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[TEST] DOOM Eternal, le retour du roi

Vingt-sept années ont passées depuis que Doom s’est pour la première fois emparé nos ordinateurs. En quasiment trente ans, la saga a évolué en même temps que son médium et, après un inespéré effort de 2016 revenant aux fondamentaux du FPS, id Software nous propose aujourd’hui un nouvel opus. Plus grand, plus fort, plus beau… à l’image de son Doom Slayer, voilà ce qu’est DOOM Eternal. Une formule étoffée qui nous offre l’un des meilleurs FPS de ces dernières années.

Test réalisé sur une version offerte par l’éditeur.

Plus grand

La Terre est en proie à une invasion démoniaque ayant moissonné plus de 60% de sa population. Heureusement, le Doom Slayer est là pour remettre les pendules à l’heure et mettre à mal les plans des suppôts de Satan à travers les dimensions. Voilà, grossièrement, comment on pourrait résumer le scénario de ce DOOM Eternal. Contrairement à son prédécesseur qui s’en débarrassait au détour d’une cutscene, il met un peu plus d’emphase sur la narration et propose régulièrement de courtes scènes d’exposition. Autant être honnête : l’intrigue n’est pas vraiment passionnante, sauf lorsqu’elle approfondie les origines du Slayer tout en faisant de notre bougre une divinité rageuse qui inspire crainte et respect à toutes les créatures de l’univers. De quoi répondre à notre envie de power fantasy, bien sûr.

Le scénario, aussi inintéressant soit-il, est toutefois peu intrusif et permet de varier les environnements. L’unité de lieu étant passée aux oubliettes, le Doom Slayer arpentera, en plus des bases futuristes et des tréfonds infernaux que nous proposait déjà DOOM 2016, des villes humaines en ruine, des châteaux ancestraux enneigés, des épaves de vaisseaux spatiaux, des citadelles gothiques au décorum imposant… On sent tout le travail effectué par id Software afin de combler les failles de leur précédent effort. Ces différents environnements fourmillent d’ailleurs de détails et proposent souvent de majestueux panoramas, nous poussant à arrêter notre frénésie destructrice quelques secondes le temps de les admirer. C’est aussi l’occasion pour le jeu d’offrir des niveaux plus grands, avec des arènes un peu plus ouvertes.

Plus fort

Et heureusement car DOOM Eternal est doté d’affrontements complexes, d’une férocité et d’une violence hors-normes. Plus que jamais, il faut constamment être en mouvement, rester statique étant synonyme d’une mort quasi-certaine, et surtout apprendre à maîtriser ses outils de travail. Le système de combat est basé sur la gestion de ressources : votre vie, votre armure et vos munitions sont disponibles en quantité extrêmement limitées et, outre les quelques packs trouvables ça et là dans les décors, il vous faut abattre vos ennemis en utilisant vos armes spéciales pour les récupérer. Le Glory Kill redonne de la vie, tandis que le lance-flammes permet d’avoir de l’armure et que la tronçonneuse rend des munitions. Ces deux dernières options se rechargeant avec le temps (et avec de précieux bidons d’essence pour la tronçonneuse), il faut donc les utiliser au bon moment afin de ne jamais être complètement démuni face à des ennemis extrêmement agressifs.

L’arsenal est composé de huit armes offrant presque toutes un binôme de tirs secondaires à débloquer. Ainsi, le fusil à plasma permet par exemple de choisir, en guise de tir alternatif, entre une vague de chaleur chargée à bloc ou un faisceau laser pulvérisant un adversaire. S’il est possible de les utiliser à tous moments pour occasionner de gros dégâts, chaque arme possède ses spécificités particulièrement utiles dans certaines situations : le lance-grenade du fusil à pompe peut étourdir un cacodémon d’un seul coup, les projectiles du fusil à plasma court-circuitent les boucliers d’énergie ennemis, le fusil d’assaut à lunette permet de détruire facilement un équipement ennemi… Mention spéciale au Super Shotgun qui possède désormais un grappin offrant la faculté de s’accrocher aux démons et de leur foncer dessus à toute vitesse.

Le Doom Slayer est aussi équipé de deux types de grenades – explosive et gel – et a désormais de nouveaux moyens de se déplacer. En plus du double saut, débloqué dès le début du jeu (quel plaisir !), il peut effectuer des dash dans n’importe quelle direction et exécuter des rotations autour de barres transversales afin de se projeter plus loin. De leurs côtés, les monstres possèdent désormais des points faibles : il s’agit, en général, d’équipement leur offrant des capacités supplémentaires, comme un bouclier d’énergie, des lance-missiles d’épaules ou encore des lance-flammes aux bras. Réussir à atteindre et à détruire les points faibles permet de rendre les démons un peu moins dangereux et à atténuer la quantité de projectiles qui vous foncent dessus, souvent digne d’un bullet hell. Vos adversaires viennent à chaque fois en grand nombre et il faut choisir ses cibles avec précaution tout en esquivant leurs nombreux tirs.

Comme je le disais plus haut, il est nécessaire d’apprendre à utiliser toutes les capacités du Doom Slayer afin de ne pas se faire réduire en charpie. En effet, DOOM Eternal ne pardonne pas l’erreur et, il faut l’avouer, est assez difficile. En mode Ultraviolence (difficulté 3/4), il m’est arrivé de mourir de nombreuses fois, notamment en fin d’aventure. Mais rien d’insurmontable, d’autant plus que le jeu offre un système de vies à dénicher permettant de rester sur le champ de bataille. S’il reste exigeant, les combats n’en sont que plus satisfaisants et on sort des affrontements éreinté, certes, mais fier d’avoir survécu à un incroyable déchaînement de violence.

Plus long

DOOM Eternal est, bien sûr, majoritairement composé de combats brutaux. Mais il propose aussi régulièrement des phases de plateformes dont le but est probablement de meubler le gameplay entre deux affrontements dantesques. Si l’on pouvait craindre qu’elles soient particulièrement pénibles, il n’en est finalement rien : n’étant ni difficiles ni punitifs, les divers passages d’escalades et de sauts entre deux structures branlantes se passent sans qu’on y pense vraiment. Lorsque le Doom Slayer vient à tomber dans le vide, il réapparaît simplement sur la terre ferme, une vingtaine de points de vie en moins.

Ces phases deviennent néanmoins légèrement plus compliquées dès lors qu’il s’agit de trouver des secrets cachés dans les niveaux. La plupart du temps disséminés derrière des murs destructibles, certains se trouvent dans des endroits difficiles d’accès ou accessibles uniquement en actionnant un interrupteur spécifique. Sans que ce ne soit vraiment ardu, les trouver tous demandera quand même pas mal de temps au joueur désirant débloquer tous les collectibles. Outre des codes de triches, des jouets à collectionner ou des musiques de classiques d’id Software, on pourra trouver des dizaines de pièces améliorant armes, armures et pouvoirs spéciaux. Une surcharge de contenu qui fait un peu peur au début mais dont on comprend vite le fonctionnement. D’ailleurs, un hub permet également de débloquer quelques upgrades, de regarder sa collection de figurines ou de découvrir ce que fait le Doom Slayer de son temps libre. Rien d’impératif toutefois : vous pouvez n’y passer que quelques secondes entre deux missions sans que vous ne soyez trop pénalisé.

Pour remplir l’intégralité de la campagne solo en mode Ultraviolence, tout en récupérant la quasi-totalité des secrets, il m’aura fallu une vingtaine d’heures de jeu. Une durée de vie conséquente, qui se voit d’autant plus épaissie par la présence de Niveaux Maîtres (une relecture de certains chapitre de l’aventure avec une difficulté rehaussée) déblocables en jeu ou avec les précommandes – et oui. Pour l’instant au nombre de deux (!), gageons que d’autres rejoindront bientôt la liste. À l’heure où j’écris ces lignes, le mode multijoueur Battlemode, mettant en scène deux démons faisant face à un Doom Slayer, n’est pas encore disponible mais devrait l’être à la sortie du jeu. Impossible donc de savoir ce qu’il vaut pour l’instant.

Plus beau

Niveau bande-son, Mick Gordon revient aux commandes pour mettre de grosses tartes avec sa musique mélangeant metal et electro. Ce ne sera peut-être pas au goût de tous, mais il nous délivre ici encore une bande-originale qui correspond parfaitement à la fureur des combats. Et même lorsqu’elles sont plus ambiantes et solennelles, les pistes sont réussies. Chapeau l’artiste !

Si ce n’est pas une incroyable baffe technique, DOOM Eternal est très beau. Le design général et la direction artistique véritablement réussis, des cathédrales gothiques rappelant l’univers de Warhammer 40000 aux Enfers grotesques tout droit tirés des peintures de Jerome Bosch, permettent de cacher certaines textures décevantes. Les ennemis sont dotés de nouvelles animations plus travaillées et un système de démembrement permet de rendre les affrontements plus viscéraux encore. Quel plaisir de voir un bout de Baron de l’Enfer partir en charpie après un coup de Super Shotgun dans les dents ! Si l’on pouvait émettre quelques réserves sur les visuels des items, très colorés et résolument fantaisistes, il n’en est rien une fois en jeu : au milieu des projectiles, des explosions et des mobs qui partent en morceaux, on reconnait en un clin d’œil les ressources nécessaires au combat.

Le jeu tourne extrêmement bien, dépassant en moyenne les 100 FPS sur ma config (RTX 2060, i7 7700K@4,2Ghz, 32 Go de RAM) avec des réglages entre Élevé et Ultra en 1440p. De toute façon, il propose une myriade d’options qui raviront votre âme de PCiste : outre l’onglet graphismes qui propose de nombreux éléments à changer (dont le FOV), il est par exemple possible de modifier en intégralité le HUD afin de remplacer les couleurs dégueulasses présentes de base, d’enlever le viseur, de jouer avec le canon centré (comme dans Doom 1), de virer les messages d’aide ou d’informations, etc. Cerise sur le gâteau : je n’ai eu en tout et pour tout que deux bugs mineurs lors de mon aventure, l’un d’entre eux créant temporairement un mur invisible dans le hub tandis que l’autre avait fait disparaître un collectible. Incroyable mais vrai !

Vous pouvez découvrir ci-dessous les dix premières minutes du jeu enregistrées par IGN (au clavier-souris) :

Plus grand, plus fort, plus beau…

Ne tournons pas autour du pot : pour qui accrochait déjà à la formule initiée par l’épisode précédent, ce nouveau DOOM monte aisément sur le podium des meilleurs FPS de l’année, voir même des cinq dernières… ou plus. Certes, il propose un scénario bateau et des phases de plateforme sans intérêt. Mais ça ne suffit pas à ternir la brutalité exceptionnelle de ses combats, ni son gameplay profond et exigeant ou la générosité de son contenu.

DOOM Eternal est disponible pour 60€ sur Steam et 70€ sur Bethesda.net. Notre partenaire Gamesplanet le propose à 50€, soit -17% (clé Bethesda Launcher)

Rutabaga: Élevé au bon grain des FPS de l’âge d’or, si Rutabaga adore particulièrement TUER TUER TUER à coups de rocket launcher et autres akimbo de fusils à pompe, il n’est toutefois pas insensible à une bonne épopée solo bien scénarisée.
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