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[TEST] AMID EVIL, le rétro-FPS version hérétique

AMID EVIL est le nouveau rejeton de l’éditeur New Blood, spécialisé dans les FPS résolument rétro (DUSK, Maximum Action). Le jeu est développé par le studio néo-zélandais Indefatigable et ses influences ne sont pas cachées : ici, on s’inspire de Quake, Heretic ou encore Hexen, mais en apportant toutefois une grosse touche d’originalité. Entré en accès anticipé il y a plus d’un an, AMID EVIL s’est considérablement amélioré depuis notre preview et, maintenant qu’il est complet, il est temps de découvrir ce que vaut ce nouveau fer de lance du rétro-FPS.

Pyramides et villes

Les royaumes sont en proie à un mal indicible ayant corrompu toutes les terres sacrées. Seul un champion apostat capable de porter la Hache du Labyrinthe Noir obtiendra le droit de fouler le Portail des Anciens et de traverser les dimensions afin d’anéantir les ténèbres une bonne fois pour toute. Et ce champion, c’est bien évidemment VOUS. Ce synopsis des plus kitsch donne le ton sur l’univers heroïc-fantasy d’AMID EVIL. Vous allez devoir pourfendre Le Mal (littéralement) à travers sept mondes constitués d’environnements variés et remplis de couleurs vives : temple mauve suspendu dans l’espace, catacombes rougeoyantes envahies par la lave, gigantesques cités antiques à l’apparence orientale, forges dantesques bourrées de mécanismes et de roues crantées… Chaque chapitre se conclue par un boss et propose son propre lot d’ennemis aussi hauts en couleurs que l’univers du jeu : armures possédées, monstres tentaculaires, ombres mortelles, anges agressifs, golems enragés, esprits d’épines, têtes en poterie volantes crachant du feu… Au total, c’est une vingtaine de monstres variés que vous devrez affronter. Si les ennemis ne sont pas toujours réussis (des têtes en poterie volantes, sérieusement ?), accordons à AMID EVIL le mérite de nous offrir un ensemble de cibles hétérogènes et originales.

L’arsenal est lui aussi plutôt atypique : les armes se comptent au nombre de sept et, à part la Hache du Labyrinthe Noir, il s’agit systématiquement d’objets magiques tirant chacun des projectiles différents. Le bâton projette des boules magiques à têtes chercheuses, le trident électrique agit comme un taser survolté, le sabre envoie des lames d’énergies, la masse balance des pics acérés et le lance-planète lance… des planètes explosives. Enfin, l’Aeternum est un machin rose informe agissant comme un BFG. Toutes ces armes sont très originales et plutôt réussies, chacune ayant son utilité et procurant d’assez bonnes sensations de tir – mention spéciale pour la masse qui cloue les ennemis aux murs. Petit twist, elles possèdent également un tir alternatif surpuissant lorsque le héros entre en Soul Mode, une sorte d’état de rage que l’on peut activer une fois une jauge remplie.

Le côté original de l’univers d’AMID EVIL est souligné par ses visuels tout aussi étonnants. Les développeurs d’Indefatigable ont choisi de mélanger une esthétique rétro (personnages low poly, textures basse résolution, armes en sprite 2D, HUD old-school, etc.) avec des effets modernes tels que des éclairages dynamiques, des reflets lumineux, du brouillard et du bump mapping. Le résultat est à la fois particulièrement atypique et réussi, surtout en mouvement – les screenshots accompagnant ce test ne rendent pas vraiment hommage à la qualité visuelle et aux sensations que procure le titre souris en main. Toutefois, entendons-nous bien sur le fait que la direction artistique curieuse pourrait tout à fait laisser quelques joueurs de marbre. Heureusement pour ceux qui ne seraient pas convaincus par le côté kitsch et criard du jeu, AMID EVIL propose un panel d’options permettant de modifier l’apparence visuelle du jeu, comme pixeliser davantage l’image ou réduire l’intensité des couleurs. L’aspect éthéré et surnaturel du jeu est soutenu par la bande-originale du jeu composée par Andrew Hulshult (DUSK, Brutal Doom, Quake Champions) proposant des morceaux atmosphériques, tantôt féeriques tantôt inquiétants, et prenant à contre-pied les bourrinades habituelles à base de hard-rock qui illustrent généralement ce genre de jeux.

Black Labyrinth Master

Son apparence rétro et ses inspirations assumées trahissent d’emblée le gameplay que vous propose AMID EVIL : sans surprise, il s’agit d’un fast-FPS à l’ancienne assez classique. Votre personnage se déplace très vite et les ennemis, pas toujours si nombreux même s’il faut parfois affronter une horde, sont très agressifs. L’esquive des divers projectiles balancés par vos adversaires (il n’y a pas de hitscan), la maîtrise du crowd control et la gestion de vos munitions sont au centre des combats. Bref, rien de très original pour qui connait déjà ce genre de jeux old school. À noter toutefois, l’effort réalisé par les développeurs afin d’améliorer le comportement des ennemis : si ceux-ci se contentent la plupart du temps d’avancer vers vous, certains sont tout de même capables de sauter sur les hauteurs, d’esquiver ou de parer vos coups ou même de vous téléporter à leurs côtés, ce qui ajoute un peu de complexité bienvenue aux combats.

Dans la plus pure tradition rétro, le level design propose des niveaux plutôt labyrinthiques, bourrés d’allers-retours, de clés à chercher ou de boutons à presser afin de pouvoir avancer, sans jamais être trop tordu et vous bloquer trop longtemps. Quelques passages de plateformes assez hasardeux viennent agrémenter votre aventure, histoire d’augmenter votre compteur de morts lors d’un saut raté à cause de la physique étrange. Non, je ne rage pas, j’explique. Toutefois, si les premiers chapitres du jeu sont plutôt sages, classiques voir même prévisibles en dépit de leur architecture parfois grandiose, la folie du level design se dévoile progressivement. Les derniers niveaux finissent en apothéose en offrant quelques trouvailles plutôt surprenantes, comme des phases sans dessus-dessous, des passages sous-marins ne respectant aucune loi de la gravité, des escaliers sans queue ni tête apparaissant au fur et à mesure de la progression du joueur… Tout cela donne une sensation chaotique et renforce le côté irréel de l’univers. Au final, si AMID EVIL arrive à nous surprendre dans ses ultimes chapitres, il reste globalement assez mesuré dans sa proposition et n’atteint jamais la frénésie transcendantale de la fin de DUSK, par exemple.

AMID EVIL vous propose trois difficultés (Easy, Medium, Hard) accessibles à partir du hub central. D’office, je vous conseille d’attaquer le jeu en mode Hard si vous êtes familier des fast-FPS. Même ainsi, il vous faudra une dizaine d’heures pour terminer l’aventure principale sans trop se fouler. C’est d’ailleurs l’un des principaux reproches que j’adresserais à AMID EVIL : il est très facile. Le jeu ne vous confronte que rarement à une situation réellement compliquée dans laquelle vous devez faire des pieds et des mains pour vous en sortir. Et même lorsque c’est le cas, les ressources disséminées dans les niveaux sont suffisamment nombreuses pour vous refaire une santé et remplir vos jauges de mana faisant office de munitions. Notez qu’une quatrième difficulté cachée, intitulée Evil, existe et qu’elle semble plus adéquate au joueur qui cherche un peu de défi. La durée de vie ne se limite toutefois pas à l’histoire, chaque niveau se concluant par un écran récapitulatif vous adressant des titres honorifiques en fonction de vos exploits : votre temps de jeu, si vous avez trouvé tous les secrets, tué tous les ennemis, lu tous le lore, etc. Les amateurs n’hésiteront donc pas à recommencer encore et encore les niveaux jusqu’à ce qu’ils aient tout débloqué. AMID EVIL propose également un mode Horde assez ardu qui occupera les plus sportifs d’entre vous.

 

Aussi classique qu’original

Derrière ses références assumées et son gameplay fast-FPS classique, AMID EVIL propose un univers étonnant et une réalisation osée. Si vous vous laissez happer par sa proposition esthétique inhabituelle, vous trouverez un bon FPS rétro et vous vous perdrez avec plaisir dans son monde grandiloquent, irréel et atypique pendant la dizaine d’heure de jeu que dure l’aventure.

 

AMID EVIL est disponible sur Steam et sur GOG pour le prix de 16,99€, soit l’équivalent de deux Blu-Ray de Conan le barbare.

Rutabaga: Élevé au bon grain des FPS de l’âge d’or, si Rutabaga adore particulièrement TUER TUER TUER à coups de rocket launcher et autres akimbo de fusils à pompe, il n’est toutefois pas insensible à une bonne épopée solo bien scénarisée.
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