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[TEST] Starfield : la tête dans les étoiles, les pieds dans la merde

Attendu comme le Messie par les fans des jeux Bethesda, Starfield a su faire monter la hype progressivement tout au long de son développement. Annoncé en 2018, puis rendu exclusif à Microsoft après le rachat du studio en 2021, c’est surtout la première fois que Bethesda Game Studio sortait une nouvelle licence depuis 25 ans. Comme il est maintenant accessible depuis deux semaines, tout le monde a déjà donné son avis, globalement unanime : c’est comme Skyrim, dans l’espace, en moins buggé. Mais si vous lisez ces lignes, c’est que vous voulez un regard critique et impartial. Oui, Starfield est réussi. Il est aussi chiant que captivant, aussi énervant que jouissif, mais il faut croire que ses qualités dépassent ses défauts.

Genre : RPG Bethesda | Développeur : Bethesda Game Studios | Éditeur : Bethesda Softworks | Plateforme : Steam, Xbox Game Pass | Configuration recommandée : AMD Ryzen 5 3600X ou Intel i5-10600K, 16 Go de RAM, Radeon RX 6800 XT, GeForce RTX 2080  | Prix : 69,99 € | Langues : Anglais, français | Date de sortie : 6 septembre 2023 | Durée de vie : Des centaines d’heures

Test effectué avec une version Steam fournie par l’éditeur

Une recette ancestrale : des heures de cuissons avant de pouvoir en profiter

Si vous cherchez l’originalité dans le scénario de Starfield, vous allez être déçu. À peine arrivé dans cet univers, on vous intègre dans une prestigieuse organisation d’explorateurs, pour retrouver des artefacts plus ou moins magiques. Pourquoi vous ? Parce que vous êtes l’élu, pardi ! Mais si le scénario principal est aussi subtil qu’un bulldozer dans un magasin de porcelaine, comme pour les anciens titres du studio, les autres arcs narratifs sont l’une des forces du jeu. Alors que diriez-vous de laisser de côté la survie de l’humanité, pour plutôt aller vous balader ? En parcourant le monde de Starfield, des myriades de quêtes secondaires vont vous être proposées au gré de vos rencontres avec des PNJ. Et il est parfois bien difficile de déterminer s’il s’agit d’une bête mission fedex, ou d’une histoire profonde avec plusieurs rebondissements, vous menant aux quatre coins de la galaxie. Les développeurs se permettent même de nous faire croire qu’on est tombé complètement par hasard sur cette incroyable aventure secondaire, et qu’on aurait facilement pu la rater, alors que tout le level design nous y mène. C’est très malin : le jeu donne l’agréable impression d’être un privilégié, de découvrir des choses exclusives et cachées.

Mais pour atteindre cela, il faudra être patient et un peu persévérant. On ne vous a pas menti, le début du jeu n’est pas formidable. Entre les menus catastrophiques et la mise en place du lore, distillé à petites gouttes, il faut bien une dizaine d’heures avant de prendre ses marques et être réellement embarqué. La progression dans l’arbre de compétences est elle aussi plutôt lente, débloquant peu à peu des possibilités, mais finalement cohérente avec une expérience qui peut vous voler plusieurs centaines d’heures de votre vie. Si vous n’êtes pas habitué aux jeux Bethesda, certaines mécaniques vous seront complètement obscures. Les explications de trois lignes vous laissent complètement démuni face à la construction des vaisseaux, des bases, des liaisons interplanétaires, et même face au crochetage. Il m’a fallu éplucher des guides pour commencer à comprendre comment faire telle ou telle chose, ou tout simplement savoir sur quelle touche appuyer pour ouvrir certains menus.

Techniquement honteux, artistiquement heureux

Et les bugs ?
Eh bien, c’est plutôt pas mal. Hormis le fait que les PNJ passent parfois à travers les objets, ou dorment en l’air, les crashes sont extrêmement rares. Je n’en ai expérimenté que deux en plus de 60 heures de jeu, et ils n’ont quasiment aucun impact, grâce à la sauvegarde auto, qui se déclenche à chaque chargement.

Les performances de Starfield sont catastrophiques, au regard de ce qu’il se permet d’afficher. Todd Howard a beau répéter que c’est de votre faute, et qu’il faut acheter une meilleure machine, le framerate ne décolle jamais réellement, même avec des machines très puissantes. D’autre part, le FSR 2, relativement efficace sur les PC haut de gamme, fait un véritable travail de sagouin à basse résolution, générant une bouillie dégueulasse vous projetant 20 ans dans le passé. Heureusement, le DLSS, proposé par des mods en attendant qu’il soit intégré officiellement par Bethesda, vient relever le niveau. Sur mon PC portable doté d’un Core i5 12500H, de 32 Go de RAM et d’une RTX3060, c’est globalement fluide en 1080p, DLSS 2 à 75% et tout en low, sauf dans de grands espaces. C’est d’autant plus cocasse que les extérieurs sont généralement peu inspirés, comme la première cité, New Atlantis, par exemple. Au contraire, la direction artistique des intérieurs et de tous les objets qu’on y trouve est assez incroyable. Le style NASA punk tant vanté par le studio est une réussite indéniable. Que l’on se balade dans un vaisseau, une station spatiale ou sur une installation minière, on sent vraiment que les développeurs ont porté une attention toute particulière à la cohérence de l’univers. Cette approche, plus proche de l’anticipation que de la hard-SF, m’a complètement conquis.

Autre tare technique héritée du moteur : les chargements. Starfield les impose très régulièrement, et les voyages rapides, indispensables, renforcent cette impression de hachure. Sur un SSD, cela ne représente que quelques secondes à chaque fois, et ce n’est pas si gênant, mais ces coupures font un peu tâche en comparaison des petits copains.

Dans l’espace, personne ne vous entendra pester contre les commandes

Malgré un univers résolument tourné vers les étoiles, les phases en vaisseau ne représentent pas une si grande partie de Starfield. Elles ne sont souvent qu’une transition avant d’accéder à une planète ou une station spatiale, et l’occasion d’affrontements avec d’autres vaisseaux. Comme pour les autres mécaniques du jeu, le pilotage n’est pas des plus intuitifs. Il faut jongler entre les jauges des armes, du moteur et du bouclier, tout en surveillant l’état de la coque, avec une ergonomie proche de la perfection, si vous êtes un poulpe. À la fois trop compliqué pour les néophytes, et un peu simpliste – et très mal branlé – pour les fans de simulations spatiales, Starfield a le cul entre deux chaises, et ne contente personne. Heureusement, ce n’est pas non plus une tannée, c’est juste OK. On s’amusera beaucoup plus à la construction et la personnalisation des vaisseaux, une fois que l’on aura compris comment ça marche.

 

La navigation entre les planètes, voire entre les systèmes, passe globalement par le voyage rapide – une téléportation – que l’on pourrait regretter de prime abord. Cependant, il faut se rendre à l’évidence, l’espace, c’est grand, vide et chiant. Encore plus qu’un petit écran de chargement. Bethesda a sans doute fait le bon choix en permettant beaucoup de liberté de ce côté-là. Les cartes astrales sont plutôt jolies, mais encore une fois, des aberrations ergonomiques viennent un peu gâcher la fête. Enfin, un autre point relatif à la l’orientation est à relever : une fois à la surface d’une planète, seuls les points d’intérêt sont marqués sur la carte du monde. Aucune rue, aucun relief ne sont représentés. Super pratique pour se repérer… Néanmoins, ce n’est pas si gênant, puisque si vous êtes perdu, le scanner affiche le chemin à suivre pour continuer votre quête grâce à des flèches au sol.

Des armes qui dépotent, une IA qui toussote

Les mods

Après avoir passé une vingtaine d’heures sur la version vanilla (ndlr, le jeu proposé tel quel par les développeurs), j’ai franchi le pas des mods, en suivant une vidéo. Entre l’interface mille fois meilleure que celle d’origine, ou le skip des cinématiques d’amarrage, la qualité de vie est tellement améliorée qu’il me serait vraiment compliqué de continuer l’aventure sans. Si vous ne savez pas trop quoi prendre, choisissez les plus appréciés sur Nexusmods, vous ne regretterez pas. À noter que je n’ai testé que la version Steam, mais qu’il existe des tutos pour la version Xbox Game Pass.

Lors de la présentation du jeu, les différents combats montrés n’étaient pas très engageants et laissaient craindre des combats à chier. À mon grand étonnement, j’ai trouvé le feeling vraiment chouette pour la majeure partie des armes. Tant du côté des pistolets que des fusils d’assaut ou des fusils à pompe, il y a un très bon punch, un sound design efficace et un recul plutôt pas mal. Même les pétoires à énergie bénéficient d’un très bon feedback, rendant les affrontements très plaisants. Certes, on est dans un RPG, et certains ennemis peuvent être de véritables éponges à balles en fonction de leur niveau, mais j’ai beaucoup apprécié nettoyer les bases infestées de pirates de l’espace. D’autant plus que la variété dans les armes pousse à tester plein de trucs différents. Il est également possible de les modifier, mais il faudra pas mal de persévérance. En effet, certaines pièces requièrent, au préalable, l’attribution de points de compétences à certaines capacités. Dans un deuxième temps, il faudra développer des technologies dans une interface spécifique, nécessitant de ramener toutes sortes de composants à looter. Et enfin, d’autres composants sont encore nécessaires à la construction de l’élément. On citera par exemple la modification du canon, des crosses ou encore du type de chargeur. Il en est de même pour les lunettes de visées, qui sont, par contre, très décevantes, ne proposant qu’un aplat 2D du réticule. Si possible, on se rabattra sur le viseur reflex, très satisfaisant.

Les combats en extérieurs sont parfois un peu plan-plan. Les ennemis, franchement mous du bulbe, se cachent souvent derrière un couvert avant de montrer leur tête comme des débiles. Mais le jet pack vient dynamiser tout ça, autorisant des mouvements très sympas, surtout quand la gravité est faible. Le ragdoll des ennemis devient alors plutôt drôle, le coup fatal les envoyant valdinguer à plusieurs mètres. En intérieur, l’impression est généralement très bonne. Le level design et les éléments de décors permettent des phases d’actions beaucoup plus frénétiques. Les armes donnent, la plupart du temps, un sentiment de puissance et certaines sont assez jouissives à utiliser. On regretterait même de ne pas pouvoir se pencher librement à droite et à gauche, comme on pourrait le faire dans un Rainbow Six: Siege. Espérons qu’un moddeur ait la même idée ! J’ai pu également expérimenter quelques passages musclés en zéro gravité très amusants, le recul nous propulsant en arrière à chaque tir – et d’autant plus avec les fusils à pompe.

Ma machine ne permettant pas d’enregistrer sans sacrifier le framerate, je vous propose de zapper à différents endroits d’une vidéo en allemand prise au hasard, si vous voulez voir tout ça en action :

Aussi captivant que mal branlé

Starfield n’est pas parfait, loin de là. Il se traîne des défauts déjà présents dans les précédents titres du studio, comme le comportement bizarre des PNJ, les chargements à chaque changement de zone, ou la technique à la ramasse. D’autre part, l’interface complètement à chier est un enfer pendant les premières heures, et certaines mécaniques de jeu sont totalement absconses. Pourtant, si on s’accroche un peu, on peut se faire happer par des quêtes souvent surprenantes, permettant d’explorer un univers à la direction artistique extrêmement réussie en intérieur et aux détails impressionnants. Les combats quant à eux, finalement plutôt réussis, procurent de bonnes sensations grâce à un gunfeel vraiment agréable, voire parfois même jouissif. En plus, l’utilisation de mods peut gommer certains défauts, notamment d’interface, ce qui pèse un peu dans la balance.

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