Le monde des FPS tactiques et compétitifs est assez restreint. Le roi à peine contesté, Counter-Strike 2, a profité de plus de vingt ans d’itérations et d’améliorations, et son concurrent le plus sérieux, VALORANT, en a repris tous les grands principes, avant de rajouter une épaisse couche de hero-shooter par dessus. En cela, Spectre Divide est plus proche de VALORANT que de CS, les tyroliennes et ultimates en moins : l’attaque doit toujours poser une bombe sur un des deux sites de la carte, et on sélectionne en début de match un Sponsor qui nous octroie des capacités. La vrai nouveauté est que ça se joue en 3v3, et que chaque joueur dispose de deux Spectres — comprenez deux personnages — qu’il est possible de déplacer en jetant une balise, avec la possibilité de passer de l’un à l’autre à la volée. Est-ce suffisant pour rendre le jeu réellement intéressant ? Surprenamment, oui.

Genre : FPS compétitif / esport | Développeur : Mountaintop Studios | Éditeur : Mountaintop Studios | Plateforme : Steam | Prix : Free-to-play | Configuration recommandée : Ryzen 5 / Core i5, 8 GB de RAM, GTX 1080 Ti / RX 6700 XT | Langues : Anglais, Français | Date de sortie : 03/09/2024 | Durée de vie : Tant qu’il y aura des joueurs

Test effectué sur une version commerciale

Spectre Divide Kill

Facile à comprendre, pas si dur à maitriser

Comme dit plus haut, Spectre Divide réutilise les bases instaurées par Counter-Strike il y a des lustres, avec quelques différences. Deux équipes de trois joueurs s’affrontent sur une des quatre maps disponibles actuellement, où l’équipe en attaque doit poser une bombe sur le site A ou B, et au bout de sept rounds, on change de côté. Le système de Sponsor donnant des capacités rappelle quant à lui VALORANT : huit sont actuellement jouables, dont quatre à débloquer à coup de carte bleue, ou de grind bien senti. Les gadgets vont des classiques smoke, flash, grenades explosives et incendiaire, spécifiques donc à chaque Sponsor, à des choses plus pétées exotiques, comme différents systèmes de wallhack, des pièges de ralentissement, du soin, ou un drone sentinelle. Rien de vraiment nouveau dans tout cela, et on prend vite ses repères, pour peu qu’on ait l’habitude de ce genre de jeu.

La vraie nouveauté vient du système de Spectre. Chaque joueur joue en réalité deux personnages qui partagent les mêmes capacités, et on passe instantanément de l’un à l’autre par pression d’un bouton. Le personnage qu’on ne joue pas peut également être placé où on le souhaite en jetant une balise. Il y a cependant un délai d’attente le temps que le spectre fasse son chemin, via un arc électrique visible de tous, jusqu’à sa nouvelle position. Excellent point pour la qualité de vie, on peut placer nos deux personnages pendant la phase d’achat en affichant et en cliquant sur la carte.

Spectre Divide Puck
Un petit malin qui tente de flank avec la subtilité d’un éléphant saoul.

Le système est très bien pensé, et est un indispensable élément de gameplay. Les utilisations les plus basiques étant de jeter sa balise sur une zone en hauteur, normalement inaccessible, ou par exemple d’avoir un Spectre sur chaque site afin d’effectuer des rotations plus rapidement. D’autre part, le Spectre que l’on ne joue pas entend les joueurs adverses, et le jeu nous affiche une alerte lorsque cela se produit. Plus intéressant et parfait pour les frustrés du jeu en équipe avec des coéquipiers en carton, on peut facilement mettre en place des setups avec nos deux personnages couvrant une même zone, mais selon deux angles différents, permettant de jouer alternativement l’un et l’autre pour perturber et prendre par surprise les joueurs d’en face.

Le gameplay est dans l’ensemble plus accessible que celui de ses inspirations directes. La trajectoire des utilitaires s’affiche sur la mini-map avant qu’on les lance — il n’y a plus d’excuse à rater une smoke —, les déplacements sont plus lents, et le gunplay simplifié oblige à utiliser l’ADS (Aim Down Sights), le hipfire étant imprécis, tout en permettant de se déplacer en tirant. Le recul très horizontal est assez déroutant, et contribue à un gunfeel assez moyen, mais reste plus facile à maitriser que les patterns de CS.

Spectre Divide Sniper
Le sniper est la seule arme complètement imprécise en déplacement, ce qui en fait une arme idéale de punition mais peu adaptée à un jeu agressif.

Pas d’inquiétude, il y a aussi des trucs nuls

On ne peut heureusement pas dire que du bien de Spectre Divide. Pour la direction artistique d’abord, qu’on accroche ou pas avec le style et même si ça permet de faire tourner le jeu à fond de balle sur des machines modestes, tout est assez fade. Les maps n’ont pas d’identité visuelle marquée et on a l’impression de toujours se battre autour des mêmes caisses et autres containers. Pire, il nous est souvent arrivé d’essayer de tuer nos potes — pas de panique, il n’y pas de friendly fire — à cause des personnages qui se ressemblent tous. Nos ennemis se démarquent seulement par un contour orange.

Au sujet des maps, les développeurs ont eu la bonne idée d’éviter les gimmick stupides à la VALORANT, et ont gardé le design classique des extrémités A et B, et d’un middle. Le design est cependant assez moyen dans l’ensemble, comme celui du site A de Skyway où les couverts semblent avoir été posés à l’arrache. Par contre, le site A de Mill est plutôt très bien, puisque c’est le même que celui de de_cache sur CS. Les zones de contact sont souvent très ouvertes, avec beaucoup de lignes de tirs possibles, faisant la part belle aux affrontements à longue et moyenne distances. On arrive ainsi au problème des armes.

Si on aime l’idée des deux Spectres, le système d’achat que Mountaintop a greffé dessus est, disons, perfectible. En effet, on est obligé d’acheter les armes par paire, une différente pour chaque personnage, et on ne peut pas donner d’arme à nos coéquipiers pour faire les combinaisons qu’on veut. Si beaucoup de packs d’armes restent viables, tous ceux incluant des shotguns sont parfaitement inutiles. Ces derniers ne sont efficaces qu’en déposant délicatement le canon dans les dents de notre vis-à-vis, et la construction des cartes, mentionnée précédemment, ne vous mettra jamais dans une situation favorable à leur utilisation.

Pour en finir avec les tatanes dans la gueule, les serveurs sont parfois un peu aux fraises, et il est arrivé à un certain nombre de joueurs d’être coincés sur l’écran de chargement d’un match. Ce n’est pas bien grave, me direz-vous, suffit de relancer le jeu ! Mais que nenni, vous répondrais-je ! Il est pour le moment impossible de rejoindre une partie que l’on a quittée, volontairement ou non, et vous prendrez donc un timeout de plusieurs minutes si votre connexion vous lâche. Si ça c’est pas une idée à la con…

Mais alors, pourquoi vous dites que c’est bien ?

Malgré ses défauts qui, on l’espère, pourraient être corrigés avec le temps, pour peu que la population de joueur se maintienne, Spectre Divide fait quand même plein de trucs bien. L’équilibrage est plutôt bien pensé, et les capacités ont même tendance à être un peu faibles plutôt que trop impactantes. L’absence d’ultimate aide sûrement, pas de choux-fleurs à tête chercheuse ici. De même, comme les cartes sont d’une taille équivalente à celles de CS, mais qu’il n’y a que trois joueurs par équipe, Moutaintop a disposé des murs translucides oranges que la défense ne peut pas traverser pendant trente secondes en début de round, sous peine d’être révélée aux attaquants par un wallhack. On évite ainsi les infiltrations de début de round qu’il serait impossible de contrer en attaque.

D’un point de vue plus subjectif, les matchs en huit points gagnants se terminent en vingt à trente minutes maximum, contrairement à souvent plus de quarante minutes sur Counter-Strike. En faisant cavalier seul, on a ainsi moins de chance de tomber avec des attaqués du bulbes, deux coéquipiers au lieu de quatre, et même si cela arrive, on reste moins longtemps coincé avec. Un net positif. Un autre avantage du nombre de joueurs réduits, est qu’il est possible d’organiser des matchs privés en 3v3, tout en conservant toute la profondeur tactique du jeu. Par contre pour ça, il faut avoir des amis.

Une bonne surprise qui ne demande qu’à se peaufiner

Spectre Divide propose une expérience réellement nouvelle dans le paysage des shooters compétitifs. Mountaintop Studios a eu la bonne idée de ne pas réinventer la roue en réutilisant le concept de base d’attaque / défense de bomb sites, soutenu par des gadgets maintenant classiques de prise d’informations et de zones. Si tout n’est évidemment pas parfait, notamment le map design trop peu inspiré et le gunfeel moyen, le fait de pouvoir contrôler deux personnages chaque round donne beaucoup de place à la créativité individuelle, en évitant la frustration du jeu en équipe avec des neuneus. C’est gratuit, ça fait moins de 10 Go à télécharger, il serait dommage de ne pas essayer le temps de deux ou trois parties. 

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

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1 COMMENTAIRE


  1. J’ai testé 3 parties et je me rends compte que les FPS compétitifs à la CS ne sont plus pour moi. J’avais tenté de me remettre à CS avec CS2 et en fait je trouve ça mou, sans ambiance sonore. Je m’aperçois que je préfère les trucs arcade et pêchu plutôt que les trucs compétitifs de ce genre.

    Sinon niveau gunfeel c’est pas mal mais je trouve que les persos se traînent. Quand on est au bout de la map, c’est tellement lent de rejoindre l’autre côté.

    Et sinon, pour les placements avec deux personnages, c’est évidemment très intéressant, même si c’est dommage de ne pas pouvoir aller sur les grandes hauteurs. Sans doute qu’il y aurait trop de possibilité de cheater ou glitcher le jeu.

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