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Mes premières impressions sur Kingdom Come : Deliverance

C’était l’histoire d’une promesse titanesque soutenue par plus d’un million d’euros sur Kickstarter, celle de créer un open world médiéval à la première personne mémorable, avec un accent sur le réalisme, un Oblivion moins arcade et sans magie. Entre temps, pendant ces 4 ans de développement chaotique et avec un retard de 2 ans, on a eu le droit à The Witcher 3. Autrement dit, la barre était haute. Après une alpha et une beta qui avait, chez les backers de la première heure, suscité beaucoup de craintes, le jeu est sorti cette semaine, le 13 février avec un patch de 20 Gb dès le premier jour. Vous le sentez venir ?

Les premiers pas dans la boue avec un peu de luth dans les oreilles sont pourtant enthousiasmants, l’ambiance moyen-âgeuse est bel et bien retranscrite, et en plus de faire plaisir aux oreilles, cela fait plaisir aux yeux : c’est beau et ça tourne plutôt bien malgré l’utilisation du Cryengine. Par contre, n’attendez de miracle avec une config plus ancienne. Et c’est probablement la seule expérience agréable que je vais garder. À l’intérieur de ce beau papier cadeau, c’est un gameplay immonde et une chiasse de bugs qui viendront vous gâcher l’expérience trop souvent.

La première catastrophe est le combat. Difficile de s’imaginer le louper dans un jeu médiéval, pourtant le système de mêlée est une purge sans nom : c’est lent, c’est mou et c’est chiant, avec une caméra horrible qui donne l’impression de jouer sur console avec un FOV de 50 degrés. Mon sentiment est d’ailleurs que le système de combat est prévu pour un putain de pad. Chaque engagement est une épreuve qui provoque, généralement, soit de l’énervement, soit un fou rire devant une intelligence artificielle totalement à la ramasse. Par conséquent, le choix intelligent pendant les dialogues devient rapidement l’évitement du combat. Vous pouvez crier au réalisme comme justification, mais dans ce cas-là, mettez vous à l’escrime ; un jeu vidéo est fait pour prendre du plaisir, or là, j’en sors avec un ulcère. Mais rassurez-vous, le jeu est tellement lent que vous passez plus de temps à discuter avec les différents PNJ et subir les cinématiques, ce qui prend une plombe car chaque début et fin de dialogue s’accompagnent d’un temps de chargement. Et je ne parle même pas des animations faciales au niveau de Mass Effect Andromeda, de la synchronisation labiale approximative, des soucis de caméras… Le story-telling est presque autant loupé que le côté FPS. Pourtant l’histoire est intéressante, on a envie de savoir la suite… Mais à quel prix ?

Le gameplay est tellement rigide qu’il est capable de foutre en l’air votre expérience de jeu. Parfois, on se demande si c’est un bug ou une feature. Vous pouvez vous faire jeter en prison par votre propre compagnon de quête car vous ouvrez la mauvaise porte ou n’avez pas de torche la nuit tombée. C’est ridicule, et ça énerve dès les deux premières heures de jeu. La gestion de la faim, de la fatigue, des blessures, des sauvegardes… Tout ce réalisme pourtant appréciable sur le papier devient rapidement plus encombrant qu’autre chose. Vous ne pouvez pas sauvegarder à votre guise, il est nécessaire d’avoir des potions “de sauvegarde”, et les auto-sauvegardes sont plutôt rares (généralement après la fin d’une grosse quête). Il vous arrivera donc de devoir recommencer votre quête fedex du début à cause d’un bug (énerver le mauvais PNJ, mourir comme un idiot à cheval) et de recommencer votre dernière demi-heure de jeu en soufflant du nez et serrant le poing. Heureusement, vous pouvez sauter dialogues et cinématiques. Même la balade à cheval est une horreur : la moindre petite pierre sur votre chemin bloque votre cheval… On a l’impression de conduire un side-car sur PUBG. Et finalement, on préfère rapidement le voyage rapide que de prendre sa monture pour une balade interminable dans un monde magnifique mais ridiculement vide en dehors d’un bandit ou d’un pauvre chevalier perdu.

Bien que le tableau que je dépeins semble noir, tout n’est pas à jeter : le côté RPG est plutôt réussi. Le système de leveling, le marchandage, les métiers… c’est de loin le côté le plus réussi, mais il semble tellement discret à côté du reste. Vous gagnez des niveaux en combat, cuisine, archerie, cavalerie sans vous en rendre compte et sans vraiment savoir ce que cela apporte en dehors de la possibilité de pouvoir porter une meilleure épée. Et quand vous n’avez même pas envie de vous battre pour ne pas subir le jeu…

« on pardonne… sauf les bugs ! »

On a l’impression d’avoir dans les mains un projet avec tellement de potentiel mais ruiné par l’incapacité d’un petit studio de tenir ses promesses. C’est un Oblivion en moins bien, avec des bugs en plus et un système de combat horrible, mais beaucoup plus beau. Pourtant, c’est une expérience contemplative exceptionnelle, mais rien de plus, et pour le moment beaucoup trop buggée pour être appréciable.

Un pétard mouillé plein de bugs

Attendez quelques patchs avant d’acheter si vous voulez vraiment tenter l’expérience. Je vous conseillerais même d’attendre une baisse de prix. Il est vendu comme un titre triple A, mais c’est loin d’être le cas. Je préfère nuancer mon propos en précisant, que je vous livre ici mes premières impressions à chaud, peut-être seront-elles différentes après une trentaine d’heures et de patchs, et nous en reparlons à froid dans quelques temps avec El Tyranos.

 

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