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Junwiss fait le point sur la bêta de Battlefield V

Battlefield V ramène la série dans la période de l’histoire la plus surexploitée par l’industrie vidéoludique, à savoir la deuxième guerre mondiale. Pour ma part, je suis parti sur cette bêta avec mon expérience de Battlefield 1 en tête, et je vais m’en servir comme point de comparaison pour vous parler des changements amenés par l’épisode V : EA contre-attaque.

Le Matchmaking :

Le jeu permet pour l’instant de lancer une partie sur l’un des deux modes de jeux disponibles : Conquête ou Grande Opération. Premier détail qui surprend, le jeu répartit les joueurs en escouades de quatre, ce qui créait le risque de tomber sur des cancers sur pattes ou des gens un peu paumés qui vont aller prendre des photos du décor plutôt que de vous épauler. Même si cela peut paraître déroutant de premier abord et risque d’en rebuter plus d’un, il s’avère qu’au cours de mes parties j’ai souvent rencontré des joueurs compétitifs et la cohabitation était agréable. Ce système n’a pas non plus pour vocation de faire déserter les agoraphobes, il est toujours possible de créer une escouade privée et de jouer en loup solitaire même si le jeu ne privilégie pas cette approche.

Les modes de jeux :

Les deux modes de jeux disponibles sont Conquête et Grande Opération. Le premier, plus classique, nous demande de perdre le moins de points possibles en capturant des objectifs parsemés sur la carte dans la grande tradition des Battlefield. On y retrouve une sensation de liberté alliée à de brefs combats intenses, j’ai comme d’habitude apprécié ce mode de jeu. Le second, Grande Opération, est un mode ligne de front comme ce qu’on peut voir dans Overwatch ou Enemy Territory : les attaquants doivent s’occuper de tout un tas d’objectifs, et il faut tantôt détruire des canons, tantôt capturer des points, etc. C’est plus cadré que le mode Conquête. et ça donne une expérience certes plus linéaire mais avec des enjeux bien plus motivants qui donnent lieu à des combats dantesques entre les deux équipes de 32 joueurs.

Les attaquants doivent planter des bombes sur des canons pour les faire exploser dans un temps imparti.

Les cartes :

La bêta ne propose que deux cartes, Rotterdam et Fjord, donc on en fait vite le tour. Rotterdam se situe aux Pays-Bas ; il s’agit d’une carte très urbaine où prendre de la hauteur est toujours possible pour profiter de la verticalité. Malheureusement, le spawnkill y est beaucoup trop courant. Un autre point négatif est qu’il est impossible de détruire les bâtiments pour y déloger les squatteurs, on laisse couler une petite larme en mémoire de Battlefield: Bad Company 2. Fjord quand à elle se situe en Norvège ; il s’agit d’une carte enneigée qui comporte de nombreux passages permettant au joueur de tenter pas mal d’approches différentes, elle est à la fois plus agréable à regarder mais aussi à jouer.

Souriez vous êtes visés ! Voilà l’un des nombreux points de camping de Rotterdam.

Graphismes et environnement :

Les graphismes du jeu sont une franche réussite. Sur ma 1070 TI, j’arrive à tourner en Ultra avec un framerate constant autour des 80 FPS. La direction artistique est magnifique avec des environnements naturels réalistes et grandioses. La carte Fjord se joue de nuit pendant une partie de Grande Opération, on peut y admirer les décors ou tuer ceux qui en profitent. La météo dynamique s’ajoute en tant que point important qui permet de changer votre façon de jouer ; on peut par exemple camper dans la neige par temps clair afin d’enchaîner le tir aux pigeons, ou au contraire rusher lorsqu’un blizzard fait irruption dans le coin – la visibilité fortement réduite empêche les snipers de contrôler le terrain.

Fjord de nuit pendant une partie de Grande Opération, on peut y admirer les décors ou tuer ceux qui en profitent.

Les classes et les armes :

Dans la grande tradition Battlefield, quatre classes sont disponibles (médecin, assaut, soutien et lâche à lunettes) avec chacune leurs armes et accessoires. La grosse nouveauté de l’année et pas des moindres est que désormais chaque classe doit vraiment remplir son rôle. En effet, les joueurs ne peuvent pas porter beaucoup de munitions afin de redonner de l’importance à la classe soutien qui est la seule à en distribuer. De plus, ce changement a aussi pour effet de pousser à être en mouvement plutôt que de camper étant donné qu’on vide rapidement ses chargeurs et il va falloir bouger pour retrouver des munitions. Ensuite, le support a accès a des structures spécifiques à déployer alors que les autres classes n’ont que des fortifications basiques. Le sniper est maintenant le seul à pouvoir désigner les ennemis à voir sur la carte 3D, ce qui renforce son rôle de reconnaissance. Sans cheveux à traire, le médecin était parti comme étant le seul à pouvoir distribuer des soins, ce qui aurait mis en valeur cette classe. Malheureusement, DICE revient en arrière sur ce point afin de satisfaire ceux qui préfèrent que le jeu soit quand même un peu plus arcade, et chaque personnage aura un kit de soin dans son inventaire. Et il est aussi possible pour n’importe quel membre d’une escouade d’en réanimer un autre, laissant au médecin la charge de ranimer les membres d’une autre escouade en tant que dernier bastion de sa spécificité. Dommage. Au moins il réanime quand même plus vite que les autres…

Le système de classe a donc été rééquilibré, leur permettant pour la plupart de mieux se compléter lors des combats. En plus de l’importance accrue de leurs rôles respectifs, les classes médecin, soutien et reconnaissance voient la puissance de leurs armes diminuée au profit de l’assaut afin que cette classe reste celle qui inflige le plus de dégâts. Encore une fois, cela renforce la dépendance des classes des unes envers les autres et les empêche de faire cavalier seul en étant auto-suffisantes. Ces choix redonnent à Battlefield un esprit tactique et compétitif aux abonnés absents depuis Hardline. Il faudra donc désormais compter sur vos alliés pour mener à bien votre attaque, d’où le fait que les joueurs soient regroupés par défaut en escouade. C’est une véritable force pour ce Battlefield V : la stratégie occupe une place prédominante.

Le Time To Kill (TTK) est plus court que dans Battlefield 1, on tombe au sol en 1-2 balles de moins. Malgré la période deuxième guerre mondiale, il est encore et toujours possible de personnaliser l’intégralité de son arme avec divers camouflages et viseurs. Pour les acheter, il faut dépenser de la ferraille obtenue en réalisant des objectifs ou en montant en niveau. EA semble avoir retenu la leçon Star Wars: Battlefront 2 car il n’y a pas de loot boxes dans Battlefield V ; on espère que cet oubli n’est pas juste là pour donner une bonne impression lors de la bêta tout en se glissant subrepticement dans la version finale du jeu. Puisqu’on a abordé le sujet des éléments cosmétiques, il est désormais possible d’incarner une femme, comme tous les autres jeux annoncés cette année, et ce quelle que soit leur période historique.

L’interface est plutôt propre et il est facile de changer son équipement.

Les véhicules :

On est dans Battlefield et donc on a forcément droit à des véhicules divers et variés. Dites adieu aux mastodontes de la Grande Guerre (zeppelin, navire de guerre, tank géant) et aux chevaux, remis au placard entre deux bottes de foin. Maintenant on passe au Blitzkrieg et on doit donc se contenter de chars et d’avions au blindage discutable mais à l’armement correct. Quoi que, même si leur blindage en acier n’est pas très solide, au contraire le blindage numérique semble plutôt efficace avec des bugs d’annulation des dégâts, une tradition perpétuée depuis Battlefield 4. Le manque de munitions ou la surchauffe des mitrailleuses arrivent fréquemment, transformant votre machine de guerre en boîte de conserve désarmée. Les chars sont simples à conduire et rapides, juste assez robustes pour permettre une percée éclair derrière les lignes ennemies. L’aviation est par contre extrêmement complexe à jouer et d’ici que vous preniez le pli, ne vous étonnez pas si vous vous écrasez lamentablement. Il est toujours possible de vivre d’intenses combats aériens, mais ça reste à une échelle limitée – généralement, des deux contre deux appuyé par des alliés au sol.

Les chars vous permettront d’avancer au travers des lignes ennemies mais il vous faudra du soutien pour réaliser une percée.

Conclusion

Alors que je craignais un recyclage de Battlefield 1, cette bêta de Battlefield V a réussi à me convaincre, notamment grâce au côté bien plus stratégique des classes inter-dépendantes forcées à interagir entre elles. J’ai pris plaisir à enchaîner des parties aux combats gratifiants et aux batailles pleines de rebondissements, surtout sur la carte Fjord. Il reste néanmoins à corriger les défauts majeurs du jeu, notamment la résistance des véhicules et le spawnkill sur Rotterdam (dont la correction était déjà entamée vers la fin de la bêta). Ce Battlefield est en passe de devenir l’un des meilleurs et des plus complets de la saga, mais ce n’est pas ce que les chiffres de précommandes montrent. Insulter les fans qui n’étaient pas satisfaits par les premières bandes-annonces n’était sans doute pas un plan des plus judicieux.

 

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