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[PREVIEW] Blood West, un S.T.A.L.K.E.R. dans l’Ouest sauvage

Développé par le studio indépendant Hyperstrange (Elderborn, Postal: Brain Damaged), Blood West est un rétro FPS au concept bien plus intéressant qu’on pourrait croire à première vue. Mélangeant FPS avec des éléments de RPG et d’horreur, il propose un gameplay atypique et intriguant. Son arrivée en accès anticipé est prévue pour le 10 février, et nous avons récupéré une version preview qui nous a permis de savoir ce qu’il avait vraiment dans le ventre.

Genre : Rétro FPS horrifique solo | Développeur : Hyperstrange | Éditeur : Hyperstrange | Plateforme : Steam | Prix : 15€ | Configuration minimale : Intel 6-core i5-7500, 4GB RAM, NVIDIA GTX 780M | Langues : audio et texte en anglais | Date de sortie : 10 février 2022 (accès anticipé) | Durée : environ 3h30 

Preview effectuée sur une version éditeur.

C.O.W.B.O.Y.

Vous êtes mort. Enfin, pour être exact, vous étiez mort, jusqu’à ce que des esprits ancestraux vous tirent de votre enfer personnel et vous demandent d’arpenter à nouveau les terres de l’Ouest sauvage. Celles-ci ont été touchées par une terrible malédiction et sont désormais envahies par des créatures surnaturelles malveillantes, errant parmi les ruines de la civilisation et les canyons désertiques. Profitant des conseils des esprits, vous allez devoir purger les lieux en récupérant des artéfacts imprégnés de l’essence du Mal, cachés dans différents points d’intérêts, comme une église brulée, une mine abandonnée ou encore un ancien fort militaire… L’univers de Blood West, que l’on pourrait qualifier de western post-apocalyptique, est plutôt intéressant et atypique. Les vestiges de saloons et autres fermes de redneck semblent avoir envie de nous conter une histoire, tandis que les monstres que l’on y rencontre sont assez originaux : outre les zombies classiques, on peut aussi affronter des hommes-oiseaux, des filles du démon, des crânes spectraux, des créatures insectoïdes et mêmes de terribles wendigos. Par ailleurs, sans être un canon de beauté, il y a quand même un certain charme dans sa direction artistique rétro. Surtout, le jeu arrive à créer une ambiance mélancolique horrifique, notamment grâce à sa musique minimaliste et à son sound design dérangeant.

Le personnel des saloons, c’était mieux avant…

Contrairement à la palanquée de rétro FPS qui sortent chaque année, s’inspirant généralement des fast FPS d’antan, Blood West propose un original mélange de FPS, de RPG, d’horreur et d’exploration, à la manière d’un S.T.A.L.K.E.R.-light. Votre personnage, lent et faible, doit explorer une grande carte ouverte, récupérer du matériel là où il peut et gagner de l’expérience en tuant des ennemis et en accomplissant des missions. Le monde est terriblement hostile et les différents monstres que vous croiserez ne feront qu’une bouchée de vous si vous foncez dessus tête baissée. Il vous faut, au moins au début, profiter du système d’infiltration pour vous glisser derrière eux et leur asséner un grand coup de hache pour vous en débarrasser. L’absence initiale de munitions et vos facultés limitées arrivent à créer une véritable tension, vous poussant à observer longuement les lieux avant de saisir l’opportunité de vous débarrasser des créatures sans vous faire repérer par les autres. Et si jamais vous deviez mourir à nouveau, vous devriez alors subir une terrible malédiction vous rendant encore plus faible que vous ne l’êtes déjà. Heureusement, quelques havres de paix parsèment les terres de Blood West : dans les rares campement sécurisés, il vous est possible de vous reposer, vendre vos trouvailles, acheter armes, munitions et artéfacts de protection, acquérir de nouvelles quêtes et débloquer des bénédictions vous permettant d’améliorer certaines de vos statistiques. Alors que vous gagnez en puissance et en matériel, vous pourrez commencer à utiliser vos pétoires (arc, revolver, fusil de chasse, winchester…) pour vous débarrasser des ennemis les plus retors. N’espérez tout de même pas profiter de votre skill de PGM pour défoncer tout ce qui passe en deux temps trois mouvements : sans amélioration, votre personnage vise mal, recharge lentement et vos ennemis sont très résistants, sauf face aux headshots. Le gunfeel est tout de même assez plaisant, notamment lorsqu’une balle vient exploser la tête de votre adversaire dans un déluge sanguinolent.

Bref, en somme, Blood West est doté d’un concept et d’un gameplay accrocheurs, ainsi que d’une réalisation assez réussie pour créer une ambiance horrifique. Toutefois, malgré ces bases solides, notre version preview n’a pas réussi a réellement nous convaincre, notamment à cause d’un mauvais équilibrage ruinant un peu ses efforts.

Un côté pied-tendre

Si Blood West commence dans la tension et l’angoisse, vous demandant de faire très attention à chacun de vos pas, ce n’est malheureusement pas le cas sur la durée. En effet, votre personnage évolue très vite, gagnant des compétences et de l’équipement puissants. En moins d’une heure, il passe ainsi de proie apeurée à chasseur impavide surarmé, capable de défourailler à tout va sur les nombreux ennemis hantant les lieux. Toute l’ambiance horrifique tombe à l’eau lorsque vous pouvez facilement enchainer les headshots grâce à un bullet time, que votre personnage est plus résistant que jamais et que vous trouvez systématiquement des munitions surnuméraires sur les cadavres. Blood West ne devient alors qu’un stand de tir au pigeon en plein Far West. Un point d’autant plus accentué par la bêtise des créatures, incapables de vous rattraper ou de grimper à une échelle, ce qui permet de les attirer facilement dans des pièges pour s’en débarrasser sans effort, y compris pour les plus dangereuses. C’est simple, les seuls ennemis à m’avoir donné du fil à retordre après le début du jeu étaient les crânes spectraux volants, difficiles à atteindre et pouvant passer à travers les murs. On regrette aussi le manque de diversité chez les ennemis, dont on aurait apprécié voir quelques variations nous forçant à adapter notre style de jeu, ou, pourquoi pas, quelques mini-boss récompensant l’exploration de zones annexes. Bref, en l’état, le jeu est trop facile et manque de complexité, ce qui empêche le joueur d’être totalement happé par sa proposition. C’est d’autant plus regrettable que la démo, essayée en octobre 2021, laissait entrevoir un jeu bien plus hardcore. D’une certaine façon, cela m’a rappelé le fiasco Graven.

Pour une fois que je vais à la messe, il faut que ce soit un temple impie !

Pour le moment, seul le premier chapitre du jeu est disponible et se termine en un peu de plus de trois heures. Au terme de l’accès anticipé, deux nouveaux épisodes, se déroulant chacun dans une nouvelle carte, viendront s’y ajouter pour une durée de vie d’une dizaine d’heures environ.

Par ailleurs, malgré les environnements et l’atmosphère générale réussis, l’absence quasi-totale d’éléments narratifs se fait ressentir. On ne sait absolument rien sur les gens qui habitaient cette ville abandonnée, les fermiers du coin devenus fous, le culte visiblement malfaisant qui opérait en ces lieux… Seule une petite phrase, lâchée par les esprits ancestraux lorsqu’on leur apporte un artefact, vient vaguement donner un peu de contexte à ce que l’on vient de voir. C’est dommage, car on sent tout de même une volonté de proposer des environnements cohérents et une histoire sous-jacente. Parallèlement, les rares PNJ se contentent de quelques interventions vagues. Je sais que depuis Dark Souls, il existe une certaine mode narrative impliquant de discuter avec des personnages volontairement nébuleux, mais on aurait aimé un peu plus de profondeur dans les dialogues.

Que cela ne vous empêche toutefois pas de vous pencher sur Blood West : le jeu garde un fort potentiel. En effet, les développeurs ont déjà annoncé que la version preview que nous avons essayé différait de l’accès anticipé et que de nombreux équilibrages seront effectués, de nouveaux éléments ajoutés, des options absentes de notre version seront désormais présentes. De quoi, peut-être, corriger les failles du jeu et en faire une expérience peaufinée à la hauteur de ses ambitions.

Un fort potentiel, mais il reste du boulot

Blood West est un rétro FPS au concept atypique, doté d’un gameplay accrocheur et d’une ambiance réussie. Malheureusement, son manque de complexité, d’équilibrage et de narration l’empêche pour le moment d’être vraiment intéressant. Mais la route de l’accès anticipé est encore longue et on espère voir ses défauts corrigés d’ici la sortie en version finale.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

Rutabaga: Élevé au bon grain des FPS de l’âge d’or, si Rutabaga adore particulièrement TUER TUER TUER à coups de rocket launcher et autres akimbo de fusils à pompe, il n’est toutefois pas insensible à une bonne épopée solo bien scénarisée.
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