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[TEST] Halo Infinite : bloqué en 2001

Halo Infinite… Si vous lisez NoFrag, vous savez que la licence Halo n’a pas très bonne réputation au sein de la rédaction. Référence du FPS console, la saga se coltine un paquet de défauts rédhibitoires une fois clavier et souris en main. Depuis quelques mois maintenant, 343 Industries — qui a hérité du développement de la saga depuis le départ de Bungie en 2011, porte depuis deux ans les précédents opus sur PC. Probablement un moyen de préparer le terrain pour la sortie de ce sixième épisode, annoncé en 2018 et prévu dès le départ pour sortir sur nos machines chéries. Eh bien, il reste encore du chemin à faire.

Genre : FPS console | Développeur : 343 Industries | Éditeur : Microsoft | Plateforme : Steam | Configuration recommandée : AMD Ryzen 7 3700X ou Intel i7-9700k, 16 GB RAM, Radeon RX 5700 XT ou Nvidia RTX 2070 Prix : 59,99€ | Langues : VO ou VF | Date de sortie :  8 décembre 2021 | Durée de vie : 12h

Égérie Xbox

Il y a tout juste 20 ans sortait sur Xbox le premier Halo, un FPS console assez basique avec ses intérieurs constitués de longs couloirs ennuyeux et ses extérieurs plus ouverts et sympathiques. Le tout était surtout supporté par plusieurs moments épiques, bien aidés par un thème musical homérique. Cependant, manette oblige, Halo premier du nom se trainait déjà des défauts comme la lenteur générale des déplacements, une IA indulgente avec le joueur et une boucle de gameplay rudimentaire. Pas de quoi rebuter les possesseurs de Xbox qui en font l’un des plus gros succès de la console.

Deux décennies plus tard, cinq épisodes majeurs ajoutés à la saga et un changement de studio en cours de route, Halo Infinite se montre lors de l’E3 2020. L’occasion de découvrir un jeu daté, aux graphismes d’un autre âge et surtout, des modèles 3D tellement ridicules que notre cher Craig devient un meme. Cela vaudra d’ailleurs au jeu un report d’un an. Entre-temps, la communication met l’accent sur le PC. Ainsi, ce 8 décembre 2021 débarque sur nos machines de guerre, l’élu, celui qui provoque des débats enflammés dans les commentaires, dont les figurines en résine se vendent par milliers, l’égérie du FPS console : Halo Infinite.

Les ravages de la console

Si 343 Industries prétend que ce Halo n’est pas un vulgaire portage d’une version console, on a du mal à le croire une fois clavier et souris en main. Dès le départ, quand un personnage nous demande de regarder en haut, en bas, à gauche puis à droite pour calibrer la visée, on se sent mal à l’aise. Et alors qu’on commence l’aventure, nous voilà comme revenus 20 ans en arrière : des couloirs et des aliens débiles, très lents qui ne se mettent pas à couvert, vous foncent dessus ou ne font pas grand-chose pour éviter vos balles. Et bien sûr, des déplacements bien mollassons. Même sur console, on a fait plus excitant depuis !

Un mot sur l’histoire, qui elle non plus ne brille ni par son originalité, ni par sa qualité d’écriture. Patriotique à souhait, avec des méchants au charisme d’huitre et une interprétation grotesque, le scénario semble destiné aux adolescents. Ou aux « adultes » restés bloqués en 2001.

Car la manette n’excuse pas tout et il y a aussi des choix très étranges de la part des développeurs. Par exemple, l’utilisation des accessoires que le Spartan trouvera sur son chemin n’est pas forcément très intuitive. En effet, ils ne sont pas assignables à une touche en particulier et il faudra donc jongler entre les différents objets du héros. C’est vraiment stupide, car dans le lot, il y a des trucs pas forcément utiles (bouclier, grenade qui marque les ennemis) mais aussi un dash et un grappin. Ce dernier dynamise d’ailleurs vraiment bien les mouvements et permet de s’aggriper à n’importe quoi : façade d’un mur, ennemi, arme, etc. On préfèrera donc rester équipé du grappin la majeure partie du temps plutôt que d’appuyer sur une touche pour passer sur le dash puis une autre pour le déclencher. Le comble pour une aptitude orientée vers la vitesse.

La flemme américaine

Après une balade d’une heure en guise d’introduction, dans des salles à la direction artistique peu inspirée, un ascenseur nous ramène à la surface pour découvrir sous nos yeux ébahis l’une des nouveautés de cet opus : un monde ouvert. Enfin, il faut le dire vite, car là encore on a vite l’impression d’être retourné plusieurs années en arrière. Rendez-vous compte, il y a des bâtiments à détruire pour dévoiler les points d’intérêts de la carte ! Une mécanique tellement archaïque que même Ubisoft l’a retirée de ses derniers jeux. Heureusement, le monde ouvert n’est pas immense, seulement quelques camps, tous uniques, des bases à attaquer ou des prisonniers à libérer. Au moins, on évite la répétitivité et on n’a pas vraiment le temps de s’y ennuyer.

Halo Inifinite, son monde ouvert, ses avant-postes à libérer pour dévoiler une partie de la carte, etc.

Mais quand même, quelle flemme de la part des développeurs de proposer une expérience aussi générique. D’à ce point ne pas être capable de se renouveler pour un studio aussi conséquent… Même si, au final, cette partie monde ouvert du jeu ne représente qu’un gros tiers de l’aventure, on retournera vite s’enfermer dans des salles et des couloirs soporifiques pendant une dizaine d’heures. Où on a la très nette impression que rien n’a changé depuis 20 ans : des textures sans détail, la même palette de couleur grisâtre ou bleutée. Sans oublier les néons fluorescents par-ci par-là, bien sûr. Alors que je n’ai joué qu’au Halo de 2001 et à Halo 3, j’ai eu le sentiment de revoir quasiment le même produit : mêmes ennemis, mêmes voix horripilantes des aliens, mêmes armes, mêmes couloirs, même gameplay, etc.  Y compris la fin du jeu, qui sent à plein nez le manque d’inspiration : deux arènes dites « d’entrainement ». En réalité, une pirouette scénaristique pour vous faire affronter des vagues d’ennemis toujours aussi bêtes. Quant aux nouveautés, hormis deux gadgets plutôt sympas, elles sont soit bâclées, soit inutiles. Ou les deux. Il n’y a même pas de moments épiques, de niveaux marquants où, submergé par l’ennemi dans un décor dantesque et soutenu par le thème musical de la saga, on se sent comme un héros qui sauve le monde in extremis.

Seul point positif qui ne rend pas l’expérience complètement catastrophique, la variété des armes et leurs sensations plutôt correctes de manière générale. Mention spéciale pour le déchiqueteur qui associe grosses douilles et lames aiguisées pour davantage de plaisir charnel une fois au corps à corps. Dommage que l’intelligence artificielle des ennemis soit aussi peu évoluée, car avec plus de challenge on pourrait presque pendre du plaisir à voltiger grâce au grappin en distribuant les coups de crosse et les grenades. En l’état, c’est plutôt une promenade de santé.

À noter également qu’à part un problème de script qui ne se déclenche pas — m’obligeant à revenir plus d’une heure en arrière, je n’ai eu aucun bug. Le jeu tourne parfaitement sur un i9-9900K, une 2080 Ti et 32GB de RAM. Bon, en même temps, le jeu ne brille pas non plus par son esthétique. Probablement à cause des limites des consoles encore une fois.

Halo pas fini

On se demande ce qui a bien pu arriver à 343 Industries pendant les cinq années de développement de Halo Infinite pour produire un jeu aussi insipide. Le monde ouvert est anecdotique, les intérieurs sont sans âme et n’ont pas beaucoup évolué depuis 2001. Pareil pour les armes et les ennemis, hormis quelques nouveautés bienvenues qui dynamisent bien les combats on s’ennuie ferme dans ce nouvel opus. Ce qui pourrait, à la limite, convenir aux moins exigeants d’entre nous si le jeu n’était pas en plus un vulgaire portage console avec son lot de mécaniques absurdes sur PC.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

Fcp: La légende dit qu’il était là avant même la création de Nofrag. Personne ne le connait vraiment. C’est un peu notre maman.
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