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[TEST] Contraband Police : étonnamment, on s’amuse bien

Si vous lisez régulièrement Nofrag, vous n’êtes sans doute pas sans savoir que l’éditeur polonais PlayWay S.A. occupe une place toute particulière dans nos cœurs – mais pas forcément la meilleure. Spécialiste en simulations de tout et n’importe quoi, souvent bien merdiques, ils inondent le marché en espérant réussir sur un malentendu. Contraband Police vient s’inscrire dans cette optique, et n’avait donc rien pour nous attirer spécialement. En développement depuis au moins quatre ans, le concept entend mélanger vérification des papiers à la Papers, Please et phases d’enquête ou d’action, le tout évidemment en vue subjective. Si la partie shooter est une vraie purge, le reste n’est finalement pas si nul que ça.

Genre : Simulation de douanier | Développeur : Crazy Rocks | Éditeur : PlayWay S.A. | Plateforme : Steam | Configuration recommandée : Processeur 3,6 GHz, 16 Go de RAM, GTX 2060 ou RX 5700 | Prix : 19,5 € | Langues : Fictive, sous-titré français | Date de sortie : 08/03/2022 | Durée de vie : une douzaine d’heures

Test réalisé sur une version commerciale.

Produit de contrebande

Contraband Police est un jeu en vue subjective se déroulant dans les années 80, dans lequel vous incarnez un douanier, responsable d’un poste-frontière. Votre but sera de vérifier chaque véhicule tentant de rentrer en Acaristan, un pays communiste fictif de l’Est. Exactement comme dans Papers, Please, le premier jeu de Lucas Pope, vous devrez comparer les informations sur les pièces d’identité ou d’autres documents, afin d’y détecter des anomalies. Soit vous regardez vous-même les éléments, soit vous utilisez l’outil automatique, qui puise dans une barre de concentration, rechargée lorsque vous dormez. Au moindre écart, il faudra refouler l’individu, sous peine de sanction financière. Si, au contraire, vous avez correctement travaillé, vous serez payé. Tous les deux ou trois jours, un événement scénaristique vient perturber les règles pour les faire évoluer et ainsi demander de vérifier de plus en plus de choses. C’est très bien amené et tout à fait cohérent avec l’univers du jeu, et cela permet d’éviter de trop vite se lasser. Une des spécificités du titre est qu’il faudra également faire le tour du véhicule pour constater son état, voire le vider entièrement pour en faire l’inventaire. Si ce système de jeu n’a rien d’extraordinaire, il est bien réalisé et très efficace.

Parfois, certaines personnes tenteront de faire passer illégalement des produits de contrebande sous votre nez. Heureusement, vous disposerez de quelques éléments descriptifs permettant de les identifier – même si c’est parfois un peu vague – ainsi qu’une lampe à UV qui révèle les cachettes. C’est très pratique, mais fort peu réaliste. Il faudra alors utiliser un couteau pour découper les pneus, ou un pied-de-biche pour démonter un pare-chocs. Vous aurez la joie d’envoyer les bandits dans votre prison, en attendant de les emmener au camp de travail pour récupérer de l’argent. Oui, c’est clairement du trafic d’être humain, mais dans les années 80, c’était sans doute toléré. D’ailleurs, on sera également payé lorsque l’on déposera les produits de contrebande au poste de police. Ces revenus vous permettront d’acheter armes et équipements, ainsi que des améliorations pour le poste-frontière, comme une plus grande prison ou de meilleurs véhicules. Vous pourrez également recruter plus de personnel et mieux les équiper.

Heureusement que les contrebandiers sont cons comme leurs pieds, et marquent tous les emplacements avec ce joli petit serpent !

Tout comme dans Papers, Please, il y a des frais chaque jour pour l’entretien des locaux, des véhicules ou le salaire du personnel. Si votre compte en banque tombe à zéro, vous serez renvoyé. Cependant, contrairement à son inspirateur, le jeu est très facile. Il est quasiment impossible de perdre, hormis si vous faites trop de dépenses juste avant la fin de journée. En effet, même si le temps défile, vous n’êtes jamais vraiment pressé pour contrôler les nouveaux arrivants. D’autre part, si les revenus générés par les vérifications à la frontière peuvent parfois être un peu justes – notamment si vous n’avez n’a pas pointé précisément tous les éléments -, « revendre » ses prisonniers, la contrebande, et surtout, partir en mission, permet de s’en sortir très facilement. On aborde d’ailleurs là un point qui n’est pas des plus intéressant : on peut se déplacer librement en véhicule sur une zone dotée d’une dizaine de points d’intérêt. La conduite n’est pas spécialement ratée, mais pas super non plus et on se fait très vite chier. Il faut emmener ses prisonniers tout en bas de la carte, puis aller à l’opposé pour déposer la fausse monnaie et enfin retourner au poste-frontière, en croisant parfois des ennemis que vous aurez tôt fait d’éviter.

Manque de technique

Je ne l’avais pas remarqué pendant mes parties, mais en écrivant le test, je me suis rendu compte qu’il n’y avait aucune femme. Au choix, les développeurs sont de sales masculinistes de merde, ou au contraire, ils n’ont pas voulu que les sales masculinistes de merde utilisent leur jeu pour fantasmer sur l’abus de pouvoir d’un agent sur une dame. Ou c’est tout autre chose. C’est à vous de choisir !

On ne va pas tourner autour du pot, les combats sont à chier. Les armes n’ont aucun feeling ni aucun recul et leur sound design est pourri. De leur côté, les ennemis sont cons comme des ballons et semblent ne pas vraiment vous infliger de dommages. Quelle que soit l’arme que vous aurez en main, du Makarov à l’AK47, en passant par le fusil à pompe, n’espérez pas en tirer une quelconque satisfaction. C’est dommage, parce que les développeurs ont parsemé l’aventure d’affrontements, comme autant de points clefs, jusqu’à la conclusion de l’histoire.

En parlant de celle-ci, vous recevrez parfois des coups de téléphone vous obligeant à laisser en plan vos petites affaires, afin de faire avancer le scénario. Ce sont des missions qui ont chacune une forme différente : une filature pas très intéressante, une enquête qui a le mérite d’exister, et des combats dans des environnements variés. Elles se concluent irrémédiablement de la même manière, à savoir, sur un choix : pour le gouvernement ou pour les révolutionnaires. Quel que soit le camp choisi, il n’y aura aucun impact sur la somme perçue ni sur votre travail à la frontière. Seule la dernière mission, atteinte au bout d’une petite douzaine d’heures, sera différente en fonction du côté soutenu. Des interventions annexes optionnelles sont aussi proposées, mais elles ne présentent pas d’autre intérêt que de gagner facilement de l’argent, car il faudra généralement dégommer des terroristes.

Beau comme un cube en béton

Esthétiquement, Contraband Police vous renvoie directement 20 ans en arrière. Non pas grâce à une direction artistique, plus ou moins inexistante, mais plutôt à cause de ses graphismes datées et dignes des années 2000. Ce qui est étonnant, c’est qu’il est développé sous Unity, mais possède exactement le même rendu dégueu que l’on peut retrouver dans toutes ces simulations éditées par PlayWay S.A. L’avantage, c’est qu’il peut se permettre de tourner de manière décente sur la plupart des machines. Du côté de la musique, ce n’est pas terrible non plus. Lors des fouilles, soit il n’y en a pas, soit elle est inadaptée. Lors des phases de conduite, les véhicules disposent d’une radio, qui diffuse deux stations de trois morceaux chacun. C’est très vite lassant. Par contre, les ambiances sonores sont correctes, et les doublages, plutôt sympas.

Si vous voulez voir tout ça en mouvement, j’ai enregistré un peu de gameplay dans les premières heures de jeu :

Tiens, mais ce n’est pas une bouse ?

Contraband Police n’est pas le jeu de merde qu’on pensait trouver. Au contraire, les séquences de gameplay dédiées à la vérification des papiers ou à la fouille des véhicules sont très réussies et variées, grâce à un renouvellement des règles amené de manière plutôt maligne. Ok, c’est pompé sur Papers, Please, mais ça le fait bien, tout en ajoutant de petites choses à gauche et à droite. Par contre, les phases de shoot sont atroces, la faute à un feeling complètement absent. C’est bien dommage, car on sent que les développeurs ont essayé de pousser du côté des combats, ce qui était une erreur. Par contre, si le scénario ne casse pas trois pattes à un canard, il est plutôt efficace et on peut se laisser embarquer par son côté nanard. Au final, même si c’est moche, on s’amuse bien et c’est le principal.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à séparer le bon grain de l’ivraie.

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