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[TEST] Rewind Or Die : une vraie proposition graphique, sur fond d’hommage à Resident Evil

Sorti il y a peu, Rewind Or Die, petit jeu indé développé par une seule personne, nous avait tapé dans l’œil par son esthétique de VHS, son ambiance barrée et son humour décalé, dévoilés dans les bandes-annonces. Maintenant qu’on lui est rentré dans le lard, on va pouvoir répondre à la question que tout le monde se pose : tout est-il bon dans le cochon ?

Genre : VHS (Very Horrible Swine) | Développeur : Comp-3 Interactive | Éditeur : Torture Star Video | Plateforme : Steam | Configuration minimale recommandée : Une patate | Prix : 11,79 € | Langue : Anglais uniquement (sous-titré en anglais) | Date de sortie : 14/04/2023 | Durée de vie : 3 heures

Test réalisé sur une version commerciale.

Découpe de la carcasse

Nous sommes en 1997. Vous travaillez dans une boutique de location de VHS, le job est à crever d’ennui, votre patron est un connard. Il vient d’ailleurs de passer un coup de fil à l’appart pour vous intimer de venir en urgence faire un shift de nuit. C’est le début d’une longue soirée, pensez-vous. Vous n’avez pas idée.

Précisons d’emblée que le dev nous induit en erreur avec un choix de titre curieux, « Rewind Or Die » (« rembobinez ou mourez »). On n’est pas dans Deathloop, il n’y a pas de rembobinage possible en cas de bourde – ce qui n’est pas un souci d’ailleurs, puisque si vous mourez, vous reprenez peu ou prou là où vous en étiez. Le développeur a simplement forcé l’hommage aux VHS.

Pliable en trois heures, le jeu est un walking-sim horrifique qui se découpe en cinq courts chapitres. Les deux premiers sont l’occasion de parcourir la boutique et ses alentours, et c’est la partie la plus intéressante du titre. Parce que c’est là que se déploie son humour ; et parce qu’il est l’occasion d’une montée progressive de tension, qui culmine en une excellente course-poursuite, appuyée par une B.O. très efficace. La seconde partie (les chapitres 3, 4 et 5) vous offre un aller simple pour un séjour dans l’antre du tueur, ponctué d’une incursion dans les égouts – la séquence la moins réussie.

Resident Evil avec les moyens du bord

C’est dans cette seconde partie que le jeu se révèle comme étant un hommage très appuyé à la série des Resident Evil, dont il pompe allègrement les codes. Dans RE7, vous résolvez des puzzles sadiques afin de vous enfuir de la propriété des Baker. Ici c’est pareil, sauf que le « mal résident », c’est le tueur exhibitionniste lesté de sa tête de cochon en putréfaction. Outre la similarité des puzzles et des environnements, il y a celle des objets utilisés : clés en tout genre, badge d’accès, fusible, pince coupante géante… Les énigmes gore rappellent les mises en scène macabres du fils Baker. Même Tony, le personnage principal, finit par aborder les situations avec le flegme agacé d’un Ethan Winters, le protagoniste de RE7 et 8. Également présente : la dimension de power trip horrifique, qui implique qu’on se fasse marave au début, avant de finir par inverser le rapport de force – l’essence même de la série de Capcom.

Perdant l’inspiration, Rewind Or Die nous pond un regrettable chapitre 4 – la fameuse séquence dans les égouts. Regrettable, parce qu’il porte un coup fatal à l’aspect horrifique du titre. On doit y actionner des leviers un peu partout dans le niveau, avec le tueur quasi constamment collé aux basques. Cette séquence évoque le Tyrant de RE2, mais en version sprintée et sans enjeu, l’omniprésence du sieur Cochon détruisant la peur qu’il pouvait inspirer au début. Erreur classique que de trop montrer le monstre.

I regret nothing.

Enfin, pour finir le jeu à 100 % avec la meilleure fin possible, il faut, dans le tout dernier chapitre, suivre quelques étapes-clés – inspirées, vous l’avez vu venir, de Resident Evil –, qui vous donneront accès à une séquence supplémentaire, derrière une porte jusque-là fermée.

Bref, au niveau du gameplay et des situations, c’est une grosse repompée. Il serait faux, toutefois, d’affirmer qu’on a affaire à un Resident Evil du pauvre, car malgré le manque de moyens, le tout est très bien exécuté. Les inspirations très (trop) fortes du titre ne doivent pas faire oublier qu’il n’y a qu’une seule personne à la barre, et le résultat est admirable de ce point de vue.

Menu simple et efficace, avec des options à cocher essentielles pour l’expérience.

Esthétique et philosophie du lard

Pro tip : ne mettez pas le frame rate sur « Uncapped » (sans limite), ça fait ramer le bouzin, bizarrement. Fixez-le à 120, et ça tournera sans problème. Et puisqu’on parle de choses potentiellement désagréables, méfiez-vous des jumpscares bien vénères en début d’aventure. Ça surprend d’autant plus que l’image est dégueulasse. Mais tiens, parlons-en. Car le point fort du jeu, sa patte indéniable, son apport à la vidéoludie, que dis-je, à l’Art, c’est son esthétique de bande VHS rincée.

Vous trouverez dans les paramètres une option intitulée « Use VHS effects », que vous pouvez désactiver si vous le voulez. Mais vous ne le voulez pas : elle est indispensable, en cela qu’elle se charge d’appliquer le sacro-saint filtre VHS, celui qui pixellise tout et confère, par un mélange raffiné de crasse et d’élégance, son identité graphique au titre, dont la direction artistique est incontestablement la grande réussite. Même les menus sont cuisinés à la sauce VHS, tandis que la B.O. habille le titre de sympathiques nappes saturées, qui contribuent à instaurer cette ambiance so 90’s.

Jugez par vous-même avec cette petite vidéo de gameplay concoctée par nos soins :

Alors, c’est du lard ou du cochon ?

Le début de l’aventure est drôle, bien rythmé et intelligent. Ce qui s’ensuit est une grande repompée de Resident Evil 7 bien exécutée. Au final, vous n’êtes là ni pour l’histoire, ni pour l’originalité du gameplay. C‘est par sa laideur vintage travaillée que le titre s’illustre : à lui seul, ce parti pris esthétique fort vaut à Rewind Or Die la peine d’être joué. 

Rewind Or Die est disponible sur Steam pour un peu moins de 12 €.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à séparer le bon grain de l’ivraie.

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