  moins de 2h en Normal

Test réalisé sur une version éditeur. Notez qu’un bug dans la version pre-release m’a empêché de changer la langue des textes et que j’ai fait tout le jeu en chinois simplifié, mais cela devrait être corrigé pour la sortie. Ceci dit, ça m’a fait travailler ma maîtrise des sinogrammes, alors c’était un mal pour un bien…

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Le Grand Méchant d’heroic-fantasy générique. Rassurez-vous, il y a aussi un Grand Méchant militaire générique !

Les mystères de Pékin

Certains d’entre vous sont peut-être familiers avec le plaisir de regarder un bon vieux nanar. Pour les autres, imaginez : une poignée de potes sur le canapé, quelques bières accompagnées de chips et, surtout, un film raté à visionner. Voilà, vous avez la recette pour passer une hilarante soirée à observer le naufrage de mauvais acteurs tentant péniblement de nous faire croire à un scénario souvent grotesque. Hé bien, Bright Memory: Infinite, niveau histoire et narration, nous fait un peu ressentir la même chose. Jugez-en par vous-même ! Nous sommes en 2036. Alors que la Chine fête le nouvel an, des phénomènes paranormaux emplissent le ciel. Shelia, membre d’une organisation étudiant le surnaturel, s’envole dans son vaisseau du futur pour rejoindre un trou noir. La voilà projetée dans un monde parallèle dans lequel elle devra affronter une terrible corporation militaire ainsi que des soldats démoniaques tout droit sortis d’un univers d’Heroic Fantasy. Le but des Grands Méchants ? Prendre le contrôle du monde entier grâce à un artefact magique surpuissant qui crée des trous noirs. Un scénario à la fois ridicule et incompréhensible qui sert à peine de justification à tout un tas de situations rocambolesques et outrancières, pour le plus grand plaisir des amateurs d’histoires ringardes. Par contre, si vous êtes du genre à chercher des métaphores profondes et des critiques sociétales dans votre jeu vidéo, vous êtes clairement au mauvais endroit… Mais, après tout, si c’est vraiment ce que vous recherchez, vous feriez mieux d’ouvrir un bon bouquin plutôt que de jouer à un FPS.

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C’est pas très discret, mais ça doit être pratique pour lire dans le lit.

L’absurdité du scénar’ est mise en exergue par les terribles dialogues et les cinématiques « over the top », eux-mêmes transcendés par des acteurs de doublages (en anglais) cabotinant comme jamais. Rassurez-vous : pris au second degré, c’est très drôle, et il s’agit de la seule faille dans la réalisation du titre. Car, qu’on se le dise, Bright Memory: Infinite est doté de visuels tout bonnement exceptionnels pour un jeu de ce statut. Croyez-moi, durant ces quatre dernières années au sein de la rédaction, j’ai testé une multitude de FPS indépendants et aucun n’a jamais été aussi proche de la qualité d’un projet AAA. C’est simple, le jeu est superbe, bourré d’effets dans tous les sens, de jeux de lumières, les textures sont généralement fines et détaillées, les armes claquent bien, les décors sont composés d’une myriade d’éléments bougeant au gré de la tempête s’abattant sur les niveaux… On regrettera le côté très générique de la direction artistique pour les personnages et les modèles ennemis, dont les rangs sont majoritairement composés de soldats futuristes basiques et de guerriers médiévaux-fantastiques vus mille fois. Mais, par ailleurs, on ne peut que saluer le travail effectué sur les environnements d’inspiration asiatique, pleins de couleurs chatoyantes et d’ornements extrême-orientaux, comme ces forêts de bambous, les ombrelles et autres lanternes de papier qu’on trouvera tout le long de notre périple.

Un véritable exploit qui se paye le luxe d’être techniquement irréprochable, le jeu tournant à 144 FPS constants toutes options à fond hors ray tracing en 1440p sur ma config (i7 7700K, RTX 3070, 32 Go de RAM). Avec le ray tracing activé en mode Élevé c’est une autre paire de manches puisque le framerate descend jusqu’à 40 FPS. Heureusement, le DLSS intégré permet de relever le niveau et d’atteindre aisément les 60 images par seconde. Les paramètres proposent de nombreuses options pour personnaliser votre expérience, vous offrant la possibilité d’augmenter le FOV, de supprimer le flou de mouvement, d’augmenter la qualité de l’affichage à distance, etc. Cerise sur le gâteau, je n’ai vu qu’un seul bug mineur lors de mes sessions de jeu. Bref, Bright Memory: Infinite, en plus de flatter la rétine, est inattaquable d’un point de vue technique, un résultat tout bonnement incroyable pour un projet de cette envergure.

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Point culminant du nawak total du jeu : une incroyable séquence enchaînant poursuite en voiture face à des sangliers énervés et combats sur les ailes d’un avion de ligne en plein vol.

Tigres & Dragons & Fusil à pompe

Bright Memory: Infinite est construit comme un pur FPS solo linéaire des années 2000. Autrement dit, le level design est des plus basique et les niveaux ne sont en réalité que de longs couloirs desquels vous ne pouvez jamais sortir. Vous devez aller tout droit et suivre le cheminement décidé par les développeurs, passant de combats en combats, ces derniers étant entrecoupés par de très succinctes phases de plateforme et autres moments narratifs scriptés jusqu’à la moëlle. Quelques séquences viendront tout de même apporter un peu de diversité, comme un court passage d’infiltration, quelques combats de boss ou la course-poursuite à bord d’une voiture dotée de lance-missile. À la louche, les affrontements représentent néanmoins 95% du titre – ce qui n’est pas plus mal car c’est là, en définitive, le principe d’un FPS. Heureusement, ceux-ci sont particulièrement réussis et proposent des éléments plutôt intéressants. Généralement, vous arrivez dans des sortes d’arènes dans lesquelles des ennemis cons comme des ballons vont essayer de vous faire la peau. Ils peuvent être, au choix, des militaires dotés d’équipement futuriste – mitrailleuses, fusils de sniper, exosquelettes de combats ou boucliers tactiques – ou des guerriers anciens possédant des armes de corps à corps et des arcs médiévaux. De temps en temps, des démons divers et variés peuvent aussi faire leur apparition, et on affronte même parfois des sangliers assoiffés de sang.

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La feuille de boucher, un outil un peu plus efficace que la corde à piano pour une séquence d’infiltration.

Pour se défendre, Shelia dispose non seulement d’un arsenal d’armes à feu modernes, chacune disposant d’un tir secondaire extrêmement efficace, mais aussi d’une épée laser et de pouvoirs télékinésiques surpuissants, permettant d’attraper des ennemis à distance ou de les envoyer voltiger dans un champ de stase. Les ennemis sont souvent nombreux et accompagnés par des soldats d’élite très résistants, ce qui nous pousse à utiliser les différentes possibilités de gameplay : parade, dash, double saut, glissade… D’ailleurs, il est possible de débloquer et d’améliorer certaines facultés de notre héroïne. Très vite, les combats deviennent de gros bazars nerveux et dynamiques assez jouissifs, à l’issue desquels les ennemis explosent dans tous les sens, démembrés par notre lame laser ou par un tir explosif. On n’est pas au niveau d’un Doom Eternal, mais quand même… Bright Memory: Infinite ne s’est pas contenté d’être un FPS bête et méchant – au contraire, il propose une formule assez originale et bien foutue niveau gunfights. Ça fonctionne suffisamment bien, en tout cas, pour ressentir un fort sentiment de satisfaction après avoir défait un régiment adverse en ayant explosé quelques têtes au fusil d’assaut avant d’envoyer valser le soldat d’élite dans les airs et de le découper en lamelles à coups d’épée. On regrette tout de même l’absence de toute verticalité, la disparition du système de notation de combo présent dans Bright Memory: Episode 1, ainsi qu’une trop grande facilité en mode Normal. Aussi, on vous conseille d’attaquer le jeu en difficulté élevée afin d’avoir un peu de challenge et de profiter au maximum des possibilités de gameplay.

Ci-dessous, 10 minutes de gameplay en Normal enregistrées assez tôt dans le jeu (sans ray tracing).

Mais, vous le sentiez venir, malgré ses qualités, Bright Memory: Infinite est loin d’être parfait. Malheureusement, le jeu est bien trop court pour que l’expérience soit tout à fait satisfaisante. Son contenu est des plus rachitiques : il vous faudra moins de deux heures pour finir la campagne en mode Normal, composée d’une poignée de niveaux, et il n’offre aucune rejouabilité. Son arsenal, composé de 5 armes, est vraiment léger et les pouvoirs supplémentaires sont, finalement, assez anecdotiques. Outre les boss, la petite dizaine d’ennemis différents que l’on affronte n’apporte pas beaucoup de variétés aux combats et on regrette que les situations soient, in fine, toujours les mêmes. De plus, le jeu se conclut sur la plus éculée des facilités scénaristiques et laisse l’impression de n’avoir traversé que le premier épisode d’un titre plus ambitieux. Ah, si seulement Bright Memory: Infinite avait eu un peu plus de niveaux, de variété et de profondeur, s’il avait été plus loin encore dans sa folie furieuse, il aurait pu prétendre à une place bien plus haute. Mais en l’état, il laisse en bouche un certain goût de trop peu, d’inachevé… De gâchis, presque.

Le grand double-saut en avant

Bright Memory: Infinite est presque à la hauteur de ses ambitions et est un véritable tour de force au vu de l’ampleur de son équipe de développement. Magnifique et techniquement inattaquable, il propose des affrontements dynamiques et nerveux assez originaux. Malheureusement, sa courte durée et son manque de profondeur en font un titre tenant presque de la démo technique, à recommander uniquement à un public averti. Félicitons tout de même les développeurs, car le travail accompli sur le jeu reste exceptionnel pour un projet de cette envergure. Chapeau bas.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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3 Commentaires


  1. Hâte de tâter le goujon, mais je pensais que le titre allait au moins être un peu plus long (au moins 5 heures de jeu). J’avais fini la démo en 1 heure, après avoir pesté sur le mapping des touches absent (un point qui j’espère est corrigé ici).

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