Dans Green Hell, vous accompagnez votre petite amie anthropologiste qui tente d’établir un contact durable avec une tribu primitive perdue au cœur de la forêt amazonienne (comme mon test). Suite à une communication radio où celle-ci apparaît en panique totale, vous décidez de vous lancer à son secours et échouez lamentablement. Poursuivi par des Amérindiens qui veulent votre scalp, vous voilà perdu au milieu de la forêt en short/t-shirt, avec un talkie walkie et un sac à dos vide. Oui, dans Green Hell vous incarnez un type un peu idiot.
Welcome to the Jungle
Dans la vie infernale de Jean-Michel Jones
Admettons que demain vous preniez une pirogue pour remonter le Maroni jusqu’au milieu de la forêt, au-delà de Maripasoula. En bon métropolitain ignare vous apprendrez les bases minimales pour vivre en forêt, comme « papaye = comestible » ou « scolopendre = méchant ». Vous apprendrez aussi qu’il faut toujours avoir votre coupe-coupe brésilien sur vous, un pantalon, une moustiquaire de tête, un hamac, quelques litres d’eau et des cachetons de décontamination, le strict minimum quoi. C’est ici que vous entrez dans la peau de Jean-Michel. Jean-Mi ne sait rien, mais vraiment RIEN, il doit donc tout essayer pour développer ses connaissances et ses compétences, transcrites dans son journal intime. Une question essentielle pour Jean-Mi, qui peut mourir de faim en une demi-journée, est donc de savoir quoi pouvoir manger pour subvenir à ses besoins en eau, protéines, lipides et glucides, qui sont indiqués sur sa montre connectée. À l’instar d’un enfant qui ne sait pas quoi goûter entre de l’eau de javel, de la lessive ou du nutella, Jean-Mi joue au petit chimiste avec son estomac, le conduisant souvent à la mort. Extrapolez ça à tous les mécanismes de survie dans le jeu et vous avez une idée un peu caricaturale du fonctionnement de Green Hell. Pour le coup c’est réellement l’enfer puisqu’on y passe les premières heures de jeu à crever, crever, crever.
À titre d’exemple, je suis mort lors de la première soirée en jeu – après 10 minutes – parce que j’ai chopé une fièvre de manière totalement aléatoire en restant sous la pluie. N’ayant aucune idée du traitement je suis allé me coucher. Le lendemain matin j’étais déjà trop faible pour faire quoi que ce soit et hop, fini. Autre exemple : je me promène dans la forêt, je tombe nez à nez avec un jaguar, il me défonce, je meurs de saignement en moins de 30 secondes. Cela m’amène à vous parler de l’échelle de temps, les jours sont très courts, il fait nuit à 16h (c’est réaliste mais c’est un jeu bordel), la faim et la soif arrivent très vite, les objets ont une durabilité de couverts en plastique, bref, tout va beaucoup trop vite et on passe son temps à faire du micro-management plus qu’à explorer le milieu. Vous poser 5 minutes pour admirer le paysage en sirotant une noix de coco n’est pas un luxe que vous pourrez vous payer, à part – comme tout survival – quand vous connaitrez bien le jeu et que vous commencerez à vous y ennuyer.
« Y’a pas de fatigue qui soit ! »
Vous l’aurez compris, ici c’est pas fait pour les candidats de Koh Lanta. Le côté positif est tout de même que tous les mécanismes sont détaillés, équilibrés, originaux et dans l’ensemble bien pensés. L’inspection des blessures est ludique, sauf quand vous devez enlever 3 sangsues toutes les 2 minutes… foutu short. Les sangsues sont désactivables dans le choix de la difficulté, mais celle-ci ne peut pas être changée une fois le jeu lancé. Les humanoïdes sont complètement abrutis, aveugles, méchants et passent leur vie à chanter pour vous indiquer leur position. Pas surprenant que les brésiliens brulent leur forêt à ces sauvages (sic.).
Pour apprécier Green Hell, il faut simplement réussir à accepter la douleur de son apprentissage, d’autant plus que le jeu peut manquer d’ergonomie : le menu de crafting est laborieux, tout comme la gestion du sac à dos ou les combats au corps à corps. Rien que pour réussir à sauvegarder la première fois, ça ne coule pas de source : il faut chercher l’interaction en se promenant de manière aléatoire autour d’un abri qui le permet, évidemment vous aurez déjà ragequit précédemment en pensant que dormir au sein de celui-ci suffisait. Hé ben non ! Tout n’est que sadisme et mort.
Conclusion
Green Hell est un survival riche mais brut de décoffrage, qui abuse un peu trop de la brutalité de ses mécanismes sous prétexte que la jungle est un milieu hostile. Plutôt que d’ouvrir plein de nouvelles possibilités de survie lors d’un événement pénalisant, Green Hell les réduit et si vous n’avez pas les ressources données à l’instant T, vos chances de survie s’effondrent sous vos yeux impuissants, ce qui peut s’avérer frustrant. Cette faiblesse est aussi une force de Green Hell, passée la douleur des premiers échecs, le jeu offre une expérience de survie exigeante qui vous tiendra en haleine plus longtemps qu’un The Forest. Si vous voulez vous épargner de réellement vous perdre en forêt équatoriale dans la vraie vie, vous ne trouverez pas d’autre simulateur sur le marché. De plus, vous pourrez bientôt vivre l’aventure en coopération et faire pousser du cannabis. Allez, libérez le Jean-Michel qui sommeille en vous.
Green Hell est vendu 20,99€ sur Steam.