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[TEST] Prodeus, un rétro FPS incontournable

Arrivé en accès anticipé il y a près de deux ans, Prodeus est enfin disponible en version complète. Promettant un hommage moderne aux FPS des années 90, cette suite spirituelle aux Doom originels est un titre généreux et efficace, et est probablement l’un des meilleurs FPS de l’année.

Genre : fast FPS solo, coop et PvP | Développeur :  Bounding Box Software | Éditeur : Humble Games | Plateforme : Steam, Xbox Game Pass, Xbox Series X/S, PS5, Switch | Configuration recommandée : CPU  @ 3+ GHz, 8 cœurs, NVIDIA GTX 1050 / AMD Radeon RX 560, 6 GB de RAM Prix : 25 | Langues : Textes en français | Date de sortie :  23/09/2022 | Durée de vie : 6h pour la campagne, illimitée avec le workshop

Test réalisé sur une version éditeur.

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes

Prodeus, dans la pure tradition des FPS d’antan, ne s’embarrasse pas d’un scénario complexe ou d’une narration omniprésente. Vous êtes un genre de marine de l’espace qui se retrouve pris dans un conflit entre des démons et une entité toute puissante appelée Prodeus. Voilà, c’est tout, voici un flingue et tuez-les tous. Oh, vous trouverez bien par-ci par-là quelques textes essayant de donner un sens à l’histoire du jeu, mais vous ne vous en réveillerez pas la nuit. Et c’est tant mieux : le joueur n’a qu’une seule chose à penser, tuer, massacrer, exploser, détruire l’ennemi.

La bagarre est, comme il se doit, au centre du gameplay de Prodeus. Vous connaissez la formule classique des FPS des années 90 : votre personnage, extrêmement rapide et mobile, traverse des niveaux plus ou moins labyrinthiques à toute vitesse, atomisant tous les adversaires sur son passage. Il doit trouver des cartes de couleur pour ouvrir les portes correspondantes, tout en cherchant de nombreux secrets disséminés çà et là. Vos ennemis, nombreux et ayant pour seule consigne de foncer sur vous, répondent aux archétypes habituels. On retrouve ainsi les classiques zombies, soldats armés de fusil à pompe, diablotins balançant des boules de feu, créatures volantes créant des dégâts de zone, etc. En somme, si vous avez déjà joué à Doom ou consorts, vous ne serez pas perdu tant Prodeus pioche allégrement dans la recette traditionnelle du fast FPS.

Il vous faudra virevolter dans tous les sens pour survivre aux nombreux adversaires.

Ceci dit, il apporte aussi quelques aspects de gameplay plus modernes. Par exemple, la transition entre les niveaux se fait sur une carte interactive : vous déplacez votre personnage d’une mission à l’autre, ce qui vous permet de revenir sur vos pas pour recommencer une map, et vous aurez parfois la possibilité de prendre différents embranchements. Aussi, en avançant dans la campagne, vous débloquerez des défis facultatifs qui vous octroieront du minerai en cas de réussite. Ce dernier est une monnaie de singe, qui peut aussi être récupérée dans les niveaux classiques, vous permettant d’acheter de nouvelles armes ou améliorations (double saut, dash…). L’arsenal est d’ailleurs très complet, composé d’une douzaine d’armes ayant chacune son utilité et un tir secondaire. Notons également que chaque fin de niveau est sanctionnée par un score, attribué selon votre vitesse et la complétion de la mission. Vous pouvez ensuite comparer votre e-penis sur des classements mondiaux ou amicaux : si on y réfléchit, c’est l’évolution logique des tableaux de fin de mission des Doom originaux.

Prodeus utilise un système de checkpoint assez particulier : lorsque l’on meurt, on réapparait instantanément au dernier point de sauvegarde croisé avec 100% de PV, mais les ennemis restent dans leur état actuel. Comprenez que les adversaires ne reviennent pas à la vie et que leurs points de vie ne remontent pas. Ainsi, mourir n’a aucune conséquence sur la suite du niveau, ce qui implique que le jeu n’offre aucun véritable défi. La seule sanction s’opère au niveau du score final, drastiquement réduit en cas de décès. Un choix étrange de la part des développeurs…

La viande, je l’aime « à poing ».

Ultraviolence

Sa proposition de gameplay est certes classique, mais elle reste très efficace et cohérente. Cependant, ce qui fait de Prodeus l’un des meilleurs rétro FPS et un incontournable pour les amateurs de shooter, c’est son aspect artistique extrêmement travaillé. Tout d’abord, pour peu que l’on soit sensible au style old-school, le jeu est vraiment magnifique. Mélangeant ses sprites et textures pixellisés et des décors anguleux avec des effets modernes, Prodeus flatte la rétine. Que l’on soit dans les niveaux plus austères comme les bases militaires ou dans des environnements extra-terrestres plus diversifiés, les visuels claquent vraiment. Et ce, jusqu’à nous faire ressentir le fameux effet « wahou », lorsque l’on découvre des ruines aliens sous la pluie ou que les décors changent sous nos pas, transformant intégralement les niveaux. Les jeux de lumière, notamment, apportent énormément à l’ambiance générale. De bout en bout, c’est un véritable plaisir pour nos yeux.

Ci-dessous, un niveau en mode de difficulté Normal :

Surtout, Prodeus réussi à faire mouche là où de nombreux FPS se plantent : le gunfeel. Derrière ce barbarisme, se cache en réalité tout ce qui tourne autour des sensations de tir, ce que l’on ressent lorsqu’on utilise une arme dans le jeu. Ici, c’est un sans faute : les flingues ont tous des sons et des effets distincts, et ils procurent une véritable sensation de puissance. Videz un chargeur sur un ennemi, et c’est le festival du gore, des gerbes de sang s’élèvent dans les airs tâchant vos armes et votre HUD, tandis que des membres éclatent sous la tempête de balles qui s’abat. Un sentiment extrêmement plaisant, quel que soit l’outil que l’on utilise. Ce n’est pas anodin dans un jeu composé à 99% de combats, au contraire : c’est le nerf de la guerre.

La bande-originale composée par Andrew Hulshult (AMID EVIL, DOOM Eternal) est très efficace. Mêlant metal et electro, elle alterne morceaux atmosphériques lors des passages calmes avec des pistes plus énervées lors des combats. Vous pouvez la retrouver sur tous les services de streaming (Spotify, Bandcamp, etc.)

Si les sensations de tir pouvaient totalement suffire à tenir le joueur en haleine tout le long de la campagne, les développeurs ont quand même voulu proposer des idées de level design à chaque mission. Ainsi, presque tous les niveaux ont leur propre gimmick : untel vous poussera à faire avancer un train à travers une base, un autre vous mettra aux prises avec des snipers, vous obligeant à vous déplacer de couvert en couvert, celui-ci vous fera traverser différents portails de téléportation, etc. Bref, la vingtaine de niveaux que propose la campagne est assez diversifiée et vous n’aurez pas de sensation de lassitude après les avoir traversés. À l’inverse, vous aurez probablement envie d’en avoir un peu plus…

Corne d’abondance

En effet, la campagne se termine de la façon la plus abrupte qui soit, sur un cliffhanger incompréhensible. Après environ 6h de jeu, vous affrontez quelques hordes de monstres habituels, activez un portail transdimensionnel et… Fin ! De deux choses l’une : soit les développeurs n’ont pas eu le temps de finir et ont été obligé de couper du contenu en urgence, soit ils ont d’ores et déjà des plans pour de futurs DLC ou extensions. En tout cas, au sortir du dernier niveau, on a l’impression de ne pas vraiment avoir complété l’aventure, ce qui est très frustrant. Dommage d’expédier la fin du jeu, par ailleurs maîtrisé de bout en bout, par une telle fausse note.

Cependant, Prodeus ne manque pas de contenu pour autant. Au contraire, il s’agit du rétro FPS le plus complet sur lequel j’ai pu mettre la main. D’une part, l’intégralité de la campagne est jouable en coopération jusqu’à 4 joueurs – et, on le sait, tout est toujours plus sympa à plusieurs. Le jeu propose également un mode multijoueur PvP à l’ancienne, avec des modes classiques comme le Deathmatch, le Team Deathmatch ou la Capture de drapeau. Malheureusement, il est difficile, voire impossible, de trouver une partie car personne ne semble y jouer. C’est bien dommage car ça reste un mode assez amusant, au demeurant. Enfin, Prodeus propose un workshop intégré permettant de jouer aisément à n’importe quelle carte créée par les utilisateurs avec l’éditeur de niveau fourni. Le potentiel est, évidemment, infini et on y trouve facilement des missions de qualité. Bref, si vous voulez plus de Prodeus, vous aurez plus de Prodeus.

Concluons ce test sur l’aspect technique du jeu, qui est absolument irréprochable. Il propose des myriades d’options en tout genre, permettant de personnaliser son expérience comme bon vous semble, allant de la modification du FOV à l’affichage des modèles d’ennemis en 3D, en passant par la simplification du HUD. De plus, il n’est pas très demandeur en terme de ressources et est totalement exempt de bugs. Une finition absolument exemplaire qui mérite qu’on félicite les développeurs.

Le mode PvP vous permet d’exploser les (rares) joueurs à coup de quadruple shotgun

Incontournable

À la fois superbe, efficace et généreux, Prodeus est un excellent rétro FPS, et probablement l’un des meilleurs FPS (tout court) de l’année. Si vous êtes fans de shooter à l’ancienne nerveux et gores, et que vous n’êtes pas particulièrement en quête de défi, le jeu est fait pour vous.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

Rutabaga: Élevé au bon grain des FPS de l’âge d’or, si Rutabaga adore particulièrement TUER TUER TUER à coups de rocket launcher et autres akimbo de fusils à pompe, il n’est toutefois pas insensible à une bonne épopée solo bien scénarisée.
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