Après Max Payne empruntant aux thrillers hardboiled et aux films d’action hong-kongais, Alan Wake basé sur les films d’horreur et les œuvres de Stephen King et Quantum Break qui prenait la forme d’un jeu/série TV, le studio Remedy est toujours aussi inspiré par le Septième Art. Son dernier jeu, Control, est un étrange mélange des travaux visuels de David Lynch et du scénario de X-files, le tout emballé dans un Third Person Shooter servant de vitrine technologique à Nvidia. Un projet étonnant qui, malheureusement, n’arrive pas vraiment à convaincre.
Twin Freaks
Control regagne un peu d’intérêt scénaristique dans les nombreuses archives que l’héroïne peut ramasser lors de ses pérégrinations. Lieu de recherche sur le paranormal, le Bureau recèle en effet de dossiers, de fichiers audio et vidéo décrivant les opérations de ses agents. Inspirées par les récits de la Fondation SCP (un projet communautaire recueillant des histoires fantastiques écrites par des amateurs), les publications contiennent de nombreux témoignages d’objets et de situations étranges, à la fois tragiques et amusantes. Par ailleurs, il est possible de tomber sur des épisodes d’une série mettant en scène des marionnettes : ces vidéos possèdent une ambiance horrifique et malsaine assumée et sont assez plaisantes à regarder pour les amateurs du genre.
Elephant Man in the room
Malheureusement, la direction artistique n’est pas des plus fascinantes. Si le jeu offre tout de même régulièrement des plans somptueux superbement travaillés et mis en scène ainsi que des trouvailles visuelles perchées inspirées par David Lynch, on passera la plupart de son temps à traverser des couloirs gris, tristes et mornes. Entouré par du béton ciré, des tuyaux ou des bureaux vides de vie, l’ennui pointe le bout de son nez quand on nous demande de traverser telle ou telle zone grisâtre pour la troisième ou quatrième fois. On comprend bien la décision de créer une certaine dichotomie en insérant des éléments visuels surnaturels dans un lieu représentant la monotonie mais ça n’efface pas ce sentiment de lassitude lorsque l’on tombe à nouveau sur un couloir de maintenance. Notez que l’aspect « changement perpétuel et volonté propre » de l’Ancienne Maison n’est exploité que lors de scènes scriptées spécifiques, là où les développeurs auraient pu l’utiliser pour briser la platitude des décors.
Control étant offert en bundle avec les cartes RTX, c’est l’occasion parfaite pour tester cette fameuse technologie. Qu’on soit clair : avec ma 2060, difficile d’avoir un framerate dépassant les 45 FPS même en mettant les options RTX au minimum et les réglages classiques en moyen en 1920*1080. Il faudra alors passer en 720p et jouer avec le DLSS et le filtre Sharpening disponible dans l’overlay Nvidia afin d’atteindre les 60 FPS, ce qui permet d’activer les options RTX en élevé. Toutefois, de grosses baisses de framerate occasionnelles sont à prévoir. Sans surprise, les effets RTX sont donc très gourmands, mais ils sont ici parfaitement intégrés au jeu, notamment au niveau des réflexions et de la diffusion de la lumière. Pour voir ce que ça apporte, voici un screenshot avec les effets RTX en élevé et le même screenshot sans RTX. L’impact sur les performances est fâcheux mais l’atmosphère globale du jeu en est sublimée.
Eraserheadshot
L’arsenal n’est d’ailleurs pas très étoffé. Il n’y a que quatre armes à utiliser en complément de votre seul pouvoir offensif, la projection d’objet. Ce dernier est d’une efficacité incroyable et, si vous avez la moindre difficulté en jeu, je vous conseille de l’améliorer en priorité. Les autres pouvoirs vont avoir des vertus plutôt défensives, qu’il s’agisse du dash, de l’armure psychique ou de la possession. Il faudra attendre la fin du jeu pour finalement avoir un véritable sentiment de puissance et un potentiel de destruction décuplé, le reste de l’aventure proposant de fait des combats plan-plan pouvant devenir un fatiguant jeu du chat et de la souris face aux ennemis ayant le plus de points de vie.
Bref, même si ce n’est pas complètement horrible, l’aspect visuel impactant aidant à faire passer la pilule, Control ne propose rien dans son gameplay qui ne donne envie de se relever la nuit. Les affrontements s’enchaînent dans des environnements froids sans qu’on ait réellement besoin d’y mettre beaucoup de sien… Puis on repart dans les couloirs tristounets de l’Ancienne Maison, en espérant atteindre bientôt la prochaine cutscene ou une nouvelle trouvaille de mise en scène. La musique (par Martin Stig Andersen, déjà responsable des musiques de Wolfenstein Youngblood) joue aussi dans le manque d’intérêt des affrontements et des phases de déplacement : celle-ci est purement minimaliste, composée uniquement de percussions et de quelques notes de synthé. Cependant, vers la fin du jeu, Control offre un vrai et court moment de gloire, mais je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher la surprise.
Sous contrôle
S’il ne cache pas ses ambitions de croiser cinématographie et jeu vidéo, Control n’est au final qu’un titre moyen et un peu prétentieux dans un écrin magnifique. Sa proposition ne suffira pas aux joueurs demandeurs de gameplay pointu et d’histoire poignante, mais pourrait éventuellement convenir à ceux qui veulent seulement faire fondre leur PC ainsi qu’aux fans d’aventures paranormales à la X-Files… à condition qu’ils le prennent pour ce qu’il est : une vitrine technologique avec quelques idées sympathiques.
Control est disponible en exclusivité sur EGS pour le prix de 59,99€, soit un peu moins que le coffret DVD David Lynch.
Test effectué sur la version commerciale du jeu.