X

[TEST] Half-Life: Alyx s’impose comme la référence en VR

Disponible depuis le 23 mars, Half-Life: Alyx signe l’arrivée de Valve sur le marché du jeu en VR. Gabe Newell déclarait en 2018 être jaloux d’entreprises, comme Nintendo, capables de développer leurs jeux de concert avec leur hardware et de proposer à chaque fois des expériences nouvelles. Quelques mois après l’Index – le casque VR de Valve – arrive donc Half-Life: Alyx, le premier jeu du studio destiné à une technologie qu’ils poussent depuis 2016. Half-Life 1 a révolutionné le FPS solo, Half-Life 2 euh… était beau et le moteur physique cool ! Et bien, Half-Life: Alyx révolutionne le FPS solo en VR avec un super moteur physique pour l’immersion. La boucle est bouclée.

Jeu testé sur Valve Index mais également compatible avec l’ensemble des casques VR : Valve Index, Oculus Rift, HTC Vive ou Windows Mixed Reality.

« Time, Dr. Freeman Alyx? Is it really that time again? »

Half-Life: Alyx se déroule entre les événements d’Half-Life 1 et 2. Ce n’est donc pas une suite directe du dernier épisode, sorti il y a… 12 ans et 5 mois, pour être précis. Cette longue attente ne signe même pas le retour du bon Dr. Freeman puisqu’on incarne Alyx Vance, figure montante de la résistance communiste accompagnée de son fidèle scientifique fou, Russel, pour lutter contre l’occupation de la République en Marche de Xen, ou un truc dans le genre. De toute manière le scénario tient sur un post-it, vous pouvez donc profiter de l’aventure sans vous soucier de l’avenir des gueux qui refusent l’occupation.

Vos premiers pas dans City 17 sont sans faute. Il suffit de contempler la ville d’un balcon et de dessiner un zizi au feutre sur une vitre pour savoir qu’Half-Life: Alyx offrira une expérience maîtrisée du début à la fin. Chaque chapitre apporte une ambiance unique et incroyable assurée par le son et l’éclairage, rien n’est laissé au hasard dans la direction artistique. Des égouts en passant par un vieil hôtel infesté par la flore de Xen : chaque pièce, chaque objet renferme son lot de détails et l’on passe son temps à regarder, toucher, interagir en évitant de se faire surprendre par un headcrab au détour d’un couloir. Il range Boneworks dans la catégorie de simple démo technologique un peu buggée. Le jeu ne laisse aucun doute sur les qualités du Source 2 puisqu’il frôle souvent le photo-réalisme.

Sur un PC équipé d’une RTX 2080, d’un i7-8700k et de 32Gb de RAM, aucun ralentissement à signaler. C’est fluide, c’est beau : c’est la magie d’Half-Life..

Le jeu réclame une GTX 1060 au minimum.

Plus qu’une simple réussite technique, Alyx est aussi la démonstration de la maîtrise de la VR. La préoccupation principale est le confort de l’utilisateur, en évitant un moteur physique mal branlé ou des chutes/sauts trop violents, tout en proposant de nombreuses options selon le profil des joueurs. Tout est pensé pour ne pas vous faire sombrer dans une tornade vomitive. J’ai joué presque 7 heures d’affilées sans ressentir la moindre gène. C’est une leçon pour les autres développeurs. Half-Life: Alyx place la barre très haut et les autres jeux en deviennent fades. Enfin, on peut souligner l’effort de Valve d’avoir rendu le titre compatible avec l’ensemble des casques/manettes sur le marché : du Valve Index à l’Oculus Rift, en passant par les Windows Mixed Reality.

« The right man woman in the wrong place can make all the difference in the world. »

Half-Life: Alyx est très linéaire et scripté : difficile de s’y perdre ou de bloquer très longtemps. On retrouve même les célèbres zones de chargement d’Half-Life entre chaque niveau. Hommage ou limitation technique héritée du Source Engine ? Le mystère persiste. S’il existe quelques zones plus vastes et généralement propices à plus d’action, vous passerez l’essentiel de votre temps à parcourir l’obscurité de couloirs, égouts et cavernes. On reste donc sur notre faim par rapport au début en fanfare. Néanmoins, ces espaces confinés accueilleront des moments assez épiques et difficiles à décrire sans vous gâcher la découverte. Pendant 12 à 14 heures, vous n’allez jamais vous ennuyer. Les situations sont variées et l’action dosée, entre la séquence éprouvante pour les nerfs façon Amnesia – surtout si vous êtes arachnophobe – et le dézinguage de Combines plus proche d’Half-Life 2. D’ailleurs, même si l’on retrouve le bestiaire classique de la série, quelques variantes absentes d’HL2 (probablement victimes du réchauffement climatique) sont de la partie et soyons honnêtes, la rencontre d’un headcrab ou d’un Ant Lion ne devrait pas vous laisser indifférent. Accessible pour les néophytes de la saga et respectueux des irréductibles fans de Black Mesa, Half-Life: Alyx n’oublie personne.

« Automatic medical systems engaged. Defensive weapon selection system activated. Munition level monitoring activated. Communications interface online. Have a very safe day! »

Oups, pas de Gordon Freeman ni de HEV Suit vous susurrant ici des mots doux comme « Vital signs critical ». Mais même si vous n’avez pas une tenue super high-tech et un pied-de-biche pour vous défendre, Alyx possède un jouet tout aussi cool : les Gravity Gloves. En plus d’indiquer votre vie et vos munitions, ils vous permettent d’attraper sans effort (ou presque) la plupart des objets à votre portée. S’ils incarnent avec brio la promesse d’une expérience sans effort physique, on regrette qu’ils ne soient pas mis plus intelligemment à contribution plutôt que de servir presque uniquement d’aspirateur à munitions/grenades. Les gunfights sont plutôt agréables, même si votre arsenal n’est pas des plus variés (pistolet, shotgun, SMG) vous pouvez améliorer votre équipement au fur et à mesure (pointeur laser, chargeur rapide). Notez d’ailleurs qu’il n’y a aucun affrontement au corps-à-corps, donc impossible de fracasser une bouteille de vodka pour trancher la jugulaire d’un Combine.

Blablablablablabla. On préférait Gordon le muet.
Half-Life: Alyx ne possède pas de doublage en français et il vous faudra donc lire les sous-titres pour suivre la moindre interaction entre Alyx et Russel. C’est un peu lourd en VR alors qu’on est occupé à regarder un peu partout. Au pire, vous ne louperez pas grand-chose : le scénario n’est pas bien complexe.

De toute façon, pas besoin d’une combinaison anti-radiation beaucoup trop moulante : le jeu n’est pas bien difficile et vous serez rarement en danger. Si les aliens sont généralement idiots, les Combines le sont devenus à partir d’HL2 seulement puisque, ici, ils chercheront systématiquement à vous débusquer à coup de grenades ou en vous contournant. Il faut être mobile et assez dynamique, on est loin d’un bête rail-shooter. Certains possèdent des points faibles vous permettant de vous en débarrasser avec une seule balle bien placée dans le réservoir à gaz.

Vous l’avez compris, le gameplay d’Half-Life: Alyx est globalement excellent. Le tableau est terni par les énigmes parsemant le jeu – ouvrir une armoire à munitions, rétablir l’électricité – obligatoires pour progresser ou améliorer votre arme aux stations d’upgrade en utilisant le multitool (une sorte de Leatherman du futur obtenu dès le début). On retrouve 3-4 types d’énigmes proches du mini-jeu mobile free-to-play. La plus récurrente vous oblige à rétablir le courant en parcourant les murs avec votre outil pour réorienter les circuits. Ce n’est pas bien difficile, mais c’est chiant et répétitif. Ironie ultime : aucune ou presque ne fait appel au moteur physique. La plupart représentent en revanche une vitrine des capacités des contrôleurs du Valve Index en pointant l’index, serrant la main pour activer une grenade ou avec de nombreuses poignées à utiliser.

Rise and shine, Alyx. Rise and shine.

Comment passer à côté d’Half-Life: Alyx si vous êtes équipé d’un casque VR ? On oublie rapidement ses petits défauts pour se laisser promener dans les ruelles et souterrains de City 17. Le jeu propose une expérience impeccable, parfaitement réalisée et exécutée. Plus qu’un nouvel épisode d’Half-Life, Valve domine et donne une véritable leçon de savoir-faire pour établir un nouveau mètre-étalon en réalité virtuelle.

Half-Life: Alyx est disponible sur Steam pour 49,99€. Test réalisé sur une version commerciale.

Articles liés