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[PREVIEW] Predator: Hunting Grounds, l’enfer vert

Prévu pour sortir le 24 avril prochain, Predator: Hunting Grounds est une adaptation vidéoludique de l’excellent film de McTiernan avec un concept relativement alléchant : il s’agit d’un jeu multijoueur asymétrique dans lequel quatre joueurs en vue FPS affrontent un cartel de la drogue dirigé par l’IA en pleine jungle, tandis qu’un cinquième larron incarne un Predator ayant pour but de les éliminer… Nous avons pu tester le jeu à l’occasion de son week-end d’essai et, autant vous le dire tout de suite, on y enverrait pas un chien vérolé.

Les bidasses en folie

Après environ 5 minutes de machtmaking et d’écran de préparation, la partie se lance. C’est ma toute première mission et les ordres sont assez clairs : nous devons infiltrer une base du cartel, récupérer quelques disques durs et faire péter des trucs histoire de nuire aux trafiquants. Après avoir choisi une zone d’arrivée, l’hélicoptère nous dépose dans une clairière. Alors que chacun commence à se diriger vers l’objectif qui s’affiche en gros sur le HUD, je cligne plusieurs fois des yeux. Je ne rêve pas : non seulement ce qui s’affiche autour de moi est très laid mais le jeu semble bloqué à 30 images par seconde. Le temps de m’habituer au FOV étriqué au possible et de passer le clavier en QWERTY, me voilà prêt à suivre mes camarades qui tentent de pénétrer discrètement dans la base ennemie.

De nombreuses silhouettes apparaissent en rouge à travers les murs au fur et à mesure que les adversaires sont marqués – nos commandos semblent équipés d’un wallhack qui n’aurait pas fait pâle figure au sein de l’équipement du Predator. J’ai à peine le loisir de récupérer un des objectifs que l’alarme retentit, nous sommes repérés et les narcos se mettent à courir partout comme des poulets sans tête. Fini la subtilité, je dégaine mon fusil d’assaut et fonce dans le tas en tirant à tout va. Grâce à l’absence total de recul de mon arme et à l’idiotie abyssale des trafiquants, j’enchaîne les headshots dans un déluge de bonus d’XP et d’informations variées qui envahissent mon HUD. Les ennemis, se ruant vers moi à découvert et parfois même à reculons (!), tombent comme des mouches.

Soudain, j’entends le cliquetis caractéristique du Predator, suivi de bruits de pas lourds. J’aperçois une silhouette quasi-transparente se diriger vers moi depuis un toit environnant et je n’hésite pas une seconde à l’engager. Alors que j’appréhendais l’affrontement, je me rends compte que cet créature dotée d’une technologie extrêmement évoluée et ayant été élevée dans le seul but d’être le meilleur tueur de la galaxie a beaucoup de mal à encaisser quelques balles de M4. Très vite, l’extra-terrestre, blessé et en infériorité numérique, tente de fuir en sautant d’arbre en arbre mais mon wallhack me permet de ne pas le perdre de vue et de le poursuivre tout en le mitraillant. Au bout de quelques chargeurs, il finit par s’écrouler sous mes balles. Facile. Un dernier chargeur, vidé à bout portant dans sa tête, l’empêche d’activer le système d’auto-destruction atomique qu’il transporte. Il est désormais temps pour nous de sécuriser la zone et de la défendre face à ces narcos imbéciles qui défilent à la queuleuleu pour nous piquer le cadavre de l’alien, sans succès. La mission se termine tandis que la voix off de l’opérateur nous félicite de notre victoire : je regarde ma montre, la partie n’aura duré qu’à peine plus de 5 minutes.

« Euh, les gars, vous êtes sûrs que c’était un fameux tueur intersidéral ça ? »

Rasta from outer space

Côté Predator, tout se joue à la troisième personne. Notre monstre à la faculté de grimper aux arbres, d’effectuer de grands bonds, de devenir invisible ou encore de créer des leurres audio afin de tromper ses adversaires. Il est tout de même assez fragile et doit bien faire attention à ne pas attaquer les soldats de front, mais toujours essayer de profiter du chaos impliqué par les vagues de narco-trafiquants. Ses gadgets et son canon d’épaule ne font pas le poids face à l’équipement terrien : il sera plus efficace d’isoler un adversaire et de le dépecer au corps à corps avec ses lames que de tirer dessus.

Les déplacements arboricoles du Predator sont rendus aisés par un système intitulé Predkour, du parkour sauce E.T. Il est facile de se mouvoir de branches en branches et d’arbres en arbres en appuyant simplement sur la touche « avancer ». Toutefois, ce que l’on gagne en confort, on le perd en précision et en liberté de mouvement, ce qui poussera régulièrement le Predator à faire des actions non-voulues et, parfois, à se retrouver malgré lui en situation délicate.

Vous pouvez découvrir ci-dessous une vidéo, enregistrée par un illustre inconnu.

Pour résumé, notre Predator est peu résistant, possède un équipement assez inefficace et la moindre erreur peut lui être fatale. Ajoutez à ça le fait d’être extrêmement bruyant et repérable à grande distance et vous obtenez un résultat bien loin de ce qu’on imagine d’un tueur venu d’outre espace. Après plusieurs partie, le constat est sans appel : si les commandos restent groupés, ils ne font qu’une bouchée du Predator, une proie facile dès l’instant où il est marqué et apparaît à travers les obstacles. À l’inverse, s’ils sont aussi bêtes que l’IA et se séparent, ils deviennent ainsi très vite du bétail pour l’alien belliqueux. Même si les objectifs des commandos sont désignés aléatoirement à chaque mission, dire que les parties se ressemblent toutes et sont peu intéressantes est donc un euphémisme.

One ugly motherfucker

Si Predator: Hunting Grounds est déjà pénible niveau gameplay, il frôle la catastrophe sur presque tout le reste. Difficile de lui pardonner ses menus abscons dans lesquels on se perd, l’absence d’options graphiques ou de paramétrages de touches, son matchmaking long comme la mort, son système de jeu entre amis qui ne fonctionne qu’une fois sur quatre, ses visuels datés et grossiers, son aliasing transformant n’importe quel feuillage en pyramide aztèque, son framerate souffreteux…

Le plus cynique là-dedans étant que, en dépit de l’état global ridicule du jeu, la monnaie in-game et les cosmétiques sont déjà bel et bien présents. On sent que les développeurs ont passé pas mal de temps à proposer une personnalisation assez complète pour les modèles de personnages, qu’il s’agisse des Predator ou des humains. Coupes de cheveux, Predlocks, chapeaux, masques, camouflages, accessoires oculaires, cagoules, etc. Tout est déblocable avec des lootboxes ou en les achetant avec de la monnaie de singe – ce qui laisse présager de la présence d’un système impliquant de l’argent bien réel à la sortie du jeu.

Soyons tout de même honnête : s’il y a bien un point positif là-dedans, c’est dans le respect de la licence. Nul doute que les développeurs ont vraiment chercher à s’inspirer de la saga car, outre l’excellente musique et l’ambiance générale directement tirée des films, on retrouve les véritables gadgets et capacités que possèdent les célèbres chasseurs intergalactiques dans les œuvres cinématographiques. Voilà voilà…

Prêt à tort

Vous l’aurez compris, Predator: Hunting Grounds n’est pas une bonne surprise. Derrière un concept intriguant et un vrai respect de la licence se cache en réalité un titre inintéressant, au gameplay fade, techniquement raté, pensé uniquement pour la console et sans vraiment d’ambition. Difficile de croire que le jeu pourra s’améliorer d’ici sa sortie fin avril.

Predator: Hunting Grounds sortira le 24 avril en exclusivité sur Epic Games Store et Playstation 4 au prix de 33€.

Rutabaga: Élevé au bon grain des FPS de l’âge d’or, si Rutabaga adore particulièrement TUER TUER TUER à coups de rocket launcher et autres akimbo de fusils à pompe, il n’est toutefois pas insensible à une bonne épopée solo bien scénarisée.
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