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[TEST] XIII 2020, le remaster de la honte

Sorti en 2003 sans vraiment crier gare, XIII avait su à l’époque satisfaire quelques joueurs de FPS lassés par la Seconde Guerre mondiale, le Viêt Nam et des terroristes. Loin de révolutionner le genre, il proposait une expérience marquante surtout grâce à sa direction artistique tentant de transposer son média d’origine, la bande dessinée. Quelle fut donc notre surprise à l’annonce d’un remaster dans le courant de l’année 2019.

XIII 2003, l’original :

En 2003, alors que ni Half-Life 2, ni Doom 3, ni Far Cry étaient sortis, XIII débarquait un peu de nul part. Ce FPS développé par Ubisoft voulait proposer de revivre les aventures de la plus ou moins célèbre série XIII, sorte de James Bond belge. Dans le scénario, tout y était : complot politique, menace terroriste, héro amnésique mais au tact et au sex appeal immuables, etc. Surtout, le titre tentait de coller esthétiquement à l’esprit BD en utilisant judicieusement la technique du cell-shading. Si le procédé a vieilli aujourd’hui, l’impression de participer à une bande dessinée reste toujours présent. D’autant plus que XIII utilisait à bon escient les codes de la bande dessinée avec parfois l’apparition de cases mettant en exergue certaines actions, des onomatopées, etc. Comme dit plus haut, côté gameplay, le jeu ne proposait malheureusement rien de réellement révolutionnaire. Pour autant, on ne s’y ennuyait pas. La campagne se pliait en une huitaine d’heures, ce qui laissait le temps de parcourir des décors très divers aux situations tout aussi variées. S’échapper d’une prison, s’infiltrer dans une base militaire ou bien un sous-marin par lequel on réussira à s’exfiltrer en utilisant le sas d’une torpille. On visitait le Mexique, se perdait dans un canyon et on zigzaguait entre les missiles nucléaires.

Vu l’époque, c’était forcément rempli de scripts en tout genre, mais au bout du compte ça fonctionnait plutôt bien. L’arsenal permettait de varier les approches (furtif ou adepte du bon chasseur) avec un feeling très agréable. Les armes étaient efficaces, précises et on pouvait même tenter le dual wielding. Si l’IA ne brillait pas toujours par son intelligence, la difficulté était tout de même au rendez-vous. Les ennemis déclenchaient une alarme s’ils vous apercevaient ou s’ils tombaient sur un cadavre. Le joueur avait d’ailleurs la possibilité de les déplacer pour les dissimuler. La bande son, très jazzy et surtout très réussie, embellissait le tout. Dans son ensemble, XIII 2003 était vraiment sympathique si l’on met de côté quelques soucis d’ergonomie et une certaine facilité dans le game-design.

XIII 2020, plutôt remerde que remaster :

Pour avoir refait l’original il y a seulement quelques jours, hormis les graphismes, le reste tient à peu près la route. Tout l’inverse de ce remaster 2020. S’il faut saluer l’effort sur le travail de restauration du point de vue esthétique, le reste ne sera que déception. L’équipe en charge de ce ravalement de façade a dû changer de moteur en passant sur Unity, et il est relativement agréable de (re)parcourir ces niveaux. Effets de lumière et de particules, textures moins baveuses (même si elles perdent aussi au passage un peu de leur esprit BD), le tout adapté aux résolutions modernes. Mais, beaucoup de points concernant strictement le gameplay sont ratés. Pour ne pas dire ridicules. XIII 2003 était, certes, un jeu très scripté. Sauf que sa version 2020 n’exécute correctement qu’un script sur quatre. Ce qui vous confronte souvent à un ennemi inanimé, attendant bêtement que le jeu lui ordonne de bouger. Cela donne des situations pour le moins loufoques où un soldat, M4 à la main, semble viser fermement et on ne peut plus sérieusement… le vide. Vous pourrez en faire le tour trois fois, tant qu’il n’aura pas reçu une balle, il ne bougera pas. De toute manière, l’IA semble avoir perdu pas mal de neurones en 17 ans, puisqu’elle se contentera souvent de foncer, groupée, dans votre ligne de mire.

Mais là où le jeu se moque vraiment de nous, c’est sur sa finition. Par où commencer ? Déjà, il y a un énorme problème de mixage sonore. Vous aurez beau tripatouiller les options dans le menu audio, la musique, les dialogues et les bruitages ne sont jamais au bon niveau. La musique, pourtant l’une des pièce maitresses de l’original, est sous mixée. Parfois ce sont les dialogues que l’on ne parvient pas à entendre, sans que l’on sache pourquoi. Quand ils ne sont pas carrément absents d’une cut-scene ou d’une cinématique. Rien de mieux pour bien ruiner la mise en scène. Ce n’est pas tout : il arrive aussi que des cases de bande dessinée ne montrent rien… ou que des cinématiques, pourtant présentes dans l’original, soient supprimées. Si les caméras de surveillance n’étaient pas d’une grande utilité, elles accentuaient tout de même le côté BD. Ici, elles ne fonctionnent carrément plus. Et puis, il y a les bugs, les ennemis qui se déplacent en glissant avec les bras écartés, comme se préparant à une crucifixion. Les armes, M4 ou matraque, virevoltant à leurs côtés. Les animations de mort vraiment ridicules, tout comme la démarche des soldats qui patrouillent. Des textures qui apparaissent ou disparaissent d’un bref mouvement de souris. Sans parler de ces ennemis que rien ne sortira du coma. Pas même lorsque deux de leurs collègues tout aussi comateux, situés juste à côté et à la vue de tous, se prennent chacun une balle dans la tête. Non, même si vous utilisez une AK-47 à ce moment là.

J’ai même eu droit à quelques chutes de framerate ! Ah, et si on ne vous a pas parlé du multijoueur, c’est qu’il ne fonctionne pas. Et l’ultime bug, qui a fait redémarrer mon PC et qui a supprimé toutes les sauvegardes du jeu ! Heureusement, à cause de tous ces défauts et plus particulièrement l’IA, le jeu se termine très facilement. Inutile de tenter l’infiltration, foncer dans le tas suffira systématiquement. Même dans le niveau de difficulté le plus élevé intitulé : XIII, vous ne devriez pas y arriver.

Pour finir, notons que les développeurs ont quand même ajouté deux choses qui ne plantent pas : la selection des armes par un menu radial, bien plus pratique que dans l’opus de 2003. Et des trucs à collecter et collectionner dissimulés un peu partout dans les niveaux. Cela récompense l’exploration, tandis que certains lieux ont été très légèrement agrandi.

Si vous souhaitez comparer, voici les deux premières heures du XIII de 2003 (et les deux heures suivantes ici) :

Conclusion

Sans équivoque, ce remaster de XIII est une honte. Si le côté esthétique est relativement réussi, tout le reste a été bâclé. Problème de son, cinématiques manquantes et une IA aux abonnés absents. Le tout agrémenté de bugs pouvant aller jusqu’à supprimer toute votre progression, sans prévenir. À 39,99€, c’est vraiment un gros foutage de gueule. Si le jeu vous tente, préférez lui sa version originale à 3€.

Test réalisé à partir d’une version éditeur. XIII est disponible sur Steam, ou chez notre partenaire Gamesplanet contre 39,99€. Ce qui est 13 fois le prix du jeu original, qui est au moins 13 fois meilleur.

Fcp: La légende dit qu’il était là avant même la création de Nofrag. Personne ne le connait vraiment. C’est un peu notre maman.
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