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[TEST] High on Life : le FPS ordinaire dopé à la MDMA

High on Life est né du cerveau détraqué de Justin Roiland, co-créateur de la série tout aussi détraquée Rick & Morty. Annoncé en juin dernier, le jeu intriguait par sa direction artistique barrée autant qu’il repoussait par la présence de dialogues incessants. Après une dizaine d’heures passées dessus, mon cerveau va très bien. Et j’ai même failli passer un très bon moment.

Genre : FPS solo sous acide | Développeur : Squanch Games | Éditeur : Squanch Games | Plateforme : Steam, Xbox Game Pass| Configuration recommandée : i5-6402p (2.80GHz) ou Ryzen 5 2600 (3.4 GHz), 8 Go de RAM, RTX 2060 ou AMD RX 5600 XT | Prix : 49,99€ | Langues : Voix en anglais, textes en français | Date de sortie : 13/12/2022 | Durée de vie : Une dizaine d’heures pour terminer la campagne solo et explorer un peu les niveaux

Test réalisé sur une version Xbox game pass

Histoire sous acide

Vous avez sauvé la Terre en 2000 et vous voilà de retour pour sauver… l’Espace ! Après un rapide tutoriel prodigué par votre avocat, vous plongez rapidement dans l’action en éliminant à la chaîne les petits copains aliens de votre ex-femme. C’est pixelisé, pas très intéressant… Attendez, ce n’est pas le test de High on Life mais de Buck Thunder II: Xeno Slaughter, jeu dans le jeu qui sert d’introduction. Par chance, votre grande sœur vous extirpe de cette expérience en frappant à la porte de votre chambre. Après s’être tapé deux rails de cocaïne, elle vous rappelle que vos parents seront absents de la maison pendant une semaine et qu’elle a besoin de votre aide pour organiser une méga teuf ! Tandis que vous vous apprêtez à sortir pour acheter de quoi faire la fête, voilà qu’un gang de méchants aliens débarque en vaisseau spatial devant votre maison. Attention, il ne s’agit pas des futurs invités de votre grande sœur, mais d’envahisseurs de l’espace fumeurs d’humains ! Pas de panique, car vous trouvez rapidement un pistolet extraterrestre pour vous aider à contrer cette menace planétaire. Un pistolet qui projette du slime. Et qui est doué de parole. Wouah… Ça commence fort !

Image rare des développeurs de High on Life en plein brainstorming

Sans surprise, High on Life est bourré de blagues à tous les niveaux et profite de chaque occasion pour casser le quatrième mur. Le jeu apparait comme un prétexte pour Justin Roiland de caser toutes les idées totalement farfelues qu’il n’a pas pu intégrer dans la série Rick & Morty. C’est drôle, complètement absurde et souvent très surprenant. À l’inverse d’autres jeux qui se sont déjà essayés à cet exercice, High on Life profite d’une écriture sans limite qui abordera autant les plaisanteries « zizi prout », les critiques bien senties et les réflexions philosophiques. Le tout réalisé avec un excellent doublage, reposant, comme dans la série, sur pas mal d’improvisations et de bafouillages qui rendent le tout paradoxalement très juste et vivant. Contrairement à ce que l’on craignait, les interventions des différents personnages lors des séquences de gameplay ne sont pas particulièrement envahissantes et surtout leur fréquence peut être réglée dans le menu des options. En revanche, cela n’empêchera pas de se taper de longs passages imposés dans lesquels vous devrez écouter et régler les nombreuses disputes de votre grande sœur. S’insérant comme des mini-niveaux disséminés entre les missions principales, ils n’ont pas vraiment d’intérêt et on peut même les qualifier de visual novel tant le degré d’interaction est proche de zéro. C’est peut-être la goutte d’eau qui fera déborder le vase de rage des plus réfractaires.

Gameplay en descente de LSD

Il n’y a, pour l’instant, pas de version française pour l’audio, mais que les anglophobes se rassurent : il y a des sous-titres. De toute façon, High on Life ne requiert pas un gros niveau d’anglais et vu le champ lexical employé, si vous avez l’habitude de regarder des séries anglophones en VOST, vous finirez par tout comprendre sans même lire les sous-titres.

Ils se priveraient alors d’un FPS loin d’être exceptionnel, certes, mais qui tente quand même de ne pas être générique. Car si High on Life n’innove en rien question gameplay, il transpose de manière inventive plusieurs classiques du genre. En plus de débloquer petit à petit des aptitudes comme les esquives ou un jetpack, vous découvrez aussi de nouvelles armes aux caractéristiques originales. Chacune d’elles est pourvue d’un tir primaire et secondaire ainsi que d’une aptitude spéciale qui fait qu’on a toujours le choix des approches : projectile créant une bulle qui ralentit le temps, tir de mini-êtres vivants qui peuvent prendre le contrôle des ennemis, lance-disque géant que vous pourrez faire ricocher sur les murs ou les adversaires, etc. Le jeu incite même parfois à combiner les spécificités de chaque pistolet pour décupler les dégâts ou mieux appréhender les ennemis. Bien qu’on utilise des munitions bizarroïdes qui manquent parfois un peu de punch, grâce au design des armes, on a quand même droit de bonnes sensations de puissance. Dans les derniers niveaux, avec notre équipement boosté au maximum, on prend un réel plaisir à devoir alterner rapidement entre les différentes armes tout en courant partout en utilisant l’esquive et le jetpack. On est donc bien loin d’un simple arsenal générique et cela aurait même pu rendre les combats intéressants. Dommage que les aliens soient cons comme des balais, ne représentent aucun véritable challenge et que tout cela se déroule dans des arènes peu inspirées. Comme les décors d’ailleurs, qui reprennent les poncifs du jeu vidéo avec la jungle extraterrestre et ses champignons géants, le désert rempli d’épaves ou la ville futuriste. Tout cela semble surtout là pour pouvoir y déposer les personnages excentriques et les situations insolites issus des cerveaux sous acides des développeurs.

High on Life propose des arènes peu inspirées qui rappellent presque Halo

En parallèle, High on Life propose également une composante exploration. Tout d’abord, les niveaux cachent des coffres remplis de brouzoufs qui vous serviront à acheter des améliorations pour votre combinaison et vos armes. Mais le jeu possède aussi un aspect « metroidvania ». En effet, certaines zones ne seront accessibles qu’en jetpack ou qu’avec le tir d’une arme en particulier et il faudra donc attendre d’avoir assez progressé dans l’aventure pour y accéder. Une fois que vous l’aurez parcouru une première fois, un niveau peut être revisité à volonté pour continuer à dénicher des améliorations ou de quoi s’en procurer. L’occasion, si vous n’avez pas fait une overdose d’absurde, de tester dans les lieux prévus à cet effet un disque de téléportation : des objets à collectionner qui permettent de faire apparaitre des saynètes débiles que Justin Roiland n’a pas su implémenter autrement dans le jeu. Par exemple, un cinéma qui projette le film Demon Wind, une mini ville que vous pouvez totalement détruire façon Godzilla ou encore une mise en pratique du dilemme du tramway.

Graphiquement réussi, High on Life ne brille pas vraiment par la qualité de son level-design

Technique sous perfusion

Jusqu’ici, vous avez donc affaire à un FPS plutôt commun, rattrapé par la qualité de son écriture et autres bizarreries. Sauf que tout ça est sévèrement entaché par la technique désastreuse d’High on Life. Pour commencer, il m’a été très compliqué d’atteindre les 60 images/s en WQHD sur un i9-9900K, une 2080 Ti et 32GB de RAM, voire de tenir les 30 images/s. D’accord, le jeu est graphiquement plutôt réussi et fourmille de détail, cependant, il existe des jeux plus jolis et pourtant mieux optimisés ailleurs. Plusieurs patchs ont été déployés depuis la sortie de High on Life qui améliorent petit à petit les performances, même s’il y a encore du boulot. Je dois aussi vous parler des pans entiers de décors qui disparaissent subitement, quand ce n’est pas carrément un boss qui devient invisible vous forçant à recharger une précédente sauvegarde. Il arrive également que le jeu freeze plusieurs secondes entre deux grandes zones d’un même niveau le temps de charger tous les éléments, ce qui fait un peu tache.

À la folie

High on Life, sans surprise, repose avant tout sur son écriture complètement déjantée et particulièrement réussie ainsi qu’une esthétique originale. Ça part dans tous les sens, cela surprend à de très nombreuses reprises et si vous êtes adepte de la série, vous pourriez passer un très bon moment. Évidemment, tout ceci se fait au détriment de la complexité du gameplay qui évite néanmoins les banalités du genre et saura vous retenir pendant la dizaine d’heures que compte la campagne solo. Malheureusement, le jeu est actuellement pourri par ses performances qui font le yoyo et plusieurs problèmes techniques. On recommande donc aux plus curieux de patienter jusqu’à ce que tout ça soit corrigé.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

Fcp: La légende dit qu’il était là avant même la création de Nofrag. Personne ne le connait vraiment. C’est un peu notre maman.
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