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[TEST] Été : c’est ben beau pis original, mais un poil redondant

Peut-être l’ignorez-vous, mais sous leur armure de Doom Slayer, les membres de la rédaction de NoFrag ont parfois un petit cœur tout mou, qui apprécie les expériences apaisantes entre deux headshots. C’est notamment mon cas, et dès l’annonce par le studio Impossible d’Été en 2023, j’avais été plutôt emballé par le concept : découvrir Montréal et ses habitants avec les yeux d’un peintre, dans une sorte de walking sim très feel good. Bien qu’assez peu sensible à la peinture, je me suis plongé avec enthousiasme dans cet univers d’aquarelle. Si l’on pourra lui trouver quelques longueurs, la réalisation esthétique est une sacrée réussite, et le gameplay est franchement original.

Genre : Peinture et walking sim | Développeur : Impossible | Éditeur : Impossible | Plateforme : Steam | Prix : 24,50 € | Configuration recommandée : Core i7-11700K / Ryzen 7 5700X, 16 Go de RAM, RTX 2070 SUPER / RX 6650XT / ARC A750 | Langues : québécois, anglais | Date de sortie  : 23/07/2024 | Durée de vie : une dizaine d’heures minimum

Test effectué sur une version fournie par le développeur.

Une écriture sua coche

Dès ses premières secondes, on s’aperçoit qu’Été n’est pas qu’un simple walking sim. Il nous place dans la peau d’un peintre venu dans la capitale québécoise pour la saison estivale, et nous met directement face à l’un des points centraux du jeu : les habitants de Montréal. Les dialogues – uniquement écrits –, sont en version originale québécoise. En effet, Impossible n’est pas français, mais canadien. Et la particularité, c’est qu’ils transcrivent une langue orale naturelle, réelle, et non pas des dialogues tels qu’on peut en rencontrer d’habitude dans tous les autres jeux. Attendez-vous à lire des « je l’sais », « j’peux » et autres « pis tu vois », assaisonnés de savoureuses expressions locales et exotiques pour nous, les maudits Français. On pourrait regretter l’absence de doublages, cependant, il faut garder en tête que le studio de développement est indépendant, et qu’un tel travail aurait sans doute coûté très cher – en plus de nous compliquer la compréhension. On apprécie rapidement les échanges avec ces personnages variés, aux conversations parfois amusantes, parfois un peu futiles, mais toujours bienveillantes. Pas de déprime ici, tout est chaleureux et rassurant.

Un concept ben unique

Le second point principal est l’exploration par la peinture. Le monde dans lequel on évolue est noyé dans une sorte de brouillard gris, qu’il faudra dissiper en dispersant de la couleur, en peignant les objets environnants. On peut rapprocher cela à une sorte de Powerwash Simulator, sans doute encore plus satisfaisant. De petites notes de musique viennent ponctuer notre progression, dans des harmonies très agréables. On explore ainsi divers niveaux, représentant un lieu distinct à chaque fois : l’appartement dans lequel on commence l’aventure, un marché, quelques rues, un parc… D’autre part, il y aura une gestion du temps, qui file plutôt vite, mais sans réel autre impact que de repousser le moment où l’on pourra retrouver tel ou tel personnage. Une jauge nous empêche également d’asperger en continu, ce qui demandera de réfléchir un minimum sur quoi pointer la souris. Avec ce procédé, on débloque également les choses révélées, qui viendront remplir notre bibliothèque d’éléments, ou de nouvelles couleurs, lorsque l’on découvre des pigments, cachés çà et là dans les niveaux. Ce qui nous mène au troisième point : la réalisation d’œuvres en elles-mêmes.

D’la liberté artistique en masse

Au hasard des rencontres avec les habitants de la cité aux cent clochers, certains nous demanderont de créer des tableaux avec tels ou tels éléments. Pas de panique, ce ne sera pas à vous de peindre un visage ou un oiseau à la souris, vous « n’aurez qu’à » déposer l’élément sur la toile, le déplacer, le faire pivoter, l’agrandir, le changer de couleur, etc. Le truc, c’est que le procédé est plutôt permissif. À partir du moment où l’objet a été ajouté à la toile, même s’il est complètement recouvert ensuite, ce sera validé. La créativité est donc le seul mot d’ordre, ce qui amènera à nous faire produire tout ce que l’on souhaite. J’avoue que n’étant pas spécialement porté sur l’art plastique, j’ai souvent voulu apporter une touche comique, ce qui est parfois d’ailleurs encouragé par la liste d’objets compatibles avec la demande. Par exemple, je vous laisse deviner sur quel genre de trône j’ai placé une représentation d’un agaçant personnage, qui nous exige un portrait représentant sa condition royale. D’autre part, une petite notion d’économie est nécessaire pour avancer dans le récit. Il faut alors vendre notre production, et dans ce cas, c’est « carte blanche ». Un exercice qui peut être difficile quand on n’a pas trop la fibre artistique. Heureusement, le grand choix de formes et d’objets permet de réduire ce syndrome de la page blanche. Et si l’on se prête au jeu sur les dix ou vingt premières toiles, j’ai tout de même ressenti une certaine lassitude au bout d’un moment.

Une direction artistique full nice, mais une technique toute croche

Visuellement, Été est une formidable réussite. L’aspect aquarelle fonctionne parfaitement, la direction artistique est vraiment exceptionnelle. Malheureusement, plusieurs lieux souffrent de chutes de framerate assez catastrophiques. Par exemple, en 4k, tout au max, j’avais une moyenne de 80 FPS, avec des baisses localisées à 45. Pourtant, ma RTX 4090 n’était utilisée qu’à 70 %, et mon 7800x3D à moins de 30 %. Avec un PC portable moyen de gamme, j’ai constaté des chutes de performances similaires en 1080p et en moyen, aux mêmes endroits. D’autre part, lorsque l’on peint l’environnement, cela génère de petites bulles de couleur, et parfois, lorsqu’il y en a beaucoup d’un coup, cela engendre des freezes successifs plutôt désagréables, comme lorsque l’on passe d’une période de la journée à une autre. Certes, on n’est pas sur un fast-FPS, donc ce n’est pas critique, mais c’est juste un peu gênant. Par contre, je n’ai rencontré aucun bug tout au long de l’aventure.

Une aventure ben hot

Comme on s’y attendait, Été est formidablement joli, avec sa direction artistique en aquarelle et un feeling lumineux, apaisant. Son concept de devoir peindre l’environnement pour le découvrir est sympa, bien qu’un peu redondant à la longue. J’ai particulièrement apprécié les petits dialogues en québécois avec les habitants de Montréal, qui racontent leur vie avec les mots du quotidien. Enfin, le cœur du jeu est évidemment la création artistique, plutôt habilement mise en œuvre avec un gameplay qui encourage les expérimentations, même si l’on est, comme moi, plutôt réfractaire à la discipline. Le fait de pouvoir faire des tableaux aussi bien esthétiquement recherchés que complètement débiles, est une très bonne réussite. Je suppose que les joueurs possédant une fibre un peu plus artistique que moi ne ressentiront pas cette lassitude qui peut s’installer après avoir produit une vingtaine de toiles. Mais dans tous les cas, c’est un objet vraiment unique qui vaut la peine de s’y pencher si l’on est réceptif au genre des wholesome games.

Si Été vous tente, il est actuellement en promotion de lancement à –25 % sur Steam, soit à peine plus de 18 € jusqu’au 30 juillet.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

Merci à tous ceux qui m’ont aidé pour leurs retours sur les titres.

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