Issus d’un studio formé par d’anciens développeurs de S.T.A.L.K.E.R, Metro 2033 et son successeur Metro Last Light étaient des jeux clivants et proposant une formule pour le moins originale dans le monde des FPS : un mélange entre jeu de tir exigeant mais scénarisé jusqu’à l’os et séquences horrifiques à l’ambiance oppressante, le tout illustré par un univers post-apocalyptique bourré de détails et des graphismes de pointe. Presque six années se sont écoulées depuis la sortie du précédent opus et Metro Exodus désire aujourd’hui renouveler la recette en proposant des cartes plus ouvertes et un gameplay basé sur l’exploration et le craft. Pari réussi ?
L’exode Oural
Cette histoire se déroulant le long d’une année est un bon prétexte pour nous faire arpenter des paysages radicalement différents de ce à quoi la série nous avait habitué. Chaque niveau possède sa propre architecture, faune, flore, habitants et effets météorologiques. Si les abords de la Volga en hiver ressemblent beaucoup aux décors moscovites auxquels on est habitué, le désert caspien nous transporte dans un trip rappelant carrément l’univers de Mad Max Fury Road (tempête de sable comprise) tandis que la saison automnale se déroule dans une magnifique forêt avec des indigènes vivant dans les arbres – non, ce ne sont pas des ewoks.
Pique-nique au bord du chemin de fer
Il m’aura fallu une bonne vingtaine d’heure pour finir l’aventure en mode Normal en fouillant et en remplissant toutes les missions secondaires. Outre les classiques Facile et Difficile, il existe un mode Ranger augmentant l’immersion et le danger. Si vous voulez tenter ce mode, activez l’ATH minimal car sans il vous sera impossible de visualiser les QTE… Aussi, notez que la VF n’est pas terrible et que le jeu se savoure plus en anglais ou en russe sous-titré français.
Ces séquences d’exploration en plein air apportent énormément à l’ambiance du titre. Les décors ont été construits avec soin par les développeurs, leur donnant une apparence crédible et inquiétante. Loin d’être complètement plats, les décors sont très vallonnés, bourrés de bâtiments à explorer et parsemés de zones d’intérêts. L’omniprésence de créatures mutantes et d’adversaires humains ainsi que leur létalité poussent à faire attention à son environnement et à évoluer avec précaution – par exemple, en tendant l’oreille pour guetter le moindre bruit suspect et en profitant de chaque point surélevé pour s’assurer d’être en sécurité. Le tout est sublimé par l’absence quasi-totale de HUD ou de marqueurs d’objectifs et par un sound design travaillé. Sur cet aspect, on pourrait presque retrouver certaines sensations de l’ancêtre S.T.A.L.K.E.R, tant cette délicieuse impression d’isolement dans un univers inconnu et hostile est palpable. Toutefois, le rythme du jeu se retrouve dès lors tributaire de ce qu’en fait le joueur : il peut se passer quelques minutes sans le moindre combat, le joueur parcourant simplement des ruines ou se rendant d’un point d’intérêt à un autre sans rencontrer le moindre ennemi.
Les draisines de la colère
Metro Exodus n’est pas un run & gun bourrin dans lequel il faut défourailler à tout bout de champ : au contraire, les ennemis étant dangereux et les munitions relativement rares, il faut bien se préparer avant chaque assaut. Le jeu favorise l’infiltration et l’élimination discrète via un système de karma qui décidera de votre sort à la fin de l’aventure. Cela dit, les affrontements sont assez jouissifs : les armes claquent fort et les ennemis réagissent aux tirs, tombant au sol après s’être pris une balle dans le buffet ou s’agenouillant les mains sur la tête pour se rendre lorsqu’ils vous ont vu abattre cinq de leurs potes sans sourciller. Les tirs dans la tête étant le plus souvent gratifiés par une mort instantanée et les ennemis pouvant encaisser pas mal de tirs dans le corps, Metro Exodus récompense une visée solide, ce qui rend le jeu assez exigeant.
L’arsenal est composé d’une bonne dizaine d’armes (ainsi que des armes de jet comme les grenades), toutes modifiables à la volée avec une vingtaine d’accessoires : crosses améliorant la stabilité, lunettes de visée, pointeurs laser, types de chargeurs et canons longs, courts, évasés… Ce qui vous permettra, si vous avez les accessoires adéquats, de transformer votre revolver en sniper ou en arme silencieuse selon les besoins du moment.
Si les combats sont globalement très satisfaisants avec des ennemis mobiles et agressifs, notons tout de même deux bémols : les séquences d’infiltration fonctionnent mieux qu’avant mais elles ne sont toujours pas tout à fait réussies et il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être repéré par un ennemi à travers le décor. De son côté, l’IA des adversaires humains est complètement attardée et peut arriver à ruiner complètement certaines séquences. Conclure un affrontement homérique en regardant un bandit tourner en rond sur lui même ou tuer une dizaine d’esclavagistes passant une porte à la queueleuleu à coup de killmoves, ce n’est pas très sérieux.
Météo rance
Sur ma machine dotée d’un i7 7700k, d’une Geforce GTX 1060 6Go et de 16 Go de RAM, le jeu tourne à 60 FPS en 1080p dans le réglage “élevé”. Toutefois, de rares zones et événements causent des baisses de framerate, une scène spécifique étant descendue jusqu’à 25 images par secondes. Bref, l’optimisation n’est pas complètement à la ramasse, loin de là, mais quelques corrections de performances seront à prévoir lors de futurs patchs.
Là où Metro Exodus excelle, à l’instar de ses prédécesseurs, c’est dans sa direction artistique et dans la mise en place de son univers. Les niveaux fourmillent de détails et de ruines racontant une histoire, les intérieurs sont superbement bien pensés, les armes, objets, tenues, accessoires, tout semble cohérent et apporte à ce monde post-apocalyptique une touche de crédibilité. Les personnages sont eux aussi bien réalisés et se promener dans le train pour écouter les nombreuses discussions annexes des différents protagonistes est un véritable plaisir pour les amateurs de cette ambiance post-apo nostalgique.
Finissons sur ce qui pourrait être un cliché de jeu d’Europe de l’Est : Metro Exodus foisonne de bugs. C’est simple, je n’ai pas fait une partie sans avoir des soucis a minima mineurs, a maxima m’ayant obligé à recommencer deux heures de gameplay. : sons des véhicules apparaissant et disparaissant aléatoirement, props en pleine crise de lévitation, blocage de mon personnage dans le décor, disparition d’un PNJ nécessaire à la continuation du jeu, etc. Couplés avec un système de sauvegarde n’autorisant qu’une seule save à part celle réalisée aux points de contrôle, ces bugs peuvent s’avérer frustrants… Mais pas suffisamment pour gâcher la fête.
Un train d’enfer
Metro Exodus est un digne représentant de la série Metro, reprenant la recette des précédents épisodes tout en apportant un lot de fraîcheur et de nouveautés bienvenues. Bien sûr, il reste un FPS clivant et imparfait mais est aussi véritablement unique, généreux et intelligent. Une vraie aventure solo comme on aimerait en voir plus souvent.
Metro Exodus sera disponible le 15 février sur Epic Game Store, PS4 et Xbox One.